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lundi 10 octobre 2011

Robocop – Paul Verhoeven by Wayne

Jusqu'en 1987, Verhoeven réalise des films dans son pays natal, à savoir les Pays Bas. Des films à la réputation sulfureuse, puisque le réalisateur aime à provoquer et par ses idées, et par ses thèmes chers : la violence et le sexe - obsessions parfaitement transposées à l'écran par son film « Flesh+Blood » sorti en 1985, un titre évocateur ! Pour la petite histoire, certains critiques le surnommaient « le Hollandais violent » ; violent mais pas dénué de talent, loin de là comme peut le prouver l'exceptionnel « Le Quatrième Homme » (critique disponible dans les archives et alpha cin) qui sera la base d'un de ses films les plus connus plusieurs années après : « Basic Instinct ».

C'est donc en 1987 que Verhoeven vient taquiner l'oncle Sam, avec son tout premier film sur le territoire américain : « RoboCop ». Ce film n'est pas seulement le début de sa carrière américaine, mais aussi le début d'une sorte de trilogie axée sur la science-fiction complétée par « Starship Troopers » et « Total Recall », chose complètement nouvelle pour lui. Je n'inclus pas « Hollow Man » pour une simple raison : c'est le seul film fantastique/SF de Verhoeven qui ne va pas donner des grands coups de pied au cul à la société américaine. Cette société, il la déteste, c'est une vraie haine cynique qui l'anime, et lui, pour son premier film sur le sol américain, il en remet une couche ! Un sacré pied de nez : « je viens chez vous pour que mon film soit vu par tout le monde, et je vous en mets plein la gueule grâce à vous »...



Dans le futur décrit par RoboCop, les politiciens sont véreux, associés aux trafiquants de drogue. Le gouvernement est fasciste, et la propagande omniprésente. La critique est solide, crue, acide et acerbe. Tout le génie de Verhoeven dans ce film est de nous l'imposer sous une violence frontale et bestiale. Beaucoup de personnes ont regardé RoboCop comme un défouloir, et pourtant tout l’intérêt de ce film se situe derrière : le film est violent, très (regardez le director's cut), mais rien n'est gratuit.

Le film s'en prend aux médias, une critique très visible cette fois ci : entre les sitcoms complètement débiles qui passent à la télé, et les journaux télévisés avides de sensations ainsi que de publicités inutiles. Toujours avec le sourire ! Et pendant ce temps là se pose la question des travailleurs, de plus en plus remplacés par des machines bien plus économiques ; grandeur et décadence, voici qui pourrait résumer le monde dans lequel se déroule l'action. Des édifices représentant la richesse et la puissance longeant les quartiers pauvres, et pourtant, aucune interaction entre eux... Les riches n'ont que faire de cette population, ou plutôt de ce frein.

C'est dans ce futur pessimiste que le projet RoboCop voit le jour. Devant la montée en puissance du crime dans la ville, la multinationale OCP – Omni Consumer Product – qui contrôle la police de Detroit, mais qui a aussi la main mise sur le marché robotique, les prothèses et les armements, décide de tester une nouvelle forme de police. Une police qui pourrait être active 24h/24, dotée d'une puissance de feu inégalable, des réflexes supérieurs à ceux des flics actuels, qui ne mange pas, ne boit pas... enfin qui fait son taff et qui coûte pas cher en somme.
Ils construisent donc un robot-flic : l'ED 209, mais pendant une présentation du produit, tout dérape et l'ED 209, manquant de discernement humain, est complètement abandonné.
Un cadre propose alors son projet RoboCop : il prévoit de pouvoir fusionner un robot avec un flic. Une solution qui permettrait de palier aux défauts de l'ED 209, en gardant ses avantages techniques. Le projet est accepté... Il n'y a plus qu'à attendre qu'un flic se fasse tuer pour avoir le cobaye.




C'est là qu'intervient le héros du film : Alex Murphy incarné par Peter Weller. Brave flic muté à Detroit, celui-ci tombe dans une embuscade lors d'une mission dans les quartiers mal-famés, et se retrouve laissé pour mort, grièvement blessé. L'OCP a enfin son cobaye : ils purgent la mémoire de Murphy et la transfèrent dans un corps cybernétique ayant l'apparence d'un exosquelette.
Si RoboCop donne ses fruits très rapidement et nettoie la racaille comme il faut, au bout de quelques temps, son côté humain refait surface sous forme de cauchemars et de doutes, se rappelant même à un moment de son assassinat... RoboCop, contre toute attente, se lance à la poursuite de ses assassins, assoiffé de vengeance.

Le film est sans temps morts, grâce à une réalisation complètement maîtrisée par Verhoeven qui a cette capacité à nous interpeller avec ses images, nous plongeant au cœur même de sa violence. Les effets spéciaux ont certes un peu vieilli, mais sont pour moi toujours aussi efficaces et bien plus beaux que des CGI mal utilisés (quasi tout le temps en ce moment donc). Le passage de la « transformation » de Murphy fait toujours son petit effet, et Verhoeven rivalise d'inventivité pour rendre ses plans les plus intéressants possible. Même les stop-motion sont à mon avis une super idée, renforçant un peu plus encore cet aspect mécanique et froid que veut nous faire passer le film.

Ce film, je l'ai vu petit en VHS, et je peux vous dire que dans ma tête de gosse, ça a fait un gros « splash », à l'instar de la scène de l'acide qui m'avait choqué à l'époque et dont je me souviens encore ! Avec l'âge que j'avais, difficile de saisir toute la substance de ce film, mais ce qui en apparence est un film de série B violent et sanglant offre une lecture parallèle plus qu’intéressante et subtile, qu'on ne voit que trop rarement dans un film tel que celui ci.

RoboCop est donc un film que je recommande à tous. Je vous recommande de le voir, ou de le revoir en faisant attention à toute cette critique qui ne fait qu’accroître notre compréhension d'un chef d’œuvre des années 80, et le sublime.

1 commentaire:

  1. Ce site est idéal pour regarder des films https://papystreaming.wiki/. Je vous conseille donc de regarder de plus près.

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