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lundi 28 mai 2012

Dark Shadows by Harmoniak

Etablir ou non que le dernier film de Tim Burton soit un blockbuster ne va pas m’empêcher pour autant de vous parler de sa dernière mouture, adaptation d’une série TV kitsch des années 60-70. Ca parle de vampire, ça parle de famille, et comme c’est un Tim Burton réalisé après La planète des singes et qui n’est pas Big Fish, c’est avec Johnny Depp et Helena Bonham-Carter. « Mais pas que ! » (Dieu que cette expression est laide, swite djizeuçe). Bon allez, on cesse de tourner autour du pot, on s’assoit au coin du feu et on parle de Dark Shadows.



(La tagline Américaine « Strange is Relative » est énormissime. Fin du commentaire furtif !)

Bon, je vais pas y aller par quatre chemins, d’une part parce que je n’ai pas quatre chemins derrière l’oreille et aussi parce que ce serait d’une futilité affligeante et un grande manque de respect envers ceux qui me lisent que de digresser sur des sujets dont la pertinence est presque plus douteuse que mes goûts cinématographiques. Donc. Dark Shadows, ça parle de Barnabas Collins (Johnny Depp), un homme qui a été maudit par une sorcière, Angélique Bouchard (Eva Green), et changé en vampire avant d’être enterré vivant pendant 200 ans. A son réveil dans les années 70, Barnabas va devoir redécouvrir le monde et sa nouvelle famille de dégénérés du slip pour les aider à rebâtir l’empire familial en déclin. Au premier abord, la perspective d’un film de Tim Burton qui parle de vampires et de sorcières parait plaisante, un terrain dans lequel le cinéaste que l’on ne cessera d’étiqueter « morbide » ou « déjanté » ne s’était pas encore vraiment aventuré. Sur le papier, c’est une réussite annoncée.

Sur la pellicule, c’est autre chose. Ce qui frappe positivement d’abord dans Dark Shadows, c’est la très bonne photographie de Bruno Delbonnel, qui œuvre tout en nuances désaturées ou flashy pour créer une ambiance seventies en restant dans le fantomatique. On retient d’ailleurs les très beaux plans qu’il embellit avec grande puissance Burtonienne, comme l’une des premières apparitions de la magnifique Bella Heathcote, qui incarne la fragile Victoria Winter, en auto-stoppeuse en détresse. Contrastes surréalistes, éclairages brumeux ou lumière éclatantes, Delbonnel seconde Tim Burton avec brio en donnant au film une teneur graphique exemplaire. C’est d’ailleurs le grand aspect séduisant de Dark Shadows : ambiance et graphisme. Dark Shadows est l’un des films du cinéaste qui joue le plus sur la texture : poussière, cendres, bois écorché ou porcelaine brisée pour le solide. Sang, pluie, océan pour le liquide. Brume abondante et fantômes du passé pour les vapeurs mystérieuses qui embaument le fantastique que le film aborde. Le tout est accentué par des costumes, coiffures et décors très bien travaillés et cohérents entre eux.

Mais ce qui pèche (jeu de mot d’ailleurs parce que les Collins ont une entreprise de produits de la mer. C’est drôle, nan ? Je sens que je vous titille les zigomatiques, allez, dites-le !), dans Dark Shadows, est malheureusement beaucoup plus effarant que ce qui donne au film son cachet visuel Burtonien que l’on aurait pu croire mort à mesure que Lewis Caroll se retournait dans sa tombe pour Alice au pays des Merveilles (et dans sa globalité, Dark Shadows ne rassure pas).

C’est d’abord d’énormes lacunes scénaristiques qui foudroient littéralement tout ce qui est cher au réalisateur de… L’ETRANGE NOËL DE MONSIEUR JACK ?! NAN J’DECONNE… d’Ed Wood. A l’imminente sortie de Dark Shadows, il se murmurait un retour aux sources pour Burton, et aux thèmes qui lui sont chers. Mais quels thèmes ? Le morbide, l’humour macabre, le délirant ? Il faut être à mon sens bien aveugle pour penser qu’il s’agit là des véritables problématiques du cinéaste. Si bien sûr son travail est empreint des multiples significations de la mort et des facettes de nos peurs ou dégoûts avec un humour non déguisé, Burton s’attache davantage à soulever des questionnements tels que l’acceptation de soi et des autres (Edward aux Mains d’Argent), les relations à la famille et à ses mythologies ancestrales (Big Fish) ou à ré-écrire l’Enfance dans toutes ses imperfections (Charlie et la Chocolaterie) qu’à s’esclaffer sur des macchabés. Seul Beetlejuice était assez unidimensionnel (tout en restant parodique !) pour donner raison à nos journalistes qui se plaisent à dépeindre un Burton dont les obsessions premières voire uniques sont la Mort et le glauque (mais avec des blagounettes). Le coup de gueule contre les médias passés, revenons à Dark Shadows, qui semble vouloir leur dire « Oui, tout à fait, regardez-moi, je suis un dingue dans les thèmes que vous m’avez dit que je savais bien développer ! ». En effet Burton se plait à installer des ambiances glauques ou macabres gratuitement sans en être convaincu, comme s’il s’essayait à une parodie de lui-même. Si l’ouverture du film rappelle Sleepy Hollow dans le côté légende ancienne et fonctionne en harmonie avec le fantastique et le funeste, ce n’est plus si évident pour plusieurs scènes suivantes. Par exemple, Burton fait intervenir le sang comme fil rouge de son récit du début à la fin, mais ne s’en sert véritablement que comme d’un breuvage pour Depp sans consistance, en n’explicitant pas réellement quelles propriétés il lui prête. Il en va de même pour la sorcellerie. Un gag rigolo sur Méphistophélès, et voilà tout ce qu’il reste des obscures rites dont Eva Green n’a finalement que faire, et tout ce qu’il reste de la profondeur du Vampire, de la Sorcière, des Revenants ou autres créatures imaginaires ne sont que des courts passages tendant davantage vers le X-Men en plein délire que dans la réelle exploration de leur nature et de leur complexité. Décevant pour un Burton qui se plaisait à inventer une profondeur narrative à son cavalier sans-tête où à établir des bestiaires surprenants pour ses Noces Funèbres sans qu’ils ne laissent un arrière-goût très désagréable d’inachevé.



Inachevé, c’est exactement le mot qui vient après avoir vu Dark Shadows. Preuve en est : la fin du film, que je ne prendrai pas soin de vous spoiler. Quand les secrets sont révélés, c’est dans l’absurde et le débilisant que l’on nage (coule ?), particulièrement pour le moment de non-gloire de Chloë Grace-Moretz, pourtant en meilleure forme que dans Hugo Cabret. Et une fois le final passé, tout est laissé en plan, rien n’est un dénouement résolu, excepté pour Barnabas. Une déception qui se prolonge par les choix étranges de plusieurs protagonistes ; meurtres, trahisons, mensonges ou fuites. Mais à quoi bon ? Rien n’est justifié ou apparemment justifiable, et on arrive à penser que Burton s’est moins soucié de faire vivre sa famille fictionnelle que de la faire s’entrechoquer au cours de joutes verbales pas toujours inspirées. En effet, le casting est bien troussé, Depp et Bonham Carter rejoignent Michelle Pfeiffer (étonnamment parfaite), Jackie Earle Haley (clin d’œil à Rorschach dans une de ses scènes ?), Eva Green (pâle), Chloe Grace-Moretz ou encore Alice Cooper et Christopher Lee (pour le caméo). Mais l’amère absence d’alchimie entre les acteurs suggère les frictions froides d’une famille inavouable que l’on devine involontaires, même si cette distance entre les acteurs sert au final le propos… du moins pendant les premières minutes du film. Parce qu’à cela s’ajoute un cruel manque de rythme, les passages musicaux étant les plus enthousiasmants, autant qu’ils sont rares. Même l’humour, que l’on croyait en bonne place, est finalement grinçant dans le mauvais sens du terme ; les redites du poisson hors de l’eau (entendez vampire hors de son époque) qui rappelleront à nous les Français de France nos Visiteurs, sont frileuses et éclipsées pour la grande majorité par de brèves répliques qu’on ne retient pas.

J’ajoute en définitive un petit quelque chose sur les thèmes de Burton. Comme je l’ai dit, Burton parait s’auto-caricaturer jusqu’à ne plus faire ressembler le film à quoi que ce soit d’intéressant, survolant les laissés pour compte (mention au gamin dont j’ai oublié le nom) et oubliant de donner un vrai sens familial à son film. Mais surtout, abordant des images qu’on n’aurait su présager dans un de ses films. Alors honnêtement, je vous spoile gratuitement mais HELENA BONHAM CARTER TAILLE UNE PIPE A JOHNNY DEPP. Au risque de paraître trivial, qu’est-ce que ça vient foutre dans un film de Tim Burton ? Fantasme profitable à l’alter-ego du cinéaste ? Je vous laisse répondre, mais cela me méduse encore que Burton ait apporté au film des images dont on aurait pu se passer tant elles relèvent de la facilité déconcertante, loin de l’artiste que l’on apprécie pour son talent graphique. La scène du vomi, même exemple. La séquence de sexe entre Barnabas et Angélique parait même parachutée alors que le personnage de Depp nous est dépeint comme noble et élégant. Brutal, étrange. Gratuit.

Je peux aussi commenter sur la musique du film. Je croyais qu’Alan Silvestri avait fait fort en offrant à Avengers un score à peine audible et hyper-illustratif, c’est finalement Danny Elfman qui se vautre de toute sa masse en ratant une soundtrack comme rarement. Rien ne se retient, aucune émotion. Elfman est éclipsé par un Alice Cooper en camisole de force, et une jolie scène (ma préférée) sur fond de Top of the World des Carpenters.



Vous l’aurez compris, je pense, Dark Shadows est une déception de fan de Burton, lui qui s’était laissé empêtrer dans le Disneyien de son Alice, parait ici faire péter l’auto-caricature jusqu’à n’être plus que l’ombre de ce que l’on veut bien croire qu’il est. Cruel manque de rythme et d’une écriture cohérente qui tiennent la route, s’il n’est pas en reste d’acteurs talentueux et d’un graphisme soigné, Dark Shadows est assurément l’un des films les plus mineurs de la carrière de Burton, que l’on espèrera de nouveau en forme pour Frankenweenie. Personnellement, je prie pour un retour à l’expérimental de Sweeney Todd, à l’éclatante sincérité de Big Fish, à la naïveté génialissime d’un Etrange Noël de Monsieur Jack. Son prochain film sera en stop-motion. Et il a intérêt à faire péter le feu de Dieu nom d’un chien (zombie) !

vendredi 25 mai 2012

Les musiques de films : Spécial Danny Elfman by Damara

En ce moment, l'exposition de Tim Burton fait un tabac. Mais si vous êtes nombreux à vous intéresser à Tim Burton, trop peu parlent de Danny Elfman. Pourtant c'est l'alliance de ces deux grands hommes qui rend les films si exceptionnels.
Voilà pourquoi j'ai décidé de lui rendre hommage.

De son vrai nom Daniel Robert Elfman, né le 29 mai 1953 à Los Angeles (Californie), fils d'un père professeur et d'une mère écrivain, c'est vers la musique qu'il va se tourner très jeune. A l'âge de 18 ans il part à Paris avec son frère Richard et forment le groupe rock et new wave (à vous de juger ^^): the Mystic Knights of the Oingo Boingo. Danny y joue du trombone.
En voici un extrait

En 1980, il fait ses premiers pas dans la réalisation avec son frère Richard où il jouait le rôle de Satan.

Mais c'est en 1985 qu'Elfman fait la rencontre qui déterminera sa carrière, celle du jeune réalisateur et fan de Oingo-Boingo : Tim Burton. Il compose alors sa première bande originale orchestrale pour le premier film de Tim Burton et ils démarrent ainsi leurs carrières en trombe, ensemble avec Pee Wee Big Adventure.

Influencé par Bernard Herrman et Nino Rota, sa musique est une alliance du violon et de voix enfantines à des cuivres imposants, des orgues et de la guitare électrique. Il change de tonalité quand cela lui chante, se jouant du rythme. Ce qui pourrait devenir un fouillis indéchiffrable se transforme en mélodie en totale adéquation avec les images. La musique devient un personnage à part entière du film, donne vie au monde fantasmagorique de Burton. Il deviendront alors inséparables.

Pee Wee Big Adventure en 1998

Batman en 1989

Edward aux mains d'argent en 1991

L'étrange noël de Monsieur Jack en 1994

Mars Attacks! en 1996

La Planète des singes en 2001


Enfin, c'est en 1989 qu'il devient mondialement connu et reconnu grâce aux thèmes de la série Les Simpson de Matt Groening ainsi que la bande originale de Batman. Puis s'ensuit de nombreuses collaborations avec divers réalisateurs de films, de séries et de publicités tels que :

Darkman de Sam Raimi en 1990

Et beaucoup plus tard :
Hellboy de Guillermo del Toro

The Wolfman de Joe Johnston

Fantômes contre fantômes de Peter Jackson

Good will Hunting de Gus Van Sant

Flash de Danny Bilson et Paul De Meo

Desperate Housewives

Chanel
2ème extrait de Luc Besson

Ainsi que bien d'autres encore...

En 1993, il s'impose comme l'un des trois principaux initiateurs du film L'Etrange Noël de M. Jack produit et d'après l'idée de Tim Burton et réalisé par Henry Selick (oui oui, j'ai vérifié les sources ^^). Il composera, écrira les chansons et sera l'une des deux voix qui incarnent le personnage de Jack Skeletton.

Côté vie privée, il s'est marié en 2003 avec la comédienne Bridget Fonda, que l'on retrouve dans les films le baiser mortel du dragon avec Jet Li ou encore Jeune Femme partagerait appartement, et a eu un fils en 2005 : Olivier Elfman.

Danny Elfman est un homme plein de ressources, à la fois acteur, chanteur et compositeur. Il est surtout devenu aujourd'hui l'un des compositeurs les plus populaires, les plus prolifiques et les plus en vogue car sa musique fait encore rêver les petits comme les grands.

lundi 14 mai 2012

Un film de la seconde guerre mondiale by Arlequin

La contrainte de cet article était d'utiliser un maximum de titres de films traitant au sens large de différents aspects de la deuxième guerre mondiale dans une histoire cohérente

Saurez-vous retrouver tous les films utilisés?



Avant de partir, j'aurais au moins pu dire « au revoir les enfants », mais il vaut mieux que je les quitte en silence. Je m'en vais faire la guerre et ce n'est pas un jeu, même si on récompense les meilleurs d'entre nous avec des décorations comme la croix de fer. Ces babioles prisées ont le même effet que le discours d'un roi. Rassérénés, les bénéficiaires peuvent exulter, se prendre pour le soldat-dieu et s'écrier dans l'euphorie « A nous la victoire ! » Ce n'est pas un jeu. Je n'aurai pas d'uniforme. On pourrait me repérer trop facilement. Je n'ai pas d'expérience ; Je ne pourrai jamais participer à un événement aussi spectaculaire que l'odyssée du sous-marin Nerka, par exemple. Mais je n'ai pas de telles prétentions. Je suis un lâche. Au mieux, je serai un héros très discret à l'instar de monsieur Batignole. Pour commencer, je vais passer par le viager pour emporter le vieux fusil avant de rejoindre le maquis, l'armée des ombres, la Résistance ! D'après la dernière lettre que j'ai reçu, je dois me rendre un week-end à Zuydcoote. Une fois sur place, en lien avec le patient Anglais, mon contact local, je ne devrai pas en dire plus sur mes opérations. On sortira tous bientôt de cet enfer. On raconte partout que les Allemands ont été vaincus à El-Alamein ainsi qu'à Stalingrad. Oh je sais bien que tout ça c'est terriblement loin ! Pour s'en rendre compte, il faudrait commencer par prendre un taxi pour Tobrouk. Je le ferai peut-être après la guerre pour plus de sécurité, histoire de faire bon voyage sans risquer de tomber sur Rommel, le renard du désert. Cependant, Berlin a eu beau jeu de construire le mur de l'Atlantique ou d'installer les canons de Navarone, rien ne pourra éviter la chute de ce régime totalitaire. Et dire que M. Hitler a eu les plans du débarquement sous le nez ! On a pas fini d'entendre parler de l'affaire Cicéron. Quoique, pour le moment, on raconte surtout que l'Axe est accaparé par les offensives répétées de Patton.

Je pourrais très bien attendre la fin de la guerre. C'est exactement ce que j'ai fait jusque là, mais j'ai bien réfléchi. Comme beaucoup de monde, tant que ces messieurs réglaient leurs différends à coups de torpilles sous l'Atlantique, cela ne me dérangeait pas. Ils ne troublaient que le silence de la mer. Vous connaissez le dicton. Quand passent les cigognes on regarde en l'air. Quand les panzers ont percé dans les Ardennes, j'ai fait le dos rond, surpris et terrifié... Quand les aigles attaquent, mieux vaut ne pas être sur leur passage ! Comme beaucoup de monde, j'ai pesté contre la débandade catastrophique de la « première armée du monde » qui ne contrôlait plus rien, ses effectifs jouant les égarés. Rendez-vous compte, l’État Major se demandait carrément « Mais où est donc passée la septième compagnie ? » Elle cherchait soit-disant la vache et le prisonnier. Dans ces conditions, comment ne pas être envahi par le chagrin et la pitié ? La guerre, l'occupation et les privations allaient bouleverser mon train de vie et mon patriotisme déçu. J'aurais dû m'engager pour combattre à la mémoire de nos pères tombés auparavant ; J'aurais pu avoir du courage, comme les soldats de l'ombre, mais j'aurais été bien fou de prendre le bateau pour gagner les cotes britanniques pendant que les hommes de de Sa Majesté, toujours à la merci de l'U-571, criaient à qui voulait l'entendre « Coulez le Bismarck ! » Je ne suis pas le renard des océans, hein ! Et puis rendez-vous compte : Le maréchal Pétain, cette légende vivante de 14-18 prenait la tête d'une zone libre de l’État ! Avec lui, nous n'aurions plus rien à craindre. En plus, tout le monde attendait avec impatience la première victoire des Alliés, qui, il faut bien l'avouer, mit un temps fou à se faire connaître. En ces temps là, il y avait peu de monde à jouer ouvertement les insurgés pour défier la toute puissance de la Wehrmacht. Comment pouvions-nous imaginer passer de l'enfer à la victoire ?

A part les exploits perpétrés en Norvège par les héros de Télémark, il fallait remonter à la bataille du Rio de la Plata pour avoir de bonnes nouvelles ! Il y avait bien eu l'effondrement de la Luftwaffe lors de la bataille d'Angleterre, mais on en entendait pas trop parler à la radio. On a plutôt su que l'Empire du soleil levant est entré dans la danse en bombardant Pearl Harbor par surprise en 1941. Il paraît que les pilotes nippons criaient « Tora ! Tora ! Tora ! » et que les américains répondaient « Horreur ! Horreur ! Horreur ! » La guerre s'est alors déplacée dans un lointain et silencieux duel dans le Pacifique tandis que les nazis campaient devant Moscou. Que pouvais-je y faire ? Je ne suis pas le Sauveur ! A l'autre bout du monde, à Kokoda, le 39ème bataillon pouvait endurer toutes les souffrances possibles pour protéger l'Australie dans l'indifférence générale, la fin de ce conflit semblait se préciser chaque jour davantage, même si les japonais sont tombés sur les diables de Guadalcanal. J'aurais pu entrer en Résistance, mais il était devenu impossible de connaître les aspirations de chacun : il fallait survivre avec les loups en ces temps de dénonciations aux Allemands et de marché noir. C'était la grande débrouille. Et puis le Maréchal Pétain, notre guide à tous, a bien promu la « Collaboration ». Mieux valait être dans le camp des vainqueurs.

Je suis loin d'avoir eu un comportement irréprochable. Je ne suis pas John Rabe. Cependant j'ai franchi la ligne rouge sans pouvoir reculer : Je n'ai absolument rien fait quand mes collègues ont préparé et exécuté la rafle du Vel d'Hiv en devançant les exigences germaniques ! Dans ce qui m'a semblé être le jour le plus long de toute ma vie, j'ai assisté impuissant à cette opération menée par l'armée du crime, sans oser y croire alors que les preuves de la barbarie humaine étaient là, sous mes yeux. « Heureusement », il paraît que des photographes, l'arme à l'oeil, ont immortalisé l'impensable ! C'est le neuvième jour après ces évènements que j'ai dû ouvrir les yeux. Dans le monde, d'autres témoignages ont afflué. Un condamné à mort s'est échappé d'un camp de travail et a tenté de prévenir les anglais des conditions déplorables rencontrées sur place. Devant cette photo où l'on voit le garçon au pyjama rayé, les rescapés de Sobibor ont évoqué des choses impensables. Suite à leur planification de la grande évasion d'octobre 1943, ces personnes purent témoigner des différences entre un « camp de travail » et le stalag 17. De plus, en 1943, l'ultime révolte du ghetto de Varsovie fut bien une preuve indiscutable de barbarie, mais elle a mis du temps à nous parvenir. A côté de ces horreurs, les Allemands ont cru pouvoir duper l'Europe en accusant les Russes à propos de Katyn. Je ne peux plus me contenter d'attendre lâchement. En complotant la nuit des généraux Allemands ont finalement lancé l'opération Walkyrie pour renverser le dictateur ! Il abattit ses foudres sur les douze salopards qui l'avaient trahi avant de se terrer dans la forteresse noire de Berchtesgaden. Pour eux comme pour la résistante Sophie Scholl, les derniers jours furent terribles.

Je n'ai pas le choix. Le vent tourne. Alors que dans le Pacifique on se demande en haut lieu qui sera le premier américain à Tokyo depuis la bataille de Midway, ici, les mentalités évoluent devant les défaites allemandes. En Italie, Hitler s'attendait peut-être à un miracle à Santa-Anna, en vain. Ses troupes, harcelées par la mafia de Lucky Luciano, ont bien dû finir par quitter le jardin des Finzi-Contini. Aujourd'hui, je suis sûr que tout le monde résiste puisque Babette s'en va-t-en guerre et, le comble, même papy fait de la résistance ! Et puis il ne faut pas oublier l'essentiel. Dans cette guerre, au delà de la gloire, tous les hommes sont importants. On raconte bien que les Américains ont déclaré en Normandie : « Il faut sauver le soldat Ryan ». Vous voyez ? Un peu comme le capitaine Corelli en Italie, tout combattant est important. Peut-être pourrais-je servir à la Résistance dans la bataille du rail pour freiner l'occupant ? A ce sujet, on est resté longtemps sans nouvelles de l'express du colonel Von Ryan. Aurait-il été pris ? Oh que non ! L'aigle s'est envolé ! Une fois bien à l'abri, ce dernier aurait déclaré : « Mon Führer je vous quitte ». Même les officiers décampent ! Quand on a vu le caporal épinglé complètement fou demander « Paris brûle-t-il ? », on comprend ces désertions. Enfin, il faudra surtout bien se coordonner avec nos glorieuses forces de Libération. Par exemple, il paraît qu'un commando fait l'impossible pour détruire le pont de la rivière Kwaï, pendant qu'un autre protège le pont de Remagen pour que les Alliés puissent franchir le Rhin.

On serait presque en droit de dire que la vie est belle ! Dans quelques temps, le soleil va se lever sur un monde en paix. Je me souviens encore des notes jouées par le pianiste de l’hôtel avant la guerre, lors de la fête donnée pour le mariage de Maria Braun. Maria ? Je n'en suis plus si sûr : Peut-être qu'elle s'appelait Sarah. Mais ça n'a pas d'importance. Je peux bien encore une fois me repasser le film de ma vie dans cette satanée guerre. J'ai agi comme un lâche. Par contre, il y a quelque chose qui me galvanise et qui me terrifie aussi depuis mon entrée en Résistance ; C'est qu'au final, tôt ou tard, les bourreaux meurent aussi. Même si nous avons tous nos expériences et nos effroyables jardins dans ce conflit, même si la guerre d'Hanna fut différente de la mienne, je ne pourrai pas me pardonner mes choix antérieurs. Seigneur, puissiez-vous donc me prendre en pitié. Amen !

lundi 7 mai 2012

Avengers by Harmoniak

Dans une vie d’Homme, … Non attendez, je vais la refaire. Dans la vie… Non, faut que je trouve un bon début de critique, merde. Pouf pouf. Camarades. Ou plutôt non. Citoyens, ça fait maintenant 4 ans que tout fan de Marvel au cinéma se prépare psychologiquement à la rencontre des héros de toute une vie sur grande écrans. Depuis Iron Man en 2008, tout biberonné aux comics comme moi sait que tôt ou tard, l’Homme de Fer côtoiera Hulk, Thor et Captain America dans un même film. Nous sommes le 25 avril au matin. La brume se dissipe quand Paris s’éveille. C’est le grand jour. C’est Le jour. Avengers.



Nul n’aura été bien sûr sourd aux critiques massivement élogieuses (les CME, mais à prononcer c’t’un régal…) qui ciblent le dernier (et deuxième) long-métrage pour le cinéma de Joss Whedon, créateur de la série Buffy, quoiqu’en l’occurrence peu me chaut (c’est une expression française qui veut dire que j’m’en bat les steaks, ignare). Mais qu’en est-il vraiment ? Assisterons nous à une véritable révélation dans l’Art si méconnu du blockbuster dont votre humble serviteur ici présent (oui, moi, misérable lombric !) à l’immense honneur de vous narrer les sirupeuses méandres depuis maintenant plusieurs semaines ? Avengers est-il le film dont tout Fanboy a rêvé au risque d’en suinter si fort que tant de draps ont dû être changés à des heures déraisonnables ?

Oui.

Parlons un peu histoire. Mon premier conseil à tout curieux sera de bien s’assurer avant de pousser les portes du cinéma d’avoir vu les Iron Man, Thor, l’Incroyable Hulk et Captain America jusqu’à la fin des scènes post-générique. Dans le cas contraire (quoique pour Hulk ce soit finalement assez facultatif), il est probable que vous ne pigeassiez rien à Avengers. Il est question de Loki, demi-frère de Thor ayant franchi les Univers et rencontré un gang d’Alien conquérants qui vont l’aider à préparer une revanche contre cette enfoiré de Dieu de la foudre, tout ça en volant le Cube Cosmique (Tesseract, comme ils disent dans le film), qui est une source illimitée d’énergie, pour préparer une invasion. Expirez. C’était sans compter la bravoure du S.H.I.E.L.D, agence de renseignement (what else ?) de Nick Fury qui va recruter les plus grands cerveaux et héros de la planète pour lutter encore et toujours contre l’envahisseur.

La première difficulté du film est donc, vous l’aurez compris, de faire s’entrechoquer les égos et personnalités de ces Remarkable People avec équilibre et nonchalance. C’est réussi, et c’est en grande partie dû à une excellente écriture dans les dialogues, bourrés d’un humour moins débilement absurde qui faisaient les blagounettes de Thor, ou potachement potaches comme dans Iron Man. Et pour une fois, Tony Stark n’est pas le seul à avoir la vanne facile, comique de situation oblige, exagérations très comic book qui ajoutent au film un second degré bienvenue au milieu de certaines pattes graphiques kitsch (mention au costume de Captain America).

Côté scénario pur et dur (Whedon a l’outrecuidance de donner une petit cachet Power Rangers bien gerbatif à sa séquence d’intro), l’histoire classique d’une invasion extraterrestre par des Méchants est dopée par le cocktail sur-explosif des personnalités toutes plus charismatiques les unes que les autres qui peuplent Avengers. Le film s’ouvre sur le recrutement et déroule sa longue histoire avec une cohérence des plus délectables. Et le bonheur est atteint quand pas un seul héros n’est laissé de côté. D’aucun murmureraient même une Scarlett Johansson un peu trop présente (entendez, qui ne laissera pas les amateurs de bonne chair en reste) même si tout le monde tombera d’accord sur le fait que le jeu d’acteur d’Avengers est franchement bon.



On retrouve bien sûr le Robert Downey Jr. tout en insolence que l’on aime aduler avec ou sans l’armure d’Iron Man. Le méga bodybuildé Chris Hemsworth revient dans la peau d’un Thor légèrement en retrait dans le film. Chris Evans est toujours un Captain America charismatique, droit et honnête, dont la rencontre avec Tony Stark fait si joliment écho à Civil War (private joke, si tu lis pas des comics t’es pas dans l’délire, toi même tu le saissssss). Scarlett Johansson montre enfin qu’elle sait faire autre chose qu’être dans un film de super-héros pour deux trois mandales et puis s’en vont. Jeremy Renner interprète avec conviction un Hawkeye franchement intéressant. Cobbie Smulders dans la peau de Mariah Hill avec justesse, Clark Gregg est une agent Coulson vraiment attachant, et Samuel Lee Jackson un Nick Fury convenable. Les deux gros atouts en matière d’acting sont Tom Hiddleston en Loki, qui entre instantanément dans le panthéon des Super-Méchants du cinéma pour ses scènes d’une cruauté ambiguë et saisissante. Et Mark Ruffalo, qui devient un Bruce Banner criant de sincérité bien plus efficace qu’Edward Norton, et un Hulk absolument parfait, volant la vedette aux simples mortels comme aux Dieu en fin de film. La confrontation entre le Géant Vert et le Dieu de la Trahison étant l’un des moments du film qui marquent à jamais.

Bon, côté technique, la prouesse est là. On taira la musique d’Alan Silvestri un poil trop illustrative. On oublie les quelques esthétiques télés vite éclipsées par les acteurs mis en scène pour s’attarder sur Joss Whedon. Qui était bel et bien l’homme de la situation. Fan de comics, c’est indubitable, Whedon nous offre tout simplement 2h20 de Bande-Dessinée sur grand écran. Multipliant les plans à symboliques fortes (la Trinité Marvel réunie après une séquence mémorable pour tout marvel-geek pour seul exemple), mais aussi et surtout les morceaux de bravoures de mises en scènes, Whedon trouve la justesse adéquate pour traiter Avengers dans des moments cinématographiques rares que sont les quelques scènes de fins de films. Moi qui ne crache pas sur un bon Bay en matière d’action, j’ai trouvé mon nouveau Dieu en la personne de Whedon, et pour des séquences pas si futilement explosives que ça. Quelques flèches. Un « Hulk smash » qui ne s’oublie pas. Et surtout un plan séquence absolument parfait où s’enchaînent les exploits héroïques dans un exemple de fluidité et de narration. Les qualificatifs me manquent. La nouvelle armure d’Iron Man ou l’Avenger Tower s’ajoutent à l’orgasme visuel que constitue le film de Whedon, dont le seul tort à mes yeux est de ne pas avoir parsemé davantage son film d’Easter Eggs dont Marvel détient le secret. Pourtant, Stan Lee répond présent. Et que dire de la scène post-générique qui laisse présager le meilleur pour le futur de Marvel au cinéma…

Bien sur, Avengers n’est pas sans faiblesses. Selon votre seuil de tolérance aux ralentissements et votre intérêt pour l’univers héroïque qui éclot devant vous, l’ouverture du film s’étirera plus moins longuement. La partie « Héliporteur » sera trop longue, ou pas assez rythmée. Et bien sur, il y aura toujours à redire côté intrigue. Mais la vraie valeur du film tiens à son aspect à la fois vintage et bigrement moderne, issu de la complexité de l’univers qu’il embrasse.



Bon, je résume le fond de ma pensée. On pourra lui reprocher tout ce qu’on voudra en terme de cohérence, de rythme, Avengers reste un film d’action magistral, le meilleur film de super-héros des 9 royaumes, un blockbuster de très grande qualité comme on n’en fait plus, doté d’une finesse d’écriture rare dans ses dialogues où son scénario pop-corn (auquel on pourra reprocher de maigres ralentissements) où se mêlent avec brio et équilibre les personnalités complexes des héros qu’on à tellement hâte de retrouver prochainement qu’on est empli de joie amère quand les lumières se rallument.

Bon, comment je conclue ? Avengers… Assemble ?