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lundi 14 mars 2011

La MPAA by Dylan



Si vous vous êtes toujours demandé pourquoi dans les gros films américains, le sexe se faisait toujours en missionnaire, pourquoi les bisous dans les vieux films de cinéma ne duraient pas longtemps, pourquoi ils ne mettent jamais la langue ou si vous vous êtes simplement toujours demandés pourquoi certains films sont interdits aux moins de 18 ans, alors cet article est pour vous... Parce que oui ! J'ai décidé de vous parler de la censure et de la MPAA aux États-Unis. Pourquoi les États-Unis ? Parce que je pense que la plupart des gens ici regardent surtout des films américains et que je trouve que c'est extrêmement intéressant de savoir comment ça fonctionne, ne serait-ce que pour comprendre pourquoi on trouve certains films sur nos écrans...

I. Qu'est ce que la MPAA ?

La MPAA, Motion Picture Association of America est une association qui, soit disant, défend les intérêts du cinéma aux États-Unis. Tous les gros studios Américains en sont membres ( Paramount, Sony, Universal, Disney, Warner Bros, 20th Century Fox). Cette association est une bande de personnes anonymes qui regarde les films avant leur diffusion et leur donne un "rate", un symbole qui signifie la tranche d'âge qui peut voir ce film. La soumission d'un film à l'évaluation de la MPAA n'est pas obligatoire mais fortement conseillée, car un film qui n'est pas "RATED" est techniquement un film indéfini qui aura beaucoup plus de mal à trouver des cinéma pour diffuser le film. Cela veut dire aussi moins, voire aucune, publicité pour le film, zéro marketing, donc quasiment aucune audience. Sauf dans des cas très rare comme Deep Throat où en fin de compte, la censure et les débats autour des films en ont fait des films cultes que tout le monde allait voir. Mais en général, c'est l'effet inverse : si vous avez une mauvaise "note", vous avez clairement fait votre film pour rien. En fin de compte, c'est un peu comme le visa d'exploitation en France. Il y a plusieurs types de symboles : G (General Audiences - Tout Public), PG (Parental Guidance - Selon l'avis des parents), PG-13 (un dérivé un peu plus fort), R (Restricted - moins de 17 ans) et NC_17 (interdit aux moins de 17 ans).



II. Mais à quoi est-ce que cela correspond vraiment ? Sur quelles "règles" se basent les membres du comité ?

Bien que les quelques membres qui ont rompu le silence disent qu'on ne leur a donné aucune règle en soit, il y en a tout de même quelques unes. Même si, officiellement, cela reste du cas par cas.

G : General Audiences

Pas de nudité, pas de sexe, pas de drogue. La violence doit être minime ou faite en animation. Et pas de gros mots non plus.

PG : Parental Guidance Suggested

Quand on trouve des petits mots comme "shit" ou "ass" et de la nudité partielle qu'on ne voit que rapidement (ex : montrer ses fesses). Il peut également y avoir de la violence "soft" comme un coup de pied, une petite baffe.

PG 13 :

Tous les mots dérivés de "shit" (shitass, shit face, shithead), tous les dérivés de "fuck" (fuck off, fuck me, fuck up), tant qu'on ne l'utilise pas trop et PAS pour parler de sexe (et merde).

R : Restricted

Alors là, c'est la teuf, on peut parler de sexe ouvertement, tuer toute sa famille et les insulter après en fumant de la drogue. Et là vous me direz, et le sexe alors ? (Je vous ai grillés ça va hein). Le sexe est autorisé seulement en position du missionnaire.

Sont interdits :

- Le sexe oral entre femmes (voire hommes)
- La sodomie (Wulfy)
- Le fétichisme (Thoms)
- Plus de deux personnes en même temps (DDYDLS), mais non reviens !
- Les "comportements abhorrés" (ex : sucer son poney).

Alors là, c'est le drame, tu te prends un gros "Interdit aux moins de 17 ans" et tu peux dire officiellement que tu t'es fait OUNED par la MPAA. Ils sont d'ailleurs clairement dérangés par les scènes homosexuelles et les scènes d'orgasmes. À Hollywood : on ne jouit pas, non Monsieur ! Ce qui est d'ailleurs complètement dingue, c'est qu'on retrouve des scènes similaires, voire moins hardcores, dans les films gays et que, comme par hasard, eux sont interdits aux moins de 17 ans et pas les autres. Deux exemples ? Mysterious Skins a été interdit, contrairement à Sideways. Boys Don't Cry a été interdit aux moins de 17 ans, Henry & June aussi... Mais par contre, aucun problème pour montrer un type se branler dans une tarte dans American Pie...

Les réalisateurs suivants ont vu leurs films interdits aux moins de 17 ans, considérés comme pornographiques ou ont dû couper des scènes afin d'éviter ces mentions : David Lynch, John Waters, Hassel Wexler, Greg Araki, Kevin Smith, Paul Schrader, William Friedkin, Wes Craven, Kubrick, Spike Lee, Peter Jackson, Les frères Wachowski, Harmony Korine, Jean-Jacques Annaud, Alan Parker, Antonioni, Tarantino, Vincent Gallo, Sam Raimi, Jane Campion, Bertolucci, Adrian Lyne, Louis Malle (et bien d'autres encore)...


Capitaine Orgazmo, de Trey Parker

III. Ça vient d'où ?

On dit au comité qu'ils sont les "gardiens de la moralité", sachant qu'ils se basent essentiellement sur le Hays Code, code qui a été instauré aux États-Unis en 1930... Ça date un peu. Il est donc question de valeurs chrétiennes et de ne pas choquer les pauvres petits enfants innocents en les transformant en légumes. Dans un sens, le Hays Code a permis à bien des beaux films de se faire, car les réalisateurs arrivaient toujours à contourner la censure de façon inventive et originale. Par exemple, Hitchcock, pour son film Notorious, faisait parler ses acteurs entre deux baisers, histoire de pouvoir faire durer ce bisou plus longtemps à l'écran (qui devait, selon le Hays Code, durer moins de quelques secondes). Mais heureusement que le Hays Code n'est plus appliqué à la lettre, sachant qu'il interdisait quasiment tout. Il fallait présenter la famille et le mariage sous un angle favorable, respecter les valeurs morales, ne pas parler de prostitution, d'homosexualité, de sexe, d'adultère, etc, le crime devait être présenté comme quelque chose de mal, pas de drogue et si le héros était un criminel, il ne devait pas s'en sortir indemne... Mais est-ce qu'un comité (Board) a vraiment son mot à dire sur ce qui peut choquer ou non les autres ?


Boys Don't Cry, de Kimberly Peirce

IV. Petit exemple

La réalisatrice de Boys Don't Cry, Kimberley Peirce, a eu un problème avec ses producteurs, qui ne voulaient pas que le film sorte s'il était interdit aux moins de 17 ans. Vous allez me dire, le film est dans tous les cas assez violent et il est donc normal de protéger la jeunesse. Mais le problème de censure autour du film ne venait pas forcément de ce qu'on pouvait croire. En effet, il y avait trois scènes qui posaient problème au comité. La première, le fait que le personnage principal s'essuyait la bouche après avoir fait un cunnilingus. La deuxième, c'était la scène de viol (normal). Et la troisième était que l'orgasme d'un personnage durait trop longtemps. La réalisatrice ne comprit pas vraiment en quoi un orgasme pourrait faire du mal à qui que ce soit et elle avait bien raison... Pourquoi est-ce que cette scène posait un problème ? Parce qu'on ne voyait que la femme et que la scène était uniquement à propos de son plaisir à elle. Bouh les gros machos !


La Leçon de Piano, de Jane Campion

Pourquoi est-ce que quelqu'un n'aurait pas le droit de voir un film à cause d'un mot ou d'un geste ? N'est-ce pas en fin de compte interdire à quelqu'un de regarder quelque chose qu'on voit aussi dans la vie ?

V. Mais en fin de compte, est-ce là le vrai débat ?

Car lorsque les créateurs de South Park ont réalisé Orgazmo, on leur a simplement dit que le film serait interdit aux moins de 17 ans à cause des allusions trop sexuelles, mais personne ne voulait leur dire précisément de quelles scènes il s'agissait. La raison ? La MPAA n'est officiellement pas un comité de censure, mais simplement d'évaluation. Par contre lorsqu'ils ont réalisés le film South Park, on leur a donné des notes très précises sur tout ce qu'il fallait changer. Pourquoi cette différence de traitement alors que les auteurs sont les mêmes et le délire aussi ? Eh bien tout simplement parce que le premier film était un film indépendant et que le second était un film de studio. Merci Paramount !


Unfaithful, de Adrian Lyne

Le créateur de la MPAA a dit clairement que si un réalisateur faisait un film que beaucoup de monde voulait voir, il n'aurait jamais à s'inquiéter de tout ça. Il faut donc faire des films bien pensants, que beaucoup de monde pourra apprécier et donc, clairement, un film qui fait du fric. D'après Kevin Smith, si on refuse la notation, on peut vous refuser le droit de promouvoir votre film, par exemple à la Télévision. Sachant également qu'aux États-Unis, les chaînes importantes sont responsables de près de la moitié de la production des cassettes (et maintenant DVD) et qu'ils n'éditeront quasiment jamais des films interdits aux moins de 17 ans... C'est également pour cette raison que les films indépendants ont plus de mal à se faire accepter comparé aux films des studios. Car les studios, ce sont aussi souvent les distributeurs, ce sont eux qui brassent l'argent et ce sont donc eux les gros patrons. Ce qui est encore plus dingue, c'est que PERSONNE ne sait qui sont les membres de la MPAA. Plutôt étrange qu'un système public comme le cinéma soit en fin de compte dirigé par des inconnus membres d'un étrange comité. (Moi je dis, appelez Tom Hanks, c'est encore un coup des Illuminatis...) Hé oui, le cinéma de masse, c'est ça, c'est Hollywood. Alors repensez-y à deux fois avant de critiquer un film, car on ne sait pas toujours ce qui se cache derrière son histoire...

► www.mpaa.org

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