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mercredi 30 janvier 2013

Les revenants by Ärnø

Il y a un peu moins de dix ans, Romain Campillo (scénariste entre autre de Entre les Murs) écrivait un scénario puis réalisait un film à total contre-courant que ce soit dans le paysage cinématographique français et dans un univers fantastique. Celui-ci n'a malheureusement pas trop fait parler de lui à l'époque, il était intitulé : Les Revenants




Une fois n'est pas coutume, nous n'avions pas le droit à un énième retour de morts-vivant ou autres zombies cherchant à manger des cervoooooooooooo... Non, juste un retour simple, mais en masse, de personnes préalablement décédées, phénomène prenant place partout à travers le monde pendant un laps de temps assez court.

Et cette approche un brin fantasque dans le cinéma français était pourtant savamment pensée. Le scénario s'orientant dans un premier lieu plus sur un aspect de gestion de crise d'un événement d'une telle ampleur et hors du commun à travers l'exemple d'une petite ville bien de chez nous.
Outre ce côté logistique, il abordait très bien les points de la réinsertion professionnelle et dans les familles de ces personnes revenues de l'au-delà. D'ailleurs l'approche psychologique des personnages était bien menée, sans sombrer dans une quête désespérée vers le fantastique et ce grand Pourquoi? mais à travers des exemples simples et diversifiés, du vieux qui ne sait pas comment appréhender le retour de sa vieille, des parents qui retrouvent leur jeune enfant, du jeune couple...

A noter les bonnes performances de Géraldine Pailhas (Les randonneurs, peut-être, 5x2,…) et Frédéric Pierrot (Polisse, La guerre est déclarée, il y a longtemps que je t’aime,…).

Juste une reproche, si on peut dire reproche, en tout cas un fait qui peut refroidir certains spectateurs : le rythme est excessivement lent, des dialogues qui peuvent trainer légèrement en longueur...


... 2012 a vu le retour des Revenants (tiens, ça ferait un très bon titre de film estampillé série Z) mais cette fois-ci du côté du petit écran




Fabrice Gobert (Simon Werner a disparu) est donc aux commandes de cette nouvelle création originale made in Canal + (sortie en dvd depuis peu pour ceux qui auraient loupé la diffusion tv).

Cette fois-ci, l'action se déroule uniquement dans une ville, en France, près des montagnes et tout proche d'un grand barrage électrique plein de mystères. Plusieurs personnes, mortes depuis plus ou moins longtemps, reviennent à la vie (en nettement moins grand nombre) sans avoir connaissance de leur décès et vont retrouver leur place qui était la leur avant.

Frédéric Pierrot est le seul revenant du film original (même si dans les deux cas, il n'incarne aucunement un personnage de type revenant) accompagné entre autre par Samir Guesmi (vu dernièrement dans Camille redouble et éternel second rôle de productions françaises).

La série (comme le film auparavant) aborde toujours très bien le thème de la mort, du deuil, s'oriente un brin plus du côté mystique de ce retour par le biais des interactions entre les différents personnages, bien interprétés par ailleurs (même pour les rôles les plus jeunes). Du fait de son format, le rythme tient bien le spectateur en haleine, malgré une légère baisse de régime à mi-saison. Elle reprend de nombreux faits présents dans le film (les revenants ne dorment jamais), étoffe un peu certains aspects (un appétit sans limite) et laisse planer un voile sur certaines interrogations (normal c'est une série, on peut pas tout dévoiler dès la première saison !).

La BO d'origine collait déjà bien à l'atmosphère dans le long-métrage, celle de Mogwaï est tout simplement magnifique (je sais je ne suis pas objectif, c'est un de mes groupes préférés).


