Bonjour les CINéens et CINéennes!!
20th Century Fox present Brian De Palma’s
Brian De Palma
(Carrie, Scarface, Les Incorruptibles…) signe en 1974 un film qui
deviendra un chef-d’œuvre, considéré comme un film culte par toute une
génération de cinéphiles (y compris moi). En plus, ce film ne peut être
que culte puisqu’il est sorti l’année de ma naissance.
Le trailer est ici
Le 14 avril 2012, le cinéma perdait William Finley, le premier rôle de Phantom Of The Paradise. Pour commémorer sa mémoire, j’ai décidé de vous présenter son film phare.
Distribution du film
-William Finley : Winslow Leach/le Phantom
-Paul Williams : Swan
-Jessica Harper : Phoenix
-George Memmoli : Philbin
-Gerrit Graham : Beef
-Archie Hahn, Jeffrey Comanor, Harold Oblono : les Juicy Fruits, les Beach Bums, The Undeads
Synopsis
L’image de ce lien résume parfaitement le film. « Voici
l’histoire de la recherche d’un nouveau son, une nouvelle sorte de
musique, de l’homme qui l’a créée, de la fille qui la chanta, et du
monstre qui la vola. »
Winslow Leach, jeune compositeur inconnu, tente
désespérément de faire connaître la cantate qu’il a composée. Cette
cantate ayant pour thème Faust est l’œuvre de sa vie.
Swan, producteur et patron du label Death Records, est à la recherche de nouveaux talents pour l’inauguration du Paradise,
le palais du rock qu’il veut lancer. Il escroque Leach et s’approprie
sa partition. Leach tente de récupérer sa cantate et fait la
connaissance de Phoenix lors d’une audition. Il en tombe immédiatement amoureux et voit en elle l’incarnation vocale pour sa cantate.
Swan fait enfermer Leach pour trafic de drogue à Sing Sing. Brisé,
ayant perdu sa voix, le malheureux compositeur parvient à s’évader, mais
se retrouve défiguré en essayant de se faire justice. Laissé pour mort,
il revient hanter le Paradise et vend son âme à Swan pour pouvoir finir de composer son oeuvre.
La musique et Phantom Of The Paradise
Phantom Of The Paradise n’est pas une comédie musicale au sens strict du
terme. C’est un film qui traite de la musique et donc les chansons
s’intègrent à l’histoire mais ne la raconte pas contrairement aux
comédies musicales.
Le film datant des années 70, les musiques vont de paire. On a donc une
transition entre les 60’s et les 70’s au fur et à mesure que les minutes
du film défilent. Pour ceux qui veulent, il y a possibilité d’écouter
l’ensemble de l’OST ici.
Toute l’OST a été composée par Paul Williams qui tient le rôle de Swan.
Pour ma part, j’adore !! Elle est composée de mélodies pop imparables,
alternant le très Happy Days « Goodbye, Eddie, Goodbye », le rock « Somebody Super Like You/Life at Last», le folk de « Special To Me » ou l'ultra romantique et mélancolique « Old Souls ». Et puis, comment ne pas parler de « The Hell of It
» débutant avec des guitares au son déchirant pour continuer comme une
bondissante comptine, peut-être le morceau musicalement le plus riche de
toute la bande originale et qui pour moi, termine le film en apothéose.
Les trois groupes The Juicy Fruits, The Beach Bums et The Undeads
sont interprétés tous trois par les mêmes acteurs. De ce fait, De Palma
montre que les groupes sont interchangeables et peuvent être très
éphémères. Ainsi trois groupes et trois styles différents. Tout d’abord
les Juicy Fruits qui ne sont pas sans rappeler la période Grease avec un rock léger. Viennent ensuite les Beach Bums
qui sont un ersatz des Beach Boys et leur son rock californien qui
donne envie de surfer sur la vague. Et enfin, le noir, l’obscur, le
gothique avec The Undeads qui font tout de suite penser au groupe Kiss avec leur maquillage noir et blanc sur le visage.
La musique de Phantom Of The Paradise s’inscrit parfaitement dans le
film et lui donne tout son ton. On commence par des sons légers pour
aller de plus en plus vers du sombre et du mélancolique. Comme par
exemple le titre « Old Souls » qui est une ballade romantique qui
intervient juste après la mort de Beef et pendant la trahison de Phoenix
avec Swan. La mélancolie et la détresse du Phantom n’en est que plus
renforcée grâce à ce titre.
Rappelons aussi la musique qui accompagne la réécriture de l’opéra-rock Faust de Leach, « Phantom’s Theme
» qui montre bien toute la douleur rentrée du personnage. La séquence
qui le voit composer ce morceau, où les lignes de portées défilent sur
l'écran, en même temps que l'aiguille de l'horloge, la bougie qui se
consume et les piles de partitions qui s'amoncellent, restent
aujourd'hui le pinacle émotionnel du film, puissant et fragile,
désespéré, ultime supplique du Phantom à la belle Phoenix.
L’univers de Phantom Of The Paradise
Quand on visionne le film, on ne peut pas passer à coté des trois grandes influences présentes à savoir le mythe de Faust de Goethe, le portrait de Dorian Gray d’Oscar Wilde et bien entendu le fantôme de l’Opéra de Gaston Leroux.
Commençons par le fantôme de l’Opéra. Comme dans le roman et les
adaptations cinématographiques qui en ont été faites, le heros du film,
Winslow Leach/Phantom présente un certain nombre d'ingrédients de
l'histoire originale, à savoir qu'il est défiguré et qu'il veut que
celle dont il est épris soit la vedette de son opéra. Il hante l’Opéra
représenté ici par le Paradise, temple de la décadence et de la musique (comme le fût à l’époque le Studio 54).
Selon Goethe, Faust met en scène un homme qui, en échange de la jeunesse
éternelle et de la réussite, promet son âme à Méphistophélès, l'envoyé
du Diable. Il accède ainsi au pouvoir ultime. Séduisant, dominateur et
extrêmement puissant. Brian de Palma fait de Swan, un Méphistophélès
d'un nouveau genre, sévissant dans l'industrie musicale des seventies,
et il faut bien avouer que ce personnage dégage un charisme
déconcertant, malgré un physique assez quelconque. Faust est ici joué
par le naïf Leach qui vend son âme à Swann afin de pouvoir finir sa
cantate et l’offrir ainsi à la belle Phoenix.
Et la troisième référence majeure est donc le portrait de Dorian Gray.
Swan devient Dorian Gray et le portrait peint est remplacé par une
séquence sur bobine de film. Comme dans le roman, c’est l’image qui vieillit à la place de Swan lui conférant ainsi jeunesse éternelle.
D’autres références romanesque ou cinématographique sont présentes dans ce superbe film. Retenons par exemple Frankenstein de Mary Shelley lors de cette scène musicale emmenée par le génial « Somebody Super Like You/Life At Last » ou les membres de The Undeads créent la Créature incarnée par Beef grâce à des morceaux humains pris dans le public.
De Palma lance aussi un clin d’œil au Psycho d’Hitchcock grâce à la mémorable scène de douche de Beef.
Brian De Palma critique de son époque ?
A travers cette exploitation de thèmes classiques, De Palma s'attaque au
milieu du show-business, et montre d'un doigt accusateur les maisons de
disque qui ont vampirisé de jeunes talents de manière éhontée, usant de
leur innocence pour leur faire signer des contrats abusifs.
A travers le personnage du fantôme, De Palma s’interroge sur la place de
l’artiste dans un monde capitaliste qu’il ne peut rejeter, sous peine
d’être rejeté à son tour.
Par l’image du répertoire, on peut voir que de nombreuses vedettes sont produites par Swan. On peut y voir les noms d’Alice Cooper, de Bette Midler ou de Peter Fonda
pour les plus connus. On peut donc se demander si De Palma ne considère
pas que ces artistes n’aient pas vendu, de façon métaphorique, leur âme
au Diable pour leur assurer gloire et célébrité.
Si De Palma est critique par rapport au show business, il l’est
également par rapport à son public. Une foule que le réalisateur décrit
assoiffée, insatiable, incapable de penser par elle-même. La mort du
chanteur glamour bisexué Beef passe pour partie intégrante du spectacle,
un effet spécial concocté dans le seul but de nourrir la foule. Il en
va de même pour le meurtre de Swan lors de la cérémonie de mariage avec
Phoenix. La foule est pareille à un zombie, prête à accepter tout ce que
le système peut lui donner sans se poser la moindre question.
Pour Conclure
Phantom Of The Paradise est un film des 70’s qui s’inscrit
formidablement bien dans son époque et qui, je trouve, n’a pas trop
vieilli. Il montre très bien les travers d’une société sans pitié où le
public est de plus en plus voyeur, en demande toujours plus et où les
artistes doivent jouer du spectaculaire et de la surenchère s’ils ne
veulent pas tomber dans l’oubli. Ceci est encore un peu vrai de nos
jours comme on peut le voir à travers la téléréalité.
Les trois références majeures du film se complètent très bien pour
donner un fil conducteur extrêmement bien ficelé et qui tient vraiment
la route.
Ce film est comme je l’ai écris en introduction est considéré comme
culte par toute une génération de cinéphiles et beaucoup de personnes en
font encore référence.
Je citerai pour exemple afin de conclure le cas Bob Sinclar dont le clip
de « I Feel For You » ressemble étrangement à Phantom Of The Paradis.
Vous ne trouvez pas ?? Voyez vous-même !!
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