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mardi 26 mars 2013

Les auto-remakes by Wommy

Bonjour CIN !


Fin 2012, est sorti sur grand écran Frankenweenie, le dernier long métrage de Tim Burton. Dernier long métrage oui, mais surement pas le premier coup d’essai du réalisateur. En effet Frankenweenie n’est autre que le remake de son propre court métrage datant de 1984. Cette situation m’a alors inspiré pour cette semaine à thème « Remake » et donné l’envie d’approfondir cette notion d’auto-remake.

Alors que les remakes, et autres adaptations, sont de plus en plus monnaie courante de nos jours, il est plus rare qu’un réalisateur prenne l’initiative de faire le remake de son propre film. C’est ce qu’on appelle tout simplement un auto-remake ou le « on n’est jamais si bien servi que par soi même »… enfin ça… ça reste à voir !


Le cas Michael Mann



A l’image de Burton qui passe d’un court à un long métrage, l’auto-remake peut être un moyen pour le réalisateur de changer tout simplement de "support". Et Michael Mann illustre ce propos à merveille, à deux reprises qui plus est.

En effet vous ne le saviez peut être pas mais Michael Mann est le producteur de la série TV so 80’s Miami Vice (ou Deux films à Miami en VF, que ceux qui, comme moi étant petite, croyaient que c’était "Deux flics ami-ami" lèvent la main…se sent seule…) et il en a même réalisé de nombreux épisodes. 2006, alors que les adaptations de séries télé des années 80 font rage sur nos grands écrans, quoi de plus normal pour Michael Mann d’adapter lui aussi sa série fétiche. Il nous livre donc son Miami Vice avec Colin Farrell (casse-dédi à tonsexe et Misaki :p) et Jamie Foxx dans le rôle de nos héros, le tout tourné entièrement à la caméra numérique.

Décidément Michael Mann est très porté sur la télévision car outre les séries, il a également réalisé des téléfilms. Fin des années 1980, il écrit et réalise L.A Takedown. Mais le scénario est complexe et il se voit contraint de l’amputer sérieusement… qu’à cela ne tienne, 6 ans plus tard, 1995, il le sort sur grand écran et le film Heat voit le jour, énorme succès qui voit s’opposer deux grandes gueules du cinéma hollywoodien Al Pacino et Robert De Niro.


Le remake ou comment moderniser son film



Le XXème siècle a connu de nombreuses révolutions cinématographiques. Les plus remarquables sont bien sûr le passage du muet au parlant et le passage du noir et blanc à la couleur.
Ces révolutions ont permis à certains réalisateurs de donner une seconde chance à leurs bébés.

1927, Tod Browning (également connu pour être le réalisateur de Freaks, la monstrueuse parade) réalise Londres après minuit, un film muet et surtout considéré aujourd’hui comme perdu, aucune copie du film n’ayant apparemment subsistée aux années passées. Il tourne alors son remake en 1935 qui devient La marque du vampire, avec l’immense Bela Lugosi dans le rôle du Comte Mora, mêlant ainsi le film de vampire au genre policier.

C’est lors de mes recherches pour cet article que j’ai découvert que le film Les 10 commandements de Cecil B. DeMille sorti en 1956 n’était en fait que le remake de son propre film sorti 33 ans plus tôt, en 1923. A l’époque, il s’agissait donc également d’un film muet. Le réalisateur a profité de ce remake pour engager d’immenses têtes d’affiches Charlton Heston et Yul Brunner et pour en faire une véritable épopée de 3h40 (soit 1h20 de plus que l’original), parlant et en couleur !


Un nouveau public ciblé : les américains



L’envie d’exposer son film à la face du monde, de toucher un public beaucoup plus important est également un élément moteur dans la décision de remaker un film. Et pour toucher un public international il faut aller aux Etats-Unis. Sauf que problème ! Les américains sont des gros fainéants, et si c’est pas en anglais bin le ricain prend pas la peine de lire des sous titres. Ainsi pour rompre la barrière de la langue, un remake s’impose… Deux exemples : l’un européen, l’autre asiatique.

1997, Michael Haneke créé l’évènement et la polémique au Festival de Cannes avec son film Funny Games et cette volonté de stigmatiser la violence gratuite et devenue omniprésente dans les médias en la mettant en scène d’une manière insoutenable et angoissante. Le premier public visé était, pour Haneke, le public américain. Seulement voilà, le film est tourné en allemand et les acteurs ne sont connus que dans leur pays, donc le film ne touche pas le public escompté. Un remake lui est proposé et donc en 2008 il sort Funny Games US avec Naomi Watts, l’actrice qu’il a imposé, en tête d’affiche. Pour le reste, il s’est pas creusé la tête et a repris son film plan par plan, à quoi bon le modifier puisqu’il était à l’origine destiné au public américain.

Le cinéma fantastique asiatique est en plein essor durant les années 2000. Takashi Shimizu sort en 2000 Ju-On : The Grudge et très vite les productions hollywoodiennes sentent le bon filon. Mais autant vous dire que le japonais à l’oral et même au visuel ça passe encore moins aux USA. Le réalisateur remake donc son film en 2004, sobrement intitulé The Grudge avec Sarah Michelle Gellar. L’histoire se passe toujours sur le sol nippon, histoire de garder l’ambiance des fantômes japonais (bin oui qu’est-ce qu’un fantôme japonais irait foutre aux States !) mais cette fois il embête une jeune femme américaine expatriée… Welcome to Japan ! A noter que le film a été produit en partie par Sam Raimi.


Quand remake d’un film français rime avec échec



Les remakes de films français se font mais sont encore plus rares et surtout ne rencontrent pas le succès connu dans nos contrées… Pourquoi ? Avons-nous un humour si particulier qu’il ne plait pas à tout le monde ?

C’est en effet la question qu’on peut se poser avec Les Visiteurs. Enorme phénomène en France en 1993, on peut même le dire film culte, Jean Marie Poiré, fort de son succès et sûr de lui décide d’en faire un remake pour le marché américain et, comme on ne change pas une équipe qui gagne, il réengage Jean Reno et Christian Clavier. En 2001 sort donc Les visiteurs en Amérique avec la magnifique tagline The return of the malades ! et après on s’étonne que ça n’ait pas marché… « Que trépasse si je faiblis ! »

Plus récemment, nous avons eu droit à un nouveau brillant exemple : L.O.L. de Liza Azuelos, le nouveau La Boum soit disant (un film bien chiant ouais !). Moins de 3 ans plus tard, la réalisatrice remet le couvert et sort LOL USA (originalité quand tu nous tiens !) avec Demi Moore et Miley Cyrus en héroïnes, cela n’aura pas été suffisant pour attirer les foules et ils osent mettre la faute sur le dos du film The Avengers qui est sorti la même semaine aux States, mouais…

J’attends de voir (enfin façon de parler hein !) les remakes US de Bienvenue chez les Ch’tis et Intouchables


Un film, un remake : deux chefs d’œuvre



Un réalisateur peut également vouloir remaker son film dans le souci de l’améliorer. C’est le cas du perfectionniste Alfred Hitchcock qui remake en 1956 la première version britannique de son film L’homme qui en savait trop sorti en 1934.
Selon lui, en 1934, il n’était qu’un cinéaste amateur. Cette nouvelle version mise au goût du jour grâce aux évolutions cinématographiques qui ont eu lieu a subi également une petite relecture du scénario de base en le complexifiant un peu et en rajoutant de nombreuses scènes. Ce nouveau film s’ancre dans la période américaine d’Hitchcock qui privilégie plus le suspense et l’espionnage alors que la version britannique s’attachait plus aux codes du film criminel.

Résultat, deux films, un même réalisateur, deux chefs d’œuvre !


Cette liste n’est bien sûr pas exhaustive mais j’espère vous avoir éclairé un peu sur le sujet de l’auto-remake.

jeudi 21 mars 2013

Le monde de Charlie by Ärnø

(… ou The Perks of Being a Wallflower en version originale)

Comme nous le disions avec Luz, Albé et Wommy un samedi soir où tout le monde dormait déjà sur CIN. C’est l’exemple typique du film qu’on a pas envie d’aller voir, la faute à une bande-annonce mal fichue, un synopsis trop commun voire un casting mi-figue, mi-raisin… Et puis, bon, après avoir pesé le pour et le contre pendant des heures, on se lance finalement…





Alors, pour essayer de mieux vous vendre ce film que les sites lambda qui parlent de cinéma. Un petit synopsis à ma sauce :

Charlie (Logan Lerman) est un ado en pleine crise, pas parce qu’il va faire sa rentrée au lycée et s’en prendre plein la gueule par ses camarades plus âgés qui ne voient en lui qu’un premier de la classe, passionné de littérature, petit chouchou du prof. Non, Charlie a de bonnes raisons de ne pas se sentir bien puisqu’il a perdu récemment son meilleur ami qui s’est suicidé et a refait ressurgir certains traumatismes liés à son passé… Mais tout va changer dès qu’il va rencontrer Patrick (Ezra Miller) et sa belle-sœur Sam (Emma Watson)…

Donc, voilà une des premières choses qui m’a agréablement surpris dans ce film, l’approche psychologique des personnages, et principalement le cheminement dans l’esprit de Charlie tout au long du film, au fur et à mesure de la construction de son cercle d’amis et des relations qui se créent et se développent entre eux, et qui nous en dévoilent du fait un peu plus sur chacun des persos. Chose importante que j’oubliais de vous dire, l’action du film se passe au début des années 90 (pour cela peut être que l’empathie marche encore plus sur moi, qui était lycéen à la même époque), ainsi on ne nous donne pas un énième teen movie sur la génération actuelle qui a poussé les expériences et les découvertes à outrance vers l’extrême… Bon, ok, dans les 90’s, les ados n’étaient pas des saints non plus (je peux en témoigner) et découvraient aussi la drogue, la sexualité, l’amour, mais dans une moindre mesure, et du fait l’image n’est pas motif à vouloir choquer le spectateur, loin de là ! L’ambiance musicale est d’ailleurs très réussie, et a son rôle propre via les compils maison sur cassettes audio (vous avez connu ça, rassurez-moi ?!) que s’échangent certains des persos… ajouter en plus la superbe chanson de Bowie qui colle parfaitement à nos trois jeunes.

La présence d’Ezra Miller (que j’avais trouvé excellent dans We Need to Talk about Kevin) était la véritable raison de visionner ce film, et cette nouvelle prestation, radicalement éloigné de son rôle de psychopathe, montre une fois de plus tout le talent et le potentiel de ce jeune acteur. Cette fois-ci dans la peau d’un jeune gay, qui assume, contrairement à certains de ses camarades de l’époque. Mais il n’est pas le seul au final à se démarquer dans l’interprétation, puisque Emma Watson négocie de très belle manière le virage post-Hermione, jeune femme désinhibée malgré certains complexes, et même Logan Lerman livre sa première vraie prestation de comédien (exit Percy Jackson et les trois mousquetaires), je voulais dire dans un premier temps qu’il joue parfaitement le jeune introverti, qui passe pour le boulet de service, mais au final touche le spectateur avec cette performance bouleversante !
Un des points qui me faisait peur au niveau du casting, la présence de seconds rôles venus des plateaux tv, souvent gage de faiblesse scénaristique, budgétaire… ou pas ! Mais quel plaisir de voir Dylan Mc Dermott d'American Horror Story en papa normal, bon il y a aussi Kate Walsh (Grey’s Anatomy, Private Practice) dans le rôle de la maman de Charlie, rien à dire à son sujet par contre…

Stephen Chbosky s’auto-adapte à l’écran (un de plus, remember Beigbeder et son Amour dure trois ans !) puisqu’il avait écrit le livre il y a une dizaine d’années, pas de problème de fidélité en rapport à l’œuvre originale une nouvelle fois. D’ailleurs, il faudra que je me procure le bouquin dans les mois à venir (quand j’en aurai fini de ma pile de livres de chevet).

Terminons-en avec ce Monde Charlie, on a même droit à un twist que je n’ai pas vu venir, pourtant à l’habitude, je sens ces choses arriver, preuve que je me suis fait bercer bien comme il faut par le rythme du film, la mise en scène est soignée, les fans du Rocky Horror Picture Show apprécieront les quelques scènes de reprise du club de théâtre.

Que de bons ingrédients au final et tout ça nous donne droit à un joli petit film indé ! Ma première surprise de l’année 2013 (en espérant qu’il y en ait beaucoup d’autres !)


… and in that moment, we were infinite !

jeudi 14 mars 2013

The NeverEnding Story by Albé

"Imageries de rêves d’enfants à la Spielberg, super technologie d’effets spéciaux à la Lucas, fantasmagorie philosophique à l’allemande." (Gilles Colpart)


Injections de colorants dans l'eau pour le ciel et les nuages.

L’Histoire sans fin est un roman de l’auteur allemand Michael Ende (1979). Plusieurs déclinaisons ont fait suite à l’œuvre originale : trois films par trois réalisateurs différents et une série animée plutôt sympa de 26 épisodes correspondants aux 26 chapitres du livre. Parmi les films, deux sont des navets. Seul le premier est digne d'intérêt. Sorti en 1984 et réalisé par Wolfgang Petersen, cette adaptation cinématographique ne reprend que la première moitié du livre.

Pour l’époque, ce film est une méga production : 27 millions de dollars. A sa sortie, il s’agit tout simplement du film le plus cher jamais réalisé en Allemagne. A titre de comparaison, les budgets réunis de E.T l’extraterrestre (1981) et Gremlins I (1984) n'ont pas dépassé les 21,5 millions de dollars. Concernant les effets spéciaux, c’est le britannique Brian Johnson qui s’y colle. Et ce n’est pas n’importe qui puisqu’il a déjà contribué dans une certaine mesure à 2001 : l’Odyssée de l’espace ou encore Alien, le huitième passager.

Et pour ce film, l'équipe technique a eu fort à faire tant au niveau des décors que des personnages. Un exemple parmi d'autres: pour créer le personnage de Falkor, il a fallu inventer une créature motorisée de 13 mètres de long avec une tête de plus d'un mètre et recouvrir ensuite l'ensemble de fourrures et d'écailles. Certes, le résultat est loin d'être le plus réussi et ne colle même pas au livre (Falkor n'a jamais eu de tête de chien). Mais c'est aussi le charme du vintage. Rappelons qu'en 1984, on ne dispose pas de moyens technologiques ultra pointus. L'animation n'est pas vraiment là pour prendre le relai quand la mise en scène se complique. Voilà donc un travail assez remarquable.

Les personnages

Venons-y justement aux personnages, un des gros points forts du film. Les personnages sont tous originaux, hauts en couleur et avec des caractères biens singuliers. Petit aperçu de quelques-uns d'entre eux :


Falkor, le dragon porte-bonheur & Atreyu le chasseur de bisons pourpres (sans la peau verte d'origine parce que les maquilleurs étaient vraiment trop nuls)
La chauve-souris géante narcoleptique et l’Elfe des nuits


L'escargot géant de course et son maître Uckûck (incarné par Deep Roy, l'Oompa-Loompa dans Charlie et la Chocolaterie)
Le golem mangeur de pierre (plat préféré: l'escalope de quartz)

Pour laisser la surprise intacte, j’oublie volontairement de vous parler d'Engywook, Urgl, Moorlah, Gmork,... Voilà donc un univers fantasy extrêmement bien développé. Et là où l'histoire marque encore des points, c'est qu'il ne s'agit pas d'un pur divertissement comme dans la saga Harry Potter, bien trop lisse à mon goût. Non, ici, il y a toute une force symbolique sous-jacente.

Pour expliquer cette force, encore faut-il parler de l’histoire : Bastien Balthazar Bux (BBB) est un jeune garçon endeuillé par la perte de sa mère. C’est un enfant solitaire (par choix contraint) qui aime se réfugier dans les livres. Un jour, par le plus grand des hasards, il tombe sur un livre intitulé L’histoire sans fin. Ce livre l’interpelle énormément. En effet, il s’identifie au héros du livre : Atreyu, un petit garçon comme lui, dont le but est de sauver le monde de Fantasia et ses habitants. Et la menace pèse lourd sur Fantasia. Le Néant est en train d'engloutir tout sur son passage.

Du Néant, il en est également question pour Bastien depuis la mort de sa mère, son objet d'amour le plus cher. Bastien n'arrive pas à s'en remettre. Cette perte subite et tragique le dévore de l'intérieur. Il est sur le point d’être anéanti. Sa vie psychique est profondément menacée, bouleversée. Voilà bien là un parallélisme évident entre Bastien et Atreyu. Pour être encore plus précis, Bastien et Atreyu ne font qu'un. En lisant l'histoire d'Atreyu, Bastien est en train de se regarder dans le miroir. Autrement dit, la quête d'Atreyu est celle de Bastien. Ce qui se déroule à Fantasia est la transposition de ce qui se passe dans la tête de Bastien. Et c'est bien là toute la richesse et la complexité de l’œuvre.

Seulement voilà, l’œuvre d'origine est d'une telle envergure que Petersen ne s'est pas fait que des amis en y touchant. Et c'est peu dire. Furieux, le papa de l’œuvre originale n'a même pas voulu que son nom figure au générique de fin. On l'aperçoit néanmoins en lettres minuscules.

La faiblesse du scénario est le principal reproche émis à l’égard du film. Et c’est plutôt vrai. Petersen passe d’une scène à l’autre avec une vitesse affolante. Pas le temps de s'imprégner de l'ambiance, tout va en accéléré. Le résultat donne des situations plutôt cocasses. La scène du marécage en est l'exemple typique. Voilà une scène qui a traumatisé une génération entière de gosses. Personnellement, ce rythme effréné ne me dérange pas. On n'a pas le temps de s'ennuyer, rien n'est tiré en longueur. Mais tout de même, la vitesse à laquelle se déroule l'histoire est un peu trop exagérée. Pourquoi faire un film de seulement 95 minutes quand il y a autant de matière à travailler ? L'absence de fidélité est un autre reproche adressé au réalisateur. Les lecteurs le confirment. Des passages entiers du livre sont sautés sans oublier que la deuxième partie du livre n’est même pas prise en compte. Pourquoi dans ce cas ne pas avoir fait de suite ? Dommage comme le précise Michel Chion (charmant comme nom) : "L’histoire sans fin est… tout juste l’album-souvenir photographique du vrai film féérique qu’il aurait pu être."

Au final, la critique est facile. Le potentiel de l'histoire est peut-être mal exploité, certes. Mais peu importe la forme, le film a le mérite d’exister et de présenter un réel contenu, ce qui est rare. Qu’un réalisateur actuel tente seulement de faire mieux ! Je demande à voir ! En attendant, pour les mécontents, le film est toujours une excellente porte d’entrée vers le livre.


Le précieux médaillon d'Auryn en forme de double Ouroboros, symbole d'éternel recommencement

Une question reste en suspens : Pourquoi l'Histoire sans fin n'a-t-elle pas de fin ?

Selon moi, il s’agit à nouveau du décès de la mère de Bastien et du désastre que cela entraine chez cet enfant. Depuis cet événement, Bastien vit dans un monde en ruines. Plus aucune prise, plus rien pour s’accrocher. Le vide laissé par la mort l'attire irrésistiblement (Thanatos et la pulsion de mort). Mais au bout du compte, Bastien parvient à s’arracher de là, à dire au revoir à l’être qu’il a tant aimé. Il est enfin prêt à aimer quelqu’un d’autre. Il se l'est imaginé. Après le silence funeste, place au bruit de la vie (Eros et la pulsion de vie). Le processus du deuil est bouclé. La vie reprend son cours. Mais au-delà de tout ça, l'infini fait référence directe à l'Imaginaire qui n'a de limite que celle qu'on veut bien lui accorder. L'imaginaire, c'est cette force créatrice qui a été nécessaire à Bastien pour se réinventer.


Voilà donc une Histoire sans fin n'ayant pas fin et se dégustant avec faim.

FIN


"Tout ce qui est imaginaire est vrai." (Eugène Ionesco)


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Source 1 : Résumé et Analyse psychanalytique du film

Source 2 : Fiche technique du film: synopsis et critiques

mercredi 6 mars 2013

Eastwood - Impitoyable by micab

Les années 80 n’ont pas été tendres avec Clint Eastwood, ou plutôt elles ont menées l’emblématique cowboy de Sergio Leone dans une routine de bon aloi, avec deux suites à son Dirty Harry dont aucune ne connaîtra le succès des précédents volets, et quelques comédies très vite oubliables dont le très fameux Pink Cadillac. L’acteur se dirige lentement vers une retraire dorée à l’orée des projets de studio qui ont fait sa gloire durant les deux décennies précédentes. Il s’essaye (un peu) à la politique en devenant le maire républicain de sa ville de Camel et cachetonne donc dans des films pour s’amuser de son image macho à la gâchette facile que la jeune génération des action heroes des 80s, à l’instar de Arnold Schwarzenegger, vénère. Il s’agit là, accessoirement, d’une manière de financer des projets beaucoup plus personnels qu’il veut réaliser lui-même.



Clint Eastwood passe de plus en plus de temps derrière la caméra avec notamment le très remarqué maître de guerre une sorte de "comédie" sur la formation des marines avec un Clint Eastwood très en forme en sergent instructeur. Mais c’est sur cette décennie où pour la première fois il réalise un film où il ne joue pas, un film en hommage à sa passion du jazz Bird, qui va marquer les esprits lors de sa présentation à Cannes. Pour la première fois, le réalisateur va être récompensé pour un de ses films avec un prix d’interprétation pour Forest Whitaker. Ce tournant respectable le pousse à vouloir reprendre un script dont il avait acquis les droits en 1976 mais, se jugeant trop jeune pour le rôle principal à ce moment là, qu’il avait fini par écarter. Impitoyable, ce western crépusculaire, n’attire pas vraiment les financiers. La Warner, le studio qui l’aura suivi toute sa carrière, accepte de payer, à condition de le voir jouer dans la relève avec Charlie Sheen, un film en forme d’ersatz de Harry Callahan. Pour le studio, il s’agissait d’un moyen détourné pour convaincre Clint Eastwood qui en avait fini avec la franchise Dirty harry de reprendre le rôle d’un flic teigneux aux méthodes discutables. L’acteur accepta le deal proposé, réalisa le film qui fut un succès assez modéré au moment de la sortie en salle à cause de la concurrence, non prévue par la Warner, de deux films : Misery et Home Alone.
Le scénario d’Impitoyable a tout pour plaire à Eastwood. Fasciné par l’origine des violences dans l’histoire américaine, ou la violence de l’origine (dans le sens naissance des USA), chacun de ces deux termes se mélangeant allégrement dans la filmographie du réalisateur, Impitoyable est un condensé d’histoires brutales se regroupant et se coupant pour un final sanglant où personne ne sort vainqueur. L’injustice de départ (une prostituée défigurée) considérée comme l’origine de cette violence n’a finalement pas d’importance, il s’agit d’un prétexte à une vengeance dont le personnage principal joué par le réalisateur ne comprend pas les contours et les répercussions. Pas plus que les autres personnages d’ailleurs, aucun semble être maître de son destin, ils se retrouvent mêlés au gré du vent semant sur leur passage mort et désolation pas toujours volontairement, pas toujours de manière efficace, pas toujours pour les "bonnes" raisons qu’ils croient défendre.
Le réalisateur a toujours voulu incarner le personnage principal, William Munny, un ancien desperado devenu fermier qui sort de sa retraite pour un dernier contrat. Devenu père de famille, ce dernier n’a plus qu’un souhait : cultiver sa terre pour nourrir sa famille et oublier son passé peu reluisant. La prime offerte par les prostituées pour tuer les deux cowboys responsables de la défiguration d’une de leurs consœurs réveille en lui un désir de violence qu’il croyait enfoui. Sous prétexte de l’aide indéniable que pourrait apporter cet argent dans une petite exploitation agricole, il finira par accepter le contrat au nom d’une justice dont il se moque mais surtout au nom d’une repentance pour une jeunesse peu glorieuse et qui l’a rendu célèbre. Pour l’aider, côté casting, Clint Eastwood fera appel pour la première fois à Morgan Freeman et à deux autres vieux de la vieille Gene Hackman et Richard Harris. Un quatuor de papy tient donc la tête d’affiche. Pas vraiment de quoi rassurer, mais pour la Warner cela importe peu, il ne s’agit pas là d’un film à gros budget.



Impitoyable arrive à un moment très particulier aux USA, puisqu’il est tourné peu de temps après l’affaire Rodney King. La violence gratuite de policier envahit les petits écrans aux USA. Il s’agit là pour Clint Eastwood d’une confirmation de la nécessité de ce film en même temps que de l’intemporalité du sujet dans la société américaine. Il choisit d’ailleurs de situer une scène très violente d’Impitoyable le 4 juillet, fête de l’indépendance, celle de la rencontre et l’affrontement entre le shérif joué par Gene Hackman et English Bob campé par Richard Harris.



Après le tournage, d’une durée très courte, comme à son habitude, reste l’épineuse question de savoir comment convaincre le public d’aller voir un film dont le genre n’est plus à la mode depuis au moins deux décennies. Si l’actualité Rodney King a involontairement aidé Impitoyable, le film, sorti en 1992, bénéficie également d’un concours de circonstance qui va lui permettre d’atteindre de nombreux spectateurs. Cette année marque en effet la fin d’un règne de près de 30 ans sur les émissions nocturnes à la télévision de Johnny Carson présentateur du tonight show sur NBC. Les derniers mois de son passage à l’antenne ont été marqués par des audiences défiant toutes concurrences pour un show si tardif (23:30/1:00) même pour ce présentateur qu’on appelait the king of late night television, une légende aux USA. N’ayant plus rien à prouver et se retrouvant libre d’inviter qui bon lui semblait, sans tenir compte des obligations marketing, Johnny Carson demanda à Clint Eastwood de parler de son western dans son émission. Les premières très positives critiques aidant, son passage chez Johnny Carson, le film fut un succès considérable puisqu’il rapporta plus de 100 millions de dollars sur le sol américain et 58 de plus dans le reste du monde. En signant un film dont le genre désuet devait le pousser à l’échec, Clint Eastwood en a fait son plus grand succès critique et commercial.



Après le succès, viennent des récompenses couronnant un artiste de premier plan sur toute sa carrière. Lors de la 65e cérémonie des Oscars, le film se retrouva en tête des nominations avec 9 citations dont 3 pour Eastwood, une comme producteur, une comme acteur et une comme réalisateur. Le film en emporta 4, dont celle du meilleur film et du meilleur réalisateur. On pensait alors que Clint Eastwood était au sommet de sa carrière, qu’il pourrait se reposer sur des lauriers bien mérités, mais ce dont on se rend compte maintenant, c’est… que ce n’était qu’un début !