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samedi 13 avril 2013

Oslo, 31 août - pâles lueurs sur un jour pâle by Lisa

Film norvégien de Joachim Trier.

De mélancoliques rais lumineux traversent Oslo. Bus, voitures, tramways, passants décrivent un paisible ballet. Anders, la trentaine passée s’apprête à sortir de désintox’ comme on sort d’un mauvais rêve qui se serait trop profondément ancré dans l’imagination, comme si rien autour de lui ne pouvait plus être réel désormais.

Il est difficile de parler de ce film, qui au fond pourrait être un poème à mon sens. Je vais donc essayer d’en rendre compte en épousant son langage, un langage poétique.



Anders déambule dans la ville, se rend chez des amis, se rend sans conviction à un entretien d’embauche, attend, écoute des conversations, fuit la confrontation avec le monde, monde dans lequel il ne s’inscrit que de manière spectrale. Fantôme insaisissable de lui même, il ne rencontre rien ni personne, la matière s’échappe et tout devient comme impalpable, frappé d’irréalité ou bien de nostalgie.



Remords, regrets, déceptions ruminées ; tout se suspend dans un silence qu’on écoute comme s’il y avait quelque chose à trouver, un imperceptible chuchotement peut-être, une réponse aux pénibles questionnements de l’existence. Pourquoi tout avait plus de goût il y a dix ans ? Pourquoi l’autre feint-il de me comprendre ? Pourquoi ne puis-je coïncider avec moi même, et cesser de traîner comme un embarrassant fardeau ce corps qui ne sait pas ce qu’il veut, ce corps à qui l’on réclame de savoir ?



31 août au matin, le jour se lève, le sommeil n’a pas été de la partie. La solitude s’accompagne d’une certaine douceur, l’introspection, le voyage en soi, si confortable et pourtant amer. L’horizon est beau mais ne vaut que pour l’instant. Le temps est un présent qui se retourne sur lui même, comme endormi, dans une rêverie rétrospective qui pourtant écrit une promenade. Le temps douloureux du ressassement, qui roule sur lui-même pour oublier que rien ne se construit plus, que le souvenir s’étiole jusqu’à disparaître.

Vous l’aurez compris, ce film est un chant mélancolique, une rêverie noire, ou bien, si l’on renverse l’image pour faire ressortir le paradoxe, le reflet d’un pessimisme onirique. Il y a quelque chose de dérangeant dans ce film, son réalisme (le terme est-il juste ?), cette manière dont il se colle à vous, dont il s’insinue en vous pour vous rappeler ces moments où l’on se dit que le meilleur est toujours derrière nous, les « meilleures années » comme on dit, ou du moins les années où rien n’était encore joué, où tout était encore possible. Cela tient sans doute à la nature même du souvenir, car tout a l’air plus ouvert, parce que plus flou, lorsqu’on considère les choses rétrospectivement. Mais peut-être que cela ne concerne que moi.

J’ai (peut-être) plombé votre journée, merci bisous !

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