La série, contrairement au film, a connu un véritable succès public, la chaine cryptée réalisant même des records d'audience historiques. A tel point qu'elle a commandé une saison 2 (y avait plutôt intérêt au vue du final) et des adaptations sur les marchés anglo-saxons sont en pourparlers.

dimanche 27 janvier 2013

The War Game (1965) by Gunman

Oubliez les invasions de zombies. Oubliez les cataclysmes qui n'ont aucune chance d'arriver durant notre vie, les apocalypses surnaturelles et autres prophéties. C'est de la rigolade, vous le savez aussi bien que moi, pendant que vous enfournez du pop-corn dans votre bouche pour vous rappeler que ce n'est que du cinéma. Vous savez bien qu'au fond, rien de tout cela ne peut arriver.
Mais il y a des films qui vous hantent longtemps après que les lumières se soient rallumées, car ils touchent à des sujets bien plus terre-à-terre.



The War Game ("La Bombe" en Français) est un docu-fiction britannique datant de 1965, traitant du sujet bien réel de la guerre nucléaire, en plein milieu de la guerre froide. Pour le vingtième anniversaire d'Hiroshima, la BBC commanda un documentaire à Peter Watkins sur les effets d'une hypothétique guerre nucléaire au Royaume-Uni. Peut-être s'attendaient-ils à un film dans le rassurant style américain (tel Duck and cover : https://www.youtube.com/watch?v=IKqXu-5jw60), je ne sais pas.
Toujours est-il que le résultat a été tel que la BBC a décidé de s'auto-censurer : ce film n'a été diffusé à la télévision qu'en 1985, même s'il a pu sortir dans quelques salles de cinéma dès 1966. Selon leurs propres mots, les effets du film ont été jugés trop terrifiants pour le média télévisuel.



Tourné en noir et blanc et ne durant que 48 minutes, The War Game dépeint dans le style d'un reportage la vie des Anglais d'une petite ville au moment où la guerre cesse d'être froide. Les habitants se préparent au pire, malgré les consignes bienveillantes des autorités. Finalement, des bombes atomiques sont échangées entre les belligérants. Un missile explose. Ceux qui ne sont pas aveuglés par le flash ou tués par les effets directs de la bombe tentent de survivre à la tempête de feu qui s'ensuit, puis à l'effondrement de la société, causé par l'empoisonnement aux radiations, les innombrables pertes physiques et psychologiques, les infrastructures détruites et les pénuries.



Le style documentaire est assez minimaliste, dans un pur style BBC. Une voix monotone et détachée commente les évènements que nous montre le faux reportage.

Le film tourne en ridicule les autorités et les messages rassurants qu'ils envoyaient à la population. A l'époque, on communiquait que la guerre nucléaire était une guerre comme les autres et qu'avait un peu de préparation, on pouvait y survivre sans trop de soucis, tout comme Londres avait survécu au Blitz. Peter Watkins démonte -non, atomise- cette vision en nous montrant que la sécurité civile britannique était totalement incompétente et n'avait pas la moindre idée de ce que la guerre nucléaire signifiait.



Encore maintenant, visionner The War Game est une expérience à glacer le sang. Le style documentaire et minimaliste fait que le film n'a pas vieilli et n'a pas perdu de son impact. Je n'ose imaginer ce que ça devait faire de regarder ça dans les années 60. Après avoir vu ce film, on se dit que parfois, la fin du monde vaut mieux qu'un autre sort...

Extrait : https://www.youtube.com/watch?v=twVrnBouJ3o

dimanche 20 janvier 2013

Extrêmement fort & incroyablement près by Ärnø




… il y a plus de gens vivants aujourd’hui qu’il n’en est mort dans toute l’histoire de l’humanité.

C’est sur ces mots du jeune Oskar que débutent Extrêmement fort & incroyablement près.
Et pas besoin de s’en cacher La Mort sera le thème principal de ce film. La mort, mais perçue par un enfant pas comme les autres, Oskar, petit bonhomme, inventeur, entomologiste, francophile, et astronome entre autre, rajoutez la mention ‘amateur’ après chacune de ces fonctions mais aussi collectionneur de monnaies rares, de papillons morts de mort naturelle et autres choses bizarres.
Pour résumer, un petit gars très (trop ?) intelligent donc, qui perçoit et comprend le monde mieux que certains adultes, mais complexe puisqu’il a une peur maladive de ce monde extérieur et encore plus depuis la mort de son père. Cet homme qui le comprenait le plus au monde et qui à l’aide de petits jeux d’Expédition cherchait à pousser son fils à s’émanciper et aller vers l’autre, ce qui au final lui donne ce petit côté aventurier fantasque que l’on retrouvera juste après qu’…


Un vase tombe, se brise et entrouvre les portes d’une nouvelle quête : à quoi sert cette clé qui était cachée à l’intérieur ?


