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dimanche 13 janvier 2013

The man from earth : L'expérience de l'Histoire (avec un grand h) by Anovak

Étonnant voire même étrange, le film de [Richard Schenkman](http://en.wikipedia.org/wiki/Richard_Schenkman) regorge d’idées et nous interroge sur des notions aussi vieilles que le monde. Bon, jusqu’ici rien de surprenant me direz-vous ? C’est vrai, à en voir le synopsis, The man from earth ne fait pas rêver, mais détrompez-vous. Dès les premières minutes de ce long métrage, vous serez captés par le dialogue improbable entre un groupe d’universitaire et « l’homme des cavernes ».

Bande annonce VO : https://www.youtube.com/watch?v=lVMhEAI3pvg


C’est l’histoire d’un mec…
L’histoire, voilà le sujet principal de ce film. L’histoire d’un homme vieux comme le monde, l’histoire d’un homme qui a parcouru les époques et les tumultes de l’histoire de l’humanité. Face à des universitaires adeptes des sciences et de la rationalité, le vieux sage à l’apparence d’un individu d’une quarantaine d’années tente de prouver qu’il est né il y a plusieurs milliers d’années. Comment faire parler son expérience du monde quand celle-ci est l’Histoire des hommes ?

Rationalité, qui me parle de rationalité ?

Le concept d’Hegel se voit mis à mal dans ce récit surprenant de l’homme de la terre. Peut-on parler de rationalité dans l’histoire d’un homme ? Quand l’humanité se déploie dans le temps, John Oldman fait son petit bout de chemin, il rencontre les hommes, la faim, le froid, la souffrance et l’absurdité. Son récit est un témoignage. Il a toujours été là, il a vu l’Histoire, il l’a vécu. Oui, mais peut il apporter sa version des faits ? Son point de vue peut il rivaliser avec la science humaine qui a rationalisé les faits de notre Histoire, qui a transformé le passé en un livre tout aussi mystique que scientifique ? Il nous montre que la science parle pour nous, la science déshumanise pour mieux comprendre, la science conceptualise pour interpréter l’ininterprétable, le temps.

Ah ! L’épreuve du temps…
Qui n’a pas rêvé d’avoir du temps ? John Oldman lui en a eu plus que nous, simple mortels. Une vie de plusieurs millénaires, de quoi parcourir le monde et de quoi se cultiver, n’est-ce pas ? Un homme qui a vécu tout ce temps se doit d’être exceptionnel, il se doit de nous surprendre et de nous apprendre, il doit savoir. Comme si vivre nous donnait des réponses, comme si les années écoulées nous apprenaient les mystères de la vie. Malgré sa longue existence, John Oldman sait une chose mon cher Socrate, la même chose que vous, il ne sait rien. Il n’a pas plus de réponses et pas plus de questions que nous autres mortelles. De quoi ravir les penseurs, M. Oldman s’étonne, comme nous autres, de la grandeur d’un ciel étoilé, il s’interroge sur les mystères de la vie.

Qui est le plus borné, le scientifique ou le croyant ?
Ah, il faut avouer que ce n’est pas simple à avaler, il faut reconnaitre qu’il n’est pas chose aisé d’admettre qu’un homme défie à lui seul, un grand nombre de lois scientifiques. De plus, ce charmant individu, n’est autre qu’un être parmi les êtres. Mais est-il si difficile d’y croire ? Est-il si improbable de donner du crédit à ce qui sort du cadre des sciences ? Bornés scientifiques qui vivent dans la crainte d’être perverti par l’extraordinaire ! Ne faut-il pas parfois se résoudre et admettre son incapacité à comprendre ? Ne faut-il pas croire sans toujours essayer d’expliquer les raisons de sa croyance ? L’égo de l’homme raisonné le rend parfois tout aussi aveugle que la naïveté du chétif croyant.


Soumission librement consentie
Quand le scientifique pose ses armes, le manipulateur parle. Arme de destruction massive, le jeu du syllogisme et du je réfute mais j’approuve fait ses preuves face à l’assemblée d’universitaires qui se sont laissés abusés. John Oldman apparaît comme un bonimenteur qui donne à boire à ses disciples qui s’agenouillent devant ses propos qui semblent aussi absurdes que crédibles. On s’aperçoit très vite que ces grands esprits ont, comme chacun, besoin de croire à l’incroyable et ils s’engouffrent volontairement dans la magie de l’histoire qui leur est racontée. Il s’agit d’un jeu, le jeu du mensonge et de la manipulation, en tout cas en apparence.

Qui a raison et qui a tort ?
L’important n’est pas la vérité, l’important n’est pas la raison et la preuve. Si John apparait comme un manipulateur, c’est qu’il est difficile d’accepter ce qui nous dépasse. Il faut se soumettre au mystique et à la croyance, se courber devant l’étrangeté de certaines vérités. M. Oldman pratique la rhétorique, il met à l’honneur le sophisme et le relativisme. Pourtant, quelque chose pousse nos universitaires à croire à ses propos, un sentiment plus fort qu’un raisonnement rationnel.

A votre tour…
A votre tour de vous prendre au jeu, à votre tour de réfléchir, de vous faire une opinion sur ce dialogue aussi riche que surprenant. Comme une pause spirituelle dans un monde qui ne cesse de vanter les mérites du soi disant progrès, de la science et de la technique, ce film nous impose un instant de spiritualité. Oh oh ! Non rien de psychédélique ou d’étrange, rien qu’une petite réflexion sur les concepts simples et à la fois si complexe. Philosophie et religion, foi et rationalité bref un mélange qui prend bien avec des ingrédients parfaitement dosés. Je n’en dirais pas plus à votre tour d’être spectateur de la force de persuasion de notre puissant ancêtre à tous.

Et vous, allez-vous croire à sa sincérité ? La question n’est pas, la question n’est pas là…

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