Aujourd’hui je voudrais vous parler d’un film qui a fait couler beaucoup d’encre et entraîner maintes vidéos parodiques sur le net : 300. En effet, je crois que personne n’a échappé à ce genre de vidéos
Mais je ne ferai en rien un pitch du film, ni une critique des acteurs, ou tout autre élément cinématographique, parce que ce qui m’intéresse réellement dans ce film, c’est la véracité de l’histoire.
Sans transition, une erreur majeure du film est le contexte historique. Selon lui (et la BD ?), le roi perse Xerxès a décidé de faire un petit tour en Grèce et d’assujettir tous les gentils Grecs. Il envoie donc un messager à Sparte qui refuse cette soumission parce qu’Athènes a bien résisté aussi, et il n’y a que des chochottes à Athènes. Le roi Léonidas, envers et contre tous, décide donc de se mesurer seul, avec 300 Spartiates, à Xerxès. Les Grecs seront alors tellement éblouis par leur massacre et leur volonté de liberté qu’ils se joindront à leur cause et écraseront les Perses.
Et là j’ai envie de dire : faux, faux, faux, et archi faux.
Petit tour en Asie Mineure. Au VIe siècle, le roi Darius récupère le pouvoir et rétablit l’ordre dans l’empire. Il a la main sur des cités grecques qui font partie de la côte de l’Asie Mineure et qui forment une ligue. En 499 aC, la ville grecque Milet se révolte, et d’autres la suivent. Elles demandent de l’aide au reste de la Grèce et seules Athènes et Érétrie répondent. Elles brûlent Sardes, une ville perse. La répression est immédiate et en 494 aC, les Perses anéantissent Milet. Darius décide donc d’avancer en Europe et menace la Grèce. Il fait une première tentative d’invasion en 492 aC qui rate lamentablement suite à une tempête. Il reprend en 490 aC. Il détruit Érétrie et se rend ensuite vers Athènes. Il y aura alors la fameuse bataille de Marathon. Les Spartiates n’étaient pas présents, malgré la demande d’Athènes, car ils étaient occupés par la fête religieuse des Carneia. Contrairement à ce que l’on pense, le célèbre coureur a été envoyé pour demander de l’aide à Sparte, et non pour prévenir Athènes de la victoire. Toujours est-il que Darius perd et repart. Fin de la première guerre médique.
Son fils, Xerxès, lui succède quelques temps plus tard, et entreprend une immense action diplomatique pour rallier des Grecs à sa cause. Ce n’est en rien un Barbare qui ordonne de massacrer des villages et de former des arbres avec les habitants. Il rallie donc quelques cités de Grèce, et c’est ainsi qu’est créé le verbe « médire ». Il entreprend ensuite une grande conquête de la Grèce, tout comme son père. Tous les Grecs planifient une stratégie pour ralentir sa progression et avoir le temps de former une immense armée. Léonidas se rend donc avec 7000 hommes au défilé des Thermopyles. Il a avec lui 1000 Spartiates, le reste est composé de Platéens et de Thébains. Malheureusement, le Grec Éphialtès indique aux Perses un moyen de contourner leur position. A cette nouvelle, Léonidas renvoie le gros des troupes et décide d’affronter seul, avec 300 Spartiates, l’armée perse, le temps que la nouvelle arrive au reste de l’armée grecque. Il se fait massacrer. Les Perses envahissent l’Attique, détruisent Athènes. Toute la population et l’armée s’étaient rendues à Salamine, une île en dessous. La bataille navale fut un véritable massacre pour les Perses. Xerxès repart. La guerre continue encore une année, où les Perses subissent une défaite terrestre à Platée. C’est la fin de la deuxième et dernière guerre médique.
Différences avec le film :
Il n’y a absolument aucune mention à la première guerre médique. Ce n’est pas Léonidas qui décide tout seul d’affronter Xerxès. Les Spartiates ne sont pas réellement 300, et ils ne se font pas trahir par un Spartiate difforme, mais par un Crétois.
La vie intérieure de la cité comporte elle aussi de grosses erreurs, mais possède également des éléments très positifs.
Ce qui est, à mon avis, le mieux représenté dans ce film c’est l’éducation que suivaient les Spartiates.
Beaucoup de légendes circulent à l’époque antique sur le gouffre de l’Apothètes où auraient été jetés les bébés « non conformes » à la naissance. Même si néanmoins il a été démontré aujourd’hui que ce « tri » était faux, le choix de garder cette légende est positif selon moi. Si l’enfant est correct, il est élevé tranquillement auprès de sa mère jusqu’à ses 7 ans. Il doit ensuite suivre l’Agogé.
Les auteurs antiques aiment beaucoup détailler cette éducation si particulière : n’avoir qu’un vêtement dans l’année pour supporter toutes les températures ; marcher pieds nus constamment pour pouvoir appréhender tous les terrains ; devoir voler pour se nourrir, mais ne pas se faire prendre car l’enfant subira alors la punition d’usage pour le vol, ce qui développe sa ruse. Certains nous racontent que les enfants devant subir une fois dans l’année une séance de flagellation sur l’autel d’Artémis. Entré dans l’adolescence, le garçon passe le reste de sa vie au gymnase. Les Spartiates n’exerçaient absolument aucun métier, ils étaient soldats et rien d’autre. Cet aspect est extrêmement bien rendu dans le film.
L’accoutrement des Spartiates est à commenter.
D’abord, qu’est-ce que c’est que ces épées qu’ils ont foutues aux soldats ? Okay pour le film de pirates, mais alors là, en pleine antiquité, ils se foutent de nous. J’avoue, elles sont plutôt stylées, mais à cette époque, une épée ça a une poignée simple et c’est droit. Il est vrai que les épées spartiates étaient plus courtes que les autres, spéciales pour le corps à corps, mais en aucun cas avec des effets d’arrondis, etc. Je doute fortement qu’ils n’aient eu aucune cuirasse. Ils étaient fringués comme n’importe quel soldat de l’époque, manteau pourpre en plus ; le film respecte bien cette particularité. Je suis sûre que tout ça c’est pour montrer leurs tablettes de chocolat.
Sans transition, la suite plus tard.
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