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dimanche 13 octobre 2013
The Bangbang Club (2010) by Dylan
The Bang Bang Club est un film Canado-sud-africano-allemand écrit et réalisé par Steven Silver. En plein Apartheid, entre 1990 et 1994, le Gouvernement livre une guerre au Congrès National Africain et à Nelson Mandela. Le Gouvernement s’allie au mouvement Inkatha et aux guerriers Zulu. Le film relate la vie d’une bande de photographes en Afrique du Sud pendant cette période. Deux de ces photographes ont reçu un Pulitzer pour leur photos, et ce sont eux qui sont au centre du film. Mais ils ont tous réalisés des séries de photographies extraordinaires, reconnues dans le monde entier. Leur nom: Kevin Carter, Greg Marinovich, Ken Oosterbroek, et João Silva. C’était la première fois que des photos aussi violentes étaient publiées. Des photos qui montraient la réalité des choses et ce qui se passait dans les Townships. Leurs photographies furent publiés dans les plus grands magazines. Mais elles sont surtout choqué le monde, et ont soulevé une question importante : est ce que les photographes/journalistes doivent rester passifs en toute circonstance ?
The Bang Bang Club débute avec une interview de Kevin Carter (Taylor Kitsh), un des membres du ‘Club’ (ce n’est qu’un nom que les gens leur ont donné.) Le film nous raconte donc leur histoire après qu’on lui ait posé la question : What makes a photograph great ? Greg Marinovich (Ryan Phillippe) est un autre photographe du Bang Bang Club, et commence le film avec un pari risqué : aller chez les Zulu après un conflit pour faire des photos d’eux. Il y arrive, et assiste à un assassinat public. Déjà, on comprend que dans certaines situations, il est impossible d’intervenir. Ici, la Vie devient Mort en seulement quelques secondes. Les gens font leur propre loi.
‘Why the fuck do you care man, just take the picture’
Le film nous fait découvrir le quotidien des photographes. Les moments intenses, mais aussi les moments de calme. La camaraderie au sein du Chaos. Mais c’est surtout un film socialement et historiquement intéressant. On y montre une violence extrême mais réelle : le film est tiré d'une histoire vraie. Ces photographes sont les seuls blancs, ils filment une lutte qui n’est pas la leur. Mais ils la filment au milieu des mouvements de foule, au milieu du danger, au milieu des armes. La foule enjambe les corps comme s’ils n’existaient pas. Les photographes, eux, savent qu’ils seront mieux payés s’ils prennent des photos marquantes. Ils semblent presque détachés de l’horreur qui se passe autour d’eux. Mais pour combien de temps? Les balles fusent, et le danger reste évident : personne n’est à l’abris, même caché derrière un appareil photo. On voit bien que malgré leur sourires, la peur reste présente, quelque part en eux.
The Bang Bang Club reconstitue plusieurs épisodes de leur vie en se basant sur ce qu’ils ont vraiment vécu. Par exemple, voir un homme se faire brûler vif… ce genre de choses. La mise en scène garde une certaine distance, comme si tout se passait dans un demi-silence, un flou… un vide. Le photographe, Greg, reste à prendre des photos tout le long. Quoiqu’il advienne…Clic, Clic…Clic. Toujours continuer à prendre des photos... Et les héros sont de plus en plus hantés par ce qu’ils doivent voir. Pourtant, c’est leur choix d’être là. C'est leur passion, voir leur vie.... Alors doivent-ils rester neutre ou non ? Le film répond dans un sens à cette question, nous montrant l’horreur de la situation et l’impact psychologique que cela a sur les héros du film. Le film soulève aussi le problème de la liberté de la presse sous l'Apartheid. Par exemple, lorsqu’on demande à Greg de donner ses photos à la police pour arrêter quelqu’un. Ces photographes ne veulent pas choisir de camp : ils veulent rester neutre.
‘They’re right you know. All these people that say that it’s our job to just sit there and watch people die’
Ce film, c'est surtout des moments bouleversants, comme l’origine de la photo de Kevin Carter, prise au Soudan. Cette photo a choqué le monde et lui a valu un Pulitzer. Mais cela lui a aussi valu des attaques contre le photographe. Les gens voulaient savoir ce qui était arrivé à l’enfant, et pourquoi il n’avait rien fait pour l’aider. Le film parle du débat suivant : est-ce qu’un journaliste doit aider les gens ou non ? Pour Kevin Carter, les photos sont essentielles et aident à leur façon. Face aux attaques des médias contre lui, il craque. Pourtant, pour lui, ce n’est pas qu’un spectacle. Une bonne photo est une photo qui pose une question.
En résumé, c'est un film très intéressant sur beaucoup de points. Les acteurs sont tous très bon, même si c'est agaçant d'entrendre Ryan Phillippe dire "Ya" tout le temps histoire d'avoir l'air Sud-Africain. Mais pour le reste: très bien foutu. Je ne connaissais pas du tout ces photographes avant de voir le film, c'était donc une double découverte. C'est bien filmé, ça se regarde tout seul, et ça en vaut la peine. Et ça fait un petit cours d'histoire en prime. Hop.
•Trailer
L'île du Docteur Moreau by Dylan
Hello CIN,
Aujourd’hui j’ai décidé de vous parler d’un film que j’adorais lorsque j’étais petite. Un film qui, à sa façon, parle un peu des physiques étranges. Même si le film a un peu mal vieilli et qu’il est un peu simpliste, je ne me lasse pas de le regarder de temps en temps. Le film est une adaptation d’un roman de Science Fiction, écrit par H.G Wells, datant de 1896. Il est réalisé par John Frankenheimer. J’ai regardé L’île du Docteur Moreau pour la première fois parce qu’à l’époque, j’avais un énorme crush sur Val Kilmer. Mais ce film m’a également fait connaître trois acteurs que j’aime énormément depuis : Fairuza Balk, Marlon Brando, et David Thewlis. Vous l’aurez compris, le point fort de ce film, c’est son Casting. Et heureusement. La mise en scène n’étant pas extraordinaire, ce sont les acteurs qui amènent leur propre délire aux personnages. Mais c’est peut-être juste une impression : je n’ai pas lu le roman d’origine, alors je ne permettrai pas de comparer les personnages écrits & la performance des acteurs. Mais je les trouve tous très juste, très simples. Ce n’est pas surjoué, on a l’impression de visiter calmement le décors et de vivre l’histoire en même temps que le personnage principal : Edward Douglas (David Thewlis).
Edward, seul survivant d'un crash aérien, est récupéré sur une bouée de sauvetage par un bateau. A son bord, Montgomery (Val Kimer). Après plusieurs jours de voyage, ils arrivent sur une île inconnue pour Edward, mais connue de Montgomery : celle du Dr. Moreau. Mais quelque chose n’est pas très net sur cette île. Qui est ce mystérieux Docteur Moreau? Edward Douglas commence à explorer son nouvel environnement… on sent la chaleur de l’île, l’angoisse de la nuit lorsque la jungle nous entoure, on entends avec lui les étranges sons et cris… Puis nous arrivons avec lui dans une salle médicale : une salle de chirurgie, ou quelqu’un semble être en opéré de force. Le choc de deux mondes. La nature et son calme, puis la science et sa souffrance. Des animaux en cage sont dans la même salle. Il y a quelque chose de très, très étrange qui se passe ici. Edward fuit la scène après voir compris qu’il s’agit d’expériences génétiques avec des humains et des animaux : il croise d’autres habitants de l’île, qui semblent humains avec des visages… disons, moins humains.
L’île du Docteur Moreau a un rythme efficace : on est immédiatement lancés dans le vif du sujet. Edward veut juste s’échapper de l’île, et essaye de se faire aider par la fille du Docteur : Aissa (Fairuza Balk).
Ce que j’aime dans ce film, c’est qu’on a l’impression d’entrer dans un autre monde, un monde fantastique, celui créer par le Docteur Moreau. C’est un voyage dans un monde qui nous semble familier, mais qui pourtant, ne l’est pas du tout lorsqu’on regarde les personnages. Le réel devient irréel. Du coup, on a presque l’impression de regarder un film d’heroic fantasy, ou un film futuriste… avec des visages qui nous rappellent un ancien temps. On arrive donc à sentir le malaise du personnage principal, qui est un Outsider comparé aux autres. Edward Douglas, c’est un peu l’aventurier qui découvre une tribu indigène. Mais cette tribu est l’œuvre du Docteur Moreau (Marlon Brando), qui lui, se prend pour un Dieu. Et Marlon Brando est effectivement l’acteur idéal pour jouer un Gourou, un Dieu… C’est une figure charismatique puissante.
Les dialogues du film sont intéressants sur le débat des modifications génétiques. Est-ce de la folie ou de la recherche ? Est-ce un problème moral, philosophique, social ? Qu’est ce que l’identité humaine ? Quel devrait être l’impact de l’homme sur la nature ?
Pourtant, L’île du Docteur Moreau n’est pas considéré comme étant un très bon film. Et je peux très bien comprendre pourquoi. Déjà à cause du bordel qu’il y a eu autour du tournage : les acteurs vivaient tous des moments difficiles (suicide de la fille de Marlon Brando, divorce de Val Kilmer, changement de réalisateur etc…). Mais pour moi, les acteurs ne sont pas le problème, et ils ont fait du bon boulot. Mais ce film aurait pu être bien meilleur, bien plus profond, bien plus violent… Ca reste tout de même vraiment cool. Peut-être parce que je l’ai vu quand j’étais enfant et que j’étais bon public. Ou peut-être parce que le film part en délire total, et on fini par se sentir comme dans un asile de fou. Peut-être aussi pour les moments kitshs entre Edward et Aissa. Mais au delà de ça, je trouve que ça reste un film avec un sujet original. Même si c’est basé sur un roman. L’esthétique générale est plutôt stylée et en soit, on ne s’ennuie pas. La fin traîne certes un peu en longueur et on se croirait un peu trop dans La Planète des Singes avec une touche de Mad Max. Mais pour tout le reste, c’est un bon film. J’avoue préférer le début, c’est ce qui me marque le plus. Pour les scènes d’action et tout le reste, c’est un peu… surfait. La conclusion du film est pourtant très belle: "We have to be what we are".
Alors pour ceux qui l’ont vu, qu’est ce que vous en pensez ?
• Trailer
La divine Divine (1945-1988) by Stitch
Hello CIN !
Dans le thème de cette SàT qui a trait aux acteurs ayant un physique hors norme, je vais vous narrer l’histoire de Divine (né Harris Glenn Milstead), célèbre drag-queen des années 70 et 80 qui a touché tout d’abord au cinéma en devenant l’égérie de John Waters, puis à la musique en interprétant de nombreux titres dance et disco dans les 80’s.
♦ LA JEUNESSE DE HARRIS GLENN MILSTEAD (1945-1965) ♦
Harris Glenn Milstead est né le 09 octobre 1945 à Baltimore, Maryland de l’union de Harris Bernard et Diana Frances Milstead. Le foyer Milstead était une famille américaine de classe moyenne supérieure. La famille est relativement riche et essentiellement conservatrice. Les Milstead ont su profiter du système et travailler là où il fallait pendant la seconde guerre mondiale, ce qui a permis à la famille à la sortie de la guerre d’être dans une position économique plutôt confortable. Le Père de Glenn n’a pas pu participer à la guerre du fait d’une maladie neuro-musculaire.
Etant enfant unique et tellement désiré (Il y eu deux fausses couches avant la naissance de Glenn), l’éducation de Glenn fut plutôt permissive voire même gatée. Les parents de Glenn cédaient à tout ce que voulait leur fils y compris la nourriture ce qui entraina chez l’enfant un problème de surpoids.
Lorsque Glenn eut 12 ans, la famille déménagea à Lutherville, une banlieue de Baltimore. Glenn a alors fréquenté le lycée de Towson d’où il en sortit diplômé en 1963. En raison de son surpoids, Glenn n’était pas destiné à faire des travaux trop laborieux et il développa une passion pour la peinture, l’art et les fleurs. Ainsi, à 15 ans il commença un travail à temps partiel chez un fleuriste local. Pendant ce temps il suivit aussi un régime qui lui fit perdre de nombreux kilos et lui redonna confiance en lui.
A partir de ses 17 ans, Glenn se réveilla sexuellement parlant et se rendit compte qu’il était autant attiré par les hommes que par les femmes. Devant cette orientation sexuelle, qui était encore à cette époque un sujet plus que tabou dans la société américaine conservatrice et conventionnelle, ses parents l’envoyèrent chez un psychiatre.
En 1963, un fois son diplôme en poche, Glenn s’inscrit dans une école de coiffure et, une fois ses études terminées, trouva un travail chez un coiffeur local. Mais Glenn s’ennuