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lundi 26 septembre 2011

Melancholia de Lars Von Trier by Jim

Melancholia aurait pu être le grand gagnant de Cannes, en 2011. Le film avait tout pour prétendre au grand titre : une réalisation exquise, une photographie trop belle pour être vraie, des acteurs grandioses, et un thème tragiquement passionnant. Malheureusement pour Melancholia, le jury a opté pour Tree of Life de Terrence Malick, et le film de Lars Von Trier n'est reparti qu'avec un prix d'interprétation, amplement mérité par Kirsten Dunst, éblouissante, apocalyptique (les mots s'y prêtent).



Le prologue de Melancholia est à la hauteur de celui d'Antichrist : il glace le sang. Alors que le préambule d'Antichrist présentait une narration – un couple en plein acte sexuel qui laisse son enfant sans surveillance-, l'entrée en matière de Melancholia est non-linéaire : il s'agit plus d'une suite d'images sans véritable logique, puisqu'elles trouveront une certaine cohérence à condition de regarder le film. De cette mise en bouche léchée, qui rappelle esthétiquement la photographie de mode, on retient une Kirsten Dunst mélancolique.

Mélancolie, quand tu nous tiens, tu ne nous lâches plus. Kirsten Dunst est Justine, une jeune femme considérée comme brillante par son employeur, comme ravissante et excitante par son époux, et comme énervante par sa soeur, Claire jouée par Charlotte Gainsbourg. Nous explorons le jour du mariage de Justine et Michael : entre les faux-sourires, les apparences, les scènes qui rappellent Festen de Thomas Vinterberg, nous découvrons cette jeune femme forte et fragile à la fois, cette mélancolique Justine qui noie son soi-disant bonheur sous une moue de tristesse effrénée. Entre deux scènes où Justine s'isole pour mieux souffrir de l'absurdité ambiante, il reste Claire, sa soeur, pour s'indigner de la tournure des choses. Attention, il n'y a pas que de la contemplation : il y a des dialogues, mais surtout, des jeux d'acteurs comme on en voudrait plus souvent, menés jusqu'au bout de ce qu'ils ont à offrir. Si Kirsten Dunst subjugue pendant la première partie du film, Charlotte Gainsbourg prend le relais avec beaucoup de doute dans la deuxième. La seconde partie du film est centrée sur Claire, la soeur de Justine, et sur la fameuse planète Melancholia censée frôler la Terre. Alors que Claire ramasse à la petite cuiller Justine – la plus vulnérable des deux en apparence-, elle s'angoisse à propos de Melancholia, cette planète étrange qui pourrait bien entrer en collision avec la planète Terre et détruire l'humanité.

Lars Von Trier a écrit et réalisé un de ses meilleurs films avec Melancholia. Alors que les thèmes de prédilection de ses films sont l'auto-destruction, la malveillance d'autrui et la cruauté des êtres humains (pour résumer d'une façon certes triviale), le réalisateur danois parle dans ce nouveau film d'une maladie qui tue à feux doux et empoisonne l'existence de millions de personnes : la dépression. Le vague à l'âme et la mélancolie sont des « synonymes poétiques » de cette dépression, qui agissent sur le personnage de Justine tout au long du film, de façon exponentielle, pour aller au plus loin de ce qui est permis. Ainsi, dans la seconde partie du film, Von Trier expose le spectateur à la forme la plus dure de la dépression : celle qui laisse apparaître ses malades comme des objets ; des personnes désarticulées incapables de penser, de vivre. Il n'y a plus qu'une enveloppe, l'âme, l'étincelle est partie. La dépression est une forme de mort : c'est sans doute pourquoi Justine semble la plus sereine à l'idée d'une probable collision entre la Terre et Melancholia.
Melancholia est donc le titre idéal pour le film : l'appellation fait référence à la mélancolie qui ronge Justine, et également à la planète qui menace la Terre.
On pourrait même dire que dès que la mélancolie entre en collision avec votre monde, il y a peu de chances que vous en réchappiez : le spleen est une addiction, une drogue dans laquelle on sombre sans chances de trouver un échappatoire. En même temps qu'elle afflige, la mélancolie attire : elle est la beauté. Toutes les oeuvres mélancoliques sont empreintes de quelque chose de si beau qu'elles plaisent. C'est pourquoi Kirsten Dunst étincelle dans l'ombre, incarne une beauté d'une pureté éternelle et séduisante.



