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lundi 27 décembre 2010

Bad Santa, Terry Zwigoff (2003) by Cowboy



Noël n’est pas pour tout le monde une fête. Pour certains, c’est la solitude, le froid, la période où même le soleil se fait la malle. Et puis il y a tous ces gens qui affichent un sourire suffisant en allant dépenser leurs deniers pour offrir des cadeaux génériques à une famille qu’ils retrouveront comme chaque année autour d’huîtres avariées et de blanc mousseux insipide.
Ça vous agace ? Moi aussi. L’esprit de Noël. Et heureusement, plutôt que de regarder les niaiseries généralement proposées par les grandes chaînes de télévision durant cette période hivernale, je vais vous proposer un tout autre genre de film : noir, drôle, subversif, Bad Santa n’est pas une comédie de Noël ordinaire.



Réalisé par Terry Zwigoff et co-produit par les frères Coen (encore eux…), Bad Santa, c’est un peu un buddy movie qui raconte l’histoire d’un loser dont le seul talent consiste à savoir ouvrir les coffres-forts plus vite que son ombre, et un nain…pardon, une personne de petite taille qui aide ledit loser à pénétrer dans les magasins afin de voler l’argent des riches pour le garder pour eux. Leur technique reste la même : se faire passer pour un père-noël et un elfe afin de repérer chaque année les lieux qu’ils vont dévaliser.
La donne va changer quand Wilie, le faux père-noël, va s’installer chez un jeune garçon naïf pour échapper à la police. De là, il va trouver une raison de vivre, et s’engager sur la voie de la rédemption, aidé par une barmaid nymphomane qui rêve de se taper le père-noël depuis sa plus tendre enfance.

Visuellement, le film ne paye peut-être pas de mine, mais son point fort est tout autre : des dialogues acérés et l’interprétation magistrale d’un casting peu commun. Billy Bob Thornton, en première ligne, toujours à l’aise dans les rôles de types blasés façon Ed Crane dans The Barber. Lauren Graham, mais si, vous savez, Lorelai dans Gilmore Girls, ici très à l’aise dans son rôle de barmaid névrosée et de mère de substitution. Tony Cox, franchement hilarant dans sa façon de déblatérer des myriades d’insultes avec beaucoup d’aplomb. Last but not least, Brett Kelly dans le rôle du môme, tout simplement hilarant, le genre d’acteur à avoir une tronche caractéristique et à ne pas avoir à faire d’effort pour faire rire. Manque de chance pour lui, la nature l’a doté du physique d’un jeune mongoloïde obèse…mais c’est tant mieux pour nous !
Enfin, rendons un petit hommage à John Ritter, pour qui il s’agissait du dernier tournage avant sa disparition. Le film lui est dédié.



Et puis, ce film est aussi un petit bijou d’originalité. Je n’ai jamais rien vu de pareil. Alternant avec beaucoup de brio scènes dramatiques et scènes de comédies hilarantes, le film navigue entre les clichés qu’il détourne subtilement, faisant de Noël une célébration de la haine et de la trahison, et, ce faisant, de la comédie classique quelque chose de bien plus intéressant, aboutissant à une sorte de…happy end franchement singulier…une véritable comédie screwball, comme on dit, complètement imprévisible, audacieuse, et tout à fait jouissive, surtout dans la façon qu’elle a de tourner l’esprit gnian-gnian des fêtes de fin d’année en un bordel monstre où un père-noël ivre mort frappe des rennes en plastique devant un parterre d’enfants choqués à vie par le spectacle de la décadence d’une icône aussi populaire.

Bad Santa is a gonzo parody of a Christmas redemption movie, but it also hits all the Christmas redemption movie beats, which means you also get that warm fuzzy feeling while Lauren Graham is chanting, "Fuck me, Santa. Fuck me, Santa. Fuck me, Santa" while Thornton goes at her from behind. It isn't really subversive because it doesn't have subversive ideas: It's domesticated gonzo, like the equally fun but much cleaner School of Rock. Willie's Christmas epiphany is when he stands up for the kid, who's being bullied by some skater boys. Later he tells Marcus, "I beat the shit out of some kids today ... but it was for a purpose." David Edelstein

Bref, je recommande chaudement ce film en cette période d’allégresse artificielle, car il viendra vous titiller les glandes lacrymales tout en vous faisant réfléchir sur le côté plastique du bonheur préconçu qu’on vous vend dans les traditionnels contes de Noël. En plus, vous apprendrez deux trois petites choses vraiment utiles, notamment en terme d’auto-défense, ou alors à fabriquer un cadeau qui touchera forcément son destinataire…

Le Trailer mais je le trouve un peu pourri, et c’est pour la version censurée du film.

Ps : Article écrit avec la gueule de bois, pour se mettre en condition. Et qui porte sur la version Unrated du film, ce qui fait probablement une assez grosse différence.

lundi 20 décembre 2010

CIN Begins : Ghostbusters by Morduff

Je me dois donc de vous dire que cette semaine à thème me plait beaucoup car il demande donc de parler ce qui a réveillé votre passion pour le cinéma, et cela m’a permis de me remémorer mes premiers amours, et je dois bien admettre que ça remonte à loin pour moi et pour la plupart d’entre vous je pense. Je vais donc me lancer et vous parler un peu de mon cas en ce qui concerne ce domaine si foisonnant. Pour ma part, cela a donc commencé naturellement avec mes parents, et en particulier ma mère, qui sont de grands consommateurs de films, et avons passé une grande partie de notre temps à faire souffrir nos magnétoscopes pour enregistrer les nombreux films qui passaient et ceux qu’on achetaient bien sûr. Un grand stock de VHS est d’ailleurs présent chez moi et en train de prendre la poussière hélas.
C’était une époque où je passais de nombreuses heures à regarder inlassablement des films, dont beaucoup maintenant ne représentent plus d’intérêts à mes yeux. Pourtant j’ai pu visionner de nombreux bons films qui sortent du lot, et je vais donc vous parler d’un film que presque la majorité d’entre vous connaissent et n’a pas volé son statut de film culte à mes yeux.



Pour en venir à l’histoire tout de même, nous commençons avec trois amis scientifiques, le Dr. Peter Wenkman (Bill Murray), le Dr. Raymond Stantz (Dan Akroyd) et le Dr. Egon Spengler qui font des recherches sur le domaine du paranormal et cherchent à prouver qu’il est possible d’entrer en contact avec des êtres venant d’un monde différent du nôtre. Après avoir eu enfin un cas sérieux dans la bibliothèque municipale, ils sont à ce moment-là expulsés de l’université pour avoir dépassé le délai de leur aide financière et pour aussi ne pas avoir rapporté des résultats tangibles.
Après cela, il trouvent un financement, notamment en sacrifiant le domicile du Dr Stantz, et font l’acquisition d’un bâtiment insalubre afin d’y créer une entreprise spécialisé dans le contrôle et la chasse des activités paranormales, Ghostbusters. Le financement leur permettra aussi d’acheter une voiture qu’il remodèleront pour devenir la voiture officielle des Ghostbusters, l’ECTO-1, et bien sûr au Dr. Spengler de pouvoir inventer le pack à proton dont les décharges permettent de paralyser les entités ectoplasmiques et le piège à fantômes.
Bien que le succès ne sera pas immédiatement au rendez vous, le bouche à oreille, et une activité de plus en plus forte des activités paranormales leur permettront de gagner en reconnaissance et popularité. Une nouvelle recrue, Winston Zeddemore (Ernie Hudson) viendra aussi se joindre à eux de manière naturelle pour n’être que plus efficace en travail d’équipe.
Cependant, cette augmentation de l’activité paranormale est sans doute un signe d’une présence puissante, bien au-delà d’un simple fantôme dont l’une des premières clientes, Dana Barrett (Sigourney Weaver) et son voisin Louis Tully (Rick Moranis), se situent un immeuble qui pourraient la clé de ce mystère.

Le choix de ce film me parait tout à fait adéquat et m’a accompagné depuis mes plus jeunes années où je le regardai avec un grand plaisir et qui me permettait de m’évader dans un autre monde.
Je pense ne pas exagérer en affirmant que le métrage correspond fortement à ma personnalité, car étant enfant, j’avais une imagination assez extravagante et adorait le fait que l’on pouvait être entouré par des créatures étranges, ceux qui vivaient dans l’ombre, dans nos placards, ou sous notre lit et bien sûr, que les morts n’avaient pas envie de l’être tant que ça et qu’il venaient nous embêter sous la forme de fantômes. Bien que je ne crois plus à ces histoires évidemment, je pense que cette partie de moi est toujours présente quelque part, et a sans aucun doute influencé ma passion pour le cinéma fantastique, un cinéma où l’on assiste à des choses qui sont à mille années lumière de notre banale réalité.

Quelle ne fut pas ma surprise à la vision de ce film lorsque j’étais enfant, j’ai pu enfin voir que les fantômes sont vraiment nombreux et qu’ils peuvent s’avérer plus malins et machiavéliques qu’on ne le pense. Mais bien sûr, la technologie est à notre secours et c’est là que le pack à protons intervient, et je ne cache pas que j’aurais tout fait pour pouvoir chasser et piéger du fantôme et conduire l’ECTO-1.
Bien évidemment, je vous en parle parce que je le regarde avec un plaisir toujours aussi présent car le film en lui-même est une réussite à mes yeux. Bien que le sujet soit à première vue simple et puéril, il est traité de manière respectable et crédible sans que cela ne soit tourné en ridicule. Il se montre ambitieux et va jusqu’au bout de ses idées.
La mise en scène s’avère d’ailleurs maîtrisé et agréable à voir, telles que les scènes dans la bibliothèque avec les livres et les papiers qui se mettent à s’animer et le fantôme de la bibliothécaire qui ordonne le silence aux vivants sous peine d’une vision d’horreur ; où la course poursuite oppressante entre une créature démoniaque et le pauvre. Certaines s’avèrent même plutôt angoissantes comme celles où Dana est confrontée aux événements surnaturels. On a aussi droit à d’autre type de situations différentes avec une vision de l’enfer, une étrange session d’exorcisme avec Dana et le Dr. Wenkman , ou une bien étrange créature gigantesque envahissant la ville.
Cependant, ce que j’apprécie beaucoup, c’est que l’humour est très présent sans pour autant faire perdre le film en crédibilité, que ce soit les répliques cinglantes du Dr Venkman de ses autres comparses ou même le gros dégoûtant fantôme vert Slimer, qui ne pense qu’à manger les aliments et lui passent à travers et de dégeuler de la bave ectoplasmique (dont un en fera particulièrement les frais).



Le casting est bien évidemment excellent et je suis vraiment attaché à tout ce beau monde. Bill Murray est absolument mémorable dans son rôle de scientifique qui passe son temps à faire le salaud insouciant et dragueur mais qui reste tout de même auprès de ses amis, même si il adore le sarcasme et fricottes avec les jolies filles, en particulier Dana.
Dan Akroyd est vraiment attachant avec son personnage soucieux des autres, consciencieux et doté d’un bon esprit d’équipe.
Il ne faut pas oublier qu’avec une technologie aussi poussé que le pack à proton, on a besoin d’un intello rationnel, calme et imperturbable, et Harold Ramis est vraiment taillé pour le rôle.
Ernie Huddson vient évidemment joindre l’équipe et s’en tire évidemment très bien.
Si elle ne chasse pas les fantômes, je ne peux que citer aussi Sigourney Weaver, que j’apprécie toujours autant et qui sait briller par sa présence et son charme qu’elle saura mettre à contribution dans le film (même petit, je n’y était pas insensible). Je tiens aussi à terminer avec Rick Moranis, qui est un acteur que j’ai beaucoup apprécié étant enfant dans ce rôle où il est un voisin coincé du cul vraiment drôle et attachant mais aussi dans son rôle de l’inventeur Wayne Szalinski dans la série des Chéri, j’ai rétréci les gosses (dont le premier est une bonne réussite), autre films de mon enfance.



