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lundi 16 avril 2012

La saga [REC] by Harmoniak

Aujourd’hui, c’est SàT. Et on a tendance à l’oublier, mais le cinéma espagnol ce n’est pas que Almodovar ou même [REC]. Mais présentement, on s’en fout puisque c’est de [REC] qu’on va parler. C’est en l’espace d’une semaine que je me suis farci cette saga d’horreur de Jaume Balaguero et Paco Plaza dont le premier épisode est sorti en 2007, le second en 2009 et le troisième mercredi 4 avril dernier. Je vous propose donc une petite riviou de tout ce bel attirail, et j’aimerai aussi amener ça vers le côté « culture espagnole » de tout ça, parce que merde, on est quand même en SàT, en plus j’ai des origines espagnoles, ce serait con de pas me servir de ça pour écrire un gros pâté. Bref, sur ce, c’parti, la saga [REC] !



REC – Premier du nom – Surprise dans le paysage horrifique hispanique

Alors, le premier [REC] est un film en **found footage **(pour les néophytes, souvenez vous de Blair Witch et de Paranormal Activity, c’est un film en caméra embarquée) qui raconte l’aventure d’une journaliste sexy et de son partenaire caméraman qui rejoignent une équipe de pompiers pour un reportage. Cette nuit, les bomberos (pompiers en espagnol, parce que oui en plus de ça j’en profite pour introduire des notions linguistiques, c’est pas cool ça ?!) répondent à un appel lancé par les habitants d’un immeuble. Apparemment, l’une des occupantes d’un des appartements à choppé l’une de ces maladies qui te font faire des trucs improbables du style arracher la trachée des gens avec les dents. Commence une longue nuit bien marrante.

D’abord, parlons mise en scène, puisque c’est ce qui dans [REC] qui est le plus efficace. Tout passe par la caméra du journaliste, et le spectateur est prisonnier de ces images, malmené tout au long du film au gré des tribulations sanguinolantes et glauques des personnages. Le found-footage est réussi (contrairement à certains passages du récent Chronicle par exemple), si bien que les évènements de l’histoire sont boostés par ce procédé. Par exemple, une vielle dame nue trempée de sang dans un couloir. A travers les yeux de la caméra, ça donne une vue d’un couloir avec une silhouette en contre-jour dont on perçoit à peine les teintes écarlates sur une poitrine légèrement fripée… qui quelques secondes après se met à se ruer vers le journaliste en hurlant. Pour peu qu’on soit pris dans l’ambiance, l’effet malsain est très efficace. L’autre force du film et l’effet de surprise. D’abord pris au dépourvu par le côté témoin forcé de la réalisation, le spectateur doit aussi assumer des frayeurs particulièrement vicieuses. A peine le temps de comprendre en une phrase que tel personnage est infecté depuis le début que déjà il saute à la gorge d’un autre en un cri strident. En tant que non-amateur de film d’horreur à la base, je parle assez subjectivement mais je peux affirmer que tout ça refile pas mal les chocottes. Me ha dado miedo ! (« ça m’a fait peur »)

C’est aussi dû au fait que les personnages, bien que clichés par moments, sont interprétés avec une sincérité efficace, parfois tellement qu’ils en deviennent irritants – la journaliste la première, à toujours vouloir tout savoir, non mais. [REC] est aussi l’un des rares films d’horreur où les personnages ne font pas des choix improbables ou complètement débiles (contrairement à ces suites). Ils sont plus là à subir l’action qu’à prendre des décisions d’ailleurs, ce qui renforce le calvaire du spectateur se retrouve aussi coincé que les protagonistes au fur et à mesure.

Si le film n’accuse aucune faiblesse de rythme, on pourra lui reprocher un scénario qui se veut à la fois surprenant au premier abord et bigrement attendu dans le fond. Mécanismes, rythmes ou script, on est bien dans un film d’horreur classique même si on s’amuse bien. L’humour est aussi présent dans le côté décalé de certaines situations et les dialogues.

Allez, maintenant j’attaque le côté culture espagnole. D’abord, même en VF, les dialogues portent tout le côté hispanique de la façon de pensée. Les personnages ne se prennent pas la tête mais partent au quart de tour. L’humour pince sans rire aussi même si c’est discutable quand on ne baigne pas dedans. Et les gens ont aussi des têtes d’espagnols mais ça aussi ça s’argumente. Et je reviens sur la séquence finale, dont je ne révèle rien ; par contre tout le côté religieux est sidérant et m’a personnellement rappelé beaucoup de choses, notamment ce portrait de Sainte accroché au mur sur lequel la caméra s’attarde. L’Espagne est un pays très catholique dans son histoire et sa culture, et [REC] nous le montre.

Un film assez réussi, qui mérite le détour pour les amateurs de frissons et facilement apeurés. Allez, ça se finit pas particulièrement sur un suspens, mais ça a fait un carton chez les Toreros, alors on se balance sur la suite !



[REC 2] – Différent, efficace mais sans surprises.

Même réalisateurs, acteurs inconnus encore une fois. [REC] 2 raconte l’aventure terrifiante d’un groupe d’intervention spéciale (de bras cassés si vous voulez mon avis, mais bon.) qui va escorter un « agent du ministère de la santé » dans l’immeuble de [REC 1], quelques minutes après la fin de ce premier film. Et parallèlement, les agissements de trois jeunes gamins qui se piègent dans l’immeuble, comme trois cons. Commence une autre nuit rigolote.

D’abord, il faut dire que la formule gagnante n’a pas vraiment changé. Seulement, il y a plus de caméras dans ce film. Pour qu’on puisse suivre la foule de nouveaux personnages. D’ailleurs, j’attaque là-dessus. S’ils sont moins bien écrit et donc moins attachants que dans [REC 1], les protagonistes sont aussi moins développés et intéressants parce que leur temps d’apparition à l’écran est réduit. On s’attarde davantage sur « l’agent du ministère de la santé » et aussi sur quelques rescapés (ou pas) du premier opus par exemple. Si la mise en scène reste toujours aussi efficace, ce facteur en moins réduit quand même d’un cran la potentielle tension de l’intrigue. Il y a aussi l’effet de surprise (« sorpresa » dans la langue de Don Quichotte) en moins. Les cris, agaçants à la longue dans certains passages.

Pourtant les scénaristes ont fait un effort. Encore plus malsaine que [REC] par moments, cette seconde mouture déroule une toile vénéneuse de rebondissements sans réelle saveur mais qui prennent un cadre qu’au final on n’avait fait que survoler dans le premier film. C’est en en découvrant davantage sur l’univers assez riche de la saga que le spectateur élargit de lui-même l’éventail de possibilités et de spéculations qu’elle propose et que l’on aimerait encore développer tant il est passionnant. Virus, possession, mort, antidote, expérience, fantôme, enfants. Un patchwork bien agencé de ce dont le cinéma d’horreur aime se complaire mais avec l’originalité de l’association de ces éléments en plus.

Le film est légèrement moins « espagnol » – il n’y a pratiquement pas d’humour ici – que [REC] même si les acteurs transpirent la paëlla et que l’aspect religieux est aussi au rendez-vous. Ce n’est quoiqu’il arrive pas l’optique dans laquelle les réalisateurs abordent le traitement de l’histoire, et ce côté culturel est plus sous-jacent que purement explicite.

[REC] 2 est donc différent du premier de par la perte de l’effet de surprise qui en faisait la force (« la fuerza » chez les Madrilènes) mais parvient à équilibrer cette lacune par un scénario encore plus glauque qui crée une mythologie que l’on a peine à quitter. Et pourtant.



[REC 3] – Lol.

C’est cette fois Paco Plaza uniquement qui se colle derrière la caméra pour ce troisième [REC]. En écrivant son nom noir sur blanc au générique, Plaza assume pleinement sa responsabilité dans la conception de cette boutade cinématographique. Explications ? J’y viens.

Oui parce que je vous l’ai pas encore dit mais en allant voir ce troisième épisode, vous n’allez pas voir un film d’horreur. Mais me regardez pas comme ça, c’est vrai. Vous allez voir un film qui fait sursauter à trois reprises et contient des passages très gores. Certes. Mais Paco Plaza a également mijoté une avalanche de gags pour ce qui est pour moi, et là je cite Ecran Large : « Par rapport à la saga, une récréation-pause romantico-comique aux effets gore savoureux. ». Et je ne manie pas l’ironie en disant ça, c’est la volonté du réalisateur qui a dit lui même vouloir surprendre et donner au spectateur ce qu’il n’attend pas. Et c’est réussi.

Le premier changement majeur est l’abandon du found-footage qui n’est là que pour le préambule du film. Ce qui, au final ne dérange pas outre mesure puisque le but n’est pas de faire peur. Oh, mais j’en ai oublié de vous parler de l’histoire. Claudia et Koldo se marient mais l’oncle s’est fait mordre par un chien à la clinique. Voilà ça c’est fait. Donc, le deuxième changement majeur est la place de l’humour, qui dès que le préambule est achevé est omniprésent, que ce soit dans le scénario ou la prestation des acteurs. C’est une cascade de situations improbables (mais vraiment, genre le passage avec Saint-Georges est à s’uriner dans le pantalon) et d’auto-dérision, avec une grosse part de parodie de films de zombies, de citations (Shining, explicitement, ou au détour d’un gag on entrevoit un peu de Shaun of the Dead) et de dialogues potaches.

Leticia Dolera remporte la palme de la mariée à tronçonneuse la plus crédible, mais de manière générale le film est porté par un casting convaincant, aussi inattendus que soient les méandres délirants de cette histoire, si bien qu’il est à peine croyable qu’on regarde un [REC]. Je dirai même plus, on dirait un spin-off.

[REC] 3 parle de lui-même : n’y allez qu’en connaissance de cause, c’est une bonne comédie parodique d’horreur ou cette fois les seuls éléments de cultures espagnols sont les jurons rigolos (« joder », « no veo ni un cojon ») entre deux mutilations giclantes et éclats de rire. Réussi dans le genre.


Voilà, pour conclure tout ça, j’ajoute qu’un [REC] 4 Apocalypse est attendu et que je ne saurai que trop espérer un retour du found footage pour toute la durée du film, et une transition vers la suite de [REC] 2. C’est pas une super conclusion mais c’est tout ce que j’ai. Ah, et pour que ça fasse espagnol… Euh… Olé ?

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