Lars Von Trier innove dans le sens où il filme un mariage comme on en avait jamais vu : au lieu de passer le plus beau jour de sa vie, la mariée semble loin, malheureuse, entrain de jouer à un jeu dangereux avec la folie. Comme il s'agit d'un film réaliste d'un point de vue des sentiments et de la psychologie des personnages, le marié n'est pas un crétin fou amoureux de son épouse qui ne se rend pas compte de ce qui se passe. Le jeune marié, Michael, est interprété par l'acteur suédois Alexander Skarsgård, qui oscille entre empathie et lassitude contrôlée. La peine de ce jeune homme face au problème de la femme qu'il aime bouleverse sérieusement. Tout le monde ne peut pas supporter la dépression. Il est difficile de satisfaire quelqu'un qui sombre et se rendre compte qu'on ne suffit pas au bonheur de la personne qu'on désire est une douleur atroce.
Le cynisme de Von Trier s'illustre au travers de certains personnages, comme celui de la mère de Justine et Claire (jouée par Charlotte Rampling), une femme qui ne croit pas au mariage, et qui, ouvertement, critique le choix de vie de sa fille. Stellan Skarsgård (oui, le père d'Alexander dans la vie de tous les jours), lui, se contente d'apparaître dans un rôle de patron aux mauvaises intentions.
Melancholia ressemble aux autres films de Von Trier parce que le film donne une grande importance aux apparences : tout ce qui se passe n'est que façade, voile. Il y a une marge entre ce qu'on voit et ce qui est réellement. Ainsi, Justine paraît la plus sensible des deux soeurs, mais en réalité, les choses sont différentes dès que Melancholia fait son apparition. C'est sans doute cette dualité entre ce qu'on observe et ce qu'on ne voit pas qui rend si passionnant le cinéma de Lars Von Trier : il y a toujours plus en profondeur, il faut gratter pour faire apparaître la réalité.

Melancholia est un grand film, un millésime, certainement un des films à retenir de 2011. Déjà, les performances des acteurs valent le détour ; Kirsten Dunst épouse le meilleur rôle de sa vie, sans doute le plus complexe, et Charlotte Gainsbourg passe de la certitude au questionnement en deux heures riches en émotions. Les seconds rôles sont tous aussi brillants, bien dosés, convaincants : Kiefer Sutherland joue le beau-frère qui ne va jamais craquer, Charlotte Rampling la mère cynique, John Hurt le père fantasque, Alexander Skarsgård l'amoureux éconduit, Stellan Skarsgård le patron pervers. Manuel Alberto Claro est la révélation du film : son travail de directeur de la photographie est tout juste majestueux : entre la couleur chaude de la première partie du film (toujours pour les apparences), et les couleurs presque saturées de la deuxième partie, les images apparaissent avec grâce et splendeur.
Et Lars Von Trier dans tout ça? Il n'a pas menti lorsqu'il a déclaré s'être inspiré du romantisme allemand, puisqu'il utilise la musique de Wagner et offre des scènes de toute finesse et de toute délicatesse du point de vue visuel, rappellant les toiles de Caspar David Friedrich. Son travail de réalisateur est également empli d'harmonie : il filme avec toute la sensibilité dont il peut faire preuve, communique une oeuvre pleine d'émotions, de sensations, d'idées. Chaque plan est là pour une raison et trouve son utilité dans l'impression de vertige qu'il communique.



Melancholia aurait vraiment pu remporter la fameuse Palme à Cannes : sur un décor de fin du monde imminente, la mélancolie blesse une jeune femme, transforme sa vie, sa conception des choses et son appréhension du monde. Une histoire universelle, car, sans mentir, elle pose la question de "qu'est-ce qui en vaut vraiment la peine?".

trailer

The Innocents (1961) by Dylan



The Innocents fut réalisé par Jack Clayton, grand nom de la Nouvelle Vague britannique. Il réalisera, entre autre, Gatsby le magnifique (1974) sur un scénario de Coppola ou encore Memento Mori (1992). Véritable calligraphe de la caméra, il réalise ici un film d'angoisse classique, portant à l'écran un style de personnage que j'adore dans les films du genre: des enfants. D'après Le Tour d'écrou de Henry James, et sur un scénario écrit en collaboration avec Truman Capote. Ce film est considéré comme étant l'un de ses meilleurs (voir son meilleur), et mets en scène une jeune gouvernante (Deborah Kerr) qui se voit confier la garde de deux jeunes enfants d'une famille très, très riche. Les règles sont simples: elle prendra tout en main avec l'aide des auters domestiques, mais elle vivra avec les enfants, loin du maître de maison, et elle ne devra le déranger sous aucun prétexte. Un peu hésitante, elle finit pourtant par accepter, et part habiter dans une immense demeure pour faire la connaissance des deux jeunes enfants: Flora et Miles. Hélàs, elle se rend rapidement compte que les enfants semblent tous les deux avoir deux personnalités: une "jeune" et une plus... vieille. Rapidement, des phénomènes étranges l'amène à penser que la maison serait hantée par un fantôme, voir plusieurs... Elle ne sait alors que penser et essaye de comprendre d'où viennent ces présences et quelles sont leur influences sur les enfants...



The Innocents est un classique du cinéma d'horreur Britannique. Sortit en 1962 (filmé en 1961), il est tourné en 35 mm et en noir et blanc. S'approchant un peu des films étranges à suspens comme Rosemary's Baby, la pression monte tout le long du film sans que l'on sache trop à quoi s'attendre. Il se situe dans l'Angleterre de la fin du 19ème siècle, ce qui donne lieu à de somptueux décors mais surtout de très, très jolis costumes. Mais je vous préviens: il faut voir ce film en pensant à l'époque, ou vous risquez d'être déçus. Effectivement, dans notre monde cinématographique actuel, nous avons l'habitude de sursauter, de voir des fantômes en images de synthèse, en gros: d'avoir vraiment peur. Mais je trouve qu'il est intéressant de voir également ce style de film qui, après tout, était ce qui faisait frissonner les gens dans les années 50-60. Ici, on joue surtout sur la psychologie et sur le fait que nous avons affaire à une gouvernante sceptique, qui n'a pas l'habitude de voir ce genre de choses. Pour moi, c'est un film à voir lorsque l'on aime le cinéma: le noir et blanc ne dérange pas du tout (pour les plus réticents), car les personnages sont peu nombreux et très bien éclairés. Le manque de couleur nous aide également à nous plonger dans l'univers des personnages qui sont, dans un sens, enfermés dans une grande maison. Réel huis-clos, le film devient de plus en plus oppressant jusqu'au grand final: la fin. Il y a un véritable travail de mise en scène, à la fois avec les enfants, mais aussi avec les décors du Château, les statues.... tout. Le point fort du film réside pour moi ici. Dans cette capacité à faire parler les images lorsqu'il est clair que la plupart des personnages mentent. Comme si la vérité sortait du lieu. La profondeur des personnages est également intéressante, personne n'est ce qu'il semble être, et on le comprend, mais on le comprend toujours de façon plus ou moins innatendue. Les acteurs qui font les enfants sont vraiment attachants et flippants à la fois: pari réussi.

Le fantôme principal est assez flippant aussi (okay, okay, pour l'époque), et je trouve ça assez culotté de prendre simplement un acteur et de ne rien ajouter de vraiment paranormal. Juste histoire que l'on se mette à la place de la gouvernante et qu'on ne sache pas vraiment ce que l'on est en train de voir (même si on s'en doute). Personnellement, j'ai toujours aimé les histoires de fantômes, et je trouve que celle-ci est vraiment originale (elle a d'ailleurs été adaptée bien d'autres fois). Il n'y a pas de volonté de faire a tout prix sursauter le public, contrairement à la plupart des films récents. C'est bien plus doux, bien plus réaliste, et surtout, bien mieux amené. The Innocents aurait pu être un film muet tant c'est un film expressif, qui repose essentiellement sur l'expression de ses personnages et l'immense décors. Et pour moi, c'est ce qui fait un grand film: être capable de comprendre l'histoire, même si on enlevait le son. (Mais gardez le, il est tellement classe....)