Il est aussi inévitable que je passe par la BO composé d’abord par Elmer Bernstein dont le score va de pistes tantôt tranquilles, jusqu’à des morceaux angoissants et épiques, qui sont d’ailleurs en train de circuler dans ma tête au moment où j’écris ces lignes.
Bien sûr, passons aussi à l’inévitable thème du film, interprété par Ray Parker, Jr qui l’un des éléments les plus marquants du film et que j’écoute toujours avec un grand sourire. Je suis d’ailleurs content d’avoir appris que le titre avait été en tête des charts mondiaux pendant plusieurs semaines et n’a pas été inutile au grand succès du film.



Voila, je tiens donc à vous affirmer que ce film fait partie d’un de ceux qui m’ont accompagné depuis je suis petit et que malgré tout ce temps, je leur reste fidèle. Cela veut donc dire qu’ils ont de l’importance pour moi et que c’est le cinéma qui m’a offert ce sentiment de bien être en moi au moment où je pose les yeux sur ces films. Je me dois donc de leur dire un grand merci.

Autre chose pour finir, c’est très important pour votre survie :

Ne croisez pas les effluves!

dimanche 12 décembre 2010

Dirty Harry by micab

A l’orée des années 70, Clint Eastwood est un acteur qui a le vent en poupe. Il vient de passer la décennie précédente à créer sa propre légende grâce à des westerns dont il est le héros ambigu. Depuis ses débuts dans la série TV Rawhide et sa consécration avec sa collaboration avec le réalisateur italien Sergio Leone, Clint Eastwood vogue sur son image macho soucieux de l’ordre et de la justice. Très marqué à droite au sein de la libérale Hollywood, l’acteur est une énigme vivante naviguant entre un jeu très minimaliste et souvent caricaturé et une volonté réelle et bientôt concrète de prendre le contrôle de tous ses films. Il aurait fait parti de la précieuse A-list des acteurs les plus demandés et le mieux payés si cette liste avait existé.
Les producteurs et les distributeurs se méfient autant de lui qu’ils l’admirent, et dans un système dont la tendance à presser le concept jusqu’à la dernière goutte, Eastwood est très voir trop marqué western. Personne ne le voit autrement qu’avec un chapeau et des bottes, le monde moderne n’est pas pour l’acteur, les spectateurs ne le suivent pas.



Deux essais ont pourtant été tentés pour casser son image :
- les Proies réalisé par son ami Don Siegel dont l’action se passe certes pendant la guerre civile, mais dont l’histoire est centrée sur une histoire d’amour entre une jeune fille et un vétéran. Le public réservera un accueil très timide à ce film le considérant trop à l’eau de rose pour l’acteur.
- un frisson dans la nuit qui marque les débuts derrière la caméra d’Eastwood. C’est la première fois dans sa filmographie où il joue autre chose qu’un cow-boy pur et dur. Même dans sa première collaboration avec Don Siegel dans un shérif à New-York, l’acteur ne joue pas autre chose qu’un ersatz des personnages de Sergio Leone. Si la critique suit Clint Eastwood sur un frisson dans la nuit, le public est encore fébrile et ne réserve pas le même succès à ce film qu’au cow-boy acteur !

C’est dans ce contexte qu’arrive le script de Dirty Harry, un véritable tournant.



Écrit au départ par Harry et Rita Fink, le scénario s’inspirait en grande partie du serial killer le zodiac dont David Fincher réalisera le film éponyme quelques années plus tard. L’action se passe cependant à New-York pour éviter toute ressemblance avec les événements s’étant réellement passés. Le script est passé entre plusieurs mains pour une amélioration sensible de l’histoire de départ. Tout d’abord le très controversé John Milius qui changera largement le personnage principal en s’inspirant d’un ami policier « qui ramenait rarement les gens qu’il venait chercher », on lui doit également le très célèbre do I feel lucky, well do you punk ? et Terrence Malick qui voulut faire de scorpio, le serial killer du film, un ancien flic qui tuait des criminels en liberté. Son idée sera repris pour la suite de Dirty Harry : Magnum Force. Malgré leur contribution, leurs noms ne seront pas crédités au générique.

Aussi étonnant que cela puisse paraître, les producteurs n’ont pas pensé à Clint Eastwood pour le rôle d’Harry Callahan. Il n’était même pas envisagé. Il faut dire que le script décrivait le policier comme un homme dans la cinquantaine. Robert Mitchum, John Wayne, Burt Lancaster refusèrent le rôle. Franck Sinatra fut un temps considéré avec à la réalisation Irvin Kershner mais l’acteur s’étant cassé le poignet durant son précédent tournage, il trouvait le revolver trop lourd. De plus, venant de perdre récemment son père, il voulait se tourner vers un registre beaucoup plus léger. Les producteurs se tournèrent alors vers des personnes plus jeunes dont Marlon Brando (bien qu’officiellement jamais approché) mais surtout Steve McQueen et Paul Newman. Ce dernier trouvant le rôle beaucoup trop à droite pour lui suggéra le nom de Clint Eastwood pensant que cela lui conviendrait mieux. Sept acteurs parmi les plus grandes stars d’Hollywood ont donc refusé le rôle !. Eastwood demande en échange de sa participation la relocalisation du film en Californie à San-Francisco, lieu de chasse du zodiac et une des villes les plus libérales des USA, afin de mettre en exergue les valeurs de justice véhiculées par Harry Callahan, notamment en ce qui concerne les droits des victimes.

A l’instar de Bullit, Dirty Harry se veut clairement ancré dans une réalité à l’encontre du flower-power de l’époque avec son personnage de flic droit, incorruptible et prêt à tout pour garantir à bien sa mission quitte à dézinguer quelques traines savates au passage.
Mais contrairement à Bullit, Dirty Harry va beaucoup plus loin. Callahan n’est pas un simple policier, l’homme ne vit que pour et par son boulot, et il ne s’arrêtera jamais. Il ne se fixe aucune limite et joue avec l’humour pour arrêter ou tuer les criminels. En fait, son attitude est en accord avec une grande partie de la population fatiguée des politiciens qui n’arrivent pas à endiguer la vague de crime perçu comme une conséquence de la perte des valeurs de la génération des baby-boomers. Une raison qui poussera Don Siegel à engager le très jeune Andrew Robinson pour incarner le tueur car il avait « une tête d’enfant de chœur ». Ce dernier hésita avant de s’engager car il était très mal à l’aise à l’idée de tourner des scènes où il devait torturer des enfants.



Considéré comme un classique du genre, de nombreuses fois copiés sans pour autant être égalé, Dirty Harry fut un immense succès aux USA et dans le monde. Non seulement il répondait aux attentes du public en créant un véritable phénomène surprise, mais il répondait aussi à une actualité brûlante à un moment où les plaintes contre des policiers outrepassant leur rôles à la manière de Harry Callahan commençaient à émerger dans la presse.
Les mimiques d’Eastwood, son ton, sa cool-attitude et ses répliques faciles à retenir deviendront sa marque de fabrique. Les spectateurs du monde entier reviendront encore et encore le voir lui permettant ainsi de devenir une icône culturelle mondiale.
Un film de cette importance n’existe pas sans son lot de critiques acerbes (justifiées ou non). On a taxé Dirty Harry de véhiculer des idées fascistes et anti-démocratiques. Peut-être est-ce dû à l’influence de John Milius dans l’histoire, ce dernier passera d’ailleurs sa vie à essuyer ce type d’attaques non sans volontairement les alimenter en se créant un personnage de scénariste-réalisateur génial mais à l’extrême droite. Sans être trop éloigné de la réalité, à force d’en user il finira petit à petit par se fermer les portes d’Hollywood.
Dirty Harry demeure sa plus belle création méconnue magnifiée par un Clint Eastwood engagé et simple de naturel et un réalisateur au top de sa forme. Un film incroyablement bien fait et efficace, dont on parle encore comme un modèle de spectacle qui diffuse des idées limites mais tellement jouissives à regarder sur grand écran !

mercredi 8 décembre 2010

Cape Fear by Wayne

Il y a des morceaux qui transcendent un film, et dans ceux ci, il y a le thème du film Cape Fear ou Les Nerfs à Vif en français.
Comme vous le savez peut être, la première version de Cape Fear fût réalisée en 1961 par Jack Lee Thomson avec dans les premiers rôles Gregory Peck interprétant Sam Bowden, Robert Mitchum en Max Caddy et Polly Bergen jouant Peggy Bodden. La seconde version de ce film est quant à elle réalisée par Scorsese en 1991 avec respectivement Nick Nolte, Robert de Niro et Jessica Lange (et la jeune Juliette Lewis).

Le film met en scène Max Cady, un violeur venant de sortir après 14 ans de prison voulant se venger de celui qu'il tient pour responsable de sa condamnation : l'avocat Sam Bowden.



Dans la première version du film, on peut entendre le morceau qui servira de thème au film ; composé par Bernard Herrmann, ce thème traduit excellemment la tension qui règne durant tout le film, ainsi que son ambiance très inquiétante. Le morceau est savamment orchestré, par les violons aigus du début qui font écho à la tension permanente du film, sur la descente inaltérable des cuivres et violoncelles : une descente vers l'enfer ! Peu après la partie calme, feutrée, est très inquiétante, jusqu'à ce que le mouvement reprenne, une perte de contrôle mise en musique, pour finir de façon tragique et brusque.

Cape Fear (thème) par Herrmann

Ce morceau est une réussite totale, mais Herrmann n'était pas à son premier coup d'essai ! Herrman était en effet un proche d'Orson Welles et c'est sur un de ses film qu'il débutât au cinéma : Citizen Kane. On a vu pire comme démarrage ! Dans ses autres œuvres on peut énumérer Le Jour Où La Terre s'arrêta de Robert Wise en 1951, énormément de Hitchcock dont Vertigo, La Mort Aux Trousses, Psychose, Les Oiseaux ; puis Soeurs de Sang et Obsession de Brian De Palma, Taxi Driver de Scorsese, Kill Bill Vol1 et Death Proof de Tarantino. Parmis tant d'autres comme la série télé La Quatrième Dimension et ses pièces non destinées aux cinéma bien sûr.



Avec la seconde version de Scorsese, le thème est ré-orchestré de façon très fidèle à l'original, mais néanmoins en un peu plus lent, et beaucoup plus puissant. C'est Elmer Bernstein qui ré-orchestre ce morceaux en 1991 !

Cape Fear (thème) par Bernstein
La video contient d'énormes spoils... donc si vous n'avez pas vu le film, écoutez seulement la musique!

Cette version du morceau est un véritable hommage, qui au final l'embellit encore plus ! Ce qui n'était pas une mince affaire étant donné le matériau original ! Mais Bernstein aussi, c'est pas un inconnu : il a écrit quelques opéras et pièces symphoniques de toute beauté et a dirigé les plus grand orchestres comme le philharmonique de New York, Vienne, Berlin, l'orchestre symphonique de France... Et ! Pour retomber dans le cinema, c'est lui qui composa la comédie musicale West Side Story !

Le morceau a été maintes et maintes fois repris, on pourra noter une reprise dans l'album Director's Cut de Fantomas, projet musical de Mike Patton. Sur cet album on peut retrouver de très grands classiques du cinema repris avec plus ou moins de talent par Fantomas !


Bref, un morceau d'anthologie pour un film d'anthologie. Une vraie claque sonore et visuelle, voilà ce que j'appelle du cinéma !

