Rechercher dans ce blog

lundi 18 avril 2011

Master & Commander by Carban

5 ans après le mythique The Truman Show et 14 ans après l'oscarisé Dead Poets Society, Peter Weir revenait en 2003 avec un nouveau film, qui cette fois-ci nous emportait sur les océans du bout du monde.
Avec un thème assez peu utilisé au cinéma et une tête d'affiche comme Russel Crowe, Weir nous promet un grand film d'aventure maritime. Promesse tenue ou non ?



Synopsis

Au début des années 1800, le navire anglais HSM Surprise est attaqué par un navire français, l'Acheron. Le capitaine Jack Aubry, commandant du Surprise décide contre l'avis de son équipage de se lancer à la poursuite de son agresseur à travers tout le Pacifique afin de laver cet affront.
Bien que voguant en mers inconnues et malgré la supériorité de l'Acheron, rien ne pourra faire changer d'avis le capitaine, pas même son fidèle ami Maturin, médecin de bord et naturaliste passionné.



Analyse

Chose frappante chez Peter Weir, et notamment dans ses films d'aventures, c'est la grande qualité dont jouit la photographie. On a pu le voir récemment dans The Way Back et ce n'est pas son précédent film Master & Commander qui déroge à la règle. Et pourtant filmer en mer n'est pas forcément la chose la plus aisée à faire. Pourtant le réalisateur nous ravit avec des images exotiques tout à fait sublimes.
Outre l'image même de l'océan en général, Weir nous emmène jusqu'aux Galapagos et nous fait arpenter un monde intimiste et inconnu et c'est avec l'équipe du Surprise que nous voguons à travers le Pacifique pour en découvrir les secrets et les dangers.
Le film recevra d'ailleurs l'Oscar de la meilleure photographie, récompense largement méritée au vu des images que nous offre le long-métrage.



Et pourtant le scénario lui-même était risqué. En effet, sans aller jusqu'à parler de huis clos, nous ne quittons jamais le Surprise sauf pour suivre les personnages principaux durant une rare escale. Il fallait donc pouvoir traiter un sujet avec peu de marge de manœuvre et rendre un duel sans fin entre deux navires haletant et passionnant.
Cela pourrait marcher facilement dans un livre, mais comme on a pu souvent le remarquer, ce qui fonctionne en littérature ne fonctionne pas toujours sur grand écran. Le film est cependant une adaptation combinée de plusieurs romans de l'écrivain Patrick O'Brian, les personnages de Aubry et de Maturin en étant les protagonistes principaux.
Malgré les difficultés imposées par les restrictions du scénario, Weir parvient à rendre son film intéressant et à nous raconter la vie d'un équipage militaire au début du XIX siècle.
Afin d'y parvenir il n'hésite pas à multiplier les personnages secondaires, se penchant sur certains avec plus d'attention, et c'est ce qui confère au film son attrait.

En effet, outre Russel Crowe qu'on ne présente plus, surtout depuis l'Oscar qu'il a gagné trois ans auparavant, et qui joue toujours à la perfection et sans fausses notes, le film possède de nombreux personnages contrastés, qui permettent de mettre en avant la difficulté de la vie à bord d'un vaisseau de guerre.
Le personnage d'Aubry reste forcement le plus intéressant. Officier au sang froid, courageux, sévère mais juste, intransigeant et borné et qui pourtant est prêt à tout pour ses amis proches. Le rôle a tout de suite séduit le comédien, qui aime les personnages au caractère marqué, et on sent qu'il s'investit comme à l'accoutumé entièrement dans son rôle, prenant possession du capitaine Aubry.
Le second rôle est celui de Maturin, interprété par Paul Bettany, bon dans sa prestation. Médecin fidèle et dévoué, c'est aussi un naturaliste précurseur, en avant sur son temps, qui voit en ce voyage l'opportunité de découvrir de nouvelles espèces animales et végétales. Souvent en désaccord avec Aubry, on ressent la force de leur amitié et de leur loyauté malgré les disputes. Une certaine complicité est présente entre les deux acteurs qui avaient déjà tourné ensemble par le passé dans Un Homme d'Exception.
À noter une apparition de Billy Pipin Boyd.



Les seconds rôles tous aussi présents, permettent de mettre en avant les tensions, les difficultés et parfois l'insubordination qui peuvent naitre dans un lieu isolé. Mais c'est aussi l'occasion de montrer l'entraide et la solidarité dans les moments difficiles. On pourra noter la performance du jeune (au moment du tournage) Max Pirkis qui interprète un jeune officier d'une douzaine d'années, les marins pouvant être très jeunes à l'époque, et qui arrive à tirer son épingle du jeu dans ce monde d'hommes. À noter le côté amusant du gamin de douze ans qui crie et donne des ordres à des marins pouvant être son père.
Le film en général reste très bien interprété et permet de rendre compte du monde marin en général (absence de vent, tempêtes, batailles, blessures, ainsi que de la forte superstition qui l'habite). À noter que les figurants ont été recrutés à peu partout et sont originaires des quatre coins du monde, le réalisateur voulant trouver des visages "d'époque" et non des gravures de mode.

La musique, qui est toujours essentielle dans un film d'aventure, est bien présente et témoigne de la bataille acharnée qui oppose les deux vaisseaux de guerre. Celle-ci, écrite par de nombreux compositeurs, alterne les moments de tension et les moments de détente, durant les escales, ou l'utilisation de plusieurs morceaux de musique classique, notamment durant les repas des officiers du Surprise, afin de donner au film les effets souhaités.

Autre point important du film, le lieu de tournage : le navire Surprise. Afin de crédibiliser son film, c'est un véritable trois-mats qui a été utilisé pour les besoins du long-métrage et qui a été retravaillé pour le rendre le plus réaliste possible aux navires britanniques de cette époque. Ainsi pour en garantir l'authenticité, l'équipe du film s'est largement documentée.
Le seul tournage n'ayant pas lieu en mer a été fait sur les îles Galapagos, fait assez rare, puisque c'est la première fois qu'un film est tourné dans cette région du monde connue pour la diversité de sa faune et de sa flore. Il aura fallu de longues négociations pour que l'équipe puisse recevoir l'autorisation de filmer dans cette zone protégée, mais au final cela nous permet de visiter sommairement ce lieu inconnu.

Le film, outre l'Oscar de la meilleure photographie, a reçu l'Oscar du meilleur montage sonore et avait été nominé pour 8 autres statuettes, notamment celle du meilleur film et celle du meilleur réalisateur.
On peut donc dire que Peter Weir réussit son pari et nous offre un excellent film, malgré des risques de longueurs assez présents.



Pour conclure, Master & Commander est un excellent film, à tous les niveaux. On ne s'ennuie pas, on découvre un univers qui n'est pas souvent traité au cinéma (surtout ces dernières décennies) et le long-métrage jouit d'une attention soignée globale. On retiendra la performance de Russel Crowe qui bien que très bonne, reste en-dessous (selon moi) de celle de Gladiator, mais son personnage reste comme toujours intéressant et comme dans chacun de ses films, il parvient à lui conférer une force de caractère saisissante.
Peter Weir quant à lui rend un bel hommage à O'Brian, décédé quelques années plus tôt et nous livre un film réaliste et fidèle sur le monde de la marine et sur le travail de l'auteur.
Un très bon film d'aventure à voir et à revoir, que je conseille à tous.



Divers : Dans le roman, il s'agit d'un vaisseau américain et non d'un vaisseau français. Cependant quand le film a été réalisé en 2003, la France étant mal perçue aux USA (refus de la guerre en Irak, etc), il a été décidé de changer l'origine du navire. (De nombreux faits similaires se retrouveront dans le cinéma hollywoodien de cette période.)


Soundtrack - divers
Trailer

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire