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vendredi 5 avril 2013

Submarine by Albé & Lisa

Salut CIN !

Dans cet article, vous aurez deux points de vue sur Submarine, un film de 2010 par le réalisateur et acteur britannique Richard Ayoade, puisque je l’ai vu sur le conseil d’Albé (même si j’en avais déjà entendu parler, bref). On a donc décidé d’écrire une propa sans se consulter pour ne pas s’influencer, donc voilàààà !

De quoi que ça parle ? C’est quoi cette histoire de sous-marins ? Eh ben c’est encore (promis, la prochaine fois je change de registre), un teen movie. Centré sur le personnage d’Oliver Tate, quinze ans, le film se déploie en plusieurs chapitres qui mettent en parallèle deux histoires de couples : celui du jeune garçon avec Jordana Bevan, et celui de ses parents, qui bat de l’aile. L’action ne prend pas place à notre époque, mais à la fin des années 80, d’où un léger décalage qui a son intérêt. Mais en réalité, ce résumé ne dit pas l’essentiel du film, qui tient selon moi à la présence d’une voix-off parfois étonnante, et vous voyez que je dérive déjà vers mon point de vue.



Vu par Lisa :

Ce film me laisse un peu perplexe. Après un second visionnage, je peux définitivement dire que j’ai apprécié, mais cela ne m’a pas empêchée de voir un certain nombre de défauts, ou tout du moins de procédés un peu agaçants. Tout d’abord, il y a dans ce film un très grand nombre d’effets de style (du type filtres, impression de film tourné en super 8, prise de photos en polaroïd…) qui se justifient et participent de l’atmosphère générale mais m’énervent quand même du fait que le retro joue aussi indéniablement comme mode. Bon… en fait, je crois que ce retour dans le temps fonctionne globalement, même si certains éléments ne prennent pas.

Il en va de même concernant le personnage principal, et je pense que c’est ce qui arrête mon avis général sur le film : il y a une recherche d’originalité qui se solde à la fois par une stimulation de l’intérêt du spectateur et par un effet d’étrangeté qui au contraire empêche d’adhérer totalement au film. Ainsi, le personnage d’Oliver ne prend pas tout à fait corps selon moi, il reste trop bizarre pour être réel, et les relations entre les personnages sont de même frappées d’irréalité, ils restent des abstractions malgré le fait qu’on soit plongé dans leur intimité. A plusieurs reprises, j’ai eu l’impression de voir un film qui se déroulerait dans un monde de rêve, et c’est peut-être ce qui fait que j’ai aimé ce film au final. Même s’il n’y a aucun élément fantastique dans Submarine, je crois que je le rapprocherais volontiers de Donnie Darko. Beaucoup de choses intéressantes dans ce film donc, mais un film que j’ai plus aimé pour ses défauts que pour ses qualités : à savoir essentiellement son souci de perfection esthétique (images léchées, bande son sirupeuse, beurk) et son regard ironique sur les codes du teen movie, qui aboutit à une volonté de s’en démarquer. Pour moi, ces deux efforts ne prennent pas. Ce qui prend, c’est la fragilité de ce film, son aspect bancal, composite, son étrangeté irréductible, ses réticences à nous laisser percer l’enrobage sucré.

Vu par Albé :

Dévoué à CIN comme je le suis, je n’ai pas hésité à revoir le film pour vous faire part de mon opinion. La première chose à dire, c’est que le film se laisse facilement regarder. J’ai à nouveau accroché. Alors oui, ce n’est pas un Grand film et il ne plaira pas à tout le monde, en particulier parce que le personnage principal est un ado auquel il n’est pas facile de s’identifier. Pour ma part, pas trop de mal puisque j’étais un peu comme lui à son âge.

L’ado en question (Oliver) est du style intellectuel pathétique, assez déconnecté du moment présent, perdu dans ses pensées. Il passe son temps à analyser, à s’observer lui et les autres et à chercher des réponses à ses trop nombreuses questions. Certes, la plupart des ados le font mais lui, le fait de manière compulsive et ininterrompue. A un tel point que l’ado reste replié sur lui-même, effacé. Il subit mais n’agit pas. Son corps lui est étranger. Il vit en dehors de lui-même. C'est d'ailleurs pour cette raison que la voix off est omniprésente dans ce film.

Solitaire mal assumé puisqu’il rêve en secret de Jordana, une gamine au fort caractère, un peu bourrue, sans véritable charme (ou du moins pas encore). Mais pour Oliver, c’est Elle et pas une autre. L’histoire aurait très bien pu en rester là. Notre héros n’est ni un Apollon ni un audacieux, bien au contraire. Au lieu de tenter sa chance, il reste là bêtement avec son air de merlan frit à contempler cet amour platonique impossible. C’était sans compter sur le pouvoir des filles. Mais oui, vous savez, le fameux pouvoir de décider à votre place. Jordana force la main d’Oliver et sans trop savoir pourquoi ni comment, voilà que l’étrange couple se forme. La suite est à découvrir.

Tout ce que je peux vous dire d'autre, c’est que le film décrit bien l'ambiance et le ressenti de l'adolescence. Mais il se perd dans sa fâcheuse tendance à exploiter un peu trop les personnages secondaires, en l’occurrence les parents d’Oliver. Certes, ça permet de voir que les parents sont loin d’être un exemple pour Oliver. La défaillance du modèle parental est flagrante, en particulier pour le Père (interprété par Noah Taylor, ultra convaincant dans son rôle de dépressif au bout du rouleau). Mais de là à en faire toute une autre histoire en parallèle, c’est s’égarer dans l’inutile. Autre travers du film (ou pas): son côté très British. Les personnages sont caricaturés, excentriques, surréalistes. On aime ou on n’aime pas. D'ailleurs, ça me fait penser que le cinéma britannique est très souvent lié à l'Eau d'une manière générale : les anoraks, la pluie, les bords de mer, le grand large,... On se demande vraiment pourquoi !

Personnellement, j'ai fait abstraction des défauts du film parce qu’au final, Oliver n’est pas si stupide et le film non plus d’ailleurs. Il y a même quelques métaphores qui sont vachement intéressantes et je pense en particulier à la comparaison entre l’adolescence et la vie sous-marine. Ca manque d’air, on a l’impression d’être en apnée, d'étouffer. Faut pas être claustrophobe. On peut rester au fond un moment et même se sentir carrément couler, sombrer dans les abysses de l’Océan. Et puis surtout, on ne se sent pas dans notre élément. Autre idée sympa du film, celle de l’imperceptibilité des ultrasons, tout comme l'imperceptiblité des pensées des autres. Ne pas comprendre les autres est bien là une des plus grosses craintes de l'adolescence.

Pour finir, j'ajouterai que la bande son vaut le détour. Celle-ci est composée par Alex Turner, le leader des Artic Monkeys. It's Hard To Get Around The Wind est de loin ma préférée du film.

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