« Belle de jour ? »
« Comme vous ne venez que l’après-midi »
Belle de Jour est un de ces films qui n’ont pas pris une ride, et dont le propos continuera d’alimenter les conversations des spectateurs. Un intemporel du cinéma français, réalisé par Luis Buñuel, à une époque de contestation. Un film osé, aux antipodes des bonnes mœurs. Un film sur un amour qu’on pourrait croire éteint, mais qui n’est que pur et doux. Un film sur la saveur de l’interdit, les désirs désapprouvés, sur une femme mystérieuse et raffinée, sur le summum de la soumission consentie. L’extase, mais à quel prix ?
Séverine et Pierre sont un jeune couple bourgeois, bon chic bon genre, dans la distinguée Paris. Le jeune marié se montre attentionné, aimant, patient, afin d’arriver à satisfaire son épouse, diaphane et pure, pour qui le sexe est impossible. En réalité, Séverine est réceptive au plaisir de la chair, mais se complaît dans des fantasmes masochistes qu’elle ne peut partager avec son époux. Par le biais d’un ami, elle prend connaissance du fait que des maisons de passe existent encore dans Paris. Attirée inlassablement, elle finit par céder, et se faire engager dans l’une d’elles; ainsi, Séverine devient Belle de Jour, de deux à cinq heures de l’après-midi.
Un sens du tragique, du drame. Un mystère à fleur de peau, une psychologie cabalistique, des étreintes sans voix. Séverine, cette femme de la haute société, de la bourgeoisie, femme d’un médecin, rumine des envies purement masochistes où elle n’est que soumise, souillée. Impossible pour elle de pouvoir s’ouvrir, de se laisser aller dans le plaisir avec son époux, trop sage, trop délicat pour apprécier la violence, l’inquiétant, le malsain. Le dualisme platonicien à l’état pur : le corps, impur, et l’âme, vertueuse. Séverine, amoureuse de Pierre, d’un amour angélique, immatériel, définitivement éternel. Et cette même femme, qui se donne, dans la chair, dans la douleur, à d’autres hommes, qui ne peut combler son corps autrement que dans la déchéance de l’âme, séparée de son époux. L’âme et le corps ne sont pas en communion, ils ne sont que deux modes de fonctionnement distincts de la personne.
Un sens du tragique, du drame. Un mystère à fleur de peau, une psychologie cabalistique, des étreintes sans voix. Séverine, cette femme de la haute société, de la bourgeoisie, femme d’un médecin, rumine des envies purement masochistes où elle n’est que soumise, souillée. Impossible pour elle de pouvoir s’ouvrir, de se laisser aller dans le plaisir avec son époux, trop sage, trop délicat pour apprécier la violence, l’inquiétant, le malsain. Le dualisme platonicien à l’état pur : le corps, impur, et l’âme, vertueuse. Séverine, amoureuse de Pierre, d’un amour angélique, immatériel, définitivement éternel. Et cette même femme, qui se donne, dans la chair, dans la douleur, à d’autres hommes, qui ne peut combler son corps autrement que dans la déchéance de l’âme, séparée de son époux. L’âme et le corps ne sont pas en communion, ils ne sont que deux modes de fonctionnement distincts de la personne.
Catherine Deneuve, belle, double, entre fantasmes et réalité, entre recherche du plaisir et sensibilité. Une interprétation comme on les aime, toute en finesse, toute en délicatesse. Attelée à la perfection à ce rôle de petite bourgeoise candide, Deneuve étincelle, captive. Son regard trouble, sibyllin, ne cesse de hanter, de poser des questions, définitivement sans réponses. La légende veut que Lacan lui-même suggérait de regarder le film de Buñuel afin de comprendre la sexualité féminine, les fantasmes féminins. Les scènes complexes se multiplient pour en arriver à un dénouement inévitable, empreint des conséquences des faits et gestes de Séverine. Et, là, c’est toute la candeur de Jean Sorel, toute sa grâce, sa bonté, qui lui donnent son importance, qui poussent finalement le spectateur à de l’empathie vis à vis de son personnage. Mais celui qui envoûte peut-être plus que l’époux, c’est l’amant, Marcel, joué par Pierre Clémenti. Le mauvais garçon, écorché physiquement, mentalement, aux antipodes du gentil médecin. Avec son regard noir, sa fougue et sa violence naturelle, il subjugue. Il est cette parfaite représentation du laisser-aller dans la pulsion, de l’importance du corps ; son corps ondule, danse, vogue dans l’espace. Lorsqu’il parle, c’est avec une voix suave, franche, et un ton direct. Ses yeux ne mentent jamais, ne trichent pas. Pierre Clémenti se donne à l’image, dans un mouvement définitivement stylé. Son association avec Catherine Deneuve n’est que déhanchement lascif et fièvre dans les yeux. Une explosion des sens. Michel Piccoli, lui, joue – à la perfection - un rôle clef, entre cynisme et perversité, un régal.
Buñuel – assisté de Jean-Claude Carrière – adapte le roman de Joseph Kessel : il fait d’un roman de gare un film définitivement audacieux, aux idées novatrices pour l’époque : Belle de Jour tourne autour de Séverine, de ses aspirations sexuelles, de ses fantasmes masochistes et de cette séparation extrêmement floue entre la réalité et le désir, l’imagination. C’est là que réside toute la richesse du film de Buñuel : dans les non-dits, dans ce qu’on pense qu’il s’est passé, ou qu’on croit être une lubie, une utopie. Mille interprétations demeurent dans des scènes franchement inoubliables, qui posent des questions relatives à la sexualité, l’amour, la distinction entre ces deux concepts, et cela, sans jamais une once de jugement.
Une réalisation brillante, un casting incomparable, un sujet grave et philosophique, un scénario d’une profondeur et d’une richesse interminables, voilà tout ce qui fait de Belle de Jour un film à voir absolument, un chef d’œuvre intemporel sur l’amour et le désir, le sexe et les fantasmes.
extrait du film :
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