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dimanche 3 avril 2011

Citizen Kane by Carban

Premier long métrage de et avec Orson Welles, Citizen Kane est considéré, encore sept décennies après sa sortie en salle comme l'un des meilleurs, voire le meilleur film jamais réalisé. Rien que cette réputation devrais attirer le cinéphile à regarder cette œuvre majeure du cinéma du début des années 40, et c'est pourquoi après avoir mis un certain temps, je me suis décidé à visionner ce film qui à l'époque a été qualifié de révolutionnaire d'un point de vu technique.



Synopsis

Le film commence sur la mort du magnat de la presse, Charles Foster Kane. Rapidement la nouvelle fait le tour du monde journalistique. On retrace sa vie, décortique son existence. Pourtant un mystère demeure.
Le dernier mot prononcé par Kane avant de mourir est Rosebud, et personne ne sait à quoi cela peut faire référence, pas même ceux qui ont été le plus proche de lui. Qu'est-ce qu'est ce bouton de rose ?
C'est la question à laquelle devra répondre le journaliste Thompson. En rencontrant les anciens associés, femmes, amis de Kane, le reporter va découvrir la vie d'un homme hors du commun, plein de contradictions, sans pour autant pouvoir cerner clairement le personnage, tellement les avis diverges et ne se recoupent pas forcément.



Analyse

Bien qu'acclamé par la critique à sa sortie Citizen Kane n'a pas eu le succès auquel il avait droit, pour la simple raison, que l'histoire de Charles Foster Kane, s'inspire en parti d'un autre magnat de la presse, bien réel celui-ci : William Randolph Hearst, qui n'a eu de cesse de tenter d'interdire le film, notamment à cause de l'expression rosebud qui aurait qualifier le clitoris de sa maitresse : l'actrice Marion Davis.
C'est donc après avoir subit une longue campagne de dénigrement de la part de Hearst, un combat avec sa propre maison de production et beaucoup de fatigue mentale que Welles parvient à sortir son film en salle en 1941.
C'est un film moderne et novateur au niveau de la technique qu'il présente, et si les critiques s'accordent pour en faire l'éloge, le public ne suit pas.
Pourtant Welles a su faire de son film une œuvre de visionnaire comme en témoigne sa caméra sûre et audacieuse ainsi que son système narratif particulier.

En effet, le personnage principal meurt au début du film, et si on a un léger aperçu de sa vie grâce à des documentaires et films d'archive, on va apprendre à connaitre le personnage à travers les yeux de ceux qui l'ont côtoyé de prés, comme ses femmes, ses amis et collaborateurs.
Welles alterne donc entre souvenirs des uns et des autres, et l'enquête de Thompson, et il utilise tous les moyens pour nous plonger dans le passé de Kane. Archives écrites, témoignages etc. et là où le réalisateur fait montre de son génie c'est dans la manière dont il recoupe la narration de son film.
Les témoignages ne sont pas toujours chronologique, certains étant antérieur à d'autres, ou l'un s'enchainant directement à un autre, mais d'un point de vu différent. Welles essaye d'être novateur et confère à la narration de son film une originalité réelle et saisissante sans être brouillon.



On peut également noter l'existence d'un narrateur omniscient au début du film qui raconte l'histoire même du magnat de la presse, ce qui amorce le début de l'histoire. C'est d'ailleurs grâce à ce narrateur que l'on connaitra le fin mot de l'histoire et non pas du fait des autres intervenants internes au film. Le film possède donc une narration fluide et bien suivie, à la fois grâce à l'entourage de Kane qui raconte quel homme il a été, mais également grâce à ce narrateur inconnu, qui nous montre et nous dit ce que l'on n'est pas censé voir ou entendre.

Citizen Kane a également révolutionné la technique cinématographique au niveau de l'utilisation de la caméra. Les plongés et contre-plongés sont très souvent utilisés dans le film, et parfois de manière inattendue et à contre-emploi. (certaines scènes montrant une contre-plongée là où l'on aurait attendu une plongée).
Welles joue aussi énormément avec le champs de la caméra et les plans, mettant ainsi en avant certains éléments du plan, ou s'en servant dans le déroulement de la séquence, changeant ainsi le point du vue ou attirant l'attention du spectateur sur un autre élément.
Le réalisateur aime jouer avec sa caméra comme le montre la première scène du film où la caméra passe à travers une grille et une fenêtre de manière fluide et sans coupure, s'infiltrant ainsi dans une nouvelle séquence sans coupure.



On peut également noter une large utilisation d'effet spéciaux dans le film (chose peu courante pour l'époque), notamment au niveaux des décors, ceux-ci étant souvent fictifs (utilisation de diapo ou de toiles peintes.)
Outre les trucages divers au niveau de l'utilisation de la caméra et de la manière de filmer (jeux de lumières, utilisation de la pellicule...), on peut également noter d'autres montages, comme Kane apparaissant à côté d'Adolphe Hitler sur une vidéo.
Orson Welles n'hésite pas à se servir d'images d'archive pour enrichir son film et son personnage.

Mais Citizen Kane, c'est aussi des acteurs, notamment la troupe du Mercury Theatre (dont est membre Welles) qui permettent à ce film d'être ce qu'il est. L'interprétation de Welles en Charles Foster Kane et s'étalant sur plusieurs décennies est saisissante. Dans le peu de temps que retracent les témoignages, on peut voir l'évolution d'un homme, de son développement et ses contradictions et finalement sa mégalomanie qui n'a pour seule compagnie qu'une solitude presque touchante. Kane est à la fois un personnage détestable et attachant. Mauvais mari, mauvais ami, qui ne veut accorder de l'importance qu'aux apparences, et qui portant aurait besoin de bien plus. Un personnage qui comme le dit son meilleur ami dans le film, demande beaucoup d'amour, alors qu'il en a si peu à donner.
Welles nous offre donc une prestation magistrale. Celle d'un homme complexe et difficile à cerner.
A ses côtés on peut voir de nombreux acteurs qui débutent aux côtés de Welles comme Joseph Cotten, Dorothy Comingore, Ruth Warrick ou encore Everett Sloane qui nous présentent le personnage de Kane, souvent de manière pathétique, l'étant eux-même d'une certaine façons.
On peut également noter une qualité au niveau des dialogues, certains restant à l'esprit, comme une tirade d'Everett Sloane sur l'étrangeté de la mémoire.



En conclusion, Citizen Kane est un grand film, qu'il faut voir avec un certain recul néanmoins, et qu'il faut replacer dans son contexte. Ce film a 70 ans. Pour beaucoup il peut sembler ennuyant, aspect renforcé par sa forme, qui pourrait ressembler à celle d'un documentaire réalisé à la mort d'un quelconque homme publique. Néanmoins le procédé narratif, la qualité des acteurs, et le déroulement même du film, suffisent à attirer l'attention, sans compter la curiosité inspiré par ce fameux Rosebud dont on peut essayer de deviner la signification mais qui ne pourra que surprendre lors de sa révélation, compte tenu de la vie de ce personnage atypique.
Un film à voir, pour sa réputation, et parce qu'il s'agit d'un grand classique du cinéma, sans compter la parfaite réalisation dont il jouit.
Il est sans doute difficile aujourd'hui de classer ce film, compte tenu du cinéma moderne mais malgré la différence d'époque ce film mérite la place qu'il occupe dans le monde du septième art.



Divers :
- Tout le film repose sur un non-sens très facile et rapide à découvrir.
- Charles Monthy Burns des Simpsons est largement inspiré de Kane (histoire personnelle, son château et la clôture avec le "B" etc.). Le film inspirera la série de Groening à de nombreuses reprises.
- Citizen Kane possède de nombreuses références dans les milieux de l'art en général.

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