
Ce documentaire a le bon goût de commencer sur un historique assez bien fait du mouvement skinhead, rappelant avec force détails les origines populaires, l'attrait du reggae et du ska, la rencontre et la distance avec le mouvement punk qui prône des valeurs antithétiques avec l'ordre idéalisé par les skins. Là où ce film commence à provoquer la polémique, c'est lorsqu'il rentre dans les détails de la guérilla boneheads-redskins, en mythifiant les antifascistes. Malgré un certain nombre de précautions, comme la distance avec les idées d'extrême-gauche, pas mal d'anecdotes sont clairement remaniées de façon à créer une aura autour des nettoyeurs des Halles. C'est divertissant, mais le ton manque un peu de sérieux. Si les interviews des membres d'origine (à l'exception, vraisemblablement, des Ducky Boys) sont tout à fait souhaitables, et si certains font preuve de sérieux, d'autres sont clairement là pour se faire valoir (OGKim, pour ne pas le citer). On ne peut que regretter le côté unilatéral de ce documentaire, pourtant bien documenté et qui permet de faire sauter pas mal de clichés sur les neusks. Une réponse de Serge Ayoub, dit Batskin, figure éminemment connue (pas toujours en bien...) chez les skins fascistes, aurait été mise en ligne, et souffrirait du même défaut de partialité, ne devant sa crédibilité (toute relative...) là encore qu'au charisme de son principal intervenant.

Mais pour en revenir à AntiFa, il convient d'admettre qu'avant de sombrer dans la béatification des Red Warriors, le documentaire est très bien fait, tant au niveau plastique (très attrayant, un film de montage tout à fait dynamique), qu'au niveau des informations (qu'il faut juger avec un peu recul, dès lors qu'elles quittent les généralités du mouvement), et même au niveau de la bande-son (Nazi Punks Fuck Off des Dead Kennedys fera toujours son petit effet). Très probablement ridicule pour quelqu'un s'y connaissant un minimum dans la culture skinhead, il est pourtant, de mon humble point de vue, un excellent documentaire de vulgarisation, qui, pour le coup, réussit au moins dans l'objectif qui est de montrer l'envers du décors, la présence d'une altérité aux skins nationalistes, ce que des docus comme Skinhead Attitude ne font que timidement, et montrent dans le même temps le profond engagement antifasciste (SHARP, RASH, et compagnie...), la présence d'une rupture profonde au sein de cette sous-culture, trop souvent associée dans l'imaginaire collectif à la partie la plus diabolisée par les médias.
Le docu en intégralité.
Pour information, le réalisateur, Marc-Aurèle Vecchione, a aussi fait un autre docu auparavant intitulé Writers 1983-2003, sur le monde des graffeurs à Paris, et qui jouit d'une assez bonne réputation.
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