Bonjour CIN !
Fin 2012, est sorti sur grand écran Frankenweenie, le dernier
long métrage de Tim Burton. Dernier long métrage oui, mais surement pas
le premier coup d’essai du réalisateur. En effet Frankenweenie
n’est autre que le remake de son propre court métrage datant de 1984.
Cette situation m’a alors inspiré pour cette semaine à thème « Remake »
et donné l’envie d’approfondir cette notion d’auto-remake.
Alors que les remakes, et autres adaptations, sont de plus en plus
monnaie courante de nos jours, il est plus rare qu’un réalisateur prenne
l’initiative de faire le remake de son propre film. C’est ce qu’on
appelle tout simplement un auto-remake ou le « on n’est jamais si bien servi que par soi même »… enfin ça… ça reste à voir !
Le cas Michael Mann
A l’image de Burton qui passe d’un court à un long métrage,
l’auto-remake peut être un moyen pour le réalisateur de changer tout
simplement de "support". Et Michael Mann illustre ce propos à merveille,
à deux reprises qui plus est.
En effet vous ne le saviez peut être pas mais Michael Mann est le producteur de la série TV so 80’s Miami Vice (ou Deux films à Miami
en VF, que ceux qui, comme moi étant petite, croyaient que c’était
"Deux flics ami-ami" lèvent la main…se sent seule…) et il en a même
réalisé de nombreux épisodes. 2006, alors que les adaptations de séries
télé des années 80 font rage sur nos grands écrans, quoi de plus normal
pour Michael Mann d’adapter lui aussi sa série fétiche. Il nous livre
donc son Miami Vice avec Colin Farrell (casse-dédi à tonsexe et Misaki :p) et Jamie Foxx dans le rôle de nos héros, le tout tourné entièrement à la caméra numérique.
Décidément Michael Mann est très porté sur la télévision car outre les
séries, il a également réalisé des téléfilms. Fin des années 1980, il
écrit et réalise L.A Takedown. Mais le scénario est
complexe et il se voit contraint de l’amputer sérieusement… qu’à cela ne
tienne, 6 ans plus tard, 1995, il le sort sur grand écran et le film Heat voit le jour, énorme succès qui voit s’opposer deux grandes gueules du cinéma hollywoodien Al Pacino et Robert De Niro.
Le remake ou comment moderniser son film
Le XXème siècle a connu de nombreuses révolutions cinématographiques.
Les plus remarquables sont bien sûr le passage du muet au parlant et le
passage du noir et blanc à la couleur.
Ces révolutions ont permis à certains réalisateurs de donner une seconde chance à leurs bébés.
1927, Tod Browning (également connu pour être le réalisateur de Freaks, la monstrueuse parade) réalise Londres après minuit,
un film muet et surtout considéré aujourd’hui comme perdu, aucune copie
du film n’ayant apparemment subsistée aux années passées. Il tourne
alors son remake en 1935 qui devient La marque du vampire, avec l’immense Bela Lugosi dans le rôle du Comte Mora, mêlant ainsi le film de vampire au genre policier.
C’est lors de mes recherches pour cet article que j’ai découvert que le film Les 10 commandements de Cecil B. DeMille
sorti en 1956 n’était en fait que le remake de son propre film sorti 33
ans plus tôt, en 1923. A l’époque, il s’agissait donc également d’un
film muet. Le réalisateur a profité de ce remake pour engager d’immenses
têtes d’affiches Charlton Heston et Yul Brunner et pour en faire une véritable épopée de 3h40 (soit 1h20 de plus que l’original), parlant et en couleur !
Un nouveau public ciblé : les américains
L’envie d’exposer son film à la face du monde, de toucher un public
beaucoup plus important est également un élément moteur dans la décision
de remaker un film. Et pour toucher un public international il faut
aller aux Etats-Unis. Sauf que problème ! Les américains sont des gros
fainéants, et si c’est pas en anglais bin le ricain prend pas la peine
de lire des sous titres. Ainsi pour rompre la barrière de la langue, un
remake s’impose… Deux exemples : l’un européen, l’autre asiatique.
1997, Michael Haneke créé l’évènement et la polémique au Festival de Cannes avec son film Funny Games
et cette volonté de stigmatiser la violence gratuite et devenue
omniprésente dans les médias en la mettant en scène d’une manière
insoutenable et angoissante. Le premier public visé était, pour Haneke,
le public américain. Seulement voilà, le film est tourné en allemand et
les acteurs ne sont connus que dans leur pays, donc le film ne touche
pas le public escompté. Un remake lui est proposé et donc en 2008 il
sort Funny Games US avec Naomi Watts,
l’actrice qu’il a imposé, en tête d’affiche. Pour le reste, il s’est pas
creusé la tête et a repris son film plan par plan, à quoi bon le
modifier puisqu’il était à l’origine destiné au public américain.
Le cinéma fantastique asiatique est en plein essor durant les années 2000. Takashi Shimizu sort en 2000 Ju-On : The Grudge
et très vite les productions hollywoodiennes sentent le bon filon. Mais
autant vous dire que le japonais à l’oral et même au visuel ça passe
encore moins aux USA. Le réalisateur remake donc son film en 2004,
sobrement intitulé The Grudge avec Sarah Michelle Gellar.
L’histoire se passe toujours sur le sol nippon, histoire de garder
l’ambiance des fantômes japonais (bin oui qu’est-ce qu’un fantôme
japonais irait foutre aux States !) mais cette fois il embête une jeune
femme américaine expatriée… Welcome to Japan ! A noter que le film a été
produit en partie par Sam Raimi.
Quand remake d’un film français rime avec échec
Les remakes de films français se font mais sont encore plus rares et
surtout ne rencontrent pas le succès connu dans nos contrées… Pourquoi ?
Avons-nous un humour si particulier qu’il ne plait pas à tout le monde ?
C’est en effet la question qu’on peut se poser avec Les Visiteurs. Enorme phénomène en France en 1993, on peut même le dire film culte, Jean Marie Poiré,
fort de son succès et sûr de lui décide d’en faire un remake pour le
marché américain et, comme on ne change pas une équipe qui gagne, il
réengage Jean Reno et Christian Clavier. En 2001 sort donc Les visiteurs en Amérique avec la magnifique tagline The return of the malades ! et après on s’étonne que ça n’ait pas marché… « Que trépasse si je faiblis ! »
Plus récemment, nous avons eu droit à un nouveau brillant exemple : L.O.L. de Liza Azuelos, le nouveau La Boum soit disant (un film bien chiant ouais !). Moins de 3 ans plus tard, la réalisatrice remet le couvert et sort LOL USA (originalité quand tu nous tiens !) avec Demi Moore et Miley Cyrus en héroïnes, cela n’aura pas été suffisant pour attirer les foules et ils osent mettre la faute sur le dos du film The Avengers qui est sorti la même semaine aux States, mouais…
J’attends de voir (enfin façon de parler hein !) les remakes US de Bienvenue chez les Ch’tis et Intouchables…
Un film, un remake : deux chefs d’œuvre
Un réalisateur peut également vouloir remaker son film dans le souci de l’améliorer. C’est le cas du perfectionniste Alfred Hitchcock qui remake en 1956 la première version britannique de son film L’homme qui en savait trop sorti en 1934.
Selon lui, en 1934, il n’était qu’un cinéaste amateur. Cette nouvelle
version mise au goût du jour grâce aux évolutions cinématographiques qui
ont eu lieu a subi également une petite relecture du scénario de base
en le complexifiant un peu et en rajoutant de nombreuses scènes. Ce
nouveau film s’ancre dans la période américaine d’Hitchcock qui
privilégie plus le suspense et l’espionnage alors que la version
britannique s’attachait plus aux codes du film criminel.
Résultat, deux films, un même réalisateur, deux chefs d’œuvre !
Cette liste n’est bien sûr pas exhaustive mais j’espère vous avoir éclairé un peu sur le sujet de l’auto-remake.
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