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dimanche 13 octobre 2013

Ink by Carban

Je prends aujourd'hui la plume (le clavier serait sans doute plus correct, mais admettons) pour vous parler d'un petit film indépendant sorti en 2009.

Prenant pour toile de fond l'éternelle opposition entre rêves et cauchemars, le réalisateur/scénariste/compositeur/producteur Jamin Winans, nous livre avec Ink un conte moderne intelligemment mis en scène. Son long-métrage qui se contente d'un petit budget de 250 mille dollars parvient à atteindre son objectif, puisque malgré une sortie en salle inexistante, il bénéficiera assez rapidement d'un succès important sur la toile, notamment via le téléchargement illégal. Selon le réalisateur, cette exposition inattendue fera quadrupler les ventes et les donations sur le site web du film. Devenu un véritable phénomène internet Ink parvient à faire le buzz et à s'imposer finalement à l’insu de son plein gré.



Nous pouvons saluer l'excellente qualité visuelle du film en matière d'effet spéciaux et de photographie, et ce malgré un faible budget pour un métrage de ce genre. Car Ink lorgne clairement du côté du cinéma fantastique, entrainant avec lui le spectateur dans une bataille silencieuses qui oppose chaque nuit les Conteurs et les Incubes. Si les premiers tentent d'apaiser le sommeil de chacun et de leur rendre ce moment le plus agréable possible, les seconds eux, exploitent nos peurs les plus enfouies afin de les faire ressurgir dans nos cauchemars.
Mais tout ceci est sans compter l'apparition de Ink, une créature hideuse qui poursuit un desseins tout autre et qui va se retrouver déchirer entre les uns et les autres.



Afin de donner un peu de matière à son film et de personnaliser tout ceci, le cinéaste prend le parti d'apporter quelques scènes d'actions efficaces opposants les deux factions. Loin des fusillades d'Hollywood (je rappelle que nous sommes dans un conte, tout de même), nous avons le droit à quelques scènes de combats lorgnant du côté du film d'art martiaux sans faire de l'excessif ou du spectaculaire. Le sujet du film n'est en effet pas là, et le réalisateur ne l'a pas oublié.
Bien que le sujet ne soit pas d'une originalité à toute épreuve, et qu'avec un bon sens minimal on pourra aisément comprendre le film avant sa fin, il est très facile de se laisser emporter par son histoire et par ses personnages. A l'instar d'un conte, il suffit de se laisser transporter, de se laisser conter cette histoire, de laisser la musique nous transporter avec les images. Selon moi Ink fait parti de ces films qui sont un peu comme une douce mélodie. On ne réfléchit pas dessus, et on se contente de se laisser transporter par les notes qui s'enchainent.

Alors bien sûr, il serra sans doute facile de trouver quelques défauts par ici ou par là (le rendu visuel par exemple peut surprendre, l'utilisation de filtres couleurs etc. étant omniprésents, il ne sera peut-être pas au gout de tous), mais ce qui est important, c'est le travail de qualité qu'a pu fournir un réalisateur indépendant, avec des acteurs inconnus, et un budget plus que restreint. C'est le genre de film qui peut donner une leçon à certaines grosses productions qui oublient que l'essentiel quand on veut créer une histoire, c'est d'y mettre une âme.
Et quand on pense qu'au départ aucun studio ne s'est montré intéressé par le scénario, on est en droit de se demander, au vu du succès rencontré par le film, qu'est-ce qu'il leur faut ?!

L'indifférence des studios et des distributeurs obligeront Winans et sa femme (productrice du film) à multiplier les casquettes durant le tournage ainsi qu'en post-production. Néanmoins, ce dur labeur porte ses fruits puisque malgré l'absence de distributeurs, le film arrive à se faire une place dans les festivals locaux, et ainsi, grâce à de bonnes critiques, à gagner une renommer sur le web, flirtant au niveaux des téléchargements avec les plus grands films SF de l'année 2009.



Et pour cause, l'histoire, le visuel, le côté dramatique du film ne manquent pas de toucher. A la fois sombre mais plein d'espoir, l'histoire est pleine de sensibilité, et rend de ce fait les personnages attachants.
Au-delà de ça, on pourra certainement voir des petites références aux certains monuments du cinéma de science-fiction. Le combat entre Conteurs et Incubes, qui agissent dans notre réalité sans y appartenir pourtant pourra rappeler Matrix, où le fait que tout ceci se passe durant la nuit, pendant que les gens dorment ne manquera pas de faire penser au chef d’œuvre de Proyas Dark City
Pourtant le film ne se contente pas de s’inspirer de ces prédécesseurs. Il développe son propre univers qui alterne entre différentes réalités, le passé, le présent et parvient même à y mêler le futur, permettant au conte de s'encrer irrémédiablement dans la réalité, sans oublier la magie propre à ce genre de récits.
Certaines scènes sont tous simplement bluffantes et l'une d'elle nous offre une réaction en chaine à la fois surprenante mais parfaitement maîtrisée.
Encore une fois la musique colle parfaitement à l'histoire, légère, douce, elle donne un aspect assez aérien au long-métrage.



En conclusion, Ink fait parti de ces films qui montrent que le 7ème Art, ce n'est pas qu'une question d'argent, de budget ou de têtes d'affiche. Un film intelligent, parfaitement réalisé, une histoire qui transporte et qui touche, et au final, un bon moment. Tout simplement.

Trailer
Scène de la réaction en chaine /!\ petit spoil!

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