Il y a de cela une petite année, je vous parlais en Preview de cette adaptation du livre de Lionel Shriver. Comme un abruti que je suis, je l’ai loupé à sa sortie en salles, mon erreur vient d’être rectifiée après visionnage du dvd.
Le projet était osé, pas le fait de retranscrire l’histoire sur grand écran, mais plutôt de le confier à une parfaite inconnue (Lynne Ramsay) qui s’était surtout illustrée dans le monde des court-métrages. Et la première chose que j’ai envie de dire, c’est qu’elle s’en est plutôt sortie avec brio.
Les premières minutes peuvent être assez déconcertantes pour le public qui n’a pas lu le bouquin, dû aux nombreux aller-retours passé-présent-passé plus lointain mais cela nous permet de bien rentrer dans le personnage de la mère de Kevin (magistralement interprétée par Tilda Swinton) qui essaie de vivre le jour présent mais finalement n’arrive pas à ressortir de son douloureux passé. Et pour cause, voici son histoire :
Eva a décidé de mettre sa carrière de côté quand elle a appris sa grossesse et ainsi s’occuper de l’éducation de son fils, Kévin. Et tout ne vas pas être de tout repos, Kévin ayant un comportement des plus bizarres, présente des signes de retard intellectuel (ne parle pas avant 5ans ou ne s’exprime qu’avec des borborygmes, porte des couches jusqu’à 9ans) mais n’est en aucun cas victime d’une pathologie. Eva va donc vivre aux rythmes des désagréments du quotidien apportés par son petit monstre de fils. Tout va aller de mal en pis, jusqu’à ce que Kevin ne commette l’irréparable, un massacre dans son lycée.
Je ne rentrerai pas dans la polémique un livre/un film que j’affectionne pourtant énormément à l’habitude, mais We need to talk about Kevin m’avait tellement bouleversé à la fin de sa lecture (m’arrachant même quelques seaux de larmes dans les 30 dernières pages), un des rares livres qui m’aient mis dans un tel état que je ne serais pas objectif. Le montage est plutôt bien traité, et ce n’était pas évident de basculer d’un roman qui à la base est épistolaire ; on laisse donc tomber le côté correspondance entre Eva et son mari pour suivre directement le quotidien post-massacre d’Eva entre recherche de travail, vandalisme sur sa propriété, visites à son fils en prison tout cela rythmé aussi par des flashback, de la rencontre de son mari, naissance de Kevin puis son enfance, l’arrivée de la petite sœur, et enfin l’adolescence du futur meurtrier.
Dur, dur d'être les parents d'un petit psychopathe
Outre Tilda Swinton, John C. Reilly (Magnolia, Boogie Nights, The Hours…) et Ezra Miller complètent le casting. Leur interprétation n’a rien d’exceptionnel en soi mais tout à fait juste, Reilly en papa poule qui donne toujours raison à son fils, Ezra incarne lui un Kévin détestable à souhait.
D'ailleurs le casting spécifique à Kevin selon son âge est vraiment super raccord (cf photo ci-dessous), le petit gamin tout à droite dont je ne connais pas le nom et qui joue le petit monstre à l’âge de neuf ans est celui qui m'a le plus bluffé au niveau de l'interprétation.
L'approche psychologique de Kevin est très bien abordé, dès sa plus tendre enfance il se complait dans la destruction et deviendra son terrain de jeu favori (pourrir le mur du bureau de sa mère, collectionner les virus informatiques, tir à l'arc sur ses camarades..) bien que quelques horreurs du livre soient mises de côté ou abordées de façon moins horrible. L'évolution des rapports entre mère et fils une fois que Kevin est incarcéré est elle aussi bien traité, reste peut-être moins nuancé mais tout de même conforme au livre.
Il me semble que pour ma preview je vous disais que l’impatience de voir ce film était à double tranchant, satisfaction ou déception, je pencherai plutôt du côté de la satisfaction même si on pourra noter la trop grande dominance de la couleur rouge pour la photo qui est un peu maladroite à mon avis, et bien évidemment connaissant la fin, pas la même montée en pression qu’un spectateur ‘vierge’ (mais apparemment cela bien fait son effet sur la personne qui a regardé le film avec moi et qui n’avait pas lu le bouquin). Une adaptation de livre plutôt réussie donc, ça se fait rare par les temps qui courent !
BANDE-ANNONCE
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mardi 28 février 2012
100 minutes d'éjaculation faciale by Blondin
Mise en bouche
Les critiques se sont emparées de Shame pour le porter en haut de l’affiche. Cependant, sous le feu des projecteurs on peut briller comme brûler. Tout l’encadrement du 7e art est unanime : le film s’annonce dérangeant, stimulant, hors des sentiers battus, riche de sens, complexe, construit, philosophique et raffiné. Un ovni au sujet duquel on s’exprime par le biais de superlatifs eux-mêmes soutenus par des adjectifs qui font référence à la Qualité.
Il faut admettre qu’il est ardu, dans un tel contexte, d’aborder ce travail cinématographique avec une neutralité absolue. Les médias jouent leur rôle quittent à brimer l’effet de surprise mais suscitent néanmoins la curiosité du spectateur. Loin d’un buzz certes mais pas à l’abri d’un marketing bouche-à-oreille relativement efficace.
Un générique sobre. Steve McQueen s’affiche à l’écran. Le réalisateur, pas l’acteur. Paix au premier tandis que le second est en instance de jugement.
Introduction visuelle et autres dérivés
Shame débute par une présentation sans paroles de Brandon (Michael Fassbender). On prend connaissance d’un homme baignant dans une atmosphère sexuelle. Tout est ordonné dans la vie de Brandon, tout est minuté. Chaque chose à sa place. Des prostituées de luxe triées sur le volet, du sexe dépourvu du moindre sentiment ? Rien ne semble échapper à son contrôle si ce n’est sont besoin constant d’assouvissement sexuel. Voici le thème central du film qui est présenté d’une manière peu subtile via, notamment, des messages vocaux sur son répondeur : « j’ai un cancer … le pire des cancers … le cancer du clito … appelle-moi Braaandon ». A cet instant, le spectateur devrait s’inquiéter pour la suite.
Brandon semble faire partie du « Top Management » de la société qui l’emploie. Son statut social transpire jusqu’aux extrémités de ses chemises haute couture. Son appartement new-yorkais de Golden Boy dénué de meubles et d’histoire mais cinglant de propreté et de modernité.
Hélas, Sissy (Carey Mulligan) la sœur de Brandon va débarquer. Elle est jeune, frivole et va perturber très sérieusement l’organisation quotidienne de son frère. Comment va-t-il pouvoir cacher sa vie sexuée ?
Contradictions ou comment essayer de prendre le spectateur par derrière
Tout d’abord, il ne faut pas prendre le spectateur pour un idiot. Brandon exerce une fonction qui lui permet de partir quand il le souhaite. Par exemple, il quitte son poste le matin et ne revient que le lendemain matin. A contrario, s’il arrive en retard le matin il est convié dans le bureau de son manager. Etrange me direz-vous ? Disons contradictoire et tout le film est parsemé d’incohérences scénaristiques. N’épiloguons pas davantage sur cet aspect car nous y passerions la nuit.
Le sexe, cette maladie qu’il faut soigner
Brandon est accro au sexe. Il visionne des films pornographiques à longueur de journée, fait l’amour à des call-girls de luxe, poursuit une fille dans le métro car son addiction peut prendre le dessus à chaque instant. Rien de neuf sous le soleil. La perversité de Brandon démontrée au travers de ses entretiens en live-cam avec une femme siliconée, on n’y croit guère.
Ainsi le film avancé comme une œuvre qui doit analyser le monde sexué et son marché s’éteint. C’est ridicule tellement les interactions entre les acteurs sont vulgarisées. Impossible de donner de la crédibilité au travail de McQueen tant il ne le mérite pas. Il nous propose une vision édulcorée du mal-être de Brandon car il était possible d’exploiter ce personnage bien au-delà de ce qui est proposé dans ce film. Fassbender est torturé mais sans jamais entrer dans l’analyse de sa souffrance parce qu’il souffre c’est un fait. In fine, ce travail traite du mal-être sociétal, du matérialisme et de la superficialité des relations humaines. Dans ce domaine, on a vu des travaux scéniques nettement plus probants.
A croire qu’on ne traite pas la superficialité relationnelle par la superficialité scénaristique. Durant une centaine de minutes, on comprend qu’il y a un malaise considérable entre sa sœur et lui. Tellement flagrant qu’un enfant de huit ans pourrait le déceler. A nouveau un manque cruel de finesse. Hélas les chapitres se succèdent dans un chaos sans intérêt. Creux, vide et sans volonté réelle d’approcher la complexité des sentiments humains. Une discussion intéressante dans un restaurant. Cinq minutes c’est insuffisant.
Le suçon religieux
Shame témoigne de l’omniprésence de la dimension judéo-chrétienne dans notre société. Cette empreinte moralisatrice qui rend le film dérangeant. (Sur ce point la critique avait raison). Une vision partiale de l’attirance physique et du désir corporel. On condamne le libertin errant mais on excuse voire on plaint l’homme marié qui trompe sa femme sans relâche. Sous prétexte qu’il se trouve sous la coupe du mariage, il est à excuser.
[SPOILER] Lorsque Brandon entre dans une discothèque gay. L’univers devient soudainement glauque. On quitte les lits duveteux, remplis de plumes où s’entrelacent des prostituées de luxe, belles, sensuelles et soignées jusqu’au bout des ongles pour une atmosphère pesante où les homosexuels sont présentés comme des citoyens basiques qui siphonnent des bières, portent des casquettes de camionneurs et se sodomisent partout dans le bar. La douceur et la beauté leur sont interdites ? On est en droit de se poser la question ? [FIN DU SPOILER]
Fassbender aurait pu permettre au film de s’en sortir mais même lui ne semble pas y croire. Loin du charisme d’un Christian Bale dans American Psycho. Erreur de casting ? Certainement pas. Fassbender ne manque pas de qualité. Ceci dit, il semble abandonné à son rôle et avoir manqué d’encadrement à l’instar du film. Carey Mulligan tire son épingle du jeu, elle possède décidemment un potentiel énorme qu’on avait pu apercevoir dans Drive. Touchante et sensuelle elle suscite à la fois tendresse et incompréhension. On a envie de la serrer dans ses bras, on a envie de comprendre sa relation avec son frère aussi mais McQueen ne nous offre pas cette opportunité.
Esthétiquement c’est une réussite. Par contre la bande originale est barbante et ne colle pas aux scènes.
Il ne faut pas tout intellectualiser certes mais il ne faudrait pas présenter l’être humain uniquement sous un aspect purement primitif. Un travail inachevé, une orientation républicaine.
Les critiques se sont emparées de Shame pour le porter en haut de l’affiche. Cependant, sous le feu des projecteurs on peut briller comme brûler. Tout l’encadrement du 7e art est unanime : le film s’annonce dérangeant, stimulant, hors des sentiers battus, riche de sens, complexe, construit, philosophique et raffiné. Un ovni au sujet duquel on s’exprime par le biais de superlatifs eux-mêmes soutenus par des adjectifs qui font référence à la Qualité.
Il faut admettre qu’il est ardu, dans un tel contexte, d’aborder ce travail cinématographique avec une neutralité absolue. Les médias jouent leur rôle quittent à brimer l’effet de surprise mais suscitent néanmoins la curiosité du spectateur. Loin d’un buzz certes mais pas à l’abri d’un marketing bouche-à-oreille relativement efficace.
Un générique sobre. Steve McQueen s’affiche à l’écran. Le réalisateur, pas l’acteur. Paix au premier tandis que le second est en instance de jugement.
Introduction visuelle et autres dérivés
Shame débute par une présentation sans paroles de Brandon (Michael Fassbender). On prend connaissance d’un homme baignant dans une atmosphère sexuelle. Tout est ordonné dans la vie de Brandon, tout est minuté. Chaque chose à sa place. Des prostituées de luxe triées sur le volet, du sexe dépourvu du moindre sentiment ? Rien ne semble échapper à son contrôle si ce n’est sont besoin constant d’assouvissement sexuel. Voici le thème central du film qui est présenté d’une manière peu subtile via, notamment, des messages vocaux sur son répondeur : « j’ai un cancer … le pire des cancers … le cancer du clito … appelle-moi Braaandon ». A cet instant, le spectateur devrait s’inquiéter pour la suite.
Brandon semble faire partie du « Top Management » de la société qui l’emploie. Son statut social transpire jusqu’aux extrémités de ses chemises haute couture. Son appartement new-yorkais de Golden Boy dénué de meubles et d’histoire mais cinglant de propreté et de modernité.
Hélas, Sissy (Carey Mulligan) la sœur de Brandon va débarquer. Elle est jeune, frivole et va perturber très sérieusement l’organisation quotidienne de son frère. Comment va-t-il pouvoir cacher sa vie sexuée ?
Contradictions ou comment essayer de prendre le spectateur par derrière
Tout d’abord, il ne faut pas prendre le spectateur pour un idiot. Brandon exerce une fonction qui lui permet de partir quand il le souhaite. Par exemple, il quitte son poste le matin et ne revient que le lendemain matin. A contrario, s’il arrive en retard le matin il est convié dans le bureau de son manager. Etrange me direz-vous ? Disons contradictoire et tout le film est parsemé d’incohérences scénaristiques. N’épiloguons pas davantage sur cet aspect car nous y passerions la nuit.
Le sexe, cette maladie qu’il faut soigner
Brandon est accro au sexe. Il visionne des films pornographiques à longueur de journée, fait l’amour à des call-girls de luxe, poursuit une fille dans le métro car son addiction peut prendre le dessus à chaque instant. Rien de neuf sous le soleil. La perversité de Brandon démontrée au travers de ses entretiens en live-cam avec une femme siliconée, on n’y croit guère.
Ainsi le film avancé comme une œuvre qui doit analyser le monde sexué et son marché s’éteint. C’est ridicule tellement les interactions entre les acteurs sont vulgarisées. Impossible de donner de la crédibilité au travail de McQueen tant il ne le mérite pas. Il nous propose une vision édulcorée du mal-être de Brandon car il était possible d’exploiter ce personnage bien au-delà de ce qui est proposé dans ce film. Fassbender est torturé mais sans jamais entrer dans l’analyse de sa souffrance parce qu’il souffre c’est un fait. In fine, ce travail traite du mal-être sociétal, du matérialisme et de la superficialité des relations humaines. Dans ce domaine, on a vu des travaux scéniques nettement plus probants.
A croire qu’on ne traite pas la superficialité relationnelle par la superficialité scénaristique. Durant une centaine de minutes, on comprend qu’il y a un malaise considérable entre sa sœur et lui. Tellement flagrant qu’un enfant de huit ans pourrait le déceler. A nouveau un manque cruel de finesse. Hélas les chapitres se succèdent dans un chaos sans intérêt. Creux, vide et sans volonté réelle d’approcher la complexité des sentiments humains. Une discussion intéressante dans un restaurant. Cinq minutes c’est insuffisant.
Le suçon religieux
Shame témoigne de l’omniprésence de la dimension judéo-chrétienne dans notre société. Cette empreinte moralisatrice qui rend le film dérangeant. (Sur ce point la critique avait raison). Une vision partiale de l’attirance physique et du désir corporel. On condamne le libertin errant mais on excuse voire on plaint l’homme marié qui trompe sa femme sans relâche. Sous prétexte qu’il se trouve sous la coupe du mariage, il est à excuser.
[SPOILER] Lorsque Brandon entre dans une discothèque gay. L’univers devient soudainement glauque. On quitte les lits duveteux, remplis de plumes où s’entrelacent des prostituées de luxe, belles, sensuelles et soignées jusqu’au bout des ongles pour une atmosphère pesante où les homosexuels sont présentés comme des citoyens basiques qui siphonnent des bières, portent des casquettes de camionneurs et se sodomisent partout dans le bar. La douceur et la beauté leur sont interdites ? On est en droit de se poser la question ? [FIN DU SPOILER]
Fassbender aurait pu permettre au film de s’en sortir mais même lui ne semble pas y croire. Loin du charisme d’un Christian Bale dans American Psycho. Erreur de casting ? Certainement pas. Fassbender ne manque pas de qualité. Ceci dit, il semble abandonné à son rôle et avoir manqué d’encadrement à l’instar du film. Carey Mulligan tire son épingle du jeu, elle possède décidemment un potentiel énorme qu’on avait pu apercevoir dans Drive. Touchante et sensuelle elle suscite à la fois tendresse et incompréhension. On a envie de la serrer dans ses bras, on a envie de comprendre sa relation avec son frère aussi mais McQueen ne nous offre pas cette opportunité.
Esthétiquement c’est une réussite. Par contre la bande originale est barbante et ne colle pas aux scènes.
Il ne faut pas tout intellectualiser certes mais il ne faudrait pas présenter l’être humain uniquement sous un aspect purement primitif. Un travail inachevé, une orientation républicaine.
dimanche 19 février 2012
Frankenstein (1994) by Dylan
"I busied myself to think of a story, which would speak to the mysterious fears of our nature and awaken thrilling horror. One to make the reader dread to look around, to curdle the blood, and quicken the beatings of the heart."
S’il y a bien des adaptations absolument incontournables au cinéma, ce sont bien celles de Kenneth Branagh. Fanatique de Shakespeare, grand acteur de théâtre, il s’attaque tout au long de sa carrière à des œuvres difficiles, réussissant un tour de main assez extraordinaire : celui de garder le côté classique des œuvres tout en y ajoutant une touche moderne et clairement personnelle. Ici, il nous offre une adaptation du roman de Mary Shelley : Frankenstein. Comme dans son adaptation de Hamlet, le casting est à la fois bourré d’acteurs Shakespeariens (comme Ian Holm), mais on trouve également l’acteur de cinéma Américain par excellence : Robert De Niro. Le résultat est encore une fois un film aux décors et acteurs surprenants qui reprend une histoire que tout le monde connaît. Mais en fin de compte, on redécouvre cette histoire et on se rend compte qu’au delà des scènes connues « It’s Alive », on ne connaît pas tant que cela. Ce film fut pour moi un petit bonheur à regarder. Je dis petit, car c’est un film assez dur psychologiquement et j’ai vraiment eu l’impression d’être plongée dans le cœur du personnage principal, celui du Dr. Viktor Frankenstein. Pour moi, ce film fait donc bien mieux que de nous plonger dans un univers semi-connu : il nous met à la place de ce docteur un peu fou qui n’avait qu’un rêve : faire en sorte que plus personne ne meure, en apprenant à créer la vie.
Le film raconte donc l’histoire de Viktor Frankenstein (Kenneth Branagh), amoureux de sa sœur adoptive (Helena Bonham Carter), qui semble être un homme plutôt cultivé, charmant, honnête, amoureux, fascinant. Sa sœur adoptive l'aime aussi, ils ont une relation très saine, donc pas d'histoire d'inceste ou autre truc glauque. Malheureusement, après la mort de sa mère, une idée l’obsède : comment pourrait-il faire pour empêcher les gens de mourir ? Son désir le plus cher devient alors de faire ses études de médecine pour trouver une solution et faire des recherches. Il quitte sa famille en promettant à sa « sœur » qu’il reviendra pour l’épouser. Les mois passent alors, et pas de nouvelle de Viktor. Il est en réalité en plein dans ses recherches et est même très, très prêt du but… La suite vous la connaissez : il arrive à créer un humain, à le rendre vivant, mais il réalise alors que c’était une erreur. La créature est hideuse et a une force surhumaine. Viktor s’en veut, comprend qu’il n’aurait jamais du jouer à Dieu, mais il est trop tard. La créature (jouée par Robert De Niro) s’échappe et va vivre seule quelques temps, avant de trouver refuge caché dans une maison familiale. Il en sera ensuite chassé malgré lui à cause de son apparence. Le cœur brisé, la créature décide de se venger du Dr. Frankenstein et va aller le retrouver afin de le détruire, lui et ceux qu’il aime...
Marry Shelley’s Frankenstein est un film qui respecte les attentes que l’on pourrait avoir d’une telle œuvre. On a droit à toutes les scènes connues que l’on attend, et elles sont pourtant mises en scène de telle façon que l’on ne s’ennuie pas. Pas d’impression de déjà vu pour ma part, j’étais juste fascinée par l’image, le ton parfait de l’acteur (Kenneth Branagh), lui qui savait si bien dire son « To be or not to be », le voilà encore une fois qui arrive à sortir une réplique connue mondialement sans avoir l’air nul ou redondant : "It’s Alive". Oui, elle est en vie, et elle jouée par Robert de Niro. Son rôle à lui est assez touchant, ils l’ont rendu immense, avec un très beau costume… Et le travail de maquillage est assez convainquant. Alors oui, ça passe, ça passe très bien même. Dans le rôle de la femme/sœur du Dr. Frankenstein, une jeune demoiselle que l’on connaît aussi : Helena Bonham Carter. Sa prestation est assez formidable du début jusqu’à la fin. Je dirai même que c’est vers la fin que l’on reste scotché à son siège en la regardant. Je ne vous dirai pas pourquoi pour ne pas faire de spoiler, mais c’est un des rôles les plus troublants qu’il m’a été donné de voir récemment. Je ne sais pas pourquoi, mais il y a eu quelque chose dans son jeu, dans son esthétique, dans la mise en scène… Quelque chose qui m’a vraiment fait très froid dans le dos. Peut-être parce que le film commence de façon joyeuse, colorée, souriante... Et qu’il sombre peu à peu dans le mal, la souffrance, voire carrément la folie...
Le réalisateur Kenneth Branagh retrouve ici des thèmes qu’il semble adorer : cette puissance théâtrale, cette façon de jouer des histoires que tout le monde connaît. L’amour impossible rendu possible pendant quelques moments, le regard des autres, le fait que ces personnages ne sont pas toujours ce qu’ils semblent être, la folie, l’enfermement. Tout cela dans un décor plus que somptueux (notamment les grands escaliers chez Frankenstein), avec un gros budget (45 millions de $)... Le tout produit par Coppola. C’est pour moi un film extrêmement marquant, qui peut un peu faire penser a Mary Reilly (sur Dr. Jeckyll et Mr. Hyde). Belle esthétique, très beaux dialogues, Frankenstein est un film que je conseille vivement. Un bon film « d’horreur » qui ne fait pas peur, mais qui réussit à nous faire ressentir ce malaise, cette gêne en voyant cette créature inhumaine qui pourtant, avait tout pour être un personnage positif. C’est là aussi la force du film : on est pas là pour faire plaisir au spectateur. Nous avons droit aux scènes que nous voulions voir, mais pour le reste, pas le choix : ce n’est pas une belle histoire. Mais c'est un film superbe. Et la fin... La fin... A vous de regarder le film !
Trailer
mardi 14 février 2012
Ennio Morricone by Hablast
Il y a certains compositeurs que tout le monde se devrait de connaître tellement leur musique s’est imprégné dans notre esprit. Si Mozart a marqué la terre entière avec sa musique classique, Ennio Morricone est certainement l’un de ces contemporains qui va encore résonner longtemps dans nos têtes.
Aujourd’hui, Ennio Morricone a composé la musique de plus de 500 films et programmes télévisés et a vendu un total de 50 millions de disques dans le monde. Voici la présentation de quelques unes de ses meilleures compositions.
Son premier grand succès qui lui vaudra une reconnaissance internationale est, bien entendu, sa première collaboration avec Sergio Leone Per un pugno di dollari avec en vedette Clint Eastwood.
Ce n’est pas un hasard si c’est avec Sergio Leone qu’Ennio Morricone a proposé ses premières grandes compositions. C’est, effet, grâce à Leone qu’Ennio Morricone a pu dévoiler son potentiel. Le réalisateur avait pour habitude de donner la priorité à la musique pour implanter l’atmosphère du film. Ainsi, la musique était bien souvent déjà composée avant même que les premières séquences ne furent tournées. C’était déjà, entre autre, le cas avec Per un pugno di dollari. Leone a précisé dans une interview que l’ambiance très lente du film était d’ailleurs due à la musique.
Cette collaboration va continuer pour la quasi-totalité des films de Leone avec à chaque fois, un travail de plus en plus poussé dans la musique. Pour le deuxième volet de la trilogie du dollar, on s’est demandé comment Ennio Morricone allait pouvoir faire mieux. A la vision de ce film et à l’écoute de la musique, on se dit qu’on a atteint le summum. Ce genre de B.O. reste d’ailleurs dans la tête un sacré bout de temps avant de penser à autre chose. Et cela ne dérange d’ailleurs pas le moins du monde. Dans Per qualche dollaro in più, on retrouve donc un thème principal mémorable ainsi que la musique du duel final qui sonne plus western que jamais.
Alors, était-il impossible de faire mieux qu’Et pour quelques dollars de plus ? La réponse ne s'est pas faite attendre. Deux ans plus tard, Sergio Leone nous propose le film considéré par beaucoup comme le meilleur western de tous les temps : Il buono, il brutto, il cattivo. Plus besoin de présenter ce thème que tout le monde pourrait parvenir à siffloter sans aucun problème. Mais ce n’est pas la seule composition qui a marqué le film,The Ecstasy of Gold n’a rien à envier à quiconque. Il n’est pas rare que nombre de personnes disent sérieusement qu’elles voudraient qu’on joue cette composition à leurs funérailles.
La trilogie du dollars étant finie, Morricone aurait également achevé son oeuvre ? Du tout, bien au contraire. Avec C'era una volta il West, le grand retour de Morricone était assuré. Sergio Leone, à l’instar de ses précédents films, tenait à ce qu’on joue le thème principal du film sur le plateau, pour que l’ambiance de la composition s’imprègne dans chacun des acteurs et même de l’équipe derrière la caméra, afin de créer une osmose absolue avec la musique. Le résultat fut une nouvelle fois bel et bien au rendez-vous.
Bien que Giù la testa (il était une fois la révolution) et Il mio nome è Nessuno (mon nom est personne) ont moins marqué les esprits, on retrouve tout de même le style d’Ennio Morricone et un travail toujours impeccable. Mais si ce petit recul de talent s’est reflété dans la composition de ces deux films, on ne manquera pas de pardonner Ennio Morricone et encore moins de douter de lui en voyant son travail avec Debora’s Theme composée pour C'era una volta in America que beaucoup ont jugé comme sa composition la plus magistrale. Certains qualifient d’ailleurs cette composition comme la définition même du lyrisme.
Il serait absolument inculte de penser que l’oeuvre d’Ennio Morricone s’arrête à Sergio Leone. Le fruit de son travail se montre sous bien différentes formes dans beaucoup de films au genre très différent. Il est d’ailleurs bon de rappeler que parmis les 5 nominations aux Oscars qu’a reçu Ennio Morricone, aucune n’est dûe à l’un des films de Sergio Leone. Ainsi la musique de Days of Heaven (les moissons du ciel) de Terrence Malick, The Mission de Roland Joffé, de The Untouchables (les incorruptibles) de Brian de Palma, de Bugsy de Barry Levinson et de Malèna de Giuseppe Tornatore sont les 5 compositions qui lui ont valu une nomination pour les Academy Awards.
Mais encore une fois, le travail de Morricone est très apprécié pour beaucoup d’autres films comme d’autres westerns spaghettis tels que Da uomo a uomo (la mort était au rendez-vous, thème repris par Tarantino pour Kill Bill), Navajo Joe, Il mercenario … des films français comme Le professionnel, le clan des siciliens, le cinéma italien avec Cinéma Paradisio et le méconnu Indagine su un cittadino al di sopra di ogni sospetto (Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon), et même un peu de Héroic fantasy avec Red Sonja (Kalidor).
Pourtant, Ennio Morricone n’a jamais obtenu l’oscar pour la meilleure musique de film. L’institution des Oscars a certainement du se rendre compte de son erreur et s’est empressée de lui offrir un Oscar d’honneur pour l’ensemble de sa carrière en 2007, décerné par Clint Eastwood en personne. Ce qui permit aux deux cinéastes de se rencontrer pour la première fois !
Liens :
SERGIO LEONE
Pour une poignée de dollars : Main Title
Et pour quelques dollars de plus : Theme , Sixty seconds to what?
Le bon, la brute et le Truand : Theme, The Ectasy of gold
Il était une fois dans l'ouest : Theme, Man With A Harmonica
Il était une fois la révolution : Theme
Mon nom est personne : Theme, The Wild Horde
Il était une fois en Amérique : Deborah's Theme
WESTERN SPAGHETTI
La mort était au rendez-vous: Theme
Navajoe Joe : Theme
Le mercenaire : L'Arena
NOMINATIONS OSCARS
Les moisson du ciel : Theme
The mission : Theme
Les incorruptibles : Theme
Bugsy : Theme
Malèna : Theme
AUTRES
Le professionel : Chi Mai
Le clan des siciliens : Theme
Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon : Theme
Cinema Paradisio : Final Theme
Red Sonja : Theme , Final Theme
Nous pouvons en tout cas dire qu’avec une oeuvre aussi variée que celle là, il serait difficile d’y rester insensible.
Cordialement Hablast.
Aujourd’hui, Ennio Morricone a composé la musique de plus de 500 films et programmes télévisés et a vendu un total de 50 millions de disques dans le monde. Voici la présentation de quelques unes de ses meilleures compositions.
Son premier grand succès qui lui vaudra une reconnaissance internationale est, bien entendu, sa première collaboration avec Sergio Leone Per un pugno di dollari avec en vedette Clint Eastwood.
Ce n’est pas un hasard si c’est avec Sergio Leone qu’Ennio Morricone a proposé ses premières grandes compositions. C’est, effet, grâce à Leone qu’Ennio Morricone a pu dévoiler son potentiel. Le réalisateur avait pour habitude de donner la priorité à la musique pour implanter l’atmosphère du film. Ainsi, la musique était bien souvent déjà composée avant même que les premières séquences ne furent tournées. C’était déjà, entre autre, le cas avec Per un pugno di dollari. Leone a précisé dans une interview que l’ambiance très lente du film était d’ailleurs due à la musique.
Cette collaboration va continuer pour la quasi-totalité des films de Leone avec à chaque fois, un travail de plus en plus poussé dans la musique. Pour le deuxième volet de la trilogie du dollar, on s’est demandé comment Ennio Morricone allait pouvoir faire mieux. A la vision de ce film et à l’écoute de la musique, on se dit qu’on a atteint le summum. Ce genre de B.O. reste d’ailleurs dans la tête un sacré bout de temps avant de penser à autre chose. Et cela ne dérange d’ailleurs pas le moins du monde. Dans Per qualche dollaro in più, on retrouve donc un thème principal mémorable ainsi que la musique du duel final qui sonne plus western que jamais.
Alors, était-il impossible de faire mieux qu’Et pour quelques dollars de plus ? La réponse ne s'est pas faite attendre. Deux ans plus tard, Sergio Leone nous propose le film considéré par beaucoup comme le meilleur western de tous les temps : Il buono, il brutto, il cattivo. Plus besoin de présenter ce thème que tout le monde pourrait parvenir à siffloter sans aucun problème. Mais ce n’est pas la seule composition qui a marqué le film,The Ecstasy of Gold n’a rien à envier à quiconque. Il n’est pas rare que nombre de personnes disent sérieusement qu’elles voudraient qu’on joue cette composition à leurs funérailles.
La trilogie du dollars étant finie, Morricone aurait également achevé son oeuvre ? Du tout, bien au contraire. Avec C'era una volta il West, le grand retour de Morricone était assuré. Sergio Leone, à l’instar de ses précédents films, tenait à ce qu’on joue le thème principal du film sur le plateau, pour que l’ambiance de la composition s’imprègne dans chacun des acteurs et même de l’équipe derrière la caméra, afin de créer une osmose absolue avec la musique. Le résultat fut une nouvelle fois bel et bien au rendez-vous.
Bien que Giù la testa (il était une fois la révolution) et Il mio nome è Nessuno (mon nom est personne) ont moins marqué les esprits, on retrouve tout de même le style d’Ennio Morricone et un travail toujours impeccable. Mais si ce petit recul de talent s’est reflété dans la composition de ces deux films, on ne manquera pas de pardonner Ennio Morricone et encore moins de douter de lui en voyant son travail avec Debora’s Theme composée pour C'era una volta in America que beaucoup ont jugé comme sa composition la plus magistrale. Certains qualifient d’ailleurs cette composition comme la définition même du lyrisme.
Il serait absolument inculte de penser que l’oeuvre d’Ennio Morricone s’arrête à Sergio Leone. Le fruit de son travail se montre sous bien différentes formes dans beaucoup de films au genre très différent. Il est d’ailleurs bon de rappeler que parmis les 5 nominations aux Oscars qu’a reçu Ennio Morricone, aucune n’est dûe à l’un des films de Sergio Leone. Ainsi la musique de Days of Heaven (les moissons du ciel) de Terrence Malick, The Mission de Roland Joffé, de The Untouchables (les incorruptibles) de Brian de Palma, de Bugsy de Barry Levinson et de Malèna de Giuseppe Tornatore sont les 5 compositions qui lui ont valu une nomination pour les Academy Awards.
Mais encore une fois, le travail de Morricone est très apprécié pour beaucoup d’autres films comme d’autres westerns spaghettis tels que Da uomo a uomo (la mort était au rendez-vous, thème repris par Tarantino pour Kill Bill), Navajo Joe, Il mercenario … des films français comme Le professionnel, le clan des siciliens, le cinéma italien avec Cinéma Paradisio et le méconnu Indagine su un cittadino al di sopra di ogni sospetto (Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon), et même un peu de Héroic fantasy avec Red Sonja (Kalidor).
Pourtant, Ennio Morricone n’a jamais obtenu l’oscar pour la meilleure musique de film. L’institution des Oscars a certainement du se rendre compte de son erreur et s’est empressée de lui offrir un Oscar d’honneur pour l’ensemble de sa carrière en 2007, décerné par Clint Eastwood en personne. Ce qui permit aux deux cinéastes de se rencontrer pour la première fois !
Liens :
SERGIO LEONE
Pour une poignée de dollars : Main Title
Et pour quelques dollars de plus : Theme , Sixty seconds to what?
Le bon, la brute et le Truand : Theme, The Ectasy of gold
Il était une fois dans l'ouest : Theme, Man With A Harmonica
Il était une fois la révolution : Theme
Mon nom est personne : Theme, The Wild Horde
Il était une fois en Amérique : Deborah's Theme
WESTERN SPAGHETTI
La mort était au rendez-vous: Theme
Navajoe Joe : Theme
Le mercenaire : L'Arena
NOMINATIONS OSCARS
Les moisson du ciel : Theme
The mission : Theme
Les incorruptibles : Theme
Bugsy : Theme
Malèna : Theme
AUTRES
Le professionel : Chi Mai
Le clan des siciliens : Theme
Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon : Theme
Cinema Paradisio : Final Theme
Red Sonja : Theme , Final Theme
Nous pouvons en tout cas dire qu’avec une oeuvre aussi variée que celle là, il serait difficile d’y rester insensible.
Cordialement Hablast.
lundi 6 février 2012
Submarine de Richard Ayoade by Jim
My mother is worried I have mental problems. I found a book about teenage paranoid delusions during a routine search of my parents' bedroom (Oliver Tate)
Oliver Tate, un adolescent aux grand yeux blasés – et sûrement trop intelligents – représente cette société galloise du bord de mer qui semble appartenir à un souvenir tiré d’un appareil photo lomographique. Entre les problèmes de couple de ses parents et l’arrivée de Jordana Bevan dans sa vie, Oliver doit grandir, s’ouvrir et découvrir qu’il n’est vraiment pas doué, mais qu’il peut quand même s’en sortir et épater la galerie. L’histoire d’Oliver Tate, c’est un voyage indie au cœur de l’adolescence, avec pour seul gouvernail les réflexions absurdement désopilantes d’un jeune de quinze ans, définitivement paumé sur la question de l’amour en général.
C’était une des surprises du festival international de Toronto, et puis de Sundance, mais malgré tout, Submarine est passé en Belgique comme une brise dans un ouragan : inaperçu. Presque pas joué dans les salles, il a dû attendre sa sortie en dvd pour être correctement diffusé, et rendu accessible à tous. Et c’est bien dommage, parce que l’expérience devait être extravagante lorsque vécue dans une salle obscure. Quoi qu’il en soit, il est aussi vrai que Submarine n’appartient pas à un genre mainstream plébiscité par la plupart des spectateurs : ce n’est pas une comédie grasse – et pareille à un bon vieux furoncle – sur les difficultés de l’adolescence, à la façon, par exemple, d’un American Pie, ce qui rendait donc sa sortie dans toutes les salles du plat pays relativement improbable. Submarine est subtil, enchanteur, et finalement, d’un point de vue visuel et scénaristique, s’apparente à la veine des films de Wes Anderson, le roi du cinéma indie américain. La preuve ? Souvent, on ne sait pas si on doit rire ou pleurer, ou simplement se déconnecter le lobe temporal pour rigoler, les situations et les personnages transpirent de motivations aberrantes. La famille, le thème de prédilection d’Anderson, obtient aussi une place prépondérante, puisque la seconde partie du film se centre sur la résolution des problèmes d’Oliver. Et finalement, le ton général du film, entre absurde, désopilant, et dramatique, un mélange explosif, une marque de fabrique de Wes Anderson. Mais Submarine n’est pas un film calqué trivialement sur le modèle andersonien, c’est surtout, à la base, un livre on-ne-peut-plus-gallois écrit par un auteur gallois dément, Joe Dunthorne, qui dose à merveille les aspects sentimentaux, dramatiques, et absurdes d’une histoire somme toute ordinaire, mais rendue extraordinaire par un scénario audacieux et une mise en scène décapante – surtout photographiquement parlant.
Jordana and I enjoyed an atavistic, glorious fortnight of lovemakin', humiliatin' teachers and bullies in the week. I have already turned these moments into the Super-8 footage of memory (Oliver Tate)
Ce qui rend vraiment unique et intéressant Submarine, c’est le fait qu’Oliver Tate himself nous raconte son histoire, avec un sens inné, saugrenu et exceptionnel de l’usage de la métaphore. Il a beau avoir quinze ans, il a (presque) tout compris à la vie, à comment les individus raisonnent, mais, est toujours incapable de s’en sortir socialement et émotionnellement parlant, la faute à ses parents qui répriment parfaitement leurs sentiments. Et puis, il y a Jordana. Un petit bout de femme vêtue d’une veste rouge, à la frange rieuse, qui est aussi une énigme en elle-même, ce qui oblige Oliver à devoir faire preuve d’originalité et à adapter sans cesse ses comportements. Oliver, un anti-héros presque, puisque il n’a aucune force surhumaine – si on omet son intellect percutant-, habite un univers hors de la temporalité, loin du monde et de ses modes incessantes.
Bien sûr, on ne peut s’empêcher, d’emblée, de se prendre d’affection pour ce gosse cruellement drôle, dont les aventures cocasses se terminent souvent en sourires perplexes. Il y a quelque chose de véritablement touchant chez Oliver, visiblement inapte à opérer les bons choix, à avoir les bons comportements. Cette maladresse plus qu’évidente donne une force incroyable à ce petit film indie sans prétention aucune, si ce n’est celle de transporter ailleurs, et de faire rêver sous une musique indécemment excellente d'Alex Turner, le leader des Arctic Monkeys.
Jusqu’à Submarine, Craig Roberts était un inconnu, mais le rôle d’Oliver devrait le propulser, on l’espère sincèrement, dans une belle carrière. Et que dire de Yasmin Paige, au sourire prêt à se changer en moue en quelques secondes. Le reste du casting se compose notamment, pour les parents d’Oliver, de Sally Hawkins et Noah Taylor, tous deux dans des compositions névrosées, pour le plus grand plaisir de tous.
Autre révélation du film : son réalisateur, Richard Ayoade, qui transmet parfaitement l'univers conté par Joe Dunthorne.
Submarine, une bouffée d’air frais, une œuvre originale portée par une musique douce comme une vague timide et mélancolique qui vient s’évanouir sur les pieds, une promenade dans des clichés issus d’un vieux polaroid. Un plaisir total d’une heure trente qui ne déroge à aucun style particulier et qui s’affranchit des limites grasses et stéréotypées des films sur l’adolescence.
Trailer
Oliver Tate, un adolescent aux grand yeux blasés – et sûrement trop intelligents – représente cette société galloise du bord de mer qui semble appartenir à un souvenir tiré d’un appareil photo lomographique. Entre les problèmes de couple de ses parents et l’arrivée de Jordana Bevan dans sa vie, Oliver doit grandir, s’ouvrir et découvrir qu’il n’est vraiment pas doué, mais qu’il peut quand même s’en sortir et épater la galerie. L’histoire d’Oliver Tate, c’est un voyage indie au cœur de l’adolescence, avec pour seul gouvernail les réflexions absurdement désopilantes d’un jeune de quinze ans, définitivement paumé sur la question de l’amour en général.
C’était une des surprises du festival international de Toronto, et puis de Sundance, mais malgré tout, Submarine est passé en Belgique comme une brise dans un ouragan : inaperçu. Presque pas joué dans les salles, il a dû attendre sa sortie en dvd pour être correctement diffusé, et rendu accessible à tous. Et c’est bien dommage, parce que l’expérience devait être extravagante lorsque vécue dans une salle obscure. Quoi qu’il en soit, il est aussi vrai que Submarine n’appartient pas à un genre mainstream plébiscité par la plupart des spectateurs : ce n’est pas une comédie grasse – et pareille à un bon vieux furoncle – sur les difficultés de l’adolescence, à la façon, par exemple, d’un American Pie, ce qui rendait donc sa sortie dans toutes les salles du plat pays relativement improbable. Submarine est subtil, enchanteur, et finalement, d’un point de vue visuel et scénaristique, s’apparente à la veine des films de Wes Anderson, le roi du cinéma indie américain. La preuve ? Souvent, on ne sait pas si on doit rire ou pleurer, ou simplement se déconnecter le lobe temporal pour rigoler, les situations et les personnages transpirent de motivations aberrantes. La famille, le thème de prédilection d’Anderson, obtient aussi une place prépondérante, puisque la seconde partie du film se centre sur la résolution des problèmes d’Oliver. Et finalement, le ton général du film, entre absurde, désopilant, et dramatique, un mélange explosif, une marque de fabrique de Wes Anderson. Mais Submarine n’est pas un film calqué trivialement sur le modèle andersonien, c’est surtout, à la base, un livre on-ne-peut-plus-gallois écrit par un auteur gallois dément, Joe Dunthorne, qui dose à merveille les aspects sentimentaux, dramatiques, et absurdes d’une histoire somme toute ordinaire, mais rendue extraordinaire par un scénario audacieux et une mise en scène décapante – surtout photographiquement parlant.
Jordana and I enjoyed an atavistic, glorious fortnight of lovemakin', humiliatin' teachers and bullies in the week. I have already turned these moments into the Super-8 footage of memory (Oliver Tate)
Ce qui rend vraiment unique et intéressant Submarine, c’est le fait qu’Oliver Tate himself nous raconte son histoire, avec un sens inné, saugrenu et exceptionnel de l’usage de la métaphore. Il a beau avoir quinze ans, il a (presque) tout compris à la vie, à comment les individus raisonnent, mais, est toujours incapable de s’en sortir socialement et émotionnellement parlant, la faute à ses parents qui répriment parfaitement leurs sentiments. Et puis, il y a Jordana. Un petit bout de femme vêtue d’une veste rouge, à la frange rieuse, qui est aussi une énigme en elle-même, ce qui oblige Oliver à devoir faire preuve d’originalité et à adapter sans cesse ses comportements. Oliver, un anti-héros presque, puisque il n’a aucune force surhumaine – si on omet son intellect percutant-, habite un univers hors de la temporalité, loin du monde et de ses modes incessantes.
Bien sûr, on ne peut s’empêcher, d’emblée, de se prendre d’affection pour ce gosse cruellement drôle, dont les aventures cocasses se terminent souvent en sourires perplexes. Il y a quelque chose de véritablement touchant chez Oliver, visiblement inapte à opérer les bons choix, à avoir les bons comportements. Cette maladresse plus qu’évidente donne une force incroyable à ce petit film indie sans prétention aucune, si ce n’est celle de transporter ailleurs, et de faire rêver sous une musique indécemment excellente d'Alex Turner, le leader des Arctic Monkeys.
Jusqu’à Submarine, Craig Roberts était un inconnu, mais le rôle d’Oliver devrait le propulser, on l’espère sincèrement, dans une belle carrière. Et que dire de Yasmin Paige, au sourire prêt à se changer en moue en quelques secondes. Le reste du casting se compose notamment, pour les parents d’Oliver, de Sally Hawkins et Noah Taylor, tous deux dans des compositions névrosées, pour le plus grand plaisir de tous.
Autre révélation du film : son réalisateur, Richard Ayoade, qui transmet parfaitement l'univers conté par Joe Dunthorne.
Submarine, une bouffée d’air frais, une œuvre originale portée par une musique douce comme une vague timide et mélancolique qui vient s’évanouir sur les pieds, une promenade dans des clichés issus d’un vieux polaroid. Un plaisir total d’une heure trente qui ne déroge à aucun style particulier et qui s’affranchit des limites grasses et stéréotypées des films sur l’adolescence.
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