Salut bande de petits camionneurs en herbe (j'ai entendu dire que Wommy et Herwen en rêvaient), pompistes en devenir (Supergna étudie dur pour ça, quant à Arno il a déjà acheté la salopette pleine de cambouis) et autres futures playmates de calendriers de routiers (Mammouth et deckard signeraient des deux mains toute proposition, avis aux amateurs...),
Aujourd'hui je vous emmène dans un monde où l'homme n'est qu'une faible
proie entourée de tueurs obsessionnels dédiés à sa perte et où le danger
rôde de manière omniprésente en faisant "vroum-vroum", "VROOOOOUUUUM"
mais jamais "biiib" (ben oui : s'il klaxonne à tout va, il ne peut plus
nous prendre par surprise, le danger). Dans le sujet de cette propa
l'humanité fait face à de féroces camions tueurs !
Le scénario, la réalisation
Mais je vais trop vite, comme un camion sans frein. Pour contextualiser
un peu, sachez que le film dont je vais vous parler est tiré d'une
nouvelle de Stephen King : "Trucks". Les gens de LIRE
vous diraient sans doute que la nouvelle vaut son pesant de papiers
autant qu'un calendrier Pirelli ; et vous cinéphiles savez que certains
écrits de Stephen King ont été adaptés au cinéma avec talent, brio et
voire même parfois génie, donc... Donc autant casser tout de suite vos
illusions : ici on se trouve dans un de ces films tirés de King faits
sans talent, sans génie mais plutôt faits avec les pieds. Et encore : le
gauche. Et pas tout le pied mais seulement le bout d'ongle du gros
orteil. Et cet ongle était incarné.
Cet ongle incarné donc, n'appartenait à personne d'autre que Stephen
King lui-même. Ce sera son premier (et dernier) passage derrière la
caméra, et il se permettra même une petite apparition comme acteur
(quelques secondes, au début, le temps de se faire traiter d'asshole) un
peu à la façon de Hitchcock. Avait-il en tête l'ambition de l'égaler un
jour ? Voulait-il simplement saluer l'illustre Alfred ? (A force de
recevoir son bonjour, qui n'a pas eu un jour envie de lui rendre la
pareille ?) A-t-il fait ça sans raison ? Nul ne le sait, mais
compte-tenu du fait que ce film a crevé l’œil du directeur photo au lieu
de crever l'écran, et que tout ce qu'il a cassé c'est une caméra (le
cameraman aurait été sauvé de justesse) et pas la baraque, on espère
très fort pour Stephen King qu'il ne misait pas trop sur la suite de sa
carrière en tant que réalisateur.
Stephen King en caméo dans son propre film.
Plus tard, quand un journaliste lui demandera "pourquoi n'avez-vous plus
rien réalisé depuis Maximum Overdrive ?", King répondra "regardez
simplement Maximum Overdrive".
Les acteurs
De leur côté, à une exception près (j'y reviens), les acteurs sont une
belle brochette de plus ou moins inconnus, bien qu'une recherche IMDB
façon "j'ai pas de job, j'ai pas de copine, j'ai pas de vie" vous
apprendra que certains d'entre eux ont eu des seconds rôles minables
dans des films qui vous évoqueront vaguement quelque chose.
L'exception que j'évoquais est le rôle principal. Le héros, le beau,
celui qui sent l'cacao chaud : Emilio Estevez. Le petit Emilio est le
fils de Martin Sheen, l'inoubliable capitaine Willard d'Apocalypse Now
et le frère de Charlie Sheen. Sheen étant un nom de scène pour Martin et
Charlie(1), Estevez est le seul à avoir gardé son nom de baptême afin
de ne pas subir la notoriété de son père. Il a réussi au-delà de ses
espérances puisqu'il ne subit aucune notoriété, ni celle de papa ni la
sienne : Emilio est passé de prometteur à oublié, sans être passé par la
case star reconnue (il n'est même pas hasbeen, pourtant au moins ça
l'occuperait...).
Toutefois, j'ai une certains sympathie pour lui car il a eu une aventure
avec Demi Moore (waouw) et fut marié deux ans avec Paula Abdul (kof!
kof! La greluche prototype!): la vie affective de ce gars est à la fois
l'une des plus classe et l'une des plus minables de l'histoire de toute
sa génération!
Le pitch
Maintenant que vous savez tout de l'origine du scénario, du réalisateur
et des acteurs, il ne vous reste qu'à découvrir comment prend la
mayonnaise. Tournez la clef dans le démarreur, passez en première
(attendez que Supergna cale une fois ou deux avant d'y arriver, elle
conduit vraiment comme une jeunette de 17 ans, la petite) et
suivez-moi...
Un jour, on ne sait trop quoi donne une folle envie à certains objets de
se révolter contre les humains et de leur en foutre plein la tronche.
Comme ça. Sans raison. Après que quelques pont hydraulique, couteau
électrique et autre bulldozer aient fait leur quota de victimes un peu
partout à travers le monde(2) (qui se résume ben sûr aux USA) on se met
rapidement à suivre un groupe de survivants barricadés dans une station
service encerclée par de nombreux camions. Comme de par hasard y a un
camion avec une tête (oui une tête, j'y peux quoi moi s'il a une tête,
ce camion ?) de diable vert qui fait peur, un homme qui possède un
lance-roquette (on est aux USA mais quand même, un lance-roquette ?...)
et qui fume de gros cigares, un autre avec un chapeau de cow-boy et
quelques camionneurs bourrus mais gentils avec moustache et marcel plein
de cambouis (j'ai tenté de repérer Mammouth, sans succès).
Les survivants parviendront-ils à échapper au camion avec une tête de
monstre vert ? Atteindront-ils la côte afin de s'échapper sur un voilier
(en parlant de ça, je dis quand même chapeau pour cette idée : un
voilier avec 10 pékins poursuivi par tous les hors-bords et paquebots du
monde, c'est CA le plan du héros ?!? Je crois que je préférerais encore
tenter ma chance avec les camions, armé de ma seule planche à
roulette...)?
Le camion avec un visage, et en bonus on aperçoit les jambes d'un cameraman dans le pare-choc chromé de la machine.
La scène culte
Vous aurez compris que le scénario de ce film n'en est pas le point
fort, ni sa réalisation, et son jeu d'acteurs encore moins. Toutefois,
si Stephen King n'est pas un bon réalisateur de film, il a un réel
talent pour certaines scènes courtes (mais il merde tout ce qui les
rattacherait entre elles, c'est à dire 97% du film...), et évidemment
ces scènes sont gores. Celle d'ouverture d'ailleurs mériterait d'être
culte : un entraîneur de baseball se fait tuer par un distributeur de
canettes qui les lui crache à la tête avec une force incroyable, avant
qu'un rouleau compresseur ne poursuive ses joueurs d'une dizaine
d'années sur le terrain. "Splotch"... Selon moi, cette scène est
quasiment aussi cool que Leatherface s'en prenant à un pauvre gars en
chaise roulante : on a là des scènes gores et cruelles, sans concession
au politiquement correct.
Le blabla autour du film
On pourrait faire un parallèle entre ce film et "la révolte d'Hop Frog",
BD dans laquelle les objets se révoltent, mais bon, je dis plutôt ça
pour vous montrer que je lis aussi des BD, parce que franchement le
parallélisme ne va pas plus loin : il y a un scénario dans "Hop Frog".
Sinon les philosophes de comptoirs pourront discuter de la critique du
monde moderne amenée par ce film (révolte de la technologie, blabla...
si ça avait été mieux traité, c'eut été réellement intéressant), et ça
plaira aux écolos qui boivent leur tisane à la table à côté. Mais dès
que les alcoolos insisteront sur le fait que posséder des armes de gros
calibre est nécessaire, à l'aune des idées traitées par le film, les
écolos vont contester et recevoir des coups de tesson. Si vous êtes
écolo, sachez donc changer de sujet au bon moment si un beau soir vous
discutez avec moi de ce film.
Anecdotes
La musique de ce film est d'ACDC, un groupe de collégiens, d'après ce
que j'en sais. Cela dit, y a un morceau de Wagner qui passe lorsqu'on
voit un avion survoler un paysage. Je sais pas s'il faut y voir un
hommage au film célèbre du père Estevez. Wagner ne fait pas de la
musique de collégien, que je sache.
Le film a été doublement nommé à la cérémonie des Razzie Awards 1987 :
pire acteur pour Emilio Estevez et pire réalisateur pour Stephen King.
Les deux catégories ont toutefois été remportées par Prince lui-même,
pour avoir réalisé et joué dans "Under the Cherry Moon".
Les plus gentils esquisseront un sourire quand je soulignerai qu'il est amusant que Prince aie battu King.
Il y a quelques temps, pendant que je regardais ce film en buvant du
vin, une de ces scènes pas effrayante mais dont une variation brusque du
volume de la musique ferait sursauter les plus braves (moi-même...) m'a
fait renverser cette bonne bibine toscane(3) sur mon divan. Pour ceux
que mon divan intéresse : oui il reste une petite trace de l'accident.
(1) Je crois que ça fait rire que moi, mais lire "Martin et Charlie" me
fait irrémédiablement penser aux livres "Martine à..." et "Où est
Charlie?".
(2) Rien qu'en y repensant j'ai peur que mon portable se referme sur mes
mains et me broie les doigts. Il me faut tout mon courage pour
continuer la rédaction de cette propa, je vous prie donc d'être
admiratives.
(3) Montepulciano, je bois pas de la merde, vous croyez que c'est dans
l'eau qu'on trouve l'inspiration pour de belles propas comme ça?
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