Vous pouvez faire votre choix entre toutes les versions... pour ma part je crois que je préfère la version du morceau ré-orchestrée par Bernstein, toujours aussi impressionnante à chaque écoute !

lundi 29 novembre 2010

Dawn of the Dead by Jim

George A. Romero est au cinéma d'horreur ce que David Lynch est au bizarre. Quoi qu'on puisse penser actuellement en matière de cinéma horrifique, pour comprendre le genre, il faut revenir aux prémisses.
En 1968, George Romero et quelques amis produisent et tournent un film qui aura un écho mondial : Night of the Living Dead. Au lieu des séduisants Dracula présentés auparavant, le film donne une nouvelle dimension aux morts-vivants : il les présente comme lents, « bêtes » mais voraces, amateurs de chair fraîche. Le film fait également un clin d'oeil à la guerre du Vietnam qui décime la jeune génération.
Le style Romero est né : une ambiance oppressante, une musique à glacer le sang, des morts « réalistes » qui veulent manger les quelques vivants restants, et un message politique derrière.

Dawn of the Dead a été tourné entre la fin 1977 et le début 1978, pour être présenté la même année. Le film est considéré comme un must, un classique du film d'horreur traditionnel.
Alors que Night of the Living Dead était un film à (très) petit budget, Dawn of the Dead a coûté plus de six-cent-mille dollars, pour en rapporter plus de cinquante millions! Le succès du film est manifeste, tout comme la trilogie des morts-vivants de Romero, qui a été refaite de nombreuses fois, sans jamais égaler l'originale (dernier exemple en date : Day of the Dead, nouvelle mouture).

1978, une station de télévision de Philadelphie. Le chaos retransmis à la télévision ébranle Steven, le conducteur d'hélicoptère et Francine, son amie enceinte. Tous deux décident d'utiliser l'hélicoptère pour partir, loin de la menace zombie qui prolifère comme les bactéries dans l'air ambiant. Le couple est rejoint par Roger et Peter, deux membres d'équipes SWAT. Le quatuor, en pleine recherche d'essence, tombe sur un centre commercial où ils décident de se réfugier. Le centre commercial étant peuplé de quelques zombies, les hommes se chargent de les éliminer, et dans leur hâte, Roger est mordu. Malgré ce détail, les quatre protagonistes décident de rester dans ce lieu, persuadés qu'ils ont tout ce qu'il leur faut pour survivre.



Quand on demande aux gens s'ils connaissent Dawn of the Dead, ils répondent « ah oui, le film avec des zombies et les gens dans le centre commercial, avec comme message de fond la société de consommation ». Ce résumé fort trivial – mais vrai – suffit parfois pour certains individus, qui ne voient pas plus loin que « société de consommation ». Dans les années septante, les centres commerciaux pullulent partout, les deux chocs pétroliers ont beau avoir affaibli économiquement les USA, les comportements de consommation sont encouragés et multipliés.
Les quatre personnages du film qui utilisent d'abord le centre commercial comme un lieu de refuge, deviennent « accros » à ce que ce dernier leur procure, et finissent par même être emprisonnés à l'intérieur de celui-ci, avec de moins en moins de contacts extérieurs. Ce qui peut sembler le rêve pour les dingues du shopping se révèle un cauchemar à l'état pur : les protagonistes sont enfermés dans la consommation, dans l'opulence vulgaire. Assez de fusils pour tuer la population de l'Arkansas, assez de vestes pour vêtir les habitants de New-York, assez de matériel en tout genre pour subvenir mille fois à ses propres besoins, Peter, Steven et Francine sont submergés par le centre commercial qui – en définitive- les possède.
Comme Goldman chantait « j'ai pris les choses et les choses m'ont pris ».
Il n'y a pas que les vivants qui sont attirés par le centre commercial : les zombies le squattent avant d'être tués, puis, ils arrivent en masse aux portes, chaque jour plus nombreux. A la fin du film, ils déambulent dans le centre commercial, comme si tout était normal, comme dans leurs anciennes vies, comme les gens font encore aujourd'hui, comme des victimes de la société de consommation.
Les zombies et les humains ne diffèrent pas sur ce point : tout le monde est martyr de la mondialisation, de l'économie. Nous faisons en théorie la société, mais en pratique, c'est elle qui nous fait.

Même si le centre commercial est un enfer à part entière, le pire est toujours à venir : les films de Romero sont construits de la sorte : il s'agit d'une situation exponentiellement fatale, en construction perpétuelle. Il y a toujours un mouvement qui veut faire sortir, et donc, en conséquent, qui fait entrer les morts et leur permet de se nourrir des vivants, de façon abominable, gore. Pour la partie gore, Romero a pu compter sur le coup de pouce de Tom Savini, le maître du maquillage et des effets spéciaux*. Le spécialiste a même un rôle anecdotique dans le film.

Dawn of the Dead est un chef d'oeuvre du film d'horreur, qui joue sur les émotions, la peur de la solitude (car même si les personnages sont à quatre, puis à trois, ils restent seuls survivants dans un océan de zombies), l'absurdité de notre propre existence.
SPOILER
Romero voulait, originellement, qu'à la fin de son film, tous les vivants meurent : au final, Peter, le noir, et Francine, la femme, sont les seuls survivants, même si le film s'éteint sur leur échange concernant le peu d'essence qu'il reste.
Car, en plus d'avoir un message politique, les films de Romero ont toujours une sorte de morale : les seuls qui peuvent survivre sont les vertueux, comme Peter et Francine, qui ont été les moins tentés par la société de consommation, et les risques non-nécessaires (qui mènent Roger et Steven à la mort). FIN DU SPOILER

* Tom Savini réalisera lui-même le remake, en 1990, de Night of the Living Dead, en optant pour une approche bien plus gore que l'originale.

Trailer

dimanche 28 novembre 2010

Le vent dans les saules, Terry Jones (1996) by Cowboy

The Wind in the Willows, roman écrit en 1908 par Kenneth Graham, est un classique de la littérature pour enfant outre-manche. Je ne l’ai pas lu, ni dans ma prime jeunesse, ni récemment. En revanche, j’ai récemment fait l’acquisition de son adaptation par l’ex-Monty-Python Terry Jones, son dernier film en date, et qui date de 1996. Nul doute que si vous connaissez un peu mes penchants cinématographiques, vous comprendrez l’appréhension qui m’habitait lorsque j’insérai le disque dans mon lecteur DVD. Terry Jones, si sa réalisation collait parfaitement à la comédie façon Python, et qui m’avait même surpris positivement avec quelques plans osés dans Le Sens de la Vie, adaptant une histoire fantastique destinée à un jeune public – en tous cas, le film est à priori présenté comme tel – c’était me lancer dans un monde pour lequel je n’éprouvais pas franchement d’a priori positifs, et voir le film souffrir la comparaison avec les créations de l’autre Terry des Pythons, Mr Gilliam et ses frasques depuis Jabberwocky. Et pourtant, même en me disant que j’allais me forcer à ingérer le film juste pour l’ajouter à la liste des films vus et à ne plus jamais revoir, et aussi un peu pour le casting xxl réunissant, entre autres, Eric Idle, John Cleese, Michael Palin et Terry Jones himself, c'est-à-dire quasiment tous les anciens Pythons (Gilliam avait été invité pour faire une voix-off, mais avait dû refuser pour cause de conflits d’emploi du temps), plus Steve Coogan, grand humoriste, et Stephen Fry, pour qui j’ai énormément d’admiration ; malgré ce pressentiment, je disais donc, je n’ai pas mis longtemps à être subjugué par le charme que dégage le film. Comme quoi…



Avant d’expliquer les raisons de mon adhésion au film, un petit synopsis s’impose : Mr Taupe, un grand timide qui manque visiblement de confiance en lui, vit paisiblement dans son terrier jusqu’au jour où les belettes\fouines détruisent sa maison. Mr Taupe va alors s’enquérir auprès de Mr Crapaud, personnage fantasque amateur de sports automobiles, et propriétaire du terrain, de la situation, le tout en la compagnie de Mr Rat, un amoureux de la nature, aussi futé que jovial, et, plus tard, Mr Blaireau, ermite avisé, respecté et craint pour sa force et son intelligence. De là, leurs aventures vont les amener à essayer d’empêcher les belettes\fouines de détruire le château de Mr Crapaud, vendu contre 6 voitures, pour y implanter à la place une usine de nourriture pour chien…



La grande force du film, c’est l’univers dans lequel il nous fait basculer, et ce avec un naturel déconcertant. Au beau milieu d’une Angleterre industrielle d’avant la Première Guerre Mondiale, nous ne sommes absolument pas surpris de trouver des gens grimés avec des accessoires jouer des animaux : Rat avec ses moustaches et sa queue, Crapaud avec son teint verdâtre, les fouines avec leur coiffure, Taupe avec ses lunettes et ses mitaines. Les maquillages sont simples, prodigieusement simples, et terriblement efficaces, tandis que les costumes, eux, permettent vraiment l’immersion dans le lieu et l’époque. Et cet univers garde une grande cohérence tout au long du film. Nous sommes à milles lieux du Bandit Bandit de Terry Gilliam et de son rapport entre le réel et le fantastique, ici, nous serions plutôt dans une continuation de Sacré Graal, nous acceptons sans broncher les faits surréalistes, sauf qu’à la place des noix de coco qui imitent le galop d’un cheval, nous nous retrouvons avec des animaux anthropomorphisés, et cela ne nous dérange pas le moins du monde.



Soyons honnêtes, la réal’ fait cheap, presque téléfilm, ce qui est étonnant au vu de l’âge du film et de la réputation des personnes impliquées. On est là encore loin du côté épique que Gilliam peut insérer dans ses films. Ici, on a plutôt une approche minimaliste. Les nombreux crashs se produisent hors-champ, ce qui est évidemment une question de budget, mais aussi, argueront certains, un moyen de faire travailler l’imagination, sans compter l’aspect cartoon que cela confère au film. Et puis, ça se voit que c’est fait avec beaucoup d’amour, bon sang d’bois…là, peut-être que le capital sympathie que j’ai pour Terry Jones rentre en compte, mais vraiment, le film semble être une célébration de l’amitié (qui se retranscrit dans les retrouvailles entre les ex-Pythons ; on évoque même dans le commentaire audio ou les bonus le spleen qui s’est abattu à la fin du tournage à l’idée de se séparer…c’est dire l’esprit extrêmement positif qui accompagne le film), d’une approche plus naturelle (et moins mécanique\artificielle) de la vie, une invitation à se dépasser soi-même. Bref, l’état d’esprit est extrêmement généreux, et transparaît dans la pellicule. On retrouve ça au niveau de l’interprétation, avec toute l’implication en premier lieu de Terry Jones lui-même dans le rôle de Mr Crapaud, mais aussi Steve Coogan et tout son talent dans celui de Mr Taupe, Eric Idle très juste avec Mr Rat, et, acteur que je ne connaissais pas, Nicol Williamson qui m’a fait forte impression dans son interprétation du stoïque Mr Blaireau.



Quant à l’aspect enfantin, je ne saurais trop m’étendre dessus, mais moi qui ne suis pas vraiment versé dans ce genre, je n’ai pas vraiment eu l’impression que le film s’adressait spécifiquement à ce public, même si, parfois, ça se voit qu’on ménage les spectateurs les moins alertes avec des explications un peu superflues. En revanche, le suspens est extrêmement bien mené, et le rythme général du film est extrêmement fluide. Peut-être la fin est-elle un peu expéditive, mais la mise en situation et les péripéties s’enchaînent sans que l’on voit l’heure et demie défiler.

L’humour est bon enfant, certes, mais il m’a fait sourire de bon cœur en de multiples occasions. En revanche, il ne faut pas s’attendre, n’en déplaise à l’un des commentaires dans une des interviews du DVD, à un retour à l’esprit Pythonesque. Ici, on fait face à quelque chose de moins acide, moins aventurier, mais qui n’est quand même pas dénué de qualités. Il faut juste être prévenu : ce n’est pas le dernier films des Pythons, c’est bel et bien le dernier film solo de Jones, et il est plus à rapprocher et comparer avec la filmo de Gilliam, pour le coup. Le film a malheureusement bénéficié d’une promotion désastreuse, et sa catégorisation hâtive comme film pour enfant l’a malheureusement fait passer pour ce qu’il n’était pas, c'est-à-dire un très beau film, un peu naïf, mais soigné et complètement immersif.



Voilà, je crois que c’était assez clair dans toute ma propa, mais vraiment, je ne m’attendais pas du tout à adhérer autant à l’univers du film. Même les quelques chansons qui le ponctuent m’ont plu, c’est dire. Je ne saurais que le recommander, même si, ne comprenant pas nécessairement les raisons qui provoquent ma sympathie pour le film, je ne saurais dire à quel public le conseiller. Evidemment, je ne cache pas que c’est parce qu'il fait partie de l’univers post-Pythons que j'ai été conduit à le visionner, mais nous en sommes assez loin, et, si l’on devait comparer avec l’univers de Terry Gilliam, j’aurais juste envie de dire que ce film m’a bien plus plu que Bandits Bandits et Les Aventures du Baron de Munchausen, malgré des objectifs et des moyens bien différents. Et donc désormais, j’ai vraiment envie de voir Erik le Viking

Trailer

La chanson des fouines

lundi 15 novembre 2010

Gone Baby Gone by Blondin

L’alphabet du cinéma selon Blondin – La lettre G

American Psycho, Blues Brothers (The), Collision, District 9 ... [Gone Baby Gone]

Certes, il manque la lettre "e" et "f" mais elles arriveront prochainement lorsque l'inspiration viendra ! En attendant, vous ferez avec ça !



"You are sheep among wolves. Be wise as serpents, yet innocent as doves”


Résumé :


Patrick Kenzie (Casey Affleck) allume sa télévision. Il porte un sweat-shirt blanc, un médaillon en argent et un survêtement qui lui donnent l’apparence d’une petite frappe. Une apparence qui ne contraste pas avec l’environnement au cœur duquel il exerce sa profession. Ainsi, il se confond aisément avec les gangsters, mafieux et raclures du coin. « Rusé comme un serpent mais pur comme la colombe ». C’est l’heure des informations. Que peut-il bien se passer dans le sud de Boston ? Des mauvaises nouvelles. Il faut noter que le journal télévisé n’annonce que très rarement, pour ne pas dire jamais, de bonnes nouvelles. A croire que les téléspectateurs préfèrent les larmes de sang aux rires joyeux. Ce soir-là, on parle de la disparition d’une petite fille. Il s’agit d’Amanda, dont la mère, toxicomane et nymphomane à ses heures, semble accuser le coup, impuissante face à l’enlèvement, s’il y a, de sa fille. Patrick Kenzie connait bien les histoires tragiques qui polluent l’atmosphère du quartier dans lequel il est né avant d’y faire ses armes. Ce détective privé partage sa vie avec Angie Gennaro (Michelle Monaghan) qui est également sa collègue. Le lendemain matin, deux personnes viennent frapper à leur porte, L’oncle (Titus Welliver) de la petite Amanda et son épouse. Patrick et Angie hésitent mais, sans véritablement en comprendre la raison fondamentale, vont se lancer à la recherche de la jeune disparue dès le lendemain. Guidés par leur âme mais certainement pas par leur raison. Il y a des enquêtes auxquelles il vaut mieux ne pas participer. Eux, les détectives de la zone à qui on préfère confier la traque des fuyards endettés. Ces fauchés en fuite qui font le malheur et la ruine des bookmakers. Donc les deux détectives privés font appel à leurs connaissances, appuyés par deux policiers : Remy Bressant (Ed Harris) et Nick Poole (John Ashton), eux-mêmes sous le commandement de Jack Doyle (Morgan Freeman). Ils ignorent alors qu’ils se lancent dans la découverte de la face la plus obscure de la ville de Boston. Une recherche qui se muera en véritable introspection pour chacun.


Une angoisse sociétale actuelle, un réel défi :


Le film traite d’un sujet délicat mais actuel qui n’est autre que l’enlèvement d’enfants et les actes atroces qui y sont généralement liés. Il est nécessaire de se rendre compte qu’il s’agit encore d’un thème tabou et dérangeant qui s’est notamment soldé par un refus de diffuser le film en Grande-Bretagne à l’époque de sa sortie. La cause invoquée est la proximité dans le temps de la sortie de Gone Baby Gone avec la disparition de Maddie, d’origine anglaise, dans un complexe hôtelier portugais ainsi que les nombreuses similitudes entre la trame de l’œuvre cinématographique et l’affaire anglaise. En ce sens, réaliser un film de cette trempe sans sombrer dans les clichés et dans une trame prévisible était une tâche ardue, si ce n’est une véritable prouesse. Un art maîtrisé par Dennis Lehane, l’auteur du roman éponyme dont le film est une adaptation. La pression était conséquente puisque Ben Affleck succédait à Clint Eastwood qui avait déjà adapté un roman de Lehane et qui avait donné naissance à Mystic River dont on ne pourrait taire les multiples critiques favorables. Eastwood avait mené son long métrage de ses doigts talentueux de réalisateur et on peut dire que Ben Affleck emprunte un chemin similaire dans le sens où le spectateur retrouvera ce climat noir, moite et malsain qui caractérise l’univers imaginé par l’écrivain dont les trames narratives semblent rencontrées le succès lorsqu’elles sont adaptées au cinéma.


Une vision intime de sa ville natale :


Ben Affleck offre une vision intime de sa ville natale à tel point que le spectateur se laisse entraîner sans sourciller dans les méandres des bas quartiers de Boston où tout le monde croit se connaître mais se découvre soi-même au contact des autres. On pourrait attribuer à ce long métrage le choix de la facilité en s’appuyant, une fois de plus, sur l’expertise vue et revue du bien et du mal mais Affleck étoffe cette analyse en abordant la notion de choix. Le choix des différents protagonistes qui se retrouvent confrontés à un dilemme moral. Des destins se nouent alors que d’autres éclatent. Personne n’est impartial et personne ne pourrait l’être. C’est précisément à ce niveau de la morale et du comportement des uns et des autres que le film prend toute sa dimension et toute sa complexité. Affleck et le scénariste Stockard expliquent d’ailleurs dans de nombreuses interviews qu’ils souhaitaient que « les spectateurs discutent entre eux du bien fondé des décisions prises par les personnages »


Mon avis :


Mieux que joindre un fond réflexif à son film, Affleck propose un double fond à l’instar de ceux utilisés dans les tours de magie. En ce sens, chaque coup de baguette magique emmène le spectateur vers une nouvelle surprise qui ne pourra que le lier davantage à l’enquête sur la disparition de la petite Amanda.

Rien ne semble laissé au hasard. Casey Affleck joue avec une exactitude jusque-là rarement égalée dans ses autres films, à croire que Gone Baby Gone marque la délivrance et l’affranchissement de deux personnes qui, au-delà d’une fraternité salutaire, se trouvent à leur place. L’un dans l’ombre et l’autre face à la lumière. Leur succès ne saurait être que grandissant. Cette œuvre teintée d’une infinie sincérité n’est peut-être pas parfaite mais mon souffle en demeure toujours coupé.

Le casting tient la route. Cependant Ed Harris semble un peu mou lors de certaines scènes et parait moins minutieux quant à son jeu de rôles que dans Les Promesses de l’Ombre de David Cronenberg par exemple. Par contre, Amy Ryan, qui interprète le rôle de la mère de la petite Amanda, est époustouflante, ce qui explique et justifie les nombreuses récompenses reçues par l’actrice.

Pour terminer, je dirai qu’avec Gone Baby Gone, un acteur qui n’a jamais véritablement éclos laisse place à un réalisateur prometteur. C’est ça la magie du septième art. Retrouver un acteur là où on ne l’attendait pas, en l’occurrence derrière la caméra dans le cadre de ce film que vous ne pouvez esquiver sous aucun prétexte. Foi de Blondin.

jeudi 11 novembre 2010

Steve McQueen by Bedwyr



Il y a 30 ans de cela, le 7 novembre 1980, déjà comme diraient certains, disparaissait un acteur. Pas n'importe quel acteur, pour moi un des plus grands acteurs que l'on ait eu : Steve McQueen. Cette propa n'est pas une biographie de l'acteur mais juste un hommage que j'aimerais lui rendre en ce 7 novembre 2010.

Né le 24 mars 1930, à Beech Grove, Steve vécu seul avec sa mère et son oncle (son père ayant quitté sa mère, mais cela ne nous regarde pas). Il quitte l'école jeune pour aller dans les Marines. Quelques années plus tard, il étudie à l'Actors Studio de New York et débutera sa carrière à Broadway. Il tournera son premier film en 1956, Marqué par la Haine de Robert Wise, mais il se fera davantage connaître grâce à la série télévisée, dans les années 60, Au nom de la loi, dans laquelle il joue un chasseur de prime du nom de Josh Randall.



Sa carrière est lancée.

En 1960, il joue aux cotés de Yul Brynner, Charles Bronson, Eli Wallach, James Coburn et Robert Vaughn dans Les Sept Mercenaires de John Sturges, dans lequel il n’hésite pas à se montrer pour voler la vedette à Yul, grand acteur du moment. Ce fait fut sans doute un tournant dans sa carrière.



En 1963, le voilà de nouveau aux côtés de Charles Bronson et James Coburn dans un film tiré d’une histoire vraie se déroulant durant la Seconde Guerre Mondiale dans un camp de prisonnier militaire : La Grande Évasion, de nouveau de John Sturges. Il y tient le rôle du Capitaine Virgil Hilts, « le roi du frigo ». Ce film est son premier film en tant que premier rôle. La poursuite en moto reste dans toutes les mémoires.

Par la suite, il jouera dans d’autres films dont il aura souvent le premier rôle :
- Nevada Smith, en 1965, de Henry Hathaway, dans le rôle titre.
- Le Kid de Cincinnati, en 1965, de Norman Jewinson
- La Canonnière du Yang-tse, en 1966, de Robert Wise


(Nevada Smith)

En 1968, il tient le rôle de Thomas Crown dans L’Affaire Thomas Crown de Norman Jewinson, aux côtés de Faye Dunaway. Ce film utilise le « split screen » pour montrer plusieurs scènes en même temps. Steve et Faye détiennent avec ce film le record du plus long baiser au cinéma avec 55 secondes sans interruption.

Générique d'ouverture de L'Affaire Thomas Crown de Michel Legrand "The Windmills of your Mind", "Les Moulins de mon Cœur" en français.

Durant la même année sorti sur les écrans un film qui aujourd'hui est encore un monument : Bullit.
Il y interprète le rôle de Franck Bullit, flic chargé de veiller sur un témoin qu'un politicien veut faire passer à la barre. Durant la garde, le témoin sera tué et Bullit partira à la recherche des assassins. L'histoire se déroule sur 2 journées. Une scène est restée particulièrement célèbre, celle de la poursuite en voitures dans les rue de San Francisco : On ne s'en lasse pas.

En 1971 sortira le film "Le Mans" dans lequel il interprète un coureur automobile (une de ses grandes passions).

En 1973, il joue aux côtés de Dustin Hoffman dans Papillon, tiré du roman autobiographique d'Henry Charrière, détenu du bagne de Cayenne. Il y tient le rôle de Papillon, un prisonnier qui tente par tous les moyens de s'évader du bagne avec un de ses camarades.



Ce film est particulièrement émouvant et pour moi sans doute l'un des plus beaux rôles de Steve McQueen. Thème musical principal du film Papillon.

Colonel des pompiers en 1974 dans La Tour Infernale, un grand film catastrophe dans lequel les protagonistes réfléchissent vraiment comment faire sortir les victimes de l'incendie se trouvant dans le building d'en face. De nouveau, on retrouve de grandes figures telles que Paul Newman, Robert Vaughn (pour la énième fois), Fred Astaire, Faye Dunaway. Le film est vraiment époustouflant, tient en haleine du début à la fin (il sera d'ailleurs récompensé aux Oscars).



Il ne recevra aucune récompense en tant qu'acteur, mais des honneurs lui sont faits dans le milieu automobile et en moto.

Voilà donc un petit hommage à Steve McQueen qui, à 50 ans, est parti emporté d'un cancer des poumons (certains disent que la maladie viendrait des combinaisons en amiante qu'il utilisait pendant les courses automobiles).
Le 7 novembre 1980, un jour après une opération réussie, il décède suite à un arrêt cardiaque. Il aurait pu avoir une carrière un peu plus longue, la vie en a décidé autrement et peut-être que cela lui a permis de devenir une légende du cinéma.

mardi 2 novembre 2010

Des Coen et des femmes by Cowboy

Adeptes du pastiche d’anciens genres, notamment le film noir et la comédie slapstick, qu’ils revisitent à travers le prisme de leur modernité, les frères Coen avaient potentiellement la possibilité d’appliquer le même processus vis-à-vis des valeurs contemporaines qui sont les leurs et de les mettre en relation avec les stéréotypes rencontrés dans les films qui les ont inspirés. Profitant de cette SàT sur l’opposition entre les genres, je me suis penché sur le rôle des femmes dans leur œuvre, afin de voir si leur approche était celle d’un monde dans lequel le féminisme et la parité étaient des valeurs reconnues, ou s’ils avaient été contraints de reprendre la vision passéiste que les genres leur imposait, et, le cas échéant, voir à quel point ils adhéraient ou détournaient à cette vision qui tient du cliché (1).
Afin de mieux cerner leur point de vue par rapport à la femme, nous allons simplement procéder chronologiquement, film par film, et passer en revue les principales figures féminines de l’univers Coen.


Frances McDormand dans Blood Simple.

Blood Simple, leur premier film, reprend les codes classiques du film noir. L’héroïne, Abby (Frances McDormand, qui deviendra après le film Madame Joel Coen), est la cause de tous les évènements, car elle trompe son mari avec un de ses employés. Si elle est à peu près aussi maladroite et stupide que les autres personnages, reste que c’est elle la seule survivante à la fin. Elle participe de l’esthétique des bras-cassés qui deviendra une quasi-constante dans la filmographie de la fratrie, et pourtant, elle apparaît déjà comme un personnage fort, qui refuse le carcan que lui impose un mari pourtant très macho et très autoritaire (2), et qui parvient, acculée, à lutter et à battre un homme. Ce rôle n’est pas foncièrement habituel pour un film noir, où les femmes sont souvent manipulatrices, mais sont généralement dominées physiquement.

On vire à la comédie avec Arizona Junior. Ici, l’héroïne, c’est la jolie Edwyna (Holly Hunter (l)), femme flic, tout en contraste, capable d’être complètement impassible comme de fondre en larme au plan d’après. Elle domine son mari mais est aussi capable de se laisser complètement aller, et c’est alors à H.I d’assurer pendant ses périodes de dépression. Ici encore, elle est la cause des bouleversements du film. D’abord de manière physique, puisqu’elle ne peut pas avoir d’enfants, et ensuite de manière morale, puisque c’est elle qui décide d’aller kidnapper un des quintuplés de la famille Arizona.


Holly Hunter dans Arizona Junior.

Dans Miller’s Crossing, un nouveau film noir, cette fois-ci dans un contexte d’époque, le seul personnage féminin est celui de Verna Bernbaum (Marcia Gay Harden). Amante du héros et de son employeur, ses motivations sont uniquement de protéger son frère. Étonnamment, si elle joue encore un rôle de femme affirmée, son emploi est ici bien plus classique et effacé qu’à l’accoutumée. Rappellons que Miller’s Crossing est adapté librement de La Clé de Verre de Dashiell Hammett (3).

Barton Fink est fatalement très centré sur son personnage-titre, et ici encore, un seul personnage féminin a un peu d’importance. Il s’agit d’Audrey Taylor (Judy Davis), qui gère la vie d’un auteur alcoolique dont la similitude avec William Faulkner ne saurait être un hasard. On apprend même qu’elle a été son nègre et a rédigé certains de ses livres. Au-delà de ça, elle est intéressante puisqu’elle permet de montrer la relation que Barton entretient avec les femmes, et aussi pour l’un des bouleversements narratifs que je me garderais de raconter, mais son importance en tant que tel est très relative.


Jennifer Jason Leigh dans Le Grand Saut.

Dans Le Grand Saut, le personnage féminin, la splendide Amy Archer (Jennifer Jason Leigh (l)), reprend une importance cruciale au niveau du scénario. Portrait typique de la femme qui se dévoue à sa carrière, ici celle de journaliste, elle s’infiltre dans l’entourage de l’infortuné Norman Barnes, jeune naïf propulsé chef d’une grosse compagnie par hasard. Mais quand le comité veut détruire Norman, Amy va tenter de l’aider et lui donner la foi pour ne pas se laisser faire.

Faisons un petit point : en terme d’importance, 3 films voient des femmes partager avec leurs homologues masculins le rang de personnage principal, dans Blood Simple, Arizona et le Grand Saut. D’un autre côté, les rôles dans Miller’s Crossing et Barton Fink, aussi cruciaux soient-ils, laissent tout de même peu de places pour leurs actrices. L’emploi qui est fait de ces dames oscille entre classicisme (surtout dans Miller’s Crossing) et avant-gardisme (surtout Blood Simple). Difficile d’établir une ligne de conduite des deux frères à ce niveau de leur filmographie.


Frances McDormand dans Fargo.

Passons à l’un des films les plus reconnus de Joel & Ethan : Fargo. Ici, le personnage principal féminin, malgré une apparition assez tardive dans le film, est extrêmement intéressant. Marge Grunderson (Frances McDormand, le retour, Oscar de la meilleure actrice pour ce rôle) prend en effet une place souvent dévolue à des caractères masculins, celui de l’inspecteur, en uniforme et tout et tout. Pourtant, sa caractéristique maternelle n’est pas oubliée, puisqu’elle est enceinte. Mariée, elle semble vivre en osmose avec son mari, avec qui elle communique très facilement. Elle lui laisse faire des tâches d’homme, comme secouer les cosses de la voiture (petit détail toujours intéressant), mais le laisse aussi faire des tâches souvent plus connotées aux femmes, comme préparer le dîner, ou encore pratiquer un métier artistique et minutieux (si je dis ça, c’est en comparaison avec la profession de Marge, pas en général).
A contre-pieds de tous les portraits de femmes jusqu’ici, Marge est d’une grande naïveté, ce qui rejoint plutôt des figures comme Norman du Grand Saut ou H.I d’Arizona Junior. C’est d’ailleurs vers la fin du film que Marge comprend que les gens ne disent pas toujours la vérité, et qu’elle met la main sur l’infortuné Jerry Lundegaard (qui, disons-le, est une grosse fiotte, mais c’est ce qui le rend humain), et aussi sur l’une des premières figures diabolique de la mythologie Coen, le type incarné par Peter Stormare, qui, pour le coup, incarne un avatar mâle complètement amoral dont on retrouvera de forts accents avec Anton Cigurh dans No Country for Old Men. Fargo est donc un film extrêmement intéressant dans cette optique des genres, puisqu’il marque une rupture dans la filmographie des deux frères. Mais s’agit-il d’un cas isolé ou d’un changement de cap ?

The Big Lebowski voit, pour la première fois, deux figures féminines s’opposer, même si elles ne se rencontreront jamais à l’écran. D’un côté, Bunny (Tara Reid), jeune croqueuse d’homme dévergondée et opportuniste, mais qui n’a pas de profonde méchanceté, juste le désir de faire ce qu’elle veut, et qui est absente pendant presque tout le film, absence qui provoquera toute une série d’épreuves pour le Duc. C’est donc à nouveau une femme qui sert de détonateur à l’histoire. De l’autre côté, Maude (Julianne Moore (l)), artiste avant-gardiste, froide et autoritaire, mais honnête. C’est elle qui va donner la clef de l’énigme au Duc, à peu près en même temps qu’elle se fait engrosser par lui sans l’avoir averti. A contrario de Blood Simple où la femme est cause et dénouement de l’histoire, dans The Big Lebowski, l’une d’elle est l’origine et une autre la fin de l’histoire. Malgré cela, l’univers du Duc reste assez masculin, et sans être anecdotiques, les apparitions de Maude restent sporadiques.


Holly Hunter dans O’Brother.

Toujours dans leur optique de reprendre des classiques et de les réadapter, les Coen s’attaquent ensuite à l’Odyssée avec O’Brother, qui transporte Ulysse dans le Sud des Etats-Unis dans les années 30. On peut noter deux présences féminines d’importance. D’abord Penny McGill (de nouveau la splendide Holly Hunter (l)), alter-égo de Pénélope, qui attend le retour de son mari. Sauf qu’avec les Coen, elle perd patience et se remarie entre-temps, en racontant à ses enfants qu’Ulysse s’est fait écraser par un train…à nouveau, un personnage de femme très indépendant, mais aussi assez anecdotique. Ensuite, les Sirènes, qui, bien entendu, ont pour but de charmer les trois forçats afin de les livrer à la police, en échange d’une prime. Reprise du thème de la trahison, donc. O’Brother est donc un autre film globalement masculin, où les femmes n’ont qu’une petite place. Il participe cependant de la thématique globale des frères, et on retrouve des caractéristiques déjà évoquées dans les films précédents.

De nouveau, faisons une petite pause. On peux voir se dégager, malgré la diversité des genres et des emplois, des thématiques récurrentes, et deux semblent cohabiter chez les femmes dans les films des frères Coen : à de rares exceptions, elles sont très souvent indépendantes, mais bien souvent aussi, manipulatrices. Evidemment, les variations présentent différents aspects de ces ‘qualités’, ainsi, Edwyna peut paraître autoritaire, elle reste néanmoins très sensible ; Bunny profite allègrement de la fortune du Gros Lebowski, mais n’en reste pas moins une jeune paumée qui ne fait que profiter de ses atouts ; Marge est un personnage extrêmement ambiguë, qui semble transgresser les notions de genre avec son mari, ce qui résulte en une sorte d’osmose et d’harmonie tout à fait enviable (et idéale plus que réaliste ?). Ajoutons à cela une tendance à se servir des femmes comme de simples artifices scénaristiques, afin de compliquer la tâche de l’analyse. Mais poursuivons.


Scarlett Johansson dans The Barber.

Le film suivant, The Barber, est à nouveau un film noir. Deux personnages de femmes y ont de l’importance. Tout d’abord, Doris (Frances McDormand…encore, mais comme elle est toujours géniale…), qui domine complètement le pauvre Billy Bob Thornton, et le trompe avec son patron à elle, James Gandolfini. Figure désormais classique chez les Coen, sauf qu’ici, elle connaît un destin assez tragique, entraînant par là même tout son entourage dans sa chute.
Et puis il y a Birdy (Scarlett Johansson, pas encore hyper-connue à l’époque), jeune fille insouciante, qui se lie avec le héros à travers la musique, mais qui va vite révéler des intentions moins innocentes…ce qui l’amènera, là encore, à être châtiée par la providence. Le film offre donc une vision bien plus pessimiste qu’à l’accoutumée, mais en même temps, il finit mal pour tout le monde, et tous les personnages sont détestables, ou en tout cas, bourrés de défauts. A partir de là, l’image négative de la femme n’est pas une spécificité mais fait partie d’un tout, ce qui, quelque part, en réduit la portée.

Ensuite, on repasse à une comédie, Intolérable Cruauté. Le film est basé sur le principe des tromperies et des divorces chez la bourgeoisie Californienne. Catherine Zeta-Jones et Georges Clooney sont donc en concurrence pour se faire des coups de pute, et ainsi garder la plus grosse part du gâteau. Un peu comme dans The Barber, tout le monde en prend pour son grade, et si le personnage de Catherine Zeta-Jones n’atteint pas le degré de stupidité de Clooney et de sa clique, elle se rattrape au niveau de la cruauté (d’où le titre ?). Encore un portrait de femme vénale et possessive, mais dangereusement intelligente et indépendante.
Cela dit, il faut noter que le film n’est pas un projet des deux frères à la base, ce qui met en doute le crédit à accorder à l’implication des Coen dans le scénario, même si cela semble parfaitement correspondre à leurs thématiques.

Vient ensuite une autre adaptation, cette fois-ci un remake du splendide film The Ladykillers de 1955. Même en déplaçant l’action dans le sud des Etats-Unis, le scénario reste le même : une équipe de bras cassés s’installe chez une vieille dame afin d’utiliser sa cave pour atteindre un coffre-fort situé dans un sous-sol voisin. Sauf que la vieille dame va s’avérer bien chanceuse…ou démoniaquement maligne ? Difficile à dire, même si elle l’air plutôt intègre, on est en droit de douter de sa naïveté apparente (4).
Autre personnage ‘féminin’ présent dans le film (et absent de l’original), Mountain Girl, qui transcende un peu les genres, au vu de sa…stature. Il n’y a pas grand-chose à dire sur elle, c’est plus un gag qui sert de répartie au personnage de J.K Simmons et un procédé scénaristique. Rappelons qu’il s’agit là encore d’une adaptation, assez libre, certes, mais qui peut-être perçu comme une contrainte idéologique pour les Coen.


Catherine Zeta-Jones dans Intolérable Cruauté.

Et là, paf, encore une adaptation, et l’un des plus gros succès des Coen, No Country for Old Men. Et là encore, le casting féminin est assez réduit, puisqu’on retrouve juste Carla Jean (l’incroyable Kelly MacDonald (l)), une jeune fille simple, qui a une relation très franche avec son compagnon Llewelyn. Pendant tout le film, elle cherche à comprendre ce qui se passe, et côtoie notamment le shériff Bell qui lui raconte un bon gros tissus de conneries, mais à la fin, lorsqu’elle rencontre Cigurh, le tueur psychopathe, on se rend compte qu’elle est loin d’être à la masse, et tient un raisonnement très juste…avant de se faire assassiner hors-champs. En tout cas, je l’interprète comme ça. Mais toujours est-il que son personnage rappelle un peu celui de Marge dans Fargo, faussement naïf mais profondément gentil et humaniste.
Bon, là encore, il s’agit d’une adaptation, très fidèle de surcroît, du livre de McCarthy. Les Coens ont quand même zappé à la fin la rencontre entre Llewelyn et une jeune auto-stoppeuse, remplacée par une scène très courte, juste avant que les Mexicains n’attaquent le motel. Je zappe le personnage de la mère, pur élément comique et scénaristique et qui ne connaît pas vraiment de développement psychologique.

Retour à la comédie avec Burn After Reading, et là, les personnages féminins reprennent un peu plus d’importance, avec Linda Litzke (Frances McDormand, qui a donné de sa personne), monitrice dans une salle de sport, obsédée par son âge et qui va tenter de vendre des données confidentielles de la CIA trouvées par hasard à l’ambassade de Russie. Là encore, une femme complètement maniaque, cette fois-ci à propos de son apparence. Mais on pourrait arguer qu’elle ne l’est pas plus que Brad Pitt dans le même film, ou Clooney et ses cheveux dans O’Brother et sa dentition dans Intolérable Cruauté.
A côté, on trouve Tilda Swinton, monomaniaque et glaciale, qui trompe son mari avec le personnage de Georges Clooney. Rien de bien nouveau sous le soleil. Mais quand même, il convient de noter que les femmes font ici un peu moins seconds couteaux et que les stars partagent l’affiche avec un pied d’égalité (enfin, sauf le pauvre Richard Jenkins…)


Tilda Swinton dans Burn After Reading.

Enfin, le dernier Coen en date, A Serious Man, dont le titre laisse encore entendre une forme d’accaparation de l’écran par la gent masculine, laisse pourtant la place à deux personnages féminins plutôt importants. Judith Gopnick (Sari Lennick, qui n’a fait que ce film avant de retourner dans le monde du théâtre), qui va quitter Larry pour aller avec Sy Ableman. Ont-ils déjà consommé hors-mariage ? On ne sait pas. Mais c’est encore une forte tête qui tient la famille par les rênes, là où Larry est complètement paumé.
Et puis il y a la voisine, qui incarne la tentation, la luxure, la drogue, et sur laquelle l’infortuné Larry fantasme. Encore une fois, ces deux personnages s’intègrent à cette vision de la femme que les Coen ont déjà mis en place dans leurs précédents films.

Nous en arrivons donc aux conclusions : les frères Coen sont-ils féministes ? En un sens, oui. Les actrices qu’ils font jouer sont souvent des femmes de caractère, qui savent ce qu’elles veulent et qui sont des meneuses, indépendantes par rapport à l’homme. A tel point que l’on peut en ressentir de la crainte, et que, suivant la tradition du film noir, elles sont aussi manipulatrices et se servent de leur intelligence à des fins peu morales (à différents degrés et selon différents buts : de Doris dans The Barber, jusqu’à Edwyna dans Arizona Junior [même si celle-ci connaît la rédemption]). Mais quelque part, il ne faut pas oublier de tracer un parallèle entre ces femmes vénales et infidèles et les hommes qui, dans l’univers des Coen, sont tout autant pointés du doigt, même si, plus généralement, ils sont des losers patentés qui rêvent de gloire et de fortune, mais se font toujours avoir à la fin.
Cependant, dans ce pessimisme latent, une catégorie de personnages échappe à cette vision acide de l’humanité. Faussement naïfs et simples, des protagonistes comme Marge dans Fargo, Carla Jean dans NCFOM, peut-être la grand-mère dans Ladykillers, mais aussi Norman dans Le Grand Saut (et par extension Amy, qu’il parvient à ramener sur le chemin de l’innocence) sont des exemples de positivité et d’intégrité. Et même si l’issue ne leur est pas toujours favorable, ils auront cependant la sympathie du public, quelque soit son\leur sexe.

(1) Mais on peut facilement se douter de la réponse…
(2) Détail génial : dans la maison, le portrait du chien est placé au-dessus de celui d’Abby…
(3) Un classique du roman noir, je vous le recommande chaudement.
(4) Ou alors, je deviens parano…

mercredi 27 octobre 2010

Les bandes noires by Cowboy

Bonjour, citoyens cinéphiles.

Aujourd’hui, nous allons percer l’un des plus grands mystères du cinéma : les bandes noires. Pourquoi n’utilisent-on pas l’intégralité de nos écrans ? Pourquoi ces affreuses bandes noires viennent obstruer une partie de notre vision ?

La réponse tient en un mot : le format.

Je ne vous apprendrai rien en vous disant qu’à ses origines, le cinéma était muet. Les 35mm de la pellicule, format standardisé très rapidement, et qui n’a pratiquement pas évolué depuis, étaient donc dévolus entièrement à l’image. Projeté, ça donne un aspect que nous connaissons bien, le 4/3, aussi appelé 1,33:1, longtemps resté la norme en télévision. Si on balance du 4/3 sur un écran 16/9, par exemple, on aura des bandes sur les côtés. Moche, hein ? Bon, bien sûr, à l’époque, la télé n’existait pas, donc on s’en foutait un peu, il fallait juste un écran pour projeter le film.

Avec l’invention du cinéma parlant, il faut réussir à placer le son sur la pellicule. Bam, on a une image carrée, format 1,375:1, et l’apparition des bandes noires. Et puis la télé arrive dans les foyers dans les années 50, donc le cinéma doit tenter de garder son public en offrant un aspect spectaculaire. C’est l’avènement des formats larges. 1,66:1 en Europe, 1,75:1 en Italie et 1,85:1 aux USA sont des formats dits « panoramiques », où l’on perd en hauteur au profit de la largeur. De nos jours, une bonne partie des films sortent en 1,85:1.
On invente aussi le Cinemascope, du 35mm anamorphosé, c'est-à-dire qu’on filme en comprimant l’image (dans un rapport de 2:1), et quand on projette, on l’étire, ce qui provoque une petite perte de qualité. Ça donne de l’aspect 2,35:1. Panavision, Vistavision et Technovision sont des variantes de ce procédé.



On se met aussi à utiliser de la pellicule 70mm, qui permet d’avoir une meilleure qualité mais qui coûte extrêmement cher, sans compter qu’il faut un équipement spécial pour en projeter. Ce sont donc les plus grosses productions qui en bénéficient. Le procédé IMAX est rendu possible grâce à cette pellicule 70mm, puisqu’en augmentant la taille de l’écran, on compense la perte de qualité (qui serait trop importante avec du 35mm).

Aujourd’hui, on choisit le format d’un film en fonction du budget et des prétentions artistiques que l’on a. Rien ne sert de prendre un truc large si on veut filmer un huis clos, alors qu’il paraîtrait illogique de prendre un format carré pour filmer des paysages.

Il faut savoir quelques petits trucs :
-on peut gonfler du 35mm en 70. Comment ? J’en sais rien, allez sur wikipédia…
-quand on fait les prises de vue d’un film, on a deux possibilités : la méthode hard matte qui consiste à mettre des caches devant la caméra là où il y aura les bandes noires, et la méthode soft matte qui consiste à tout filmer, et à réduire ensuite pour donner du widescreen ou tout laisser, ce qui donne du fullscreen (et fait voir des trucs qu’on ne devrait pas voir, genre câbles, perche…). En Europe, on filme toujours en hard matte, ce qui n'est pas le cas du marché américain, où, le cas échéant, les deux versions sont proposées en DVD.
-quand on projectionne un film dans une salle, on a tout intérêt à dégager les bandes noires en utilisant des caches, sinon on verrait l’usure dessus. Vous savez, là, les espèces de tâches. Et puis il faut se servir du bon objectif, sinon il manquera des bouts d’images.

Bon, j’espère ne pas avoir dit trop de conneries…

Ci-joint, un petit lien qui permet de voir les moyens mis à dispositions pour diffuser un film à partir d'un format donné, avec les inconvénients que cela entraîne: bandes noires, déformations, ou perte d'une partie de l'image.

lundi 25 octobre 2010

A Serious Man de Joel et Ethan Coen (2009) by Cowboy

Je l'ai bien compris ici, tout le monde n'est pas fan des frères Coen et, à plus forte raison, de leurs comédies et de leur sens de l'humour si...particulier (et pourtant bien présent même dans leurs films les plus sombres).

Leur prochain film, A Serious Man, va débarquer le 20 Janvier dans les salles françaises. Et contrairement à ce que son titre semble laisser entendre, Joel et Ethan nous livre une nouvelle comédie, directement après Burn After Reading. Le sujet du film lui aussi ne semble pas, de prime abord, porter à rire. C'est la première fois que les Coen traitent de leur religion, le Judaïsme. Le film raconte l'histoire d'un père de famille ordinaire dans les années 70, professeur à l'université, et dont la vie semble se désagréger sans qu'il ne parvienne à comprendre pourquoi. Il va tenter de lutter contre le destin et de trouver des réponses, se tournant tout naturellement vers la religion.



J'ai eu l'opportunité de voir le film en Angleterre un mois avant sa sortie française. Et en toute honnêteté, j'éprouvais un peu d'appréhension, pour 3 raisons, dont deux vous concerne peut-être, tandis que la dernière est plus anecdotique et personnelle.
D'abord, le sujet du film. Pour un goï ignorant des traditions judaïques comme moi, j'avais une crainte sérieuse de tomber sur un film suffisamment ésotérique pour ne pas me laisser rentrer dans un univers qui, à priori, n'est pas le mien, et dont j'ignore tout si ce n'est quelques rares clichés.
Ensuite, si ce n'est pas la première fois qu'ils sortent deux comédies de suite (The Big Lebowski puis O'brother, Intolérable Cruauté puis Ladykillers), alors qu'ils pourraient choisir d'alterner entre films noirs et films plus légers, une légère appréhension s'installait à l'idée qu'une déception m'attendrait peut-être, suite à la demie-déception d'un Burn After Reading poussif et mineur, brisant la continuité quasi-parfaite de leur filmographie, qui n'a connue que quelques baisses de régime rapidement corrigées.
Enfin, et là il ne s'agit que de moi, j'allais voir pour la première fois une comédie slapstick aux dialogues vifs et acerbes dans la langue de Shakespeare, sans l'aide de sous-titres, et je doutais de mes capacités de compréhension.

Mais je peux vous rassurer. Je suis ressorti du cinéma plus rassuré que jamais. A l'exception d'une scène d'ouverture réellement obscure (ce qui est sans doute délibéré), le film est clair et limpide (tout du moins, comme un film des Coen peut l'être, mais pas moins qu’un autre, j’entends…), les références religieuses sont, si ce n'est expliquées, capables d'être devinées. Mais surtout, ce film est entièrement Coenesque. On retrouve tous les thèmes chers aux deux frères: l'argent, le hasard, l'absurde, le anti-héros, l'incompréhension, les rêves. J'aurais même tendance à dire que ce film est l'un des plus universels et des plus accessibles qu'ils aient produit. Contrairement au financiers du Grand Saut, aux avocats d'Intolérable Cruauté, aux extraordinaires bras cassés de Ladykillers, les personnages sont ici très réalistes, et, à l'instar du Big Lebowski, les Coen semblent peindre à nouveau les gens comme vous et moi, comme c'était aussi le cas dans Fargo, Arizona Junior (quoique j'émets plus de réserves sur la crédibilité de celui-là) ou Blood Simple. C'est aussi, je pense, leur comédie la plus sombre, on y rit du malheur d'un autre, de la mort, d'une institution aussi majestueuse que la religion. Et, comme le préfigurait déjà Burn After Reading, ne comptez pas sur un happy end traditionnel.

Au delà d'un scénario qui, je vous l'ai dit, est parfaitement compréhensible, mais qui est aussi bourré de bonnes surprises et d'originalités, le film est aussi doté d'une interprétation sans faille. Véritable antithèse du film précédent sur ce plan là, ce ne sont que des acteurs très peu connus qui peuplent le film. Tout juste peut-on reconnaître Richard Kind (de Spin City) et Simon Helberg (de The Big Bang Theory). Mais c'est bien la preuve qu'un relatif anonymat n'est pas forcément signe d'amateurisme. Michael Stuhlbarg, à ce titre, issu du théâtre, et qui joue son premier rôle principal au cinéma, est tout simplement remarquable en père de famille désemparé.



Graphiquement, c'est du grand Coen. Le côté 70's y est magnifié, la photographie, signée à nouveau Roger Deakins, est superbe. Il est aussi à noter, si je ne m'abuse, que A Serious Man contient le premier plan de nudité frontale (féminine) dans un film des Coen. Je ne parviens pas à me souvenir de grandes scènes d'érotisme dans leur film, simplement d’une scène assez crue mais filmée dans un impressionnant clair-obscur dans Blood Simple, et d'une autre scène de sexe hors champs dans Burn After Reading. Une grande première donc, mais je vous laisse la surprise de la découvrir sans rien dévoiler de plus. La B.O. m'a également frappée, les Coen ont aussi pioché dans les tubes hard-rock des 70's, et quelle ne fut pas ma surprise d'entendre du Jimi Hendrix ou du Jefferson Airplane. Musique qui aura même une certaine incidence sur le scénario.

En bref, je ne peux que vous conseiller d'aller voir cette nouvelle production estampillée Coen. Drôle, touchant, beau et loin d'être inaccessible, vous pouvez y aller en toute sérénité. Ce film est tout simplement en train de prendre la deuxième place des meilleures comédies des Coen, et dieu sait que j'apprécie O'Brother et Arizona Junior énormément. En tout cas, moi, je ne manquerais pas d'aller le revoir, notamment pour comprendre les quelques répliques qui m'ont échappé à la première vision.

Spielberg et les juifs (création) by Micab

Que ceux qui à la simple lecture de ce titre lève un sourcil étonné n’aient pas peur. Je ne vais pas vous emmener dans des réflexions aussi soporifiques que celles du Cahier du cinéma, je n’en ai pas la prétention, le talent et encore moins l’envie.

Il s’agit avant tout de remettre le cinéaste face à ses origines et la manière dont il agit avec elles. Pourquoi ? Parce qu’elles agissent beaucoup plus profondément qu’il n’y paraît et ce dans plusieurs de ses films.
Spielberg un simple réalisateur juif et pro-israélien ? Pas si simple…

Geek par excellence, Spielberg est né avec une caméra dans la main. Pas la peine de revenir sur la légende où à l’instar de son personnage dans Attrape moi si tu peux, il se baladait à 17 ans dans les studios Universal avec un attaché case à la main sans accréditation pour finir par devenir leur homme providentiel.
Spielberg vit à contretemps de ses pairs, et en adéquation complète avec les spectateurs du monde entier. Au moment où il commence à être reconnu pour son travail dans les années 70, Hollywood vit son époque la plus réaliste et surtout la plus politique. Il faut dire que la présidence de Nixon aura apporté des films comme les 3 jours du condor ou les hommes du président. Très fortement influencé par la nouvelle vague, les réalisateurs vedettes sont des "jeunes loups" à qui tout est promis, et ils ont pour nom : William Friedkin, Brian DePalma, George Lucas, Francis Ford Coppola, Martin Scorcese… Ils ont réalisé des films comme le parrain et sa suite, vol au-dessus d’un nid de coucou, French Connection, Taxi Driver etc etc.

Le moins que l’on puisse dire c’est que Spielberg est à l’opposé. Face à ce cinéma réaliste, il invente les codes du blockbuster avec les dents de la mer, et il continuera dans cette veine, avec les Indiana Jones et consort.
Sa particularité, raconter une histoire dans le milieu banal de la classe moyenne américaine. C’est-à-dire la banlieue, des marques reconnaissables (McDo entre autres), des maisons aussi semblables les unes aux autres, un noyau familial plutôt fragile et aussi l’ennuie profond. Les personnages de Spielberg s’emmerdent à 100 sous de l’heure avant l’arrivée d’un événement qui va les contraindre à changer leur vie. Exemple dans ses réalisations : E.T. évidemment, rencontre du 3e type, les dents de la mer, la quatrième dimension, plus tard la guerre des mondes ou A.I. et dans une de ses production le premier Poltergeist.



Ce n’est pas un hasard. Spielberg met dans ses films beaucoup de son enfance qu’il décrit comme celle d’un solitaire rejeté par ses camarades parce qu’il ne faisait pas parti de la wasp, parce qu’il était juif et parce que ses parents étaient divorcés. Ses efforts d’intégration seront finalement récompensés par le cinéma. Il réalise son premier court métrage très jeune et il sera même projeter dans son lycée avec beaucoup de succès. Son envie de faire partie de la majorité, et quelque part d’être un américain moyen se sentira beaucoup dans ses premiers films, il n’hésite pas à montrer ce que ces pairs appellent le vulgaire (en gros les grandes marques américaines type Coca-Cola) tout simplement parce que ça fait plus réel. Il y est attaché comme à une famille.
Toute marque de judaïté est complètement absente de ses premières réalisations. Volontairement. A part peut-être dans les aventuriers de l’arche perdue, où le trésor cherché par Indiana Jones sont les tables des 10 commandements, lois fondatrices du peuple juif en Israël, et encore… Il filme l’Amérique et le monde telle qu’il les voit, telle qu’ils semblent être, telle qu’il a envie qu’ils soient. C’est pour cette raison qu’on a toujours reproché à Spielberg d’être un cinéaste un peu naïf.

Dans les années 80, le réalisateur est donc un homme reconnu mais jamais récompensé malgré plusieurs nominations comme meilleur réalisateur. Sa première incursion dans le classicisme académique des films à Oscar sera la couleur pourpre qui révèlera Whoopi Goldberg et Oprah Winfrey. Très attaché à la "cause noire" durant sa jeunesse au moment du civil right movement, justement à cause du rejet dont il est victime, ce projet était prévu pour lui donner la reconnaissance qu’il espérait. Ce film détient un triste record, 11 nominations et aucune statuette… personne n’a fait "mieux" depuis !
Spielberg souffre de ce "rejet". Et quoi de plus naturel que de se retourner vers ce qu’on connaît le mieux : soi-même, sa famille, son histoire, justement quand tout ne va pas aussi bien qu’on l’espérait ?



Ce qui donne en résumé très rapide une des raisons de l’implication du réalisateur dans la liste de Schindler, une sorte de retour aux sources.
Et l’histoire n’est pas facile à mettre en place. Il choisit de parler d’un industriel nazi sauvant des juifs des camps d’extermination et finalement de la mort, un personnage qui est donc très ambigu. Pourtant c’est une réussite sans égal, tant au niveau critique, qu’au niveau populaire. C’est le film qui a fait prendre conscience à Steven Spielberg une judaïté qu’il avait jusqu’à présent rejetée. John Williams faisant appel pour la bande originale du film au violoniste juif Itzakh Perlman apportera sa touche personnelle au dessein du réalisateur qu’il aura suivi tout au long de sa carrière.

Enfin récompensé à sa juste valeur, et reconnu dans le monde entier comme le cinéaste le plus emblématique d’Hollywood, Spielberg va aller encore une fois aller à l’encontre de ce qui se fait, le cinéma grand spectacle qu’il a contribué à créer, pour aller vers des films plus intimistes et surtout plus politiques suite aux attaques terroristes du 11 septembre 2001.
Un des projets les plus emblématiques de cette période est Munich qui raconte la revanche officielle de l’Etat d’Israël face au massacre de l’équipe nationale olympique lors des JO de Munich en 1972.
Spielberg passe alors du statut de héros, créateur et soutien financier de la fondation pour la shoah, à celui d’antisémite. On parle de lui en des termes peu élogieux, lui reprochant sa conversion tardive ou son implicite reconnaissance de la Palestine dans le film, on lui demande de s’occuper de films plus légers…



Munich marque donc un tournant. Ce qui a toujours été une source d’inspiration, que ce soit pour gommer sa judaïté ou au contraire en faire un étendard, devient en un film sinon un problème, au moins un motif de rupture avec une partie de son public.
Depuis le réalisateur n’a réalisé que le très mauvais Indiana Jones 4. Que nous réserve l’avenir à partir de ce constat ? Lui seul le sait…

L'évolution non-stylisée des grandes dents (création) by Jim

Que ce soit à la télévision ou au cinéma, aujourd'hui, après l'ère des pétasses blondes qui se masturbent devant des séries pour adolescents en parlant de la crise du pétrole, nous sommes dans une période où les vampires tiennent une place plus que primordiale.
Mais d'où vient ce changement d'atmosphère, privilégiant les dents longues, les refrains sanguinolents? Surtout que dans la façon dont est traité le thème du vampire, il y a une dualité percutante : soit il s'agit d'un monstre assoiffé de sang avide de jeunes adolescentes en chaleur qui hurlent au lieu de courir ou de se parfumer avec de l'ail, soit il s'agit d'une ombre humaine, devenue immortelle et dont le souhait le plus cher est la rédemption. Une sorte de personnage écorché, tiraillé entre son passé – qui mérite bien sûr le qualificatif d'- abominable. Le premier type de vampire est évidemment celui des films d'horreur/épouvante (bien que la seule chose qui fasse frissonner soit, de manière générale, les scénarios hyper évidents et stéréotypés), le second celui de Twilight (on ne va pas vous faire un dessin, c'est un peu une métaphore du bad boy trop méchant qui a décidé de devenir un poète maudit version nanar romantique), de True Blood, et sans doute d'autres choses connues ou inconnues, ça dépend de la variable x dans un contexte y donné.
(Marquons quand même une parenthèse pour déclarer que dans True Blood, les vampires ne sont pas tous kikoo-mignons, ils sont dark ténébreux avec des envies de sucer votre sang, surtout si vous êtes bonne, 24 ans, blondinette, gros seins, fille facile).



La deuxième image du vampire – celle du pauvre type qui se sent coupable d'avoir enlevé tant d'innocentes vies – est bien entendue celle qui est surexploitée pour le moment. Il y a quelques années, les autres Bela Lugosi, Christopher Lee étaient des figures mêlant érotisme et horreur. Citons très vite les burlesques Le Bal des Vampires, Dracula mort et heureux de l'être, Buffy the Vampire Slayer, des oeuvres où le vampire est toujours une saloperie suceuse de sang, qu'il faut détruire avant qu'elle nous avale tout crus.
Malgré cette imagerie très négative, avec des films comme Entretien avec un vampire (Brad Pitt y joue Louis, un type devenu vampire sans vraiment l'avoir voulu, tourmenté par Lestat, dandy aux tendances bizarres) où le personnage principal ne se nourrit pas de sang humain, le vampire devient celui qui demande pardon, qui, malgré sa condition de "démon" en vient à vouloir devenir un homme et à éprouver, notamment, des regrets.
Twilight, fable pré-pubère sur le fait que les méchants peuvent être gentils en vrai, s'ils sont apprivoisés, a remporté un succès pharamineux, contre toute attente des sceptiques. Il est vrai que le scénario ne vaut pas un clou, mais cependant, ça marche : les salles sont combles, les livres, films et produits dérivés se vendent comme des petits pains au chocolat, elle m'a dit d'aller siffler là-haut sur la colline, de l'attendre avec un petit bouquet d'églantines.
Une fine analyste pourrait dire (en parlant de Twilight) que l'image de l'homme (le sexe masculin hein), telle qu'elle est présentée, coïncide avec celle du prince charmant (pas si charmant quand il allonge les crocs) : il ne larguera pas sa dulcinée pour une sombre histoire de canal déférent avec une plus jeune, plus intelligente ou à plus grosse poitrine, ce qui l'intéresse, finalement, c'est la personne telle qu'elle est, il a l'éternité pour vous supporter, peu importe que vous soyez inintéressante et emmerdeuse, vaut mieux être mal accompagné que seul à bouffer du sang de rat d'égout.

Si cette image moderne montre un côté plus gentil, adieu le côté "bête de sexe, envoûtements à gogo, viens ici, que je te mette ma grosse frite là où je pense".
Ici, rapide comparaison entre True Blood où chaque épisode semble avoir été étudié pour contenir un certain quota de nichons, de fesses, de soupirs enragés de plaisir, et Twilight, où l'amour courtois façon "attendons le bon moment, j'ai jamais trempé ma biscotte, je veux pas que notre histoire se base là-dessus, tu risques d'être déçue poupée".
D'une façon plus subtile (quoique), la sensualité était abordée dans, par exemple, Dracula de Francis Ford Coppola, où, avec le regard d'un amoureux transi, Gary Oldman semblait dire à Wineforever Ryder "si nous copulions sur le lit, comme deux écureuils normands en pleine séance de méditation ? "




Est-ce tout simplement la transposition des vampires, créatures anciennes et pas vénérées, dans un monde désenchanté comme celui d'aujourd'hui, qui a tendance à nuire à l'image de "vilain être qui fout le bordel et suce tout ce qui bouge à la façon Clara Morgane "? A l'époque où on sait que c'est à cause de dérèglements chimiques dans le cerveau que les gens deviennent dépressifs, que l'économie domine toute forme de vie, les émanations érotico-surnaturelles morbides que représentent les vampires n'ont plus de sens. C'est pourquoi leur insertion dans notre société passe pour une belle connerie, qu'on épice en les rendant gothiques (si, si, le bar de True Blood), et dans presque tous les cas ; bourrés de fric, à croire que les billets sortent de leurs pores.
Non pas que je dise tout ceci dans le simple but de dire "c'était mieux avant, quand des bons acteurs incarnaient des gueules de fromage blanc meurtriers, et que les histoires faisaient froid dans le dos", je ne fais que constater une évolution assez... il n'y a pas de mots pour décrire le monde et ses influences, dans cinquante ans, un sage sociologue nommera cette décennie "la pseudo-sentimentalisation des choses". Ok.
Bon, sur ce, je vais aller dehors, là où il n'y a personne pour me causer de vampires.

Jonathan Demme & l'homophobie (création) by Sadako

Bonjour, me revoilà parmi vous avec un article un peu particulier, pour vous parler de deux films sur lesquels je travaille actuellement: Le Silence des Agneaux (ah bon?!) et Philadelphia.



De prime abord, ces deux films n'ont pas grand chose en commun me direz vous, Le Silence des agneaux est un film qui relève du genre de l'horreur, du serial-killer, du thriller psychologique, tandis que Philadelphia tend vers le drame social.

Dans ce cas, qu'est ce qui rapproche ces deux œuvres? Tout d'abord leur réalisateur commun, Jonathan Demme, et le fait qu'ils aient tous deux suscité de fortes réactions de la part de la communauté homosexuelle.

Commençons par Le Silence des agneaux, sorti en 1991, je vous ai déjà cassé les pieds il y a quelques mois avec ce film, mais je vais tout de même vous faire une ébauche du synopsis, pour ceux qui auraient raté le cours!
Une jeune recrue du FBI, Clarice Starling (Jodie Foster) se voit confier une part de responsabilité importante dans l'enquête sur le tueur en série Buffalo Bill. La jeune Clarice est chargée d'inciter Hannibal Lecter (Anthony Hopkins) à apporter son aide à l'enquête.Lecter est un terrible serial killer cannibale mis sous les verrous par l'agent Will Graham dans l'opus précédent: Dragon Rouge. Hannibal, psychiatre réputé, va aider Clarice à identifier et appréhender Jame Gumb, aka Buffalo Bill, ainsi qu'à régler certains de ses problèmes personnels, mais ceci est une autre histoire.

Les deux personnages qui ont provoqué des remous dans la communauté homosexuelle sont Jame Gumb, qui capture et tue des jeunes femmes pour se confectionner un manteau de femme avec leur peau, et l'agent Clarice Starling.

Jame Gumb (Ted Levine) est un personnage véritablement noir, bien plus monstrueux encore qu'Hannibal Lecter. Buffalo Bill est mentionné comme homosexuel au début du film, au vu de sa relation avec Benjamin Raspail, puis Lecter le dépeint comme transsexuel, en expliquant qu'il y a de très grandes chances que Buffalo Bill ait déposé des demandes auprès des hôpitaux locaux pour subir une opération de changement de sexe.
Jame Gumb présente de nombreuses caractéristiques généralement attribuées aux homosexuels, il parle de manière efféminée, il possède un petit bichon blanc du nom de Précieuse, on sait de lui que c'est un couturier très habile, il se décolore les cheveux... Il a également le téton percé et porte un tatouage étrange au niveau des côtes.
Buffalo Bill est également un travesti, on le voit presque nu dans une scène, portant uniquement une sorte de peignoir féminin, maquillé, son sexe caché entre les jambes pour ressembler à une femme.



Jusque là rien de bien dramatique vous me direz, chacun fait ce qu'il veut de son corps, mais faire un sérial killer d'un homosexuel a été très très mal perçu. Au début des années 90 la communauté gay était très mal acceptée notamment à cause de la recrudescence du sida, qui leur était généralement assimilée, l'amalgame étant fortement ancré dans les esprits. Jonathan Demme ainsi que le roman de Thomas Harris ont été violemment attaqués par les activistes gay pour avoir donné une telle image du personnage de Buffalo Bill.

L'association de la communauté homosexuelle et d'un personnage aussi meurtrier et violent a particulièrement été critiquée, puisque d'après des études psychiatriques ce sont des individus généralement pacifiques et non violents.Le film de Jonathan Demme a donc été premièrement perçu comme homophobe.

Le personnage de Clarice Starling au contraire a été perçu de manière très positive, que ce soit par la communauté féministe ou lesbienne. En effet la jeune agent du FBI est un exemple nouveau de ce que peut être la femme dans le film d'horreur ou de détective de manière plus générale. Clarice est très intelligente, forte, indépendante, elle mène l'enquête pratiquement seule de bout en bout et parvient à sauver la jeune Catherine des griffes de Buffalo Bill (a qui elle colle un bon pruneau au passage). L'héroïque Clarice balaye a grands coups de pieds les stéréotypes habituels et donne à la femme une place active loin du rôle de victime potiche et faible dans les films d'horreur conventionnels.
Certains courants de pensée un peu trop extrêmes à mon sens ont absolument tenu à voir l'homosexualité en Clarice, ainsi qu'en Jodie Foster, qui est très protectrice et secrète quant à sa vie privée.

Clarice a ouvert la porte a de nombreux rôles de femme détective efficace, et a toujours de l'influence aujourd'hui, prenez simplement Kate Beckett dans la série Castle, ou encore Temperance Brennan dans Bones...



Nous sommes en 1993, et Jonathan Demme réalise un nouveau film, Philadelphia. Le film aborde des thèmes très délicats comme l'homosexualité, l'homophobie et le sida.Il s'agit de l'histoire d'un brillant avocat homosexuel, Andrew Beckett (Tom Hanks), atteint du virus du sida. Il se retrouve démis de ses fonctions suite à une soi-disant histoire de papiers égarés dans une affaire importante. Le fait est que les lésions provoquées par sa maladie ont été remarquées, et qu'il ne s'agit que d'une conspiration pour se débarrasser de lui à cause de son état et de son orientation sexuelle. Beckett en est intimement convaincu et demande conseil à plusieurs hommes de loi, dont un avocat ouvertement homophobe Joe Miller (Denzel Washington).

Celui ci refusera d'abord de prendre le cas, et ira même jusqu'à demander à un médecin si il a pu contracter le sida en serrant la main de Beckett. Miller ouvrira les yeux petit à petit et finira par se ranger aux côtés de Beckett pour l'aider à préparer son argumentation au tribunal contre la firme qui l'accuse d'incompétence et d'avoir menti pour cacher sa maladie. La peur et l'ignorance sont principalement en cause. S'ensuit un procès véritablement bien mené qui tranchera en faveur de Beckett, qui malheureusement succombera à sa maladie quelque temps après, laissant son compagnon Miguel(Antonio Banderas) seul après leur lutte acharnée.



Le film attaque de manière très habile l'homophobie, la firme et le directeur du cabinet de Beckett sont véritablement diabolisés et tournés en ridicule. Le personnage de Joe Miller est un excellent exemple, il apparait tout d'abord comme un homophobe ignorant, puis au contact de Beckett il apprend à connaitre et à respecter les homosexuels. Le film est également très instructif quand au mode de transmission du sida, remplissant ainsi une fonction informative auprès du public. Jonathan Demme réalise un film qui à la fois dénonce les abus homophobes dans le milieu du travail, brosse un portrait positif et élogieux de la communauté homosexuelle, et invite à leur porter un nouveau regard, ainsi qu'aux malades touchés par le sida.

Le réalisateur combat donc les préjugés, à l'aide d'un scénario bien ficelé, d'un casting prestigieux et efficace.
Philadelphia a été un premier pas au cinéma pour briser les tabous de l'homosexualité et du sida, et faire évoluer les mentalités à travers le monde de manière efficace. Demme s'est vu salué par la communauté gay, et le film fait toujours autorité en la matière.

Les deux films ont été largement récompensés et salué par le public bien qu'ils soient totalement différents, mais il parait impensable de qualifier Jonathan Demme de réalisateur homophobe.