Les plans sont originaux, décalés, somptueux, et tout ça en format 2.35, un scope vraiment, vraiment très agréable à regarder, et qui colle très bien avec la grandeur des décors et le sentiment d'y être enfermé avec les personnages. A mes yeux, ce film est un chef-d'oeuvre. Lorsqu'on y réfléchit, il n'y a aucun plan inutile, aucune scène en trop. Tout est là pour servir le scénario, et il n'y a pas de superflu. Les acteurs sont parfaits, et on reste plongé dans l'histoire du début à la fin. Il y a, en plus, une musique qui revient plusieurs fois le long du film: une musique enfantine mais qui devient étrangement angoissante lorsqu'elle est liée au film. On l'entend au début, et c'est pour ma part grâce à cette musique que je suis entrée immédiatement dans l'ambiance.. encore une fois, comme dans Rosemary's Baby (1968) de Polanski, qui s'est sûrement inspiré de ce film-ci pour la musique du sien. Pour le reste, je pense qu'il vaut mieux voir le film, même s'il y aurait de quoi écrire des pages et des pages sur chacun des personnages, tant ils sont complexes et intéressants. Et pour le petit côté prestige: le film fut nominé pour le meilleur film britannique, et la meilleure adaptation aux BAFTA Awards. Clayton fut récompensé par le National Board of Review Award pour la direction, Truman Capote reçu le prix Edgar Allan Poe pour le meilleur scénario.

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lundi 19 septembre 2011

The Naked Man, J. Todd Anderson (1998) by Cowboy

Pas la peine de planquer les enfants, The Naked Man, malgré son titre, pourrait être un film famillial. Quoique. Non, en fait, non, éloignez-les, ce film n'est pas pour n'importe qui. Mais il n'y a pas de nudité. Juste un peu de gore. Et quelques idées franchement saugrenues.



Il s'agit du premier (et à ce jour unique) film de J. Todd Anderson. Le nom ne vous dit rien ? Plutôt normal. Pourtant, ce monsieur s'est illustré, entre autres, comme story-boarder des frères Coen depuis Raising Arizona (Arizona Junior, en vf), un film auquel il emprunte énormément à l'esthétique, et même directeur de la seconde équipe sur Fargo. Et, ô surprise, qui trouve-t-on en coscénariste avec Anderson ? Monsieur Ethan Coen. Pour ça que je l'ai acheté. Ça et le casting. Michael Rappaport et Rachael leigh Cook, il ne m'en faut pas plus.

L'histoire est tout simplement démente. Un narco-traffiquant infirme, à l'aide de son acolyte déguisé en Elvis, massacre la famille d'un brillant chiropracteur-catcheur, qui va alors devenir un bien étrange justicier (venu pour rétablir l'intégrité vertébrale de ses concitoyens...). Sur son chemin, il croise une jeune bikeuse qui, à sa manière, va redonner un sens à sa vie. Le tout sous le regard torve d'un inspecteur de police blasé.



Cartoonesque, c'est le moins qu'on puisse dire. L'esthétique est très proche des premiers films des Coen (surtout Raising Arizona et The Hudsucker Proxy/Le Grand Saut), et évoque également Sam Raimi. Le film est très graphique (cf l'ouverture du film), et plutôt bien réussi, dans un style assez old-school (datant de 1998, et pour cinq maigres millions de dollars...). La musique, en partie écrite par Ethan et Anderson, colle parfaitement. Et l'interprétation, Rapaport est magique, et Joe Grifasi est juste parfait dans le rôle de l'inspecteur. Et puis Rachael Leigh Cook... bon, son rôle est un peu trop court pour pouvoir bien en profiter, mais elle est chouette, cette petite. Et puis elle a un tatouage Love/Hate sur les miches, dans le film.
On se poile bien. Définitivement Coenesque. Quoi de plus normal, en même temps ? Même si c'est un peu le même syndrome que Mort sur le Grill (Crimewave, en vo), où la première vision peut laisser... perplexe ? Le genre de film qui peut vous laisser bouche bée tout le long. Un peu comme un bad trip de pillules multicolores doublé d'un écrasement cervical. Mais je dois dire qu'au revisionnage, en sachant à quoi m'attendre, j'ai bien apprécié.



Le film a connu des déboirs terribles pour être distribué, aboutissant malheureusement à un flop assez monumentale, alors, rendons hommage à ce chef d'oeuvre injustement méconnu, et qui a eu la vie dure, parce qu'il est drôlement bien foutu.

En savoir plus : http://www.citypages.com/1999-09-01/arts/good-touch-bad-touch/

Trailer qui spoile à fond. Mais voyez-le quand même, pour avoir une idée du style.

Radio Flyer (1992) by Dylan



Radio Flyer est un film américain sorti en 1992 et réalisé par Richard Donner. Donner, qui s'est fait connaître avec de nombreux films qui sont rapidement devenus des classiques, comme par exemple La Malédiction, Les Goonies ou encore L'arme Fatale. Pour ceux et celles qui ont, comme moi, adoré les Goonies, il y a des chances que vous aimiez ce film. Il est certes moins pour les enfants mais garde cette innocence extérieure et cette ambiance qui montre que ce réalisateur sait ce que c'est que de rêver lorsque l'on est gosse.

Tout commence avec un adulte qui explique à ses enfants qu'il va leur raconter une histoire qui lui est arrivée lorsqu'il était petit. Il leur dit alors : "History is in the mind of the teller" (L'histoire est dans l'esprit du conteur) et leur assure qu'ils comprendront la signification à la fin de l'histoire. Radio Flyer raconte l'enfance de deux enfants, Bobby (Joseph Mazzello) et Mike (Elijah Wood), qui grandissent en compagnie de leur mère et de son mari, "The King", un homme en apparence gentil mais qui en réalité frappe le petit Bobby. Le film se focalise uniquement sur les deux enfants et offre un film léger et rêveur, qui tourne pourtant autour d'un sujet lourd. Radio Flyer est le nom du petit chariot que les enfants amènent partout avec eux. Cela pourrait d'ailleurs être un personnage secondaire. C'est d'ailleurs un vrai chariot qui existait à l'époque. Toujours présent, il représente la joie de l'enfance et le plaisir des choses simples. Mais c'est également une part essentielle de l'histoire, mais si vous voulez savoir pourquoi, il vous faudra voir le film.

En fin de compte, Radio Flyer n'est pas du tout le genre de film auquel je m'attendais. Il a l'essence des films classiques américains, l'esprit des années 90, mais il y a quelque chose d'autre, une petite dimension fantastique, juste assez pour que l'on se sente redevenir enfant, et juste assez pour que l'on se demande si tout n'était qu'imagination. Et pour ça, les 10 dernières minutes de film sont plutôt originales. Le film a beaucoup d'énergie, et est rythmé par la narration de Tom Hanks (Mike adulte). C'est ce qu'on pourrait appeler un film typiquement Américain. L'ambiance, les décors, la narration, tout est fait pour représenter l'enfance à l'Américaine. Ou du moins, l'enfance telle qu'on peut souvent se la représenter. Ce n'est pas un film sombre malgré le sujet, car il est présenté à travers des yeux d'enfants. Le narrateur (Mike vieux) le dit lui-même, l'important, c'est la façon dont on se rappelle l'histoire et comment on la raconte. Et c'est exactement ce que fait le film : il prend une histoire plus ou moins banale et sans surprise, mais y ajoute une nouvelle dimension, celle du narrateur. C'est une jolie démonstration de narration et de son rôle dans un film. Mais c'est un exercice de style qui sert à l'histoire, donc ça marche.



Mine de rien, c'est un film extrêmement bien réfléchi. Les deux jeunes acteurs font un travail remarquable du début à la fin, et il n'y a pas une seule fausse note. C'est clairement bien écrit, avec une mise en scène classique mais qui fonctionne. Un film qui représente typiquement l'image qu'on pourrait se faire de l'enfance lower-class Américaine. Assez pauvre, mais remplie de moments et d'images mémorables, car c'est un film qui se base sur l'imagination des enfants et qui, à l'image, la mélange avec la réalité. Les deux enfants luttent à leur façon contre la violence de l'adulte. A travers leur imagination, mais aussi à travers les films qu'ils voient à la télévision ou les Bd qu'ils lisent, ils tentent tous les deux de trouver une solution. Conscients que les adultes ne peuvent pas les aider comme ils l'aimeraient, ils grandissent à leur façon, tout en préservant au maximum le bonheur de leur mère, lui cachant la vérité.

J'ai énormément apprécié que le personnage du King, interprété par Adam Baldwin. C'est le beau-père des enfants, qui frappe Bobby. Ce personnage est très fort et merveilleusement exploité. Pourquoi ? Parce qu'on ne voit jamais vraiment son visage. Il est toujours caché, tête baissée, ou de profil, dans le noir, etc. Ce choix de mise en scène est intéressant, car il permet aux enfants de rester au centre de l'histoire, mais nous fait aussi comprendre que cet homme est sans identité précise, qu'il pourrait être n'importe qui. Ce personnage a un problème avec l'alcool, et il devient alors violent. Il y a donc essentiellement des plans sur ses mains, car elles sont la cause de tous les problèmes de l'histoire. Il n'a donc techniquement pas de visage, et utilise ses mains pour frapper, pour boire. Il y a même une réplique du film qui va dans ce sens "What he couldn't get his hands on, he couldn't hurt". Mais ce n'est pas un film sur la violence, c'est réellement un film sur l'adolescence. Et même si le King reste présent du début à la fin, il y a bien des histoires parallèles. Le King n'est qu'une ombre qui menace les enfants tout le long du film, c'est l'élément "perturbateur", le conflit intérieur des enfants, et ce qui les pousse à vivre.

S'il y a une chose difficile en cinéma, c'est de faire un film avec des enfants. D'autant plus lorsqu'ils sont les personnages centraux de l'histoire, et qu'on ne voit quasiment qu'eux. Mais sur le coup, rien à redire, le casting est parfait. Elijah Wood est adorable, et on remarque qu'il avait déjà un talent monstrueux à seulement 11 ans. Il avait déjà l'habitude de tourner dans des films, et cela se voit. L'autre enfant est interprété par Joseph Mazello, lui aussi, grand habitué des films, puisqu'il joue depuis l'âge de 7 ans....

Radio Flyer est donc un film que je conseille à tous ceux qui aiment les belles petites histoires qui n'ont pas besoin d'en faire des tonnes ou de tomber dans le mélodrame. On ressort du film avec des belles images et une belle philosophie, ce qui est étonnant vu qu'au fond, c'est un film sur un enfant qui essaye d'échapper à un adulte avec l'aide de son frère. Mais le point de vue fait ici toute la différence. Car en fin de compte, on ne sait pas vraiment ce qui se passe à la fin, étant donné que le narrateur dit lui-même qu'il raconte ça à sa façon, d'après sa vision à l'époque. Et juste pour cette profondeur, je dis bravo.

lundi 12 septembre 2011

90 films résumés en trois cases de BDs by Oscar

Dans une célèbre librairie, hier.
DDYDLS vient m’extirper de mon rayon, et me montre, l’air livide, deux livres. Je ne tique pas.





90 Films Cultes à l’usage des personnes pressées.
90 Livres Cultes à l’usage des personnes pressées.


Un recueil de résumés et de fiches de films / livres, il est vrai que c’est chouette pour ceux qui veulent commencer à se plonger dans un domaine qu’ils ne connaissent pas.

J’ouvre l’ouvrage réservé aux « films cultes ».

Parés pour un exemple ?

Ceux qui n’ont pas vu Pulp Fiction (même si ça m’étonnerait),

SPOIIIIIILEEEEERS.
(Vous ne rêvez pas, il s’agit bel et bien d’un livre qui, en trois cases de BDs, résume l’intrigue de 1h30 (en moyenne) de film.)

Psychose, Citizen Kane, Platoon, Casablanca, Alien, À la recherche du Temps Perdu, etc.
Alors, quel est le problème, en soi ?

Tout d'abord, je tiens à préciser que l'on pourrait trouver une ressemblance entre ces livres et les vidéos de 5 secondes résumant des films.
Mais non :
Les vidéos de 5 secondes (que ce soient des lapins ou de thatguywiththeglasses) ne prétendent pas vouloir donner une connaissance solide en cinéma après les avoir visionnés. Ces livres, si.

Voici le mot de l’éditeur que l’on peut voir apparaître sur le site de la FNAC :

« Suite au succès critique et public de 90 livres cultes à l’usage des personnes pressées, la fine équipe du premier opus, Henrik Lange (Suède) et Thomas Wengelewski (États-Unis), remet le couvert et s’attaque au 7ème art.
Considérant que la durée moyenne d’un long métrage est de 90 minutes, il vous sera beaucoup plus aisé de consacrer votre temps à la lecture de 90 films cultes afin de vous construire la culture cinéphile dont vous aviez toujours rêvée. Du Voleur de bicyclette de Vittorio De Sica à Délivrance de John Boorman, en passant par des chefs-d’œuvre du patrimoine cinématographique mondial comme Dirty Dancing de Emile Ardolino et Showgirls de Paul Verhoeven, 90 films cultes à l’usage des personnes pressées complètera avantageusement dans votre bibliothèque l’intégrale des fiches de Monsieur Cinéma de Pierre Tchernia.
»


Retenons, pour l'instant, seulement ceci :

« Considérant que la durée moyenne d’un long métrage est de 90 minutes, il vous sera beaucoup plus aisé de consacrer votre temps à la lecture de 90 films cultes afin de vous construire la culture cinéphile dont vous aviez toujours rêvée. »


Peut-on ici parler d’une construction de « culture cinéphile » ? Ma culture cinéphile est certes peu complète, et j’ai beau être pressée (puisque ça a l’air d’être suffisamment important pour être souligné), j’ai sursauté en voyant le contenu de l’ouvrage afin de ne pas me faire gâcher deux films par inadvertance. Peut-on être pressé et inéluctablement ne pas prendre le temps de se cultiver, de se renseigner par soi-même ?

Premier problème.
Ce livre pose comme acquis quelque chose qui ne l’est pas forcément.

Ce genre d’ouvrage peut alors être considéré comme assistant social, indiquant où aller chercher aux personnes un peu perdues dans des domaines qu’elles ne connaissent pas. Soit.
Doit-il pour autant se permettre de gâcher le processus d’initiative intellectuel et le résumer à si peu de choses ?

Second problème.
Ce n’est pas la bonne manière de faire valoir la culture aux yeux de toutes personnes, et ce même « pressées ». Non pas que je sois en train de dire que les personnes pressées n’aient pas droit à la culture. Elles ne méritent simplement pas de se contenter d’ersatz, et d’une définition boiteuse de la « culture » et de la « cinéphilie » et ce à leurs dépens.
Elles sont juste pressées, et se « construire une culture cinéphile », c’est du temps à investir. Et il faut le prendre. La culture n’est pas que de la synthèse toute prête que l’on peut retrouver dans des livres de 100 pages. Ce n’est pas quelque chose de fini que l’on paye 7 euros à la caisse et dont on prendra un quart d’heure à lire. C’est une construction continuelle.
On se retrouve encore et toujours face à la vulgarisation de l’art, mais qui plus est, ici, qui ne s’assume pas et qui se prévaut jusqu’à être égal à la culture cinéphile de celui qui regarde chaque minute d’un travail qui a lui, été accompli pendant de longs et longs mois.


Tout n’est pas égal. Tout ne se vaut pas.
Et le processus de visionnage d’un film pendant 1h30 ne vaut pas celui de 5 secondes de la personne pressée. Le travail de toute une équipe de film ne vaut pas trois cases de bande mal dessinées.

Et la culture ne mérite pas qu’on se prétende égale à elle seulement lorsqu’on la singe.

I saw the Devil by Viyanne



Yop les coupains !
Je viens aujourd'hui vous parler d'un film sud coréen du nom de I saw the devil, pour une fois traduit correctement donc en "J'ai rencontré le diable".

Bien que les histoires de possessions et autres Diaaap' soient en vogue il n'en est pas question ici, l'histoire en est toute autre, notre diable étant humain.

I saw the Devil nous raconte l'histoire d'un agent secret dont la fiancée a été assassinée par un serial killer plutôt impitoyable.
Aidé par quelques connaissances celui ci décide alors de se venger et de faire endurer l'enfer à celui qui a détruit sa vie, quitte à mettre en danger ses proches.
Trouver le meurtrier de sa bien aimée et lui montrer de quel bois il se chauffe encore et encore, sans relâche, mais le jeu ne risquerait-il pas de se retourner contre lui ?

Anecdote : En raison de la censure impliquée par le comité de classification Korea Media Rating Board, le film s'est vu repoussé au 06 juillet 2011 en raison de sa violence alors que sa sortie initiale était prévue au 11 août 2010. Oui vous calculez donc bien presque un an de retard, rien que ça !

C'est qu'on dirait qu'ils aiment beaucoup se venger nos amis coréens, et jusque là les films qui en découlent me laissent penser que je voudrais pas avoir un coréen dans mes ennemis.
Mais la vengeance ils savent comment s'en servir au niveau cinématographique, c'est un fait, Park Chan Wook en étant le meilleur exemple.



Le problème justement de I Saw The Devil est de passer après ces films de qualités irréprochables tels que Old Boy et que la mise en rapport est d'autant plus facile vu que dans les 2 métrages on retrouve Min Sik Choi même si celui ci est méconnaissable. D'un coup ça devient dur de se démarquer mais aussi de faire mieux et la comparaison ne manque pas de se faire tant les thèmes sont proches même si en aucun cas les scénarios ne se rapprochent à un moment ou l'autre.
Si I Saw the Devil ne démérite pas, loin de là, il n'est pas parfait pour autant mais les images restent belles (enfin si on peut dire car ici on a déjà plus de boucherie et de sang)
I Saw the Devil part très bien et assez rapidement mais après une heure il s'embourbe, le film possède des longueurs, et quand un film durent 2h20 les longueurs ce sont pas des petites ! Vengeance, encore vengeance ok, mais les scènes se répètent et assez vite on a un peu un serpent se mordant la queue, ce qui est bien dommage.
Heureusement que par la suite on a droit à quelques rebondissements qui nous feront rester devant l'écran et cesser de regarder notre montre pour nous remettre une bonne claque dans la gueule.
Pour le scenario certains détails m'ont semblé un peu faciles, trop faciles, voir légèrement incohérents par moments mais sans causer pour autant la perte du film et le faire tomber dans le n'importe quoi.

Au final I saw the devil reste un bon thriller que je vous recommande malgré ses quelques défauts.

Trailer

mardi 6 septembre 2011

Les aventures de Rabbi Jacob by Viyanne

Aujourd'hui je fais mon premier REF, et pour celui ci j'ai décidé de vous pourrir la vie avec une comédie qui malgré son âge ne prend pas de ride d'après moi : Les aventures de Rabbi Jacob.



Synopsis (même si tout le monde pourrait le chanter en chœur)

Rabbi Jacob est un rabbin vénéré à Brooklyn par toute la communauté juive, il s’apprête a effectué un voyage vers Paris avec son secrétaire pour célébrer la Bar Mitzvah du jeune David Schmoll, membre éloigné de sa famille.

Au même moment en France Victor Pivert, petit bourgeois traditionaliste, voire un peu raciste sur les bords, rentre de son week end et effectue une sortie de route en voiture. Il découvre par la même occasion que son chauffeur Salomon est juif et vire celui ci parce qu'il refuse de travailler durant le Shabbat.
Pivert se retrouve seul en quête d'aide et va se retrouver bien malgré lui au mauvais endroit et au mauvais moment.

C'est dans une fabrique de Chewing Gum que Pivert va assister a ce qui semble être un règlement de compte entre ce qui semble être des dissidents et la police d'un état arabe inconnu.
Manque de bol évidemment, Pivert va se faire repérer et les gags vont s'enchainer dans la fabrique jusqu'à ce que Pivert se retrouve à fuir pris en otage par un des dissidents, Mohamed Slimane.
C'est alors que les fuyards arrivent à l'aéroport et dans un chassé croisé se retrouvent déguisés en rabbin et assistant et à devoir se faire passer pour tout ce qu'ils ne sont pas et se retrouver en pleine communauté juive.

Des scènes cultes, des scènes cultes mes amis !
La fabrique de chewing gum ou encore mieux, la danse juive de folie de De Funès en plein milieu de la rue...



Petit bijou des années 70, du bon temps de la comédie française et je dirais même de la comédie façon de Funès , Les Aventures de Rabbi Jacob est pour moi une des meilleures comédies françaises de tout temps tout simplement.
Ce film est la dernière collaboration entre Gerard Oury (le Réalisateur) et Louis de Funès d'ailleurs, pas faute de se fâcher mais tout simplement que les années se passent et que l'acteur ne se faisait plus de toute jeunesse, tout grand un jour part.

Beaucoup de comique de situation, de quiproquos mais surtout beaucoup de comique de geste de par la performance toujours aussi déjantée de De Funès qui livre encore tout avec passion et dynamisme, l'homme joue, l'homme incarne, l'homme EST Rabbi Jacob tout simplement et malgré les années qui nous séparent de cette période reste un des grands hommes du cinéma français pour moi.
Si le film est amplement dominé par Louis les autres acteurs, certes mis à l'arrière plan jouent toute fois avec brio.
Surtout Claude Giraud dans le rôle de Slimane mais aussi Suzy Delair dans le rôle de la femme Pivert autoritaire, limite hystero.



Ici pas question de regarder sa montre, vous ne vous ennuierez pas, je vous le promets.
Et si on ne s'en lasse pas c'est aussi force est de constater parce que de nos jours on n'oserait sûrement pas aborder avec tant d'humour des sujets religieux et communautaire de peur de froisser l'un ou l'autre. Et c'est bien dommage car au final de ce film la leçon à tirer est la tolérance.

Il y a tant de choses à dire sur Rabbi mais je m’arrêterai ici et vous dirais tout simplement Regardez le, oui encore une fois, il n'y en a jamais une de trop.