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mardi 12 février 2013

Holy Motors by Ärnø

Le cinéma est là pour nous raconter des histoires, plus ou moins belles, à travers des films, plus ou moins réussis. Le film de Léos Carax est lui-même rempli d'histoires mais est surtout entouré de plusieurs histoires. En effet lui qui n'avait plus tourné de long-métrage depuis plus de dix ans, aurait bien pu de ne pas se lancer dans le tournage de Holy Motors suite au décès de sa compagne quelques jours avant la date fatidique.

Personnellement, je n'avais pas prévu de voir ce film jusqu'à ce que j'en entende une très bonne critique (je sais plus où) et que je tombe sur la tronche si atypique de l'acteur principal, Denis Lavant. Où avais-je bien pu voir cette tête qui me rappelait clairement quelque chose... mais c'est bien sûr : ce mec perturbé dans ce clip d’UNKLE feat. Thom Yorke.

Du fait, je commence à me hasarder sur les sites de cinéma pour en savoir un peu plus, la presse est unanime et encense le retour de Carax derrière la caméra... Il n'en fallait pas plus !

Ticket dans la poche, la projection commence avec une scène d'introduction des plus intrigantes où Carax himself nous ouvre littéralement les portes de son esprit, de son cinéma...





De l'aube à la nuit, quelques heures dans l'existence de Monsieur Oscar, un être qui voyage de vie en vie. Tour à tour grand patron, meurtrier, mendiante, créature monstrueuse, père de famille... M. Oscar semble jouer des rôles, plongeant en chacun tout entier - mais où sont les caméras ? Il est seul, uniquement accompagné de Céline, longue dame blonde aux commandes de l'immense machine qui le transporte dans Paris et autour. Tel un tueur consciencieux allant de gage en gage. À la poursuite de la beauté du geste. Du moteur de l'action. Des femmes et des fantômes de sa vie. Mais où est sa maison, sa famille, son repos ? (1)

... Je ne vous cache pas que sans avoir lu le synopsis, le flux des images a de quoi déconcerter les spectateurs, d'ailleurs les plus sceptiques de la salle n'ont pas attendu longtemps pour la quitter... Par contre comme dit précédemment dans un V&T, ce film est une expérience à part entière, je vous déconseille fortement de voir la bande-annonce qui dévoile trop de choses !


Monsieur Oscar (magistralement interprété par Lavant) est devenu par la force des choses un acteur que je qualifierai de mercenaire, qui accumule les contrats, se transformant au gré des contrats en personnages haut en couleurs, de manière éblouissante, quitte à jouer parfois plusieurs rôles simultanément.
... Bon je ne peux pas m'empêcher de vous parler du fameux personnage qui répond au doux nom de Monsieur Merde. Homme, bête, farfadet, je ne sais trop comment le définir, à part qu'il aime les fleurs à tel point qu'il adore en manger, déjà présent dans l'univers de Carax via le segment qu'il avait réalisé pour Tokyo triptyque avec ses acolytes Michel Gondry et Bong Joon-Ho





... car oui, la seule chose que l'on pourrait reprocher à Carax dans cette parabole sur le cinéma, la place de l'acteur et le futur de ceux-ci est d'être un brin nombriliste (et encore !). Il n'hésite pas à reprendre à plusieurs reprises des thèmes ou personnages déjà abordés durant sa carrière. Peu importe finalement, tout cela fonctionne à merveille !

Tout au long de ces différents segments-contrats, ponctués à chaque fois par les retours par la case Limousine (tiens, il faudrait que je vous parle un peu plus de cette voiture dans un article annexe), Monsieur Oscar se dévoile, sur son métier sur sa non-vie, que cela soit via les échanges avec sa chauffeur (Edith Scob), ou les dialogues avec les quelques personnes croisées (Kylie Minogue entre autres) à travers ses pérégrinations entre deux "rendez-vous". Le plus révélateur étant certainement cette réponse faite à son producteur venu le voir, un Michel Piccoli totalement méconnaissable :

Je continue comme j’ai débuté : pour la beauté du geste



on a même droit à un entracte musical à mi-film, chose rare dans les productions de notre époque (exception faite pour les productions Bollywood) mais je vous en ai déjà parlé... Resterait à vous présenter cet épilogue fantastique où les acteurs ne sont plus des humains mais les fameuses limousines mais je ne voudrai pas gâcher votre plaisir. Alors juste un dernier mot sur le générique de fin, Le Temps qui Reste de Serge Reggiani des textes magnifiques et une douce mélodie, qui apportent une touche supplémentaire en terme d'émotion.

Vous l'aurez compris, Holy Motors est un OFNI dans le paysage des productions cinématographiques de notre époque. Il ne fait pas que dévoiler des images qui se succèdent, il interroge le spectateur, un véritable travail jubilatoire ! Comme dit précédemment, mon petit bijou de l'année 2012 !



(1) synopsis honteusement pompé sur Allociné, mais pour une fois je l'ai trouvé plutôt pas trop mal

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