Cette aventure humaine va l’entrainer aux quatre coins de New York, à demander aux divers Black (patronyme) s’ils savent quelle serrure ouvre cette clé. Dès lors, je me dois de vous parler de la magnifique interprétation des acteurs, un des atouts majeurs de ce film.
Car oui, le jeune Oskar (dont je me rappelle honteusement plus du vrai nom) pour son premier rôle au cinéma porte le film à bout de bras et je lui promettrai bien un bel avenir devant les caméras mais je ne veux pas lui porter la guigne. Bien aidé, dans sa Grande Expédition par Max Von Sydow et ce visage des plus expressifs, impeccable en vieil homme muet, qui griffonne ses carnets pour communiquer ou lève sa main ‘oui’ ou sa main ‘non’. Ce personnage du locataire de la grand-mère paternelle, qui devient le confident parfait du petit Oskar, et lui permet enfin de surmonter ses nombreuses phobies, sa peur du monde qui l’entoure et s’exprimer à cœur ouvert sur son ressenti, la douleur extrême sans en faire souffrir sa mère…



… remarquablement incarnée par Sandra Bullock, que j’avais jusque-là toujours vu cantonnée dans des rôles insipides au mieux, de nunuches ou dans des comédies du pauvre (oh mon dieu, je me souviens encore de Miss FBI), et peut enfin exprimer son potentiel dramatique et a même réussi à m’arracher quelques larmes.
En ce qui concerne Tom Hanks, je reste assez mitigé, on l’a vu briller dans tellement de films que sa prestation ici est limite en deça, il faut dire que le rôle de défunt père d’Oscar n’intervenant que par les souvenirs de l’enfant lui laisse finalement très peu de place à côté des autres magistraux seconds rôles, le plus fort émotionnellement restant sûrement les messages laissés sur le répondeur à l’intention d’Oskar.



Stephen Daldry (The Hours) revisite librement le premier livre de Jonathan Safran Foer (déjà deuxième adaptation ciné de cet auteur après Tout est illuminé) avec maestria et nous offre au-delà de cette très belle (et triste) histoire, de belles images accompagnées d’une très belle photo, de magnifiques ralentis.

Comme le soulignait il y a quelque temps, Léonard dans le V&T de son ex-coloc, la grande différence entre le livre et le film est très certainement l’approche des circonstances de la mort du père d’Oskar, victime des attentats du 11 septembre, sans focaliser sur cette tragédie nationale.
Les relations parents-enfant sont très bien abordés, privilégié avec papa (qui essaie de l’extirper de son côté asocial) /conflictuel mais protecteur avec maman et l’approche psychologique de l’enfant un brin plus approfondie dans le livre même si le fait d’utiliser une voix off pour ses pensées est plutôt bien vu, pourtant le film se concentre uniquement sur Oscar là où le livre comporte trois trames narratives, et de ce fait des personnages sont moins mis en avant. Et deux ou trois autres choses dont je ne parlerai pas par peur de gâcher votre plaisir des yeux.

Les compositions d’Alexandre Desplat apportent cette petite touche d’émotion supplémentaire, je n’ai malheureusement pas d’extraits à vous proposer, désolé !


Bon vous l’avez compris, je vous recommande extrêmement de visionner ce film (mais en VO, le doublage de l’enfant en VF est incroyablement atroce !) mais encore plus la lecture du bouquin…

dimanche 13 janvier 2013

Multi-It: des clowns de l'espace hauts et en killer by tonsexe

The Killer Klowns From Outer Space ou Les clowns tueurs venus d'ailleurs.

