1993 aura été une année charnière pour Clint Eastwood, à
plus de 60 ans l’homme a signé des grands films populaires au succès
retentissants. Il n’a pour autant jamais été reconnu par ses pairs
malgré son statut inattaquable de star, seul une sélection à Cannes et
un golden globes sont venus récompensés Bird mais rien
d’autre, et surtout aucune nomination à l’oscar comme acteur ou
réalisateur pour ses films après plus de 30 années de carrière et
quelques chefs d’œuvres à son actif !
L’année précédente il aura marqué les esprits avec son précédent film comme réalisateur impitoyable
qui s’est payé le luxe de devenir un hit au box office. Bien placé dans
la course des oscars, il a pour une fois l’occasion de marquer l’essai
avec son western crépusculaire, un sacré pari mais pas impossible au vu
de la concurrence. Clint Eastwood a également le film de Wolfgang Petersen : la ligne de mire avec un très grand John Malkovich dont le succès permettra à l’acteur/réalisateur d’être le retraité le plus en vu d’Hollywood.
C’est justement dans cette période très prolifique qu’il tombe sur le scénario très prometteur de John Lee Hancock. Ce dernier n’avait qu’un seul film à son actif Hard Time Romance (un drame sous forme de romance racontant les obstacles que rencontre un cowboy pour épouser sa fiancée). John Lee Hancock
avait dans l’idée de réaliser le film, mais les studios refusèrent à
cause de l’envergure du projet et son manque d’expérience. La Warner
acheta les droits du scénario et le proposa à Clint Eastwood
qui emballé voyait l’occasion de mettre entre parenthèse sa carrière
d’acteur. Le studio comme le réalisateur n’ont pas hésité longtemps pour
choisir l’acteur dans le rôle principal. Kevin Costner est à l’instar de Clint Eastwood à l’apogée de sa carrière, il venaitt d’enchaîner Danse avec les loups, Robin des bois, JFK et bodyguard.
Autant de films, autant de succès. Il s’agit d’un allié de poids pour
des raisons financières évidentes mais également pour des raisons
artistiques, Kevin Costner accepte de jouer dans le
film et baisse considérablement son cachet habituel, son statut de star
de film d’action à quelques peu fait oublier son véritable talent
d’acteur : il veut se payer le luxe d’être dirigé par la caméra d’une
autre légende et prouver qu’il reste un grand. Son implication est
entière et il suggère même à Clint Eastwood de jouer le
rôle du texas ranger poursuivant son personnage. Ce dernier accepta
réalisant pour le coup que son temps devant la caméra serait peu
important et ne l’empêcherait pas de se consacrer pleinement à son
travail derrière la caméra.
Quelques semaines après son triomphe aux oscars, Clint Eastwood lance donc le tournage de son 17e film un monde parfait.
Il s’entoure comme à son habitude d’une troupe de techniciens qui le
suit depuis longtemps et en qui il a toute confiance. Le réalisateur
bénéficie d’une aura un peu particulière à Hollywood et surtout à la
Warner. Sa société de production Malpaso a ses bureaux dans les locaux
de la major, et il bénéficie au même titre que Stanley Kubrick
un statut très enviable où les dirigeants du studio ne lui demandent
finalement que très peu de compte. Son aura auprès du public assure un
succès non négligeable sur le long terme car ses films deviennent
pratiquement des classiques instantanés.
L’histoire d’un monde parfait est pourtant un peu
délicate à vendre. Butch un évadé de prison prend en otage un gamin de
huit ans, témoin de Jéhovah, avec qui il va se lier. Se situant dans les
années 60 au Texas, précisément en novembre 63 quelques jours avant
l’assassinat du président Kennedy, l’atmosphère est lourde. Le
kidnapping fait la une des journaux et l’affaire devient politique au
point où le gouverneur confie au Texas Ranger joué par Clint Eastwood
tous les moyens modernes pour capturer le fugitif. La poursuite est en
marche, l’humanisme du réalisateur fait petit à petit surface jusqu’à un
climax, sans réelle surprise au vu de la mise en scène et du montage
choisi par Eastwood, mais marquant les esprits.
Le film fut un succès critique et populaire à ranger à côté des plus grandes réalisations d’Eastwood,
mais il est curieusement moins connu que d’autres de ses films. Comme
un grand vin, il se bonifie avec l’âge. Ceux qui avaient critiqué la
longueur du film deviennent avec le temps des défenseurs d’un monde parfait. Clint Eastwood
continua dans une période où, à l’instar de ce film, il mélange un
romantisme ancré dans le réel de l’époque qu’il décrit, un présent dur
et peu acceptable et des hommes et des femmes essayant de trouver leur
place. Un monde parfait est de ce fait le précurseur d’un classique du genre qui sera le prochain film du réalisateur sur la route de Madison.
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