Salut CIN !
Dans cet article, vous aurez deux points de vue sur Submarine, un film de 2010 par le réalisateur et acteur britannique Richard Ayoade, puisque je l’ai vu sur le conseil d’Albé
(même si j’en avais déjà entendu parler, bref). On a donc décidé
d’écrire une propa sans se consulter pour ne pas s’influencer, donc
voilàààà !
De quoi que ça parle ? C’est quoi cette histoire de sous-marins ? Eh ben
c’est encore (promis, la prochaine fois je change de registre), un teen movie.
Centré sur le personnage d’Oliver Tate, quinze ans, le film se déploie
en plusieurs chapitres qui mettent en parallèle deux histoires de
couples : celui du jeune garçon avec Jordana Bevan, et celui de ses
parents, qui bat de l’aile. L’action ne prend pas place à notre époque,
mais à la fin des années 80, d’où un léger décalage qui a son intérêt.
Mais en réalité, ce résumé ne dit pas l’essentiel du film, qui tient
selon moi à la présence d’une voix-off parfois étonnante, et vous voyez que je dérive déjà vers mon point de vue.
Vu par Lisa :
Ce film me laisse un peu perplexe. Après un second visionnage, je peux
définitivement dire que j’ai apprécié, mais cela ne m’a pas empêchée de
voir un certain nombre de défauts, ou tout du moins de procédés un peu
agaçants. Tout d’abord, il y a dans ce film un très grand nombre d’effets de style
(du type filtres, impression de film tourné en super 8, prise de photos
en polaroïd…) qui se justifient et participent de l’atmosphère générale
mais m’énervent quand même du fait que le retro joue aussi
indéniablement comme mode. Bon… en fait, je crois que ce retour dans le
temps fonctionne globalement, même si certains éléments ne prennent pas.
Il en va de même concernant le personnage principal, et je pense que
c’est ce qui arrête mon avis général sur le film : il y a une recherche
d’originalité qui se solde à la fois par une stimulation de l’intérêt du
spectateur et par un effet d’étrangeté qui au
contraire empêche d’adhérer totalement au film. Ainsi, le personnage
d’Oliver ne prend pas tout à fait corps selon moi, il reste trop bizarre
pour être réel, et les relations entre les personnages sont de même
frappées d’irréalité, ils restent des abstractions malgré le fait qu’on
soit plongé dans leur intimité. A plusieurs reprises, j’ai eu
l’impression de voir un film qui se déroulerait dans un monde de rêve,
et c’est peut-être ce qui fait que j’ai aimé ce film au final. Même s’il
n’y a aucun élément fantastique dans Submarine, je crois que je le
rapprocherais volontiers de Donnie Darko. Beaucoup de
choses intéressantes dans ce film donc, mais un film que j’ai plus aimé
pour ses défauts que pour ses qualités : à savoir essentiellement son
souci de perfection esthétique (images léchées, bande son sirupeuse,
beurk) et son regard ironique sur les codes du teen movie, qui aboutit à
une volonté de s’en démarquer. Pour moi, ces deux efforts ne prennent
pas. Ce qui prend, c’est la fragilité de ce film, son aspect bancal,
composite, son étrangeté irréductible, ses réticences à nous laisser
percer l’enrobage sucré.
Vu par Albé :
Dévoué à CIN comme je le suis, je n’ai pas hésité à revoir le film pour
vous faire part de mon opinion. La première chose à dire, c’est que le
film se laisse facilement regarder. J’ai à nouveau accroché. Alors oui,
ce n’est pas un Grand film et il ne plaira pas à tout le monde, en
particulier parce que le personnage principal est un ado auquel il n’est
pas facile de s’identifier. Pour ma part, pas trop de mal puisque
j’étais un peu comme lui à son âge.
L’ado en question (Oliver) est du style intellectuel pathétique,
assez déconnecté du moment présent, perdu dans ses pensées. Il passe
son temps à analyser, à s’observer lui et les autres et à chercher des
réponses à ses trop nombreuses questions. Certes, la plupart des ados le
font mais lui, le fait de manière compulsive et ininterrompue.
A un tel point que l’ado reste replié sur lui-même, effacé. Il subit
mais n’agit pas. Son corps lui est étranger. Il vit en dehors de
lui-même. C'est d'ailleurs pour cette raison que la voix off est
omniprésente dans ce film.
Solitaire mal assumé puisqu’il rêve en secret de Jordana, une gamine au
fort caractère, un peu bourrue, sans véritable charme (ou du moins pas
encore). Mais pour Oliver, c’est Elle et pas une autre. L’histoire
aurait très bien pu en rester là. Notre héros n’est ni un Apollon ni un
audacieux, bien au contraire. Au lieu de tenter sa chance, il reste là
bêtement avec son air de merlan frit à contempler cet amour platonique impossible.
C’était sans compter sur le pouvoir des filles. Mais oui, vous savez,
le fameux pouvoir de décider à votre place. Jordana force la main
d’Oliver et sans trop savoir pourquoi ni comment, voilà que l’étrange
couple se forme. La suite est à découvrir.
Tout ce que je peux vous dire d'autre, c’est que le film décrit bien l'ambiance et le ressenti de l'adolescence.
Mais il se perd dans sa fâcheuse tendance à exploiter un peu trop les
personnages secondaires, en l’occurrence les parents d’Oliver. Certes,
ça permet de voir que les parents sont loin d’être un exemple pour
Oliver. La défaillance du modèle parental est
flagrante, en particulier pour le Père (interprété par Noah Taylor,
ultra convaincant dans son rôle de dépressif au bout du rouleau). Mais
de là à en faire toute une autre histoire en parallèle, c’est s’égarer
dans l’inutile. Autre travers du film (ou pas): son côté très British.
Les personnages sont caricaturés, excentriques, surréalistes. On aime
ou on n’aime pas. D'ailleurs, ça me fait penser que le cinéma
britannique est très souvent lié à l'Eau d'une manière générale : les anoraks, la pluie, les bords de mer, le grand large,... On se demande vraiment pourquoi !
Personnellement, j'ai fait abstraction des défauts du film parce qu’au
final, Oliver n’est pas si stupide et le film non plus d’ailleurs. Il y a
même quelques métaphores qui sont vachement intéressantes et je pense
en particulier à la comparaison entre l’adolescence et la vie sous-marine.
Ca manque d’air, on a l’impression d’être en apnée, d'étouffer. Faut
pas être claustrophobe. On peut rester au fond un moment et même se
sentir carrément couler, sombrer dans les abysses de l’Océan. Et puis
surtout, on ne se sent pas dans notre élément. Autre
idée sympa du film, celle de l’imperceptibilité des ultrasons, tout
comme l'imperceptiblité des pensées des autres. Ne pas comprendre les
autres est bien là une des plus grosses craintes de l'adolescence.
Pour finir, j'ajouterai que la bande son vaut le détour. Celle-ci est composée par Alex Turner, le leader des Artic Monkeys. It's Hard To Get Around The Wind est de loin ma préférée du film.
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