Cette année, en ouverture du festival de Cannes, nous avions le plaisir de retrouver le réalisateur le plus décalé, le plus onirique, le plus français des texans, le génialissime Wes Anderson. Plus encore, son nouveau film, Moonrise Kingdom, promettait une aventure décapante et rafraîchissante: une escapade amoureuse pré-adolescente sous la grisaille estivale d’une île de la Nouvelle-Angleterre durant les années soixante, avec, bien sûr, les conséquences de ladite escapade sur l’entourage des enfants (é)perdus. L’histoire de Sam, le scout, de Suzy, son amour, la fille qui ne quitte jamais ses jumelles, des parents de Suzy, du chef scout de Sam, des scouts de la troupe de Sam, d’un policier, d’un chat, et d’une femme des services sociaux.
Depuis ses débuts avec Bottle Rocket en 1996, Wes Anderson n’a jamais fini de nous fasciner. Son monde visuel, sémantique, ses références cinématographiques – et par extension artistiques, sont telles que le réalisateur américain est lui-même, une référence, un visionnaire. Le monde de Wes Anderson est codé, parsemé de symboles récurrents, de figures de style qui font qu’on reconnaît sa patte, et qu’on ne peut que l’apprécier davantage ; son obsession pour les plans stylés, qui décrivent des lieux infiniment petits dans l’infiniment grand (ou l’inverse), ses personnages aux antipodes des standards actuels – ou comment être plus décalé que le décalé lui-même, son humour particulier, qui titille intérieurement, car personne ne sait s’il faut rire ou sourire : toutes ces petites choses font l’univers riche et extravagant d’un des meilleurs réalisateurs et, surtout, scénaristes de sa génération. Parce que Wes Anderson est un artiste complet : il tresse les toiles de son cosmos, il ajuste chaque détail en fonction de ce que lui ressent, voit : il ne se contente pas de dévoiler un univers, il le crée de toute pièce, de l’idée à l’image.
Moonrise Kingdom, un vrai film d’auteur, un bijou intemporel et un vent d’air frais dans ce cinéma américain – au sens large, qui prend l’eau à une vitesse démente. Moonrise Kingdom, c’est cet espoir enfantin que le cinéma reste une évasion orchestrée d’une main de maître par un visionnaire, quelqu’un qui ne tombe pas dans les clichés (actuels) en termes de romance, d’humour. En seize ans de carrière, trois courts et sept longs-métrages, Wes Anderson montre clairement qu’il peut toujours se renouveler, et continuer sur sa lancée créative ; à l’ère des remakes intempestifs et des adaptations perpétuelles de romans, Moonrise Kingdom fait figure d’une œuvre novatrice et ingénieuse.
Et puis, on peut dire – ou manifestement écrire- ce qu’on veut, mais l’appréciation de Moonrise Kingdom, était courue d’avance : on savait qu’on allait craquer, parce que c’était l’occasion de retrouver Edward Norton dans un bon film depuis quelques années, parce que Bruce Willis allait camper le genre de personnages qu’il ne joue jamais, parce que Françoise Hardy et le temps de l’amour, parce que les compositions splendides (et rétros) de Benjamin Britten, parce que Bill Murray (et ça se passe de justifications), parce que la photographie impeccable comme dans tout film de Wes Anderson. En parlant de photographie, comme d’habitude depuis Bottle Rocket, c’est Robert D. Yeoman qui assure une image parfaite et définitivement rétro, de quoi émerveiller par une esthétique générale intense et majestueuse.
Il n’y avait que des raisons tangibles de fondre devant un casting rondement mené, emmené par un Roméo (Jared Gilman) et une Juliette (Kara Hayward) aux problèmes relationnels et psychiatriques détonants. Des enfants qui jouent avec une justesse et une classe incroyable. On aime tout finalement dans ce Moonrise Kingdom ; comment l’intrigue romantique laisse place aux scènes absurdes, comment les thématiques plus graves et sérieuses (la famille, l’engagement) fluctuent en rythme avec une succession d’évènements imprévisibles et décalés. C’est le temps de l’amour, le temps des copains, et de l’aventure. Wes Anderson nous gratifie de son goût esthétique et scénaristique certain, et, nous avons encore le plaisir de déguster son film grâce à des petits détails qui le caractérisent bien : il n’y a qu’à regarder les tenues sixties de Suzy, la coiffe et les lunettes de Sam, le personnage de Bill Murray, le gueulophone de Frances McDormand, les tournes-disques, le look de Jason Schwartzman, le caméo hilarant de mister Harvey Keitel.
Le plus grand mérite de Moonrise Kingdom, c’est de nous emporter là où nous sommes restés à douze ans. L’aventure, le grand air, l’amour. Les promesses susurrées à l’oreille de l’autre, les sentiments et émotions qu’on exagérait : on ne se remettrait jamais d’une histoire d’amour, il fallait aller au-delà de ce qu’on vivait, là, où il n’y avait plus rien que la plénitude, l’infini. Et c’est ce qu’on retrouve avec Suzy et Sam : un amour innocent et romantique, où demain n’est qu’un autre jour ne nécessitant pas tellement de préparations, où l’amour rime avec toujours, et, surtout, où on ne peut vivre l’un sans l’autre – mais sans jamais tomber dans la romance rose bonbon mielleuse. Quel étourdissement, quelle rêverie, quel sentiment. Si dans le film, les adultes se comportent comme ce qu’on attend des enfants, avec légèreté, sans aucune maturité, les enfants sont sérieux, prêts à tout pour vivre heureux, amoureux. Mention spéciale à la scène magique où les enfants jouent aux adultes sur la chanson intemporelle de Françoise Hardy, Le temps de l’amour ; Wes Anderson filme comme personne d’autre l’innocence amoureuse, et les épanchements pré-adolescents.
Au royaume du fantasque, Wes Anderson est roi : Moonrise Kingdom ne déroge pas à la règle, et est bien dans la lignée des films précédents du texan dans le sens où ce nouveau chef d’oeuvre respire le style si spécial, définitivement unique du créateur de The Royal Tenenbaums. Qu’on aime Anderson ou qu’on ne l’aime pas (est-ce possible ?), on peut lui reconnaître sa capacité décapante à amener dans un autre univers le spectateur, et ce, grâce à une histoire extraordinaire, une adéquation parfaite entre la musique du film et les scènes, des travellings tout simplement géniaux (comme à l’ordinaire), une mise en scène originale et … décalée. Nous l’attendions avec une impatience infantile ce Moonrise Kingdom, et il a certainement comblé l’enfant qui sommeillait en nous.
La bande annonce avec des vrai morceaux de VOST c'est ici
Depuis ses débuts avec Bottle Rocket en 1996, Wes Anderson n’a jamais fini de nous fasciner. Son monde visuel, sémantique, ses références cinématographiques – et par extension artistiques, sont telles que le réalisateur américain est lui-même, une référence, un visionnaire. Le monde de Wes Anderson est codé, parsemé de symboles récurrents, de figures de style qui font qu’on reconnaît sa patte, et qu’on ne peut que l’apprécier davantage ; son obsession pour les plans stylés, qui décrivent des lieux infiniment petits dans l’infiniment grand (ou l’inverse), ses personnages aux antipodes des standards actuels – ou comment être plus décalé que le décalé lui-même, son humour particulier, qui titille intérieurement, car personne ne sait s’il faut rire ou sourire : toutes ces petites choses font l’univers riche et extravagant d’un des meilleurs réalisateurs et, surtout, scénaristes de sa génération. Parce que Wes Anderson est un artiste complet : il tresse les toiles de son cosmos, il ajuste chaque détail en fonction de ce que lui ressent, voit : il ne se contente pas de dévoiler un univers, il le crée de toute pièce, de l’idée à l’image.
Moonrise Kingdom, un vrai film d’auteur, un bijou intemporel et un vent d’air frais dans ce cinéma américain – au sens large, qui prend l’eau à une vitesse démente. Moonrise Kingdom, c’est cet espoir enfantin que le cinéma reste une évasion orchestrée d’une main de maître par un visionnaire, quelqu’un qui ne tombe pas dans les clichés (actuels) en termes de romance, d’humour. En seize ans de carrière, trois courts et sept longs-métrages, Wes Anderson montre clairement qu’il peut toujours se renouveler, et continuer sur sa lancée créative ; à l’ère des remakes intempestifs et des adaptations perpétuelles de romans, Moonrise Kingdom fait figure d’une œuvre novatrice et ingénieuse.
Et puis, on peut dire – ou manifestement écrire- ce qu’on veut, mais l’appréciation de Moonrise Kingdom, était courue d’avance : on savait qu’on allait craquer, parce que c’était l’occasion de retrouver Edward Norton dans un bon film depuis quelques années, parce que Bruce Willis allait camper le genre de personnages qu’il ne joue jamais, parce que Françoise Hardy et le temps de l’amour, parce que les compositions splendides (et rétros) de Benjamin Britten, parce que Bill Murray (et ça se passe de justifications), parce que la photographie impeccable comme dans tout film de Wes Anderson. En parlant de photographie, comme d’habitude depuis Bottle Rocket, c’est Robert D. Yeoman qui assure une image parfaite et définitivement rétro, de quoi émerveiller par une esthétique générale intense et majestueuse.
Il n’y avait que des raisons tangibles de fondre devant un casting rondement mené, emmené par un Roméo (Jared Gilman) et une Juliette (Kara Hayward) aux problèmes relationnels et psychiatriques détonants. Des enfants qui jouent avec une justesse et une classe incroyable. On aime tout finalement dans ce Moonrise Kingdom ; comment l’intrigue romantique laisse place aux scènes absurdes, comment les thématiques plus graves et sérieuses (la famille, l’engagement) fluctuent en rythme avec une succession d’évènements imprévisibles et décalés. C’est le temps de l’amour, le temps des copains, et de l’aventure. Wes Anderson nous gratifie de son goût esthétique et scénaristique certain, et, nous avons encore le plaisir de déguster son film grâce à des petits détails qui le caractérisent bien : il n’y a qu’à regarder les tenues sixties de Suzy, la coiffe et les lunettes de Sam, le personnage de Bill Murray, le gueulophone de Frances McDormand, les tournes-disques, le look de Jason Schwartzman, le caméo hilarant de mister Harvey Keitel.
Le plus grand mérite de Moonrise Kingdom, c’est de nous emporter là où nous sommes restés à douze ans. L’aventure, le grand air, l’amour. Les promesses susurrées à l’oreille de l’autre, les sentiments et émotions qu’on exagérait : on ne se remettrait jamais d’une histoire d’amour, il fallait aller au-delà de ce qu’on vivait, là, où il n’y avait plus rien que la plénitude, l’infini. Et c’est ce qu’on retrouve avec Suzy et Sam : un amour innocent et romantique, où demain n’est qu’un autre jour ne nécessitant pas tellement de préparations, où l’amour rime avec toujours, et, surtout, où on ne peut vivre l’un sans l’autre – mais sans jamais tomber dans la romance rose bonbon mielleuse. Quel étourdissement, quelle rêverie, quel sentiment. Si dans le film, les adultes se comportent comme ce qu’on attend des enfants, avec légèreté, sans aucune maturité, les enfants sont sérieux, prêts à tout pour vivre heureux, amoureux. Mention spéciale à la scène magique où les enfants jouent aux adultes sur la chanson intemporelle de Françoise Hardy, Le temps de l’amour ; Wes Anderson filme comme personne d’autre l’innocence amoureuse, et les épanchements pré-adolescents.
Au royaume du fantasque, Wes Anderson est roi : Moonrise Kingdom ne déroge pas à la règle, et est bien dans la lignée des films précédents du texan dans le sens où ce nouveau chef d’oeuvre respire le style si spécial, définitivement unique du créateur de The Royal Tenenbaums. Qu’on aime Anderson ou qu’on ne l’aime pas (est-ce possible ?), on peut lui reconnaître sa capacité décapante à amener dans un autre univers le spectateur, et ce, grâce à une histoire extraordinaire, une adéquation parfaite entre la musique du film et les scènes, des travellings tout simplement géniaux (comme à l’ordinaire), une mise en scène originale et … décalée. Nous l’attendions avec une impatience infantile ce Moonrise Kingdom, et il a certainement comblé l’enfant qui sommeillait en nous.
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