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lundi 14 mai 2012

Un film de la seconde guerre mondiale by Arlequin

La contrainte de cet article était d'utiliser un maximum de titres de films traitant au sens large de différents aspects de la deuxième guerre mondiale dans une histoire cohérente

Saurez-vous retrouver tous les films utilisés?



Avant de partir, j'aurais au moins pu dire « au revoir les enfants », mais il vaut mieux que je les quitte en silence. Je m'en vais faire la guerre et ce n'est pas un jeu, même si on récompense les meilleurs d'entre nous avec des décorations comme la croix de fer. Ces babioles prisées ont le même effet que le discours d'un roi. Rassérénés, les bénéficiaires peuvent exulter, se prendre pour le soldat-dieu et s'écrier dans l'euphorie « A nous la victoire ! » Ce n'est pas un jeu. Je n'aurai pas d'uniforme. On pourrait me repérer trop facilement. Je n'ai pas d'expérience ; Je ne pourrai jamais participer à un événement aussi spectaculaire que l'odyssée du sous-marin Nerka, par exemple. Mais je n'ai pas de telles prétentions. Je suis un lâche. Au mieux, je serai un héros très discret à l'instar de monsieur Batignole. Pour commencer, je vais passer par le viager pour emporter le vieux fusil avant de rejoindre le maquis, l'armée des ombres, la Résistance ! D'après la dernière lettre que j'ai reçu, je dois me rendre un week-end à Zuydcoote. Une fois sur place, en lien avec le patient Anglais, mon contact local, je ne devrai pas en dire plus sur mes opérations. On sortira tous bientôt de cet enfer. On raconte partout que les Allemands ont été vaincus à El-Alamein ainsi qu'à Stalingrad. Oh je sais bien que tout ça c'est terriblement loin ! Pour s'en rendre compte, il faudrait commencer par prendre un taxi pour Tobrouk. Je le ferai peut-être après la guerre pour plus de sécurité, histoire de faire bon voyage sans risquer de tomber sur Rommel, le renard du désert. Cependant, Berlin a eu beau jeu de construire le mur de l'Atlantique ou d'installer les canons de Navarone, rien ne pourra éviter la chute de ce régime totalitaire. Et dire que M. Hitler a eu les plans du débarquement sous le nez ! On a pas fini d'entendre parler de l'affaire Cicéron. Quoique, pour le moment, on raconte surtout que l'Axe est accaparé par les offensives répétées de Patton.

Je pourrais très bien attendre la fin de la guerre. C'est exactement ce que j'ai fait jusque là, mais j'ai bien réfléchi. Comme beaucoup de monde, tant que ces messieurs réglaient leurs différends à coups de torpilles sous l'Atlantique, cela ne me dérangeait pas. Ils ne troublaient que le silence de la mer. Vous connaissez le dicton. Quand passent les cigognes on regarde en l'air. Quand les panzers ont percé dans les Ardennes, j'ai fait le dos rond, surpris et terrifié... Quand les aigles attaquent, mieux vaut ne pas être sur leur passage ! Comme beaucoup de monde, j'ai pesté contre la débandade catastrophique de la « première armée du monde » qui ne contrôlait plus rien, ses effectifs jouant les égarés. Rendez-vous compte, l’État Major se demandait carrément « Mais où est donc passée la septième compagnie ? » Elle cherchait soit-disant la vache et le prisonnier. Dans ces conditions, comment ne pas être envahi par le chagrin et la pitié ? La guerre, l'occupation et les privations allaient bouleverser mon train de vie et mon patriotisme déçu. J'aurais dû m'engager pour combattre à la mémoire de nos pères tombés auparavant ; J'aurais pu avoir du courage, comme les soldats de l'ombre, mais j'aurais été bien fou de prendre le bateau pour gagner les cotes britanniques pendant que les hommes de de Sa Majesté, toujours à la merci de l'U-571, criaient à qui voulait l'entendre « Coulez le Bismarck ! » Je ne suis pas le renard des océans, hein ! Et puis rendez-vous compte : Le maréchal Pétain, cette légende vivante de 14-18 prenait la tête d'une zone libre de l’État ! Avec lui, nous n'aurions plus rien à craindre. En plus, tout le monde attendait avec impatience la première victoire des Alliés, qui, il faut bien l'avouer, mit un temps fou à se faire connaître. En ces temps là, il y avait peu de monde à jouer ouvertement les insurgés pour défier la toute puissance de la Wehrmacht. Comment pouvions-nous imaginer passer de l'enfer à la victoire ?

A part les exploits perpétrés en Norvège par les héros de Télémark, il fallait remonter à la bataille du Rio de la Plata pour avoir de bonnes nouvelles ! Il y avait bien eu l'effondrement de la Luftwaffe lors de la bataille d'Angleterre, mais on en entendait pas trop parler à la radio. On a plutôt su que l'Empire du soleil levant est entré dans la danse en bombardant Pearl Harbor par surprise en 1941. Il paraît que les pilotes nippons criaient « Tora ! Tora ! Tora ! » et que les américains répondaient « Horreur ! Horreur ! Horreur ! » La guerre s'est alors déplacée dans un lointain et silencieux duel dans le Pacifique tandis que les nazis campaient devant Moscou. Que pouvais-je y faire ? Je ne suis pas le Sauveur ! A l'autre bout du monde, à Kokoda, le 39ème bataillon pouvait endurer toutes les souffrances possibles pour protéger l'Australie dans l'indifférence générale, la fin de ce conflit semblait se préciser chaque jour davantage, même si les japonais sont tombés sur les diables de Guadalcanal. J'aurais pu entrer en Résistance, mais il était devenu impossible de connaître les aspirations de chacun : il fallait survivre avec les loups en ces temps de dénonciations aux Allemands et de marché noir. C'était la grande débrouille. Et puis le Maréchal Pétain, notre guide à tous, a bien promu la « Collaboration ». Mieux valait être dans le camp des vainqueurs.

Je suis loin d'avoir eu un comportement irréprochable. Je ne suis pas John Rabe. Cependant j'ai franchi la ligne rouge sans pouvoir reculer : Je n'ai absolument rien fait quand mes collègues ont préparé et exécuté la rafle du Vel d'Hiv en devançant les exigences germaniques ! Dans ce qui m'a semblé être le jour le plus long de toute ma vie, j'ai assisté impuissant à cette opération menée par l'armée du crime, sans oser y croire alors que les preuves de la barbarie humaine étaient là, sous mes yeux. « Heureusement », il paraît que des photographes, l'arme à l'oeil, ont immortalisé l'impensable ! C'est le neuvième jour après ces évènements que j'ai dû ouvrir les yeux. Dans le monde, d'autres témoignages ont afflué. Un condamné à mort s'est échappé d'un camp de travail et a tenté de prévenir les anglais des conditions déplorables rencontrées sur place. Devant cette photo où l'on voit le garçon au pyjama rayé, les rescapés de Sobibor ont évoqué des choses impensables. Suite à leur planification de la grande évasion d'octobre 1943, ces personnes purent témoigner des différences entre un « camp de travail » et le stalag 17. De plus, en 1943, l'ultime révolte du ghetto de Varsovie fut bien une preuve indiscutable de barbarie, mais elle a mis du temps à nous parvenir. A côté de ces horreurs, les Allemands ont cru pouvoir duper l'Europe en accusant les Russes à propos de Katyn. Je ne peux plus me contenter d'attendre lâchement. En complotant la nuit des généraux Allemands ont finalement lancé l'opération Walkyrie pour renverser le dictateur ! Il abattit ses foudres sur les douze salopards qui l'avaient trahi avant de se terrer dans la forteresse noire de Berchtesgaden. Pour eux comme pour la résistante Sophie Scholl, les derniers jours furent terribles.

Je n'ai pas le choix. Le vent tourne. Alors que dans le Pacifique on se demande en haut lieu qui sera le premier américain à Tokyo depuis la bataille de Midway, ici, les mentalités évoluent devant les défaites allemandes. En Italie, Hitler s'attendait peut-être à un miracle à Santa-Anna, en vain. Ses troupes, harcelées par la mafia de Lucky Luciano, ont bien dû finir par quitter le jardin des Finzi-Contini. Aujourd'hui, je suis sûr que tout le monde résiste puisque Babette s'en va-t-en guerre et, le comble, même papy fait de la résistance ! Et puis il ne faut pas oublier l'essentiel. Dans cette guerre, au delà de la gloire, tous les hommes sont importants. On raconte bien que les Américains ont déclaré en Normandie : « Il faut sauver le soldat Ryan ». Vous voyez ? Un peu comme le capitaine Corelli en Italie, tout combattant est important. Peut-être pourrais-je servir à la Résistance dans la bataille du rail pour freiner l'occupant ? A ce sujet, on est resté longtemps sans nouvelles de l'express du colonel Von Ryan. Aurait-il été pris ? Oh que non ! L'aigle s'est envolé ! Une fois bien à l'abri, ce dernier aurait déclaré : « Mon Führer je vous quitte ». Même les officiers décampent ! Quand on a vu le caporal épinglé complètement fou demander « Paris brûle-t-il ? », on comprend ces désertions. Enfin, il faudra surtout bien se coordonner avec nos glorieuses forces de Libération. Par exemple, il paraît qu'un commando fait l'impossible pour détruire le pont de la rivière Kwaï, pendant qu'un autre protège le pont de Remagen pour que les Alliés puissent franchir le Rhin.

On serait presque en droit de dire que la vie est belle ! Dans quelques temps, le soleil va se lever sur un monde en paix. Je me souviens encore des notes jouées par le pianiste de l’hôtel avant la guerre, lors de la fête donnée pour le mariage de Maria Braun. Maria ? Je n'en suis plus si sûr : Peut-être qu'elle s'appelait Sarah. Mais ça n'a pas d'importance. Je peux bien encore une fois me repasser le film de ma vie dans cette satanée guerre. J'ai agi comme un lâche. Par contre, il y a quelque chose qui me galvanise et qui me terrifie aussi depuis mon entrée en Résistance ; C'est qu'au final, tôt ou tard, les bourreaux meurent aussi. Même si nous avons tous nos expériences et nos effroyables jardins dans ce conflit, même si la guerre d'Hanna fut différente de la mienne, je ne pourrai pas me pardonner mes choix antérieurs. Seigneur, puissiez-vous donc me prendre en pitié. Amen !

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