Au commencement était la tequila. Enfin, ma gueule de bois de lendemain de tequila. Ensuite vint une journée remplie de choses à faire et passée à ne rien branler sinon trouver LE film qui convient aux quatre neurones qui assurent le minimum syndical de survie quand tous les autres ne font rien d'autre que baver sur un canapé.
Il en existe plein (j'ai des noms !) mais on en découvre toujours de nouveaux. The Killer Klowns From Outer Space est un de ceux là.



(Saluons le jeu de mots qui me fait dire que je suis pas le seul amateur de tequila au monde.)


Cette fois, l'humanité est attaquée par des clowns maléfiques, sanguinaires, extra-terrestres, cannibales, lanceurs de tartes à la crème acidifiées (oui tout cela) et avec un nez rouge (en plus !).





Au départ, tout va bien : une ville étasunienne ce qu'il y a de plus typique (enfin, je suppose: je connais ce pays que par une flopée de films et 6h de correspondance dans un aéroport) avec son sempiternel flic un peu facho qui arrête les jeunes sans trop de raisons, et plein de jeunes qui cherchent des coins tranquilles où se bécoter pour une raison qu'on connaît tous très bien (hein, Gna ?). Et là, c'est le drame : comme si celle qui nous avait amené The Blob en 1958 n'avait pas suffi, une météorite vilaine s'écrase sur terre et vient à nouveau nous apporter plein d'ennuis. Moi je dis, marre de ces météorites qui apportent que ruines et désolation et qui tuent Bruce Willis en laissant vivre ce bon à rien de Ben Affleck ! Non aux météorites, non aux astéroïdes, non aux anabolisants ! - Mais pardon, je m'égare...
Donc, pas de boule de gélatine carnivore en-dedans de la (saloperie de) météorite cette fois, mais des clowns (pardon, des klowns) maléfiques, sanguinaires, extra-terrestres et cfr plus haut pour leur description complète.
Ces klowns vont donc changer tous les habitants de la charmante petite ville en cocons de barbe-à-papa, et seuls quelques héros vont tenter de les arrêter (ben oui, l'unique chose crédible dans ce film c'est qu'il faut jamais se fier à un flic fasciste, donc il sera d'aucune aide, le pandore).
Et mine de rien combattre les klowns c'est pas d'la tarte (à la crème, ho ho ho) car en plus de leur vaisseau spatial en forme de cirque ils ont tout un panel de véhicules variés et difficiles à rattraper lors d'une course-poursuite (surtout si à l'instar des héros du film vous choisissez une vieille camionnette de vendeur de glaces au lieu de la solide berline de police), de redoutables pistolets qui changent les gens en barbe-à-papa (si, si: c'est redoutable, que vous soyez diabétique ou non), des pouvoirs ponctuels impressionnants (se cacher dans une boite de pizza -meilleur qu'une tortue ninja, Frankie!, arracher des têtes d'un seul coup de poing, et y en a même un qui change les ombres en dinosaure, mon rêve...), une très utile insensibilité aux balles, de la musique rock 80s insupportable rythmant leurs apparition et enfin d’inoffensifs pistolets à pop-corn (j'ai toujours pas compris à quoi ils leur servent, d'ailleurs...).
Pour ceux qui voudraient savoir si les humains vont finir par trouver le moyen de se débarrasser de ces terribles envahisseurs, je vous invite à acheter ce film, ou bien, disons à... comme moi, tomber par hasard sur le film -infâmement- mis à disposition sur un site de streaming bien connu, et ensuite souffrir d'une paralysie totale d'une durée de 90 minutes qui empêche de couper la vidéo. Pour ceux qui se demandent si c'est pour vous écrire de jolis articles ou par plaisir que je regarde ce genre de films je vous invite à considérer le fait que j'ai acheté Plan 9 from Outer Space bien avant d'être sur CIN.



(Un flic facho manipulé par un clown maléfique: toute ressemblance avec la vie de tous les jours serait purement devinez quoi...)


Les moins ahuris d'entre vous (coucou... heu... l'un d'entre vous est-il moins ahuri que les autres ?) auront peut-être fait le lien avec le clown des égouts de Ça. A ceux là (je fais coucou et) je réponds que oui mais que non. En effet, si "Ça" se veut effrayant, les joyeux klowns trashs, psychopathes et sadiques de "The Killer Klowns From Outer Space" sont juste là pour vous faire passer un franc moment de rigolade. Ici on se lance des tartes à l'acide, on porte le nez rouge et on se marre avec le spectateur. Car il faut admettre que si vous acceptez de vous intéresser à des clowns qui changent les humains en barbe-à-papa, vous ne pourrez qu'admirer le travail fait avec les marionnettes, les décors, les maquillages... (L'histoire par contre, elle reste merdique, hein.)

Que dire de plus, sinon que vraiment c'est pas de ma faute s'il est si facile à trouver par inadvertance sur un certain site de streaming, en VO ou VF selon vos préférences, ce film?
Et bien que selon wikipedia (ouais hé ho, tout le monde le fait!) le groupe Insane Clown Posse s'est inspiré de ce film pour le visuel de leur univers (mais j'ai trouvé nul part la confirmation de cette info, car je fais pas confiance à tout ce que je lis sur le net et ça tout le monde le fait pas, na!). Et pour finir, le fameux flic facho n'est autre que John Vernon (si vous continuez de lire vous comprendrez pourquoi c'est intéressant), un de ces acteurs qu'on a vu plein de fois mais jamais dans un premier rôle mémorable. Quelques exemples: un rôle dans Walker Texas Ranger, mais aussi dans Renegade (allez vous faire voir avec votre Chuck Norris : Lorenzo Lamas vaincra, là il est juste allé faire une sieste près de son animal de compagnie, le petit Cthulhu), la voix de narration dans "1984", le maire dans "Dirty Harry", je sais pas qui dans "La Coccinelle à Mexico" (c'est quand même un film!)... bref, c'est pas wikipedia qui vous en dira tant (c'est IMDB) mais il a fait des montagnes de trucs (le plus souvent dans des séries TV que ta grand-mère a vues).



(Je résiste pas à l'envie de vous présenter la pratique du buka-klown.)


Et vous voulez une surprise ? Le second opus devrait sortir en 2013 !


Sans toi, rien n'aurait été possible !

The man from earth : L'expérience de l'Histoire (avec un grand h) by Anovak

Étonnant voire même étrange, le film de [Richard Schenkman](http://en.wikipedia.org/wiki/Richard_Schenkman) regorge d’idées et nous interroge sur des notions aussi vieilles que le monde. Bon, jusqu’ici rien de surprenant me direz-vous ? C’est vrai, à en voir le synopsis, The man from earth ne fait pas rêver, mais détrompez-vous. Dès les premières minutes de ce long métrage, vous serez captés par le dialogue improbable entre un groupe d’universitaire et « l’homme des cavernes ».

Bande annonce VO : https://www.youtube.com/watch?v=lVMhEAI3pvg


C’est l’histoire d’un mec…
L’histoire, voilà le sujet principal de ce film. L’histoire d’un homme vieux comme le monde, l’histoire d’un homme qui a parcouru les époques et les tumultes de l’histoire de l’humanité. Face à des universitaires adeptes des sciences et de la rationalité, le vieux sage à l’apparence d’un individu d’une quarantaine d’années tente de prouver qu’il est né il y a plusieurs milliers d’années. Comment faire parler son expérience du monde quand celle-ci est l’Histoire des hommes ?

Rationalité, qui me parle de rationalité ?

Le concept d’Hegel se voit mis à mal dans ce récit surprenant de l’homme de la terre. Peut-on parler de rationalité dans l’histoire d’un homme ? Quand l’humanité se déploie dans le temps, John Oldman fait son petit bout de chemin, il rencontre les hommes, la faim, le froid, la souffrance et l’absurdité. Son récit est un témoignage. Il a toujours été là, il a vu l’Histoire, il l’a vécu. Oui, mais peut il apporter sa version des faits ? Son point de vue peut il rivaliser avec la science humaine qui a rationalisé les faits de notre Histoire, qui a transformé le passé en un livre tout aussi mystique que scientifique ? Il nous montre que la science parle pour nous, la science déshumanise pour mieux comprendre, la science conceptualise pour interpréter l’ininterprétable, le temps.

Ah ! L’épreuve du temps…
Qui n’a pas rêvé d’avoir du temps ? John Oldman lui en a eu plus que nous, simple mortels. Une vie de plusieurs millénaires, de quoi parcourir le monde et de quoi se cultiver, n’est-ce pas ? Un homme qui a vécu tout ce temps se doit d’être exceptionnel, il se doit de nous surprendre et de nous apprendre, il doit savoir. Comme si vivre nous donnait des réponses, comme si les années écoulées nous apprenaient les mystères de la vie. Malgré sa longue existence, John Oldman sait une chose mon cher Socrate, la même chose que vous, il ne sait rien. Il n’a pas plus de réponses et pas plus de questions que nous autres mortelles. De quoi ravir les penseurs, M. Oldman s’étonne, comme nous autres, de la grandeur d’un ciel étoilé, il s’interroge sur les mystères de la vie.

Qui est le plus borné, le scientifique ou le croyant ?
Ah, il faut avouer que ce n’est pas simple à avaler, il faut reconnaitre qu’il n’est pas chose aisé d’admettre qu’un homme défie à lui seul, un grand nombre de lois scientifiques. De plus, ce charmant individu, n’est autre qu’un être parmi les êtres. Mais est-il si difficile d’y croire ? Est-il si improbable de donner du crédit à ce qui sort du cadre des sciences ? Bornés scientifiques qui vivent dans la crainte d’être perverti par l’extraordinaire ! Ne faut-il pas parfois se résoudre et admettre son incapacité à comprendre ? Ne faut-il pas croire sans toujours essayer d’expliquer les raisons de sa croyance ? L’égo de l’homme raisonné le rend parfois tout aussi aveugle que la naïveté du chétif croyant.


Soumission librement consentie
Quand le scientifique pose ses armes, le manipulateur parle. Arme de destruction massive, le jeu du syllogisme et du je réfute mais j’approuve fait ses preuves face à l’assemblée d’universitaires qui se sont laissés abusés. John Oldman apparaît comme un bonimenteur qui donne à boire à ses disciples qui s’agenouillent devant ses propos qui semblent aussi absurdes que crédibles. On s’aperçoit très vite que ces grands esprits ont, comme chacun, besoin de croire à l’incroyable et ils s’engouffrent volontairement dans la magie de l’histoire qui leur est racontée. Il s’agit d’un jeu, le jeu du mensonge et de la manipulation, en tout cas en apparence.

Qui a raison et qui a tort ?
L’important n’est pas la vérité, l’important n’est pas la raison et la preuve. Si John apparait comme un manipulateur, c’est qu’il est difficile d’accepter ce qui nous dépasse. Il faut se soumettre au mystique et à la croyance, se courber devant l’étrangeté de certaines vérités. M. Oldman pratique la rhétorique, il met à l’honneur le sophisme et le relativisme. Pourtant, quelque chose pousse nos universitaires à croire à ses propos, un sentiment plus fort qu’un raisonnement rationnel.

A votre tour…
A votre tour de vous prendre au jeu, à votre tour de réfléchir, de vous faire une opinion sur ce dialogue aussi riche que surprenant. Comme une pause spirituelle dans un monde qui ne cesse de vanter les mérites du soi disant progrès, de la science et de la technique, ce film nous impose un instant de spiritualité. Oh oh ! Non rien de psychédélique ou d’étrange, rien qu’une petite réflexion sur les concepts simples et à la fois si complexe. Philosophie et religion, foi et rationalité bref un mélange qui prend bien avec des ingrédients parfaitement dosés. Je n’en dirais pas plus à votre tour d’être spectateur de la force de persuasion de notre puissant ancêtre à tous.

Et vous, allez-vous croire à sa sincérité ? La question n’est pas, la question n’est pas là…