Film sorti en 1989 et devenu culte aujourd'hui, Dead Poets Society a été plusieurs fois récompensé. Titulaire de l'Oscar du meilleur scénario original et du César du meilleur film étranger, son réalisateur Peter Weir nous présente en effet un film fort sur la jeunesse et sur l'importance de vivre sa vie pleinement.
Synopsis
Todd Anderson, jeune adolescent introverti, rejoint la célèbre école de Welton comme son frère avant lui. Lieu d'enseignement uniquement pour garçon, Welton a la réputation de former ses élèves de la manière la plus réputée, au prix d'un enseignement très dur.
Avec ses amis, dont Neil Pery, Knoxe ou encore Charlie, le jeune homme essaye de s'habituer à sa nouvelle vie.
Pourtant l'arrivée d'un nouveau professeur de littérature, ancien élève de Welton lui aussi, John Keating, va complètement changer leurs habitudes scolaires. Ce dernier, professeur passionné, va leur apprendre l'importance du "carpe diem", de vivre le jour présent, en accordant de l'importance à la libre pensée et en la concrétisation de ses rêves.
Analyse
Dead Poets Society nous plonge dans l'univers assez peu réjouissant d'une école privée très dure où tout est surveillé. Comme le montre le discours d'entrée du directeur, l'académie de Welton forme l'élite et on comprend assez rapidement que les étudiants ne vont pas s'amuser. Sentiment partagé par les concernés, lorsqu'ils rejoignent leur dortoir.
Pourtant le film prend une dimension tout de suite plus ouverte avec l'entrée en scène de Robin Williams, qui dès les départ confère au film un intérêt tout particulier dans sa façon d'être et dans ses dialogues. Rapidement ses tirades rencontrent l'oreille attentive des étudiants comme des spectateurs. Sa connaissance de la littérature classique anglaise, l'utilisation qu'il en fait et sa façon de parler captivent.
Si nous suivons davantage le parcours du groupe d'amis dans le film, c'est à mon sens l'interprétation de Robin Williams qui en est indéniablement le moteur et qui rythme la vie des étudiants.
Son interprétation est très juste. Personnage à la fois attachant et paternel, l'acteur est très bien dans la peau de ce professeur et on ressent la passion qu'il a pour son métier. La dimension dramatique du personnage, notamment à la fin du film, est elle aussi poignante, et à l'instar de celui qu'il interprète dans Will Hunting, on ressent le côté passionné de l'homme dans ce qu'il fait, et pourtant on a du mal à cerner le côté plus personnel de sa vie, comme si l'essentiel de son existence était son métier (ce qu'il dit implicitement dans le film).
La bande d'amis est également la force du film. Très diversifiée au niveau des personnages et des interprètes, on s'identifie facilement à eux, et suivons leur année scolaire, ainsi que les 400 coups avec à la fois un certain plaisir et une certaine tristesse à certaines occasions. On peut noter l'apparition de Ethan Hawke dans le rôle de Todd Anderson, mais j'ai trouvé son personnage un peu trop introverti et trop effacé. À ses côtés nous avons Robert Sean Leonard (Dr Wilson), interprète de Neil Perry, plus enclin à profiter de la liberté qu'il peut avoir et d'assouvir sa passion du théâtre malgré l'interdit paternel. Sa rencontre avec Keating est donc une révélation.
Nous pouvons également citer Josh Charles en amoureux transit, ou encore Gale Hansen en tête brûlée complètement décalée, un peu rebelle, mais qui nous apporte certains moments forts du film. Un personnage attachant et drôle.
Ainsi avec des personnages variés, (qui peuvent tomber parfois dans le cliché, mais comment faire autrement), le film nous offre un panel d'acteurs convaincants. Tout au long, la notion de Carpe Diem reste mise en avant et nous suivons les cours de Keating avec plaisir.
Le film traite également du désir d'affranchissement qu'ont les étudiants par rapport à leurs parents qui essayent de tracer leur vie alors qu'ils n'ont encore que l'âge de rêver à leur avenir. Grâce à l'ouverture d'esprit et à la poésie, Keating va leur apporter les clés nécessaires à la liberté de penser et d'agir par eux-même, ce qu'ils vont faire, notamment en bravant les interdits de l'école (exemple flagrant : la création du Cercle).
Avec ce film Peter Weir a pris un certain risque. Il est difficile de réaliser un film qui traite de poésie tout en le rendant intéressant sur la durée. Pas d'action réelle, pas de rebondissement inattendu, le film suit son cours, suit la vie des étudiants, sans pour autant jamais tomber dans les longueurs et l'ennui. La mise en scène est parfaitement maitrisée et nous attendons la suite avec impatience et curiosité. Assumant un certain anti-conformiste, notamment chez son professeur, Weir assure un film pour tous, à la fois émouvant et touchant, et drôle dans des situations inattendues, notamment au sein d'une école ayant ce prestige.
La musique de Maurice Jarre quant à elle est tout à fait dans le ton, très belle, elle assure au film sa force.
Pour conclure, Dead Poets Society est un très bon film, peut-être pas réservé à tout le monde à cause de son rythme assez particulier et de son contexte assez restreint (internat de garçon). Pourtant le long métrage est porté par des acteurs très bons, notamment la prestation exceptionnelle de Robin Williams qui nous montre toute l'étendue de son talent, dans un rôle qui pourtant reste assez simple. Il parvient néanmoins à captiver dès le début du film et à sublimer son personnage.
Bien qu'il ait sans doute un peu vieilli, ce film ne se démode pas et reste un classique du genre, à voir pour sa poésie particulière et son scénario de qualité. À noter que le film a rapporté au box-office mondial 15 fois plus que ce qu'il a couté à la production.
Trailer
Soundtrack - Keating's Triumph
Soundtrack - Carpe Diem
Divers : Est-ce qu'il n'y a que moi que cette phrase du film a "surpris" : voix dure "Asseyez-vous monsieur Anderson !... Répondez à la question monsieur Anderson !"
Rechercher dans ce blog
lundi 25 avril 2011
lundi 18 avril 2011
Master & Commander by Carban
5 ans après le mythique The Truman Show et 14 ans après l'oscarisé Dead Poets Society, Peter Weir revenait en 2003 avec un nouveau film, qui cette fois-ci nous emportait sur les océans du bout du monde.
Avec un thème assez peu utilisé au cinéma et une tête d'affiche comme Russel Crowe, Weir nous promet un grand film d'aventure maritime. Promesse tenue ou non ?
Synopsis
Au début des années 1800, le navire anglais HSM Surprise est attaqué par un navire français, l'Acheron. Le capitaine Jack Aubry, commandant du Surprise décide contre l'avis de son équipage de se lancer à la poursuite de son agresseur à travers tout le Pacifique afin de laver cet affront.
Bien que voguant en mers inconnues et malgré la supériorité de l'Acheron, rien ne pourra faire changer d'avis le capitaine, pas même son fidèle ami Maturin, médecin de bord et naturaliste passionné.
Analyse
Chose frappante chez Peter Weir, et notamment dans ses films d'aventures, c'est la grande qualité dont jouit la photographie. On a pu le voir récemment dans The Way Back et ce n'est pas son précédent film Master & Commander qui déroge à la règle. Et pourtant filmer en mer n'est pas forcément la chose la plus aisée à faire. Pourtant le réalisateur nous ravit avec des images exotiques tout à fait sublimes.
Outre l'image même de l'océan en général, Weir nous emmène jusqu'aux Galapagos et nous fait arpenter un monde intimiste et inconnu et c'est avec l'équipe du Surprise que nous voguons à travers le Pacifique pour en découvrir les secrets et les dangers.
Le film recevra d'ailleurs l'Oscar de la meilleure photographie, récompense largement méritée au vu des images que nous offre le long-métrage.
Et pourtant le scénario lui-même était risqué. En effet, sans aller jusqu'à parler de huis clos, nous ne quittons jamais le Surprise sauf pour suivre les personnages principaux durant une rare escale. Il fallait donc pouvoir traiter un sujet avec peu de marge de manœuvre et rendre un duel sans fin entre deux navires haletant et passionnant.
Cela pourrait marcher facilement dans un livre, mais comme on a pu souvent le remarquer, ce qui fonctionne en littérature ne fonctionne pas toujours sur grand écran. Le film est cependant une adaptation combinée de plusieurs romans de l'écrivain Patrick O'Brian, les personnages de Aubry et de Maturin en étant les protagonistes principaux.
Malgré les difficultés imposées par les restrictions du scénario, Weir parvient à rendre son film intéressant et à nous raconter la vie d'un équipage militaire au début du XIX siècle.
Afin d'y parvenir il n'hésite pas à multiplier les personnages secondaires, se penchant sur certains avec plus d'attention, et c'est ce qui confère au film son attrait.
En effet, outre Russel Crowe qu'on ne présente plus, surtout depuis l'Oscar qu'il a gagné trois ans auparavant, et qui joue toujours à la perfection et sans fausses notes, le film possède de nombreux personnages contrastés, qui permettent de mettre en avant la difficulté de la vie à bord d'un vaisseau de guerre.
Le personnage d'Aubry reste forcement le plus intéressant. Officier au sang froid, courageux, sévère mais juste, intransigeant et borné et qui pourtant est prêt à tout pour ses amis proches. Le rôle a tout de suite séduit le comédien, qui aime les personnages au caractère marqué, et on sent qu'il s'investit comme à l'accoutumé entièrement dans son rôle, prenant possession du capitaine Aubry.
Le second rôle est celui de Maturin, interprété par Paul Bettany, bon dans sa prestation. Médecin fidèle et dévoué, c'est aussi un naturaliste précurseur, en avant sur son temps, qui voit en ce voyage l'opportunité de découvrir de nouvelles espèces animales et végétales. Souvent en désaccord avec Aubry, on ressent la force de leur amitié et de leur loyauté malgré les disputes. Une certaine complicité est présente entre les deux acteurs qui avaient déjà tourné ensemble par le passé dans Un Homme d'Exception.
À noter une apparition de Billy Pipin Boyd.
Les seconds rôles tous aussi présents, permettent de mettre en avant les tensions, les difficultés et parfois l'insubordination qui peuvent naitre dans un lieu isolé. Mais c'est aussi l'occasion de montrer l'entraide et la solidarité dans les moments difficiles. On pourra noter la performance du jeune (au moment du tournage) Max Pirkis qui interprète un jeune officier d'une douzaine d'années, les marins pouvant être très jeunes à l'époque, et qui arrive à tirer son épingle du jeu dans ce monde d'hommes. À noter le côté amusant du gamin de douze ans qui crie et donne des ordres à des marins pouvant être son père.
Le film en général reste très bien interprété et permet de rendre compte du monde marin en général (absence de vent, tempêtes, batailles, blessures, ainsi que de la forte superstition qui l'habite). À noter que les figurants ont été recrutés à peu partout et sont originaires des quatre coins du monde, le réalisateur voulant trouver des visages "d'époque" et non des gravures de mode.
La musique, qui est toujours essentielle dans un film d'aventure, est bien présente et témoigne de la bataille acharnée qui oppose les deux vaisseaux de guerre. Celle-ci, écrite par de nombreux compositeurs, alterne les moments de tension et les moments de détente, durant les escales, ou l'utilisation de plusieurs morceaux de musique classique, notamment durant les repas des officiers du Surprise, afin de donner au film les effets souhaités.
Autre point important du film, le lieu de tournage : le navire Surprise. Afin de crédibiliser son film, c'est un véritable trois-mats qui a été utilisé pour les besoins du long-métrage et qui a été retravaillé pour le rendre le plus réaliste possible aux navires britanniques de cette époque. Ainsi pour en garantir l'authenticité, l'équipe du film s'est largement documentée.
Le seul tournage n'ayant pas lieu en mer a été fait sur les îles Galapagos, fait assez rare, puisque c'est la première fois qu'un film est tourné dans cette région du monde connue pour la diversité de sa faune et de sa flore. Il aura fallu de longues négociations pour que l'équipe puisse recevoir l'autorisation de filmer dans cette zone protégée, mais au final cela nous permet de visiter sommairement ce lieu inconnu.
Le film, outre l'Oscar de la meilleure photographie, a reçu l'Oscar du meilleur montage sonore et avait été nominé pour 8 autres statuettes, notamment celle du meilleur film et celle du meilleur réalisateur.
On peut donc dire que Peter Weir réussit son pari et nous offre un excellent film, malgré des risques de longueurs assez présents.
Pour conclure, Master & Commander est un excellent film, à tous les niveaux. On ne s'ennuie pas, on découvre un univers qui n'est pas souvent traité au cinéma (surtout ces dernières décennies) et le long-métrage jouit d'une attention soignée globale. On retiendra la performance de Russel Crowe qui bien que très bonne, reste en-dessous (selon moi) de celle de Gladiator, mais son personnage reste comme toujours intéressant et comme dans chacun de ses films, il parvient à lui conférer une force de caractère saisissante.
Peter Weir quant à lui rend un bel hommage à O'Brian, décédé quelques années plus tôt et nous livre un film réaliste et fidèle sur le monde de la marine et sur le travail de l'auteur.
Un très bon film d'aventure à voir et à revoir, que je conseille à tous.
Divers : Dans le roman, il s'agit d'un vaisseau américain et non d'un vaisseau français. Cependant quand le film a été réalisé en 2003, la France étant mal perçue aux USA (refus de la guerre en Irak, etc), il a été décidé de changer l'origine du navire. (De nombreux faits similaires se retrouveront dans le cinéma hollywoodien de cette période.)
Soundtrack - divers
Trailer
Avec un thème assez peu utilisé au cinéma et une tête d'affiche comme Russel Crowe, Weir nous promet un grand film d'aventure maritime. Promesse tenue ou non ?
Synopsis
Au début des années 1800, le navire anglais HSM Surprise est attaqué par un navire français, l'Acheron. Le capitaine Jack Aubry, commandant du Surprise décide contre l'avis de son équipage de se lancer à la poursuite de son agresseur à travers tout le Pacifique afin de laver cet affront.
Bien que voguant en mers inconnues et malgré la supériorité de l'Acheron, rien ne pourra faire changer d'avis le capitaine, pas même son fidèle ami Maturin, médecin de bord et naturaliste passionné.
Analyse
Chose frappante chez Peter Weir, et notamment dans ses films d'aventures, c'est la grande qualité dont jouit la photographie. On a pu le voir récemment dans The Way Back et ce n'est pas son précédent film Master & Commander qui déroge à la règle. Et pourtant filmer en mer n'est pas forcément la chose la plus aisée à faire. Pourtant le réalisateur nous ravit avec des images exotiques tout à fait sublimes.
Outre l'image même de l'océan en général, Weir nous emmène jusqu'aux Galapagos et nous fait arpenter un monde intimiste et inconnu et c'est avec l'équipe du Surprise que nous voguons à travers le Pacifique pour en découvrir les secrets et les dangers.
Le film recevra d'ailleurs l'Oscar de la meilleure photographie, récompense largement méritée au vu des images que nous offre le long-métrage.
Et pourtant le scénario lui-même était risqué. En effet, sans aller jusqu'à parler de huis clos, nous ne quittons jamais le Surprise sauf pour suivre les personnages principaux durant une rare escale. Il fallait donc pouvoir traiter un sujet avec peu de marge de manœuvre et rendre un duel sans fin entre deux navires haletant et passionnant.
Cela pourrait marcher facilement dans un livre, mais comme on a pu souvent le remarquer, ce qui fonctionne en littérature ne fonctionne pas toujours sur grand écran. Le film est cependant une adaptation combinée de plusieurs romans de l'écrivain Patrick O'Brian, les personnages de Aubry et de Maturin en étant les protagonistes principaux.
Malgré les difficultés imposées par les restrictions du scénario, Weir parvient à rendre son film intéressant et à nous raconter la vie d'un équipage militaire au début du XIX siècle.
Afin d'y parvenir il n'hésite pas à multiplier les personnages secondaires, se penchant sur certains avec plus d'attention, et c'est ce qui confère au film son attrait.
En effet, outre Russel Crowe qu'on ne présente plus, surtout depuis l'Oscar qu'il a gagné trois ans auparavant, et qui joue toujours à la perfection et sans fausses notes, le film possède de nombreux personnages contrastés, qui permettent de mettre en avant la difficulté de la vie à bord d'un vaisseau de guerre.
Le personnage d'Aubry reste forcement le plus intéressant. Officier au sang froid, courageux, sévère mais juste, intransigeant et borné et qui pourtant est prêt à tout pour ses amis proches. Le rôle a tout de suite séduit le comédien, qui aime les personnages au caractère marqué, et on sent qu'il s'investit comme à l'accoutumé entièrement dans son rôle, prenant possession du capitaine Aubry.
Le second rôle est celui de Maturin, interprété par Paul Bettany, bon dans sa prestation. Médecin fidèle et dévoué, c'est aussi un naturaliste précurseur, en avant sur son temps, qui voit en ce voyage l'opportunité de découvrir de nouvelles espèces animales et végétales. Souvent en désaccord avec Aubry, on ressent la force de leur amitié et de leur loyauté malgré les disputes. Une certaine complicité est présente entre les deux acteurs qui avaient déjà tourné ensemble par le passé dans Un Homme d'Exception.
À noter une apparition de Billy Pipin Boyd.
Les seconds rôles tous aussi présents, permettent de mettre en avant les tensions, les difficultés et parfois l'insubordination qui peuvent naitre dans un lieu isolé. Mais c'est aussi l'occasion de montrer l'entraide et la solidarité dans les moments difficiles. On pourra noter la performance du jeune (au moment du tournage) Max Pirkis qui interprète un jeune officier d'une douzaine d'années, les marins pouvant être très jeunes à l'époque, et qui arrive à tirer son épingle du jeu dans ce monde d'hommes. À noter le côté amusant du gamin de douze ans qui crie et donne des ordres à des marins pouvant être son père.
Le film en général reste très bien interprété et permet de rendre compte du monde marin en général (absence de vent, tempêtes, batailles, blessures, ainsi que de la forte superstition qui l'habite). À noter que les figurants ont été recrutés à peu partout et sont originaires des quatre coins du monde, le réalisateur voulant trouver des visages "d'époque" et non des gravures de mode.
La musique, qui est toujours essentielle dans un film d'aventure, est bien présente et témoigne de la bataille acharnée qui oppose les deux vaisseaux de guerre. Celle-ci, écrite par de nombreux compositeurs, alterne les moments de tension et les moments de détente, durant les escales, ou l'utilisation de plusieurs morceaux de musique classique, notamment durant les repas des officiers du Surprise, afin de donner au film les effets souhaités.
Autre point important du film, le lieu de tournage : le navire Surprise. Afin de crédibiliser son film, c'est un véritable trois-mats qui a été utilisé pour les besoins du long-métrage et qui a été retravaillé pour le rendre le plus réaliste possible aux navires britanniques de cette époque. Ainsi pour en garantir l'authenticité, l'équipe du film s'est largement documentée.
Le seul tournage n'ayant pas lieu en mer a été fait sur les îles Galapagos, fait assez rare, puisque c'est la première fois qu'un film est tourné dans cette région du monde connue pour la diversité de sa faune et de sa flore. Il aura fallu de longues négociations pour que l'équipe puisse recevoir l'autorisation de filmer dans cette zone protégée, mais au final cela nous permet de visiter sommairement ce lieu inconnu.
Le film, outre l'Oscar de la meilleure photographie, a reçu l'Oscar du meilleur montage sonore et avait été nominé pour 8 autres statuettes, notamment celle du meilleur film et celle du meilleur réalisateur.
On peut donc dire que Peter Weir réussit son pari et nous offre un excellent film, malgré des risques de longueurs assez présents.
Pour conclure, Master & Commander est un excellent film, à tous les niveaux. On ne s'ennuie pas, on découvre un univers qui n'est pas souvent traité au cinéma (surtout ces dernières décennies) et le long-métrage jouit d'une attention soignée globale. On retiendra la performance de Russel Crowe qui bien que très bonne, reste en-dessous (selon moi) de celle de Gladiator, mais son personnage reste comme toujours intéressant et comme dans chacun de ses films, il parvient à lui conférer une force de caractère saisissante.
Peter Weir quant à lui rend un bel hommage à O'Brian, décédé quelques années plus tôt et nous livre un film réaliste et fidèle sur le monde de la marine et sur le travail de l'auteur.
Un très bon film d'aventure à voir et à revoir, que je conseille à tous.
Divers : Dans le roman, il s'agit d'un vaisseau américain et non d'un vaisseau français. Cependant quand le film a été réalisé en 2003, la France étant mal perçue aux USA (refus de la guerre en Irak, etc), il a été décidé de changer l'origine du navire. (De nombreux faits similaires se retrouveront dans le cinéma hollywoodien de cette période.)
Soundtrack - divers
Trailer
lundi 11 avril 2011
AntiFa : chasseurs de Skins by Cowboy
Alors que dans l'esprit du grand publique, l'association skinhead et fasciste est quasi-inévitable, que les sociologues se dépatouillent tant bien que mal pour tenter de comprendre les dérives et la récupération politique des petits frères des mods et des rockers, un documentaire a fait grand bruit dans la scène alternative : sorti en 2008, AntiFa : chasseur de skins se démarque des autres documentaires sur le sujet (comme Skinhead Attitude) qui tentent de dédouaner le mouvement skin et d'en montrer la pluralité politique, voire l'aspect apolitique des débuts, par le fait qu'il se focalise sur un seul point de vue, celui des redskins qui, à Paris, au milieu des années 80, se sont lancés dans une véritable guerre contre les Fafs.
Ce documentaire a le bon goût de commencer sur un historique assez bien fait du mouvement skinhead, rappelant avec force détails les origines populaires, l'attrait du reggae et du ska, la rencontre et la distance avec le mouvement punk qui prône des valeurs antithétiques avec l'ordre idéalisé par les skins. Là où ce film commence à provoquer la polémique, c'est lorsqu'il rentre dans les détails de la guérilla boneheads-redskins, en mythifiant les antifascistes. Malgré un certain nombre de précautions, comme la distance avec les idées d'extrême-gauche, pas mal d'anecdotes sont clairement remaniées de façon à créer une aura autour des nettoyeurs des Halles. C'est divertissant, mais le ton manque un peu de sérieux. Si les interviews des membres d'origine (à l'exception, vraisemblablement, des Ducky Boys) sont tout à fait souhaitables, et si certains font preuve de sérieux, d'autres sont clairement là pour se faire valoir (OGKim, pour ne pas le citer). On ne peut que regretter le côté unilatéral de ce documentaire, pourtant bien documenté et qui permet de faire sauter pas mal de clichés sur les neusks. Une réponse de Serge Ayoub, dit Batskin, figure éminemment connue (pas toujours en bien...) chez les skins fascistes, aurait été mise en ligne, et souffrirait du même défaut de partialité, ne devant sa crédibilité (toute relative...) là encore qu'au charisme de son principal intervenant.
Mais pour en revenir à AntiFa, il convient d'admettre qu'avant de sombrer dans la béatification des Red Warriors, le documentaire est très bien fait, tant au niveau plastique (très attrayant, un film de montage tout à fait dynamique), qu'au niveau des informations (qu'il faut juger avec un peu recul, dès lors qu'elles quittent les généralités du mouvement), et même au niveau de la bande-son (Nazi Punks Fuck Off des Dead Kennedys fera toujours son petit effet). Très probablement ridicule pour quelqu'un s'y connaissant un minimum dans la culture skinhead, il est pourtant, de mon humble point de vue, un excellent documentaire de vulgarisation, qui, pour le coup, réussit au moins dans l'objectif qui est de montrer l'envers du décors, la présence d'une altérité aux skins nationalistes, ce que des docus comme Skinhead Attitude ne font que timidement, et montrent dans le même temps le profond engagement antifasciste (SHARP, RASH, et compagnie...), la présence d'une rupture profonde au sein de cette sous-culture, trop souvent associée dans l'imaginaire collectif à la partie la plus diabolisée par les médias.
Le docu en intégralité.
Pour information, le réalisateur, Marc-Aurèle Vecchione, a aussi fait un autre docu auparavant intitulé Writers 1983-2003, sur le monde des graffeurs à Paris, et qui jouit d'une assez bonne réputation.
Ce documentaire a le bon goût de commencer sur un historique assez bien fait du mouvement skinhead, rappelant avec force détails les origines populaires, l'attrait du reggae et du ska, la rencontre et la distance avec le mouvement punk qui prône des valeurs antithétiques avec l'ordre idéalisé par les skins. Là où ce film commence à provoquer la polémique, c'est lorsqu'il rentre dans les détails de la guérilla boneheads-redskins, en mythifiant les antifascistes. Malgré un certain nombre de précautions, comme la distance avec les idées d'extrême-gauche, pas mal d'anecdotes sont clairement remaniées de façon à créer une aura autour des nettoyeurs des Halles. C'est divertissant, mais le ton manque un peu de sérieux. Si les interviews des membres d'origine (à l'exception, vraisemblablement, des Ducky Boys) sont tout à fait souhaitables, et si certains font preuve de sérieux, d'autres sont clairement là pour se faire valoir (OGKim, pour ne pas le citer). On ne peut que regretter le côté unilatéral de ce documentaire, pourtant bien documenté et qui permet de faire sauter pas mal de clichés sur les neusks. Une réponse de Serge Ayoub, dit Batskin, figure éminemment connue (pas toujours en bien...) chez les skins fascistes, aurait été mise en ligne, et souffrirait du même défaut de partialité, ne devant sa crédibilité (toute relative...) là encore qu'au charisme de son principal intervenant.
Mais pour en revenir à AntiFa, il convient d'admettre qu'avant de sombrer dans la béatification des Red Warriors, le documentaire est très bien fait, tant au niveau plastique (très attrayant, un film de montage tout à fait dynamique), qu'au niveau des informations (qu'il faut juger avec un peu recul, dès lors qu'elles quittent les généralités du mouvement), et même au niveau de la bande-son (Nazi Punks Fuck Off des Dead Kennedys fera toujours son petit effet). Très probablement ridicule pour quelqu'un s'y connaissant un minimum dans la culture skinhead, il est pourtant, de mon humble point de vue, un excellent documentaire de vulgarisation, qui, pour le coup, réussit au moins dans l'objectif qui est de montrer l'envers du décors, la présence d'une altérité aux skins nationalistes, ce que des docus comme Skinhead Attitude ne font que timidement, et montrent dans le même temps le profond engagement antifasciste (SHARP, RASH, et compagnie...), la présence d'une rupture profonde au sein de cette sous-culture, trop souvent associée dans l'imaginaire collectif à la partie la plus diabolisée par les médias.
Le docu en intégralité.
Pour information, le réalisateur, Marc-Aurèle Vecchione, a aussi fait un autre docu auparavant intitulé Writers 1983-2003, sur le monde des graffeurs à Paris, et qui jouit d'une assez bonne réputation.
dimanche 3 avril 2011
Citizen Kane by Carban
Premier long métrage de et avec Orson Welles, Citizen Kane est considéré, encore sept décennies après sa sortie en salle comme l'un des meilleurs, voire le meilleur film jamais réalisé. Rien que cette réputation devrais attirer le cinéphile à regarder cette œuvre majeure du cinéma du début des années 40, et c'est pourquoi après avoir mis un certain temps, je me suis décidé à visionner ce film qui à l'époque a été qualifié de révolutionnaire d'un point de vu technique.
Synopsis
Le film commence sur la mort du magnat de la presse, Charles Foster Kane. Rapidement la nouvelle fait le tour du monde journalistique. On retrace sa vie, décortique son existence. Pourtant un mystère demeure.
Le dernier mot prononcé par Kane avant de mourir est Rosebud, et personne ne sait à quoi cela peut faire référence, pas même ceux qui ont été le plus proche de lui. Qu'est-ce qu'est ce bouton de rose ?
C'est la question à laquelle devra répondre le journaliste Thompson. En rencontrant les anciens associés, femmes, amis de Kane, le reporter va découvrir la vie d'un homme hors du commun, plein de contradictions, sans pour autant pouvoir cerner clairement le personnage, tellement les avis diverges et ne se recoupent pas forcément.
Analyse
Bien qu'acclamé par la critique à sa sortie Citizen Kane n'a pas eu le succès auquel il avait droit, pour la simple raison, que l'histoire de Charles Foster Kane, s'inspire en parti d'un autre magnat de la presse, bien réel celui-ci : William Randolph Hearst, qui n'a eu de cesse de tenter d'interdire le film, notamment à cause de l'expression rosebud qui aurait qualifier le clitoris de sa maitresse : l'actrice Marion Davis.
C'est donc après avoir subit une longue campagne de dénigrement de la part de Hearst, un combat avec sa propre maison de production et beaucoup de fatigue mentale que Welles parvient à sortir son film en salle en 1941.
C'est un film moderne et novateur au niveau de la technique qu'il présente, et si les critiques s'accordent pour en faire l'éloge, le public ne suit pas.
Pourtant Welles a su faire de son film une œuvre de visionnaire comme en témoigne sa caméra sûre et audacieuse ainsi que son système narratif particulier.
En effet, le personnage principal meurt au début du film, et si on a un léger aperçu de sa vie grâce à des documentaires et films d'archive, on va apprendre à connaitre le personnage à travers les yeux de ceux qui l'ont côtoyé de prés, comme ses femmes, ses amis et collaborateurs.
Welles alterne donc entre souvenirs des uns et des autres, et l'enquête de Thompson, et il utilise tous les moyens pour nous plonger dans le passé de Kane. Archives écrites, témoignages etc. et là où le réalisateur fait montre de son génie c'est dans la manière dont il recoupe la narration de son film.
Les témoignages ne sont pas toujours chronologique, certains étant antérieur à d'autres, ou l'un s'enchainant directement à un autre, mais d'un point de vu différent. Welles essaye d'être novateur et confère à la narration de son film une originalité réelle et saisissante sans être brouillon.
On peut également noter l'existence d'un narrateur omniscient au début du film qui raconte l'histoire même du magnat de la presse, ce qui amorce le début de l'histoire. C'est d'ailleurs grâce à ce narrateur que l'on connaitra le fin mot de l'histoire et non pas du fait des autres intervenants internes au film. Le film possède donc une narration fluide et bien suivie, à la fois grâce à l'entourage de Kane qui raconte quel homme il a été, mais également grâce à ce narrateur inconnu, qui nous montre et nous dit ce que l'on n'est pas censé voir ou entendre.
Citizen Kane a également révolutionné la technique cinématographique au niveau de l'utilisation de la caméra. Les plongés et contre-plongés sont très souvent utilisés dans le film, et parfois de manière inattendue et à contre-emploi. (certaines scènes montrant une contre-plongée là où l'on aurait attendu une plongée).
Welles joue aussi énormément avec le champs de la caméra et les plans, mettant ainsi en avant certains éléments du plan, ou s'en servant dans le déroulement de la séquence, changeant ainsi le point du vue ou attirant l'attention du spectateur sur un autre élément.
Le réalisateur aime jouer avec sa caméra comme le montre la première scène du film où la caméra passe à travers une grille et une fenêtre de manière fluide et sans coupure, s'infiltrant ainsi dans une nouvelle séquence sans coupure.
On peut également noter une large utilisation d'effet spéciaux dans le film (chose peu courante pour l'époque), notamment au niveaux des décors, ceux-ci étant souvent fictifs (utilisation de diapo ou de toiles peintes.)
Outre les trucages divers au niveau de l'utilisation de la caméra et de la manière de filmer (jeux de lumières, utilisation de la pellicule...), on peut également noter d'autres montages, comme Kane apparaissant à côté d'Adolphe Hitler sur une vidéo.
Orson Welles n'hésite pas à se servir d'images d'archive pour enrichir son film et son personnage.
Mais Citizen Kane, c'est aussi des acteurs, notamment la troupe du Mercury Theatre (dont est membre Welles) qui permettent à ce film d'être ce qu'il est. L'interprétation de Welles en Charles Foster Kane et s'étalant sur plusieurs décennies est saisissante. Dans le peu de temps que retracent les témoignages, on peut voir l'évolution d'un homme, de son développement et ses contradictions et finalement sa mégalomanie qui n'a pour seule compagnie qu'une solitude presque touchante. Kane est à la fois un personnage détestable et attachant. Mauvais mari, mauvais ami, qui ne veut accorder de l'importance qu'aux apparences, et qui portant aurait besoin de bien plus. Un personnage qui comme le dit son meilleur ami dans le film, demande beaucoup d'amour, alors qu'il en a si peu à donner.
Welles nous offre donc une prestation magistrale. Celle d'un homme complexe et difficile à cerner.
A ses côtés on peut voir de nombreux acteurs qui débutent aux côtés de Welles comme Joseph Cotten, Dorothy Comingore, Ruth Warrick ou encore Everett Sloane qui nous présentent le personnage de Kane, souvent de manière pathétique, l'étant eux-même d'une certaine façons.
On peut également noter une qualité au niveau des dialogues, certains restant à l'esprit, comme une tirade d'Everett Sloane sur l'étrangeté de la mémoire.
En conclusion, Citizen Kane est un grand film, qu'il faut voir avec un certain recul néanmoins, et qu'il faut replacer dans son contexte. Ce film a 70 ans. Pour beaucoup il peut sembler ennuyant, aspect renforcé par sa forme, qui pourrait ressembler à celle d'un documentaire réalisé à la mort d'un quelconque homme publique. Néanmoins le procédé narratif, la qualité des acteurs, et le déroulement même du film, suffisent à attirer l'attention, sans compter la curiosité inspiré par ce fameux Rosebud dont on peut essayer de deviner la signification mais qui ne pourra que surprendre lors de sa révélation, compte tenu de la vie de ce personnage atypique.
Un film à voir, pour sa réputation, et parce qu'il s'agit d'un grand classique du cinéma, sans compter la parfaite réalisation dont il jouit.
Il est sans doute difficile aujourd'hui de classer ce film, compte tenu du cinéma moderne mais malgré la différence d'époque ce film mérite la place qu'il occupe dans le monde du septième art.
Divers :
- Tout le film repose sur un non-sens très facile et rapide à découvrir.
- Charles Monthy Burns des Simpsons est largement inspiré de Kane (histoire personnelle, son château et la clôture avec le "B" etc.). Le film inspirera la série de Groening à de nombreuses reprises.
- Citizen Kane possède de nombreuses références dans les milieux de l'art en général.
Synopsis
Le film commence sur la mort du magnat de la presse, Charles Foster Kane. Rapidement la nouvelle fait le tour du monde journalistique. On retrace sa vie, décortique son existence. Pourtant un mystère demeure.
Le dernier mot prononcé par Kane avant de mourir est Rosebud, et personne ne sait à quoi cela peut faire référence, pas même ceux qui ont été le plus proche de lui. Qu'est-ce qu'est ce bouton de rose ?
C'est la question à laquelle devra répondre le journaliste Thompson. En rencontrant les anciens associés, femmes, amis de Kane, le reporter va découvrir la vie d'un homme hors du commun, plein de contradictions, sans pour autant pouvoir cerner clairement le personnage, tellement les avis diverges et ne se recoupent pas forcément.
Analyse
Bien qu'acclamé par la critique à sa sortie Citizen Kane n'a pas eu le succès auquel il avait droit, pour la simple raison, que l'histoire de Charles Foster Kane, s'inspire en parti d'un autre magnat de la presse, bien réel celui-ci : William Randolph Hearst, qui n'a eu de cesse de tenter d'interdire le film, notamment à cause de l'expression rosebud qui aurait qualifier le clitoris de sa maitresse : l'actrice Marion Davis.
C'est donc après avoir subit une longue campagne de dénigrement de la part de Hearst, un combat avec sa propre maison de production et beaucoup de fatigue mentale que Welles parvient à sortir son film en salle en 1941.
C'est un film moderne et novateur au niveau de la technique qu'il présente, et si les critiques s'accordent pour en faire l'éloge, le public ne suit pas.
Pourtant Welles a su faire de son film une œuvre de visionnaire comme en témoigne sa caméra sûre et audacieuse ainsi que son système narratif particulier.
En effet, le personnage principal meurt au début du film, et si on a un léger aperçu de sa vie grâce à des documentaires et films d'archive, on va apprendre à connaitre le personnage à travers les yeux de ceux qui l'ont côtoyé de prés, comme ses femmes, ses amis et collaborateurs.
Welles alterne donc entre souvenirs des uns et des autres, et l'enquête de Thompson, et il utilise tous les moyens pour nous plonger dans le passé de Kane. Archives écrites, témoignages etc. et là où le réalisateur fait montre de son génie c'est dans la manière dont il recoupe la narration de son film.
Les témoignages ne sont pas toujours chronologique, certains étant antérieur à d'autres, ou l'un s'enchainant directement à un autre, mais d'un point de vu différent. Welles essaye d'être novateur et confère à la narration de son film une originalité réelle et saisissante sans être brouillon.
On peut également noter l'existence d'un narrateur omniscient au début du film qui raconte l'histoire même du magnat de la presse, ce qui amorce le début de l'histoire. C'est d'ailleurs grâce à ce narrateur que l'on connaitra le fin mot de l'histoire et non pas du fait des autres intervenants internes au film. Le film possède donc une narration fluide et bien suivie, à la fois grâce à l'entourage de Kane qui raconte quel homme il a été, mais également grâce à ce narrateur inconnu, qui nous montre et nous dit ce que l'on n'est pas censé voir ou entendre.
Citizen Kane a également révolutionné la technique cinématographique au niveau de l'utilisation de la caméra. Les plongés et contre-plongés sont très souvent utilisés dans le film, et parfois de manière inattendue et à contre-emploi. (certaines scènes montrant une contre-plongée là où l'on aurait attendu une plongée).
Welles joue aussi énormément avec le champs de la caméra et les plans, mettant ainsi en avant certains éléments du plan, ou s'en servant dans le déroulement de la séquence, changeant ainsi le point du vue ou attirant l'attention du spectateur sur un autre élément.
Le réalisateur aime jouer avec sa caméra comme le montre la première scène du film où la caméra passe à travers une grille et une fenêtre de manière fluide et sans coupure, s'infiltrant ainsi dans une nouvelle séquence sans coupure.
On peut également noter une large utilisation d'effet spéciaux dans le film (chose peu courante pour l'époque), notamment au niveaux des décors, ceux-ci étant souvent fictifs (utilisation de diapo ou de toiles peintes.)
Outre les trucages divers au niveau de l'utilisation de la caméra et de la manière de filmer (jeux de lumières, utilisation de la pellicule...), on peut également noter d'autres montages, comme Kane apparaissant à côté d'Adolphe Hitler sur une vidéo.
Orson Welles n'hésite pas à se servir d'images d'archive pour enrichir son film et son personnage.
Mais Citizen Kane, c'est aussi des acteurs, notamment la troupe du Mercury Theatre (dont est membre Welles) qui permettent à ce film d'être ce qu'il est. L'interprétation de Welles en Charles Foster Kane et s'étalant sur plusieurs décennies est saisissante. Dans le peu de temps que retracent les témoignages, on peut voir l'évolution d'un homme, de son développement et ses contradictions et finalement sa mégalomanie qui n'a pour seule compagnie qu'une solitude presque touchante. Kane est à la fois un personnage détestable et attachant. Mauvais mari, mauvais ami, qui ne veut accorder de l'importance qu'aux apparences, et qui portant aurait besoin de bien plus. Un personnage qui comme le dit son meilleur ami dans le film, demande beaucoup d'amour, alors qu'il en a si peu à donner.
Welles nous offre donc une prestation magistrale. Celle d'un homme complexe et difficile à cerner.
A ses côtés on peut voir de nombreux acteurs qui débutent aux côtés de Welles comme Joseph Cotten, Dorothy Comingore, Ruth Warrick ou encore Everett Sloane qui nous présentent le personnage de Kane, souvent de manière pathétique, l'étant eux-même d'une certaine façons.
On peut également noter une qualité au niveau des dialogues, certains restant à l'esprit, comme une tirade d'Everett Sloane sur l'étrangeté de la mémoire.
En conclusion, Citizen Kane est un grand film, qu'il faut voir avec un certain recul néanmoins, et qu'il faut replacer dans son contexte. Ce film a 70 ans. Pour beaucoup il peut sembler ennuyant, aspect renforcé par sa forme, qui pourrait ressembler à celle d'un documentaire réalisé à la mort d'un quelconque homme publique. Néanmoins le procédé narratif, la qualité des acteurs, et le déroulement même du film, suffisent à attirer l'attention, sans compter la curiosité inspiré par ce fameux Rosebud dont on peut essayer de deviner la signification mais qui ne pourra que surprendre lors de sa révélation, compte tenu de la vie de ce personnage atypique.
Un film à voir, pour sa réputation, et parce qu'il s'agit d'un grand classique du cinéma, sans compter la parfaite réalisation dont il jouit.
Il est sans doute difficile aujourd'hui de classer ce film, compte tenu du cinéma moderne mais malgré la différence d'époque ce film mérite la place qu'il occupe dans le monde du septième art.
Divers :
- Tout le film repose sur un non-sens très facile et rapide à découvrir.
- Charles Monthy Burns des Simpsons est largement inspiré de Kane (histoire personnelle, son château et la clôture avec le "B" etc.). Le film inspirera la série de Groening à de nombreuses reprises.
- Citizen Kane possède de nombreuses références dans les milieux de l'art en général.
Inscription à :
Articles (Atom)