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lundi 12 septembre 2011

90 films résumés en trois cases de BDs by Oscar

Dans une célèbre librairie, hier.
DDYDLS vient m’extirper de mon rayon, et me montre, l’air livide, deux livres. Je ne tique pas.





90 Films Cultes à l’usage des personnes pressées.
90 Livres Cultes à l’usage des personnes pressées.


Un recueil de résumés et de fiches de films / livres, il est vrai que c’est chouette pour ceux qui veulent commencer à se plonger dans un domaine qu’ils ne connaissent pas.

J’ouvre l’ouvrage réservé aux « films cultes ».

Parés pour un exemple ?

Ceux qui n’ont pas vu Pulp Fiction (même si ça m’étonnerait),

SPOIIIIIILEEEEERS.
(Vous ne rêvez pas, il s’agit bel et bien d’un livre qui, en trois cases de BDs, résume l’intrigue de 1h30 (en moyenne) de film.)

Psychose, Citizen Kane, Platoon, Casablanca, Alien, À la recherche du Temps Perdu, etc.
Alors, quel est le problème, en soi ?

Tout d'abord, je tiens à préciser que l'on pourrait trouver une ressemblance entre ces livres et les vidéos de 5 secondes résumant des films.
Mais non :
Les vidéos de 5 secondes (que ce soient des lapins ou de thatguywiththeglasses) ne prétendent pas vouloir donner une connaissance solide en cinéma après les avoir visionnés. Ces livres, si.

Voici le mot de l’éditeur que l’on peut voir apparaître sur le site de la FNAC :

« Suite au succès critique et public de 90 livres cultes à l’usage des personnes pressées, la fine équipe du premier opus, Henrik Lange (Suède) et Thomas Wengelewski (États-Unis), remet le couvert et s’attaque au 7ème art.
Considérant que la durée moyenne d’un long métrage est de 90 minutes, il vous sera beaucoup plus aisé de consacrer votre temps à la lecture de 90 films cultes afin de vous construire la culture cinéphile dont vous aviez toujours rêvée. Du Voleur de bicyclette de Vittorio De Sica à Délivrance de John Boorman, en passant par des chefs-d’œuvre du patrimoine cinématographique mondial comme Dirty Dancing de Emile Ardolino et Showgirls de Paul Verhoeven, 90 films cultes à l’usage des personnes pressées complètera avantageusement dans votre bibliothèque l’intégrale des fiches de Monsieur Cinéma de Pierre Tchernia.
»


Retenons, pour l'instant, seulement ceci :

« Considérant que la durée moyenne d’un long métrage est de 90 minutes, il vous sera beaucoup plus aisé de consacrer votre temps à la lecture de 90 films cultes afin de vous construire la culture cinéphile dont vous aviez toujours rêvée. »


Peut-on ici parler d’une construction de « culture cinéphile » ? Ma culture cinéphile est certes peu complète, et j’ai beau être pressée (puisque ça a l’air d’être suffisamment important pour être souligné), j’ai sursauté en voyant le contenu de l’ouvrage afin de ne pas me faire gâcher deux films par inadvertance. Peut-on être pressé et inéluctablement ne pas prendre le temps de se cultiver, de se renseigner par soi-même ?

Premier problème.
Ce livre pose comme acquis quelque chose qui ne l’est pas forcément.

Ce genre d’ouvrage peut alors être considéré comme assistant social, indiquant où aller chercher aux personnes un peu perdues dans des domaines qu’elles ne connaissent pas. Soit.
Doit-il pour autant se permettre de gâcher le processus d’initiative intellectuel et le résumer à si peu de choses ?

Second problème.
Ce n’est pas la bonne manière de faire valoir la culture aux yeux de toutes personnes, et ce même « pressées ». Non pas que je sois en train de dire que les personnes pressées n’aient pas droit à la culture. Elles ne méritent simplement pas de se contenter d’ersatz, et d’une définition boiteuse de la « culture » et de la « cinéphilie » et ce à leurs dépens.
Elles sont juste pressées, et se « construire une culture cinéphile », c’est du temps à investir. Et il faut le prendre. La culture n’est pas que de la synthèse toute prête que l’on peut retrouver dans des livres de 100 pages. Ce n’est pas quelque chose de fini que l’on paye 7 euros à la caisse et dont on prendra un quart d’heure à lire. C’est une construction continuelle.
On se retrouve encore et toujours face à la vulgarisation de l’art, mais qui plus est, ici, qui ne s’assume pas et qui se prévaut jusqu’à être égal à la culture cinéphile de celui qui regarde chaque minute d’un travail qui a lui, été accompli pendant de longs et longs mois.


Tout n’est pas égal. Tout ne se vaut pas.
Et le processus de visionnage d’un film pendant 1h30 ne vaut pas celui de 5 secondes de la personne pressée. Le travail de toute une équipe de film ne vaut pas trois cases de bande mal dessinées.

Et la culture ne mérite pas qu’on se prétende égale à elle seulement lorsqu’on la singe.

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