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lundi 30 avril 2012

Eastwood : un monde parfait by Micab

1993 aura été une année charnière pour Clint Eastwood, à plus de 60 ans l’homme a signé des grands films populaires au succès retentissants. Il n’a pour autant jamais été reconnu par ses pairs malgré son statut inattaquable de star, seul une sélection à Cannes et un golden globes sont venus récompensés Bird mais rien d’autre, et surtout aucune nomination à l’oscar comme acteur ou réalisateur pour ses films après plus de 30 années de carrière et quelques chefs d’œuvres à son actif !
L’année précédente il aura marqué les esprits avec son précédent film comme réalisateur impitoyable qui s’est payé le luxe de devenir un hit au box office. Bien placé dans la course des oscars, il a pour une fois l’occasion de marquer l’essai avec son western crépusculaire, un sacré pari mais pas impossible au vu de la concurrence. Clint Eastwood a également le film de Wolfgang Petersen : la ligne de mire avec un très grand John Malkovich dont le succès permettra à l’acteur/réalisateur d’être le retraité le plus en vu d’Hollywood.

C’est justement dans cette période très prolifique qu’il tombe sur le scénario très prometteur de John Lee Hancock. Ce dernier n’avait qu’un seul film à son actif Hard Time Romance (un drame sous forme de romance racontant les obstacles que rencontre un cowboy pour épouser sa fiancée). John Lee Hancock avait dans l’idée de réaliser le film, mais les studios refusèrent à cause de l’envergure du projet et son manque d’expérience. La Warner acheta les droits du scénario et le proposa à Clint Eastwood qui emballé voyait l’occasion de mettre entre parenthèse sa carrière d’acteur. Le studio comme le réalisateur n’ont pas hésité longtemps pour choisir l’acteur dans le rôle principal. Kevin Costner est à l’instar de Clint Eastwood à l’apogée de sa carrière, il venaitt d’enchaîner Danse avec les loups, Robin des bois, JFK et bodyguard. Autant de films, autant de succès. Il s’agit d’un allié de poids pour des raisons financières évidentes mais également pour des raisons artistiques, Kevin Costner accepte de jouer dans le film et baisse considérablement son cachet habituel, son statut de star de film d’action à quelques peu fait oublier son véritable talent d’acteur : il veut se payer le luxe d’être dirigé par la caméra d’une autre légende et prouver qu’il reste un grand. Son implication est entière et il suggère même à Clint Eastwood de jouer le rôle du texas ranger poursuivant son personnage. Ce dernier accepta réalisant pour le coup que son temps devant la caméra serait peu important et ne l’empêcherait pas de se consacrer pleinement à son travail derrière la caméra.



Quelques semaines après son triomphe aux oscars, Clint Eastwood lance donc le tournage de son 17e film un monde parfait. Il s’entoure comme à son habitude d’une troupe de techniciens qui le suit depuis longtemps et en qui il a toute confiance. Le réalisateur bénéficie d’une aura un peu particulière à Hollywood et surtout à la Warner. Sa société de production Malpaso a ses bureaux dans les locaux de la major, et il bénéficie au même titre que Stanley Kubrick un statut très enviable où les dirigeants du studio ne lui demandent finalement que très peu de compte. Son aura auprès du public assure un succès non négligeable sur le long terme car ses films deviennent pratiquement des classiques instantanés.

L’histoire d’un monde parfait est pourtant un peu délicate à vendre. Butch un évadé de prison prend en otage un gamin de huit ans, témoin de Jéhovah, avec qui il va se lier. Se situant dans les années 60 au Texas, précisément en novembre 63 quelques jours avant l’assassinat du président Kennedy, l’atmosphère est lourde. Le kidnapping fait la une des journaux et l’affaire devient politique au point où le gouverneur confie au Texas Ranger joué par Clint Eastwood tous les moyens modernes pour capturer le fugitif. La poursuite est en marche, l’humanisme du réalisateur fait petit à petit surface jusqu’à un climax, sans réelle surprise au vu de la mise en scène et du montage choisi par Eastwood, mais marquant les esprits.



Le film fut un succès critique et populaire à ranger à côté des plus grandes réalisations d’Eastwood, mais il est curieusement moins connu que d’autres de ses films. Comme un grand vin, il se bonifie avec l’âge. Ceux qui avaient critiqué la longueur du film deviennent avec le temps des défenseurs d’un monde parfait. Clint Eastwood continua dans une période où, à l’instar de ce film, il mélange un romantisme ancré dans le réel de l’époque qu’il décrit, un présent dur et peu acceptable et des hommes et des femmes essayant de trouver leur place. Un monde parfait est de ce fait le précurseur d’un classique du genre qui sera le prochain film du réalisateur sur la route de Madison.

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