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lundi 15 novembre 2010

Gone Baby Gone by Blondin

L’alphabet du cinéma selon Blondin – La lettre G

American Psycho, Blues Brothers (The), Collision, District 9 ... [Gone Baby Gone]

Certes, il manque la lettre "e" et "f" mais elles arriveront prochainement lorsque l'inspiration viendra ! En attendant, vous ferez avec ça !



"You are sheep among wolves. Be wise as serpents, yet innocent as doves”


Résumé :


Patrick Kenzie (Casey Affleck) allume sa télévision. Il porte un sweat-shirt blanc, un médaillon en argent et un survêtement qui lui donnent l’apparence d’une petite frappe. Une apparence qui ne contraste pas avec l’environnement au cœur duquel il exerce sa profession. Ainsi, il se confond aisément avec les gangsters, mafieux et raclures du coin. « Rusé comme un serpent mais pur comme la colombe ». C’est l’heure des informations. Que peut-il bien se passer dans le sud de Boston ? Des mauvaises nouvelles. Il faut noter que le journal télévisé n’annonce que très rarement, pour ne pas dire jamais, de bonnes nouvelles. A croire que les téléspectateurs préfèrent les larmes de sang aux rires joyeux. Ce soir-là, on parle de la disparition d’une petite fille. Il s’agit d’Amanda, dont la mère, toxicomane et nymphomane à ses heures, semble accuser le coup, impuissante face à l’enlèvement, s’il y a, de sa fille. Patrick Kenzie connait bien les histoires tragiques qui polluent l’atmosphère du quartier dans lequel il est né avant d’y faire ses armes. Ce détective privé partage sa vie avec Angie Gennaro (Michelle Monaghan) qui est également sa collègue. Le lendemain matin, deux personnes viennent frapper à leur porte, L’oncle (Titus Welliver) de la petite Amanda et son épouse. Patrick et Angie hésitent mais, sans véritablement en comprendre la raison fondamentale, vont se lancer à la recherche de la jeune disparue dès le lendemain. Guidés par leur âme mais certainement pas par leur raison. Il y a des enquêtes auxquelles il vaut mieux ne pas participer. Eux, les détectives de la zone à qui on préfère confier la traque des fuyards endettés. Ces fauchés en fuite qui font le malheur et la ruine des bookmakers. Donc les deux détectives privés font appel à leurs connaissances, appuyés par deux policiers : Remy Bressant (Ed Harris) et Nick Poole (John Ashton), eux-mêmes sous le commandement de Jack Doyle (Morgan Freeman). Ils ignorent alors qu’ils se lancent dans la découverte de la face la plus obscure de la ville de Boston. Une recherche qui se muera en véritable introspection pour chacun.


Une angoisse sociétale actuelle, un réel défi :


Le film traite d’un sujet délicat mais actuel qui n’est autre que l’enlèvement d’enfants et les actes atroces qui y sont généralement liés. Il est nécessaire de se rendre compte qu’il s’agit encore d’un thème tabou et dérangeant qui s’est notamment soldé par un refus de diffuser le film en Grande-Bretagne à l’époque de sa sortie. La cause invoquée est la proximité dans le temps de la sortie de Gone Baby Gone avec la disparition de Maddie, d’origine anglaise, dans un complexe hôtelier portugais ainsi que les nombreuses similitudes entre la trame de l’œuvre cinématographique et l’affaire anglaise. En ce sens, réaliser un film de cette trempe sans sombrer dans les clichés et dans une trame prévisible était une tâche ardue, si ce n’est une véritable prouesse. Un art maîtrisé par Dennis Lehane, l’auteur du roman éponyme dont le film est une adaptation. La pression était conséquente puisque Ben Affleck succédait à Clint Eastwood qui avait déjà adapté un roman de Lehane et qui avait donné naissance à Mystic River dont on ne pourrait taire les multiples critiques favorables. Eastwood avait mené son long métrage de ses doigts talentueux de réalisateur et on peut dire que Ben Affleck emprunte un chemin similaire dans le sens où le spectateur retrouvera ce climat noir, moite et malsain qui caractérise l’univers imaginé par l’écrivain dont les trames narratives semblent rencontrées le succès lorsqu’elles sont adaptées au cinéma.


Une vision intime de sa ville natale :


Ben Affleck offre une vision intime de sa ville natale à tel point que le spectateur se laisse entraîner sans sourciller dans les méandres des bas quartiers de Boston où tout le monde croit se connaître mais se découvre soi-même au contact des autres. On pourrait attribuer à ce long métrage le choix de la facilité en s’appuyant, une fois de plus, sur l’expertise vue et revue du bien et du mal mais Affleck étoffe cette analyse en abordant la notion de choix. Le choix des différents protagonistes qui se retrouvent confrontés à un dilemme moral. Des destins se nouent alors que d’autres éclatent. Personne n’est impartial et personne ne pourrait l’être. C’est précisément à ce niveau de la morale et du comportement des uns et des autres que le film prend toute sa dimension et toute sa complexité. Affleck et le scénariste Stockard expliquent d’ailleurs dans de nombreuses interviews qu’ils souhaitaient que « les spectateurs discutent entre eux du bien fondé des décisions prises par les personnages »


Mon avis :


Mieux que joindre un fond réflexif à son film, Affleck propose un double fond à l’instar de ceux utilisés dans les tours de magie. En ce sens, chaque coup de baguette magique emmène le spectateur vers une nouvelle surprise qui ne pourra que le lier davantage à l’enquête sur la disparition de la petite Amanda.

Rien ne semble laissé au hasard. Casey Affleck joue avec une exactitude jusque-là rarement égalée dans ses autres films, à croire que Gone Baby Gone marque la délivrance et l’affranchissement de deux personnes qui, au-delà d’une fraternité salutaire, se trouvent à leur place. L’un dans l’ombre et l’autre face à la lumière. Leur succès ne saurait être que grandissant. Cette œuvre teintée d’une infinie sincérité n’est peut-être pas parfaite mais mon souffle en demeure toujours coupé.

Le casting tient la route. Cependant Ed Harris semble un peu mou lors de certaines scènes et parait moins minutieux quant à son jeu de rôles que dans Les Promesses de l’Ombre de David Cronenberg par exemple. Par contre, Amy Ryan, qui interprète le rôle de la mère de la petite Amanda, est époustouflante, ce qui explique et justifie les nombreuses récompenses reçues par l’actrice.

Pour terminer, je dirai qu’avec Gone Baby Gone, un acteur qui n’a jamais véritablement éclos laisse place à un réalisateur prometteur. C’est ça la magie du septième art. Retrouver un acteur là où on ne l’attendait pas, en l’occurrence derrière la caméra dans le cadre de ce film que vous ne pouvez esquiver sous aucun prétexte. Foi de Blondin.

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