Rechercher dans ce blog

dimanche 28 novembre 2010

Le vent dans les saules, Terry Jones (1996) by Cowboy

The Wind in the Willows, roman écrit en 1908 par Kenneth Graham, est un classique de la littérature pour enfant outre-manche. Je ne l’ai pas lu, ni dans ma prime jeunesse, ni récemment. En revanche, j’ai récemment fait l’acquisition de son adaptation par l’ex-Monty-Python Terry Jones, son dernier film en date, et qui date de 1996. Nul doute que si vous connaissez un peu mes penchants cinématographiques, vous comprendrez l’appréhension qui m’habitait lorsque j’insérai le disque dans mon lecteur DVD. Terry Jones, si sa réalisation collait parfaitement à la comédie façon Python, et qui m’avait même surpris positivement avec quelques plans osés dans Le Sens de la Vie, adaptant une histoire fantastique destinée à un jeune public – en tous cas, le film est à priori présenté comme tel – c’était me lancer dans un monde pour lequel je n’éprouvais pas franchement d’a priori positifs, et voir le film souffrir la comparaison avec les créations de l’autre Terry des Pythons, Mr Gilliam et ses frasques depuis Jabberwocky. Et pourtant, même en me disant que j’allais me forcer à ingérer le film juste pour l’ajouter à la liste des films vus et à ne plus jamais revoir, et aussi un peu pour le casting xxl réunissant, entre autres, Eric Idle, John Cleese, Michael Palin et Terry Jones himself, c'est-à-dire quasiment tous les anciens Pythons (Gilliam avait été invité pour faire une voix-off, mais avait dû refuser pour cause de conflits d’emploi du temps), plus Steve Coogan, grand humoriste, et Stephen Fry, pour qui j’ai énormément d’admiration ; malgré ce pressentiment, je disais donc, je n’ai pas mis longtemps à être subjugué par le charme que dégage le film. Comme quoi…



Avant d’expliquer les raisons de mon adhésion au film, un petit synopsis s’impose : Mr Taupe, un grand timide qui manque visiblement de confiance en lui, vit paisiblement dans son terrier jusqu’au jour où les belettes\fouines détruisent sa maison. Mr Taupe va alors s’enquérir auprès de Mr Crapaud, personnage fantasque amateur de sports automobiles, et propriétaire du terrain, de la situation, le tout en la compagnie de Mr Rat, un amoureux de la nature, aussi futé que jovial, et, plus tard, Mr Blaireau, ermite avisé, respecté et craint pour sa force et son intelligence. De là, leurs aventures vont les amener à essayer d’empêcher les belettes\fouines de détruire le château de Mr Crapaud, vendu contre 6 voitures, pour y implanter à la place une usine de nourriture pour chien…



La grande force du film, c’est l’univers dans lequel il nous fait basculer, et ce avec un naturel déconcertant. Au beau milieu d’une Angleterre industrielle d’avant la Première Guerre Mondiale, nous ne sommes absolument pas surpris de trouver des gens grimés avec des accessoires jouer des animaux : Rat avec ses moustaches et sa queue, Crapaud avec son teint verdâtre, les fouines avec leur coiffure, Taupe avec ses lunettes et ses mitaines. Les maquillages sont simples, prodigieusement simples, et terriblement efficaces, tandis que les costumes, eux, permettent vraiment l’immersion dans le lieu et l’époque. Et cet univers garde une grande cohérence tout au long du film. Nous sommes à milles lieux du Bandit Bandit de Terry Gilliam et de son rapport entre le réel et le fantastique, ici, nous serions plutôt dans une continuation de Sacré Graal, nous acceptons sans broncher les faits surréalistes, sauf qu’à la place des noix de coco qui imitent le galop d’un cheval, nous nous retrouvons avec des animaux anthropomorphisés, et cela ne nous dérange pas le moins du monde.



Soyons honnêtes, la réal’ fait cheap, presque téléfilm, ce qui est étonnant au vu de l’âge du film et de la réputation des personnes impliquées. On est là encore loin du côté épique que Gilliam peut insérer dans ses films. Ici, on a plutôt une approche minimaliste. Les nombreux crashs se produisent hors-champ, ce qui est évidemment une question de budget, mais aussi, argueront certains, un moyen de faire travailler l’imagination, sans compter l’aspect cartoon que cela confère au film. Et puis, ça se voit que c’est fait avec beaucoup d’amour, bon sang d’bois…là, peut-être que le capital sympathie que j’ai pour Terry Jones rentre en compte, mais vraiment, le film semble être une célébration de l’amitié (qui se retranscrit dans les retrouvailles entre les ex-Pythons ; on évoque même dans le commentaire audio ou les bonus le spleen qui s’est abattu à la fin du tournage à l’idée de se séparer…c’est dire l’esprit extrêmement positif qui accompagne le film), d’une approche plus naturelle (et moins mécanique\artificielle) de la vie, une invitation à se dépasser soi-même. Bref, l’état d’esprit est extrêmement généreux, et transparaît dans la pellicule. On retrouve ça au niveau de l’interprétation, avec toute l’implication en premier lieu de Terry Jones lui-même dans le rôle de Mr Crapaud, mais aussi Steve Coogan et tout son talent dans celui de Mr Taupe, Eric Idle très juste avec Mr Rat, et, acteur que je ne connaissais pas, Nicol Williamson qui m’a fait forte impression dans son interprétation du stoïque Mr Blaireau.



Quant à l’aspect enfantin, je ne saurais trop m’étendre dessus, mais moi qui ne suis pas vraiment versé dans ce genre, je n’ai pas vraiment eu l’impression que le film s’adressait spécifiquement à ce public, même si, parfois, ça se voit qu’on ménage les spectateurs les moins alertes avec des explications un peu superflues. En revanche, le suspens est extrêmement bien mené, et le rythme général du film est extrêmement fluide. Peut-être la fin est-elle un peu expéditive, mais la mise en situation et les péripéties s’enchaînent sans que l’on voit l’heure et demie défiler.

L’humour est bon enfant, certes, mais il m’a fait sourire de bon cœur en de multiples occasions. En revanche, il ne faut pas s’attendre, n’en déplaise à l’un des commentaires dans une des interviews du DVD, à un retour à l’esprit Pythonesque. Ici, on fait face à quelque chose de moins acide, moins aventurier, mais qui n’est quand même pas dénué de qualités. Il faut juste être prévenu : ce n’est pas le dernier films des Pythons, c’est bel et bien le dernier film solo de Jones, et il est plus à rapprocher et comparer avec la filmo de Gilliam, pour le coup. Le film a malheureusement bénéficié d’une promotion désastreuse, et sa catégorisation hâtive comme film pour enfant l’a malheureusement fait passer pour ce qu’il n’était pas, c'est-à-dire un très beau film, un peu naïf, mais soigné et complètement immersif.



Voilà, je crois que c’était assez clair dans toute ma propa, mais vraiment, je ne m’attendais pas du tout à adhérer autant à l’univers du film. Même les quelques chansons qui le ponctuent m’ont plu, c’est dire. Je ne saurais que le recommander, même si, ne comprenant pas nécessairement les raisons qui provoquent ma sympathie pour le film, je ne saurais dire à quel public le conseiller. Evidemment, je ne cache pas que c’est parce qu'il fait partie de l’univers post-Pythons que j'ai été conduit à le visionner, mais nous en sommes assez loin, et, si l’on devait comparer avec l’univers de Terry Gilliam, j’aurais juste envie de dire que ce film m’a bien plus plu que Bandits Bandits et Les Aventures du Baron de Munchausen, malgré des objectifs et des moyens bien différents. Et donc désormais, j’ai vraiment envie de voir Erik le Viking

Trailer

La chanson des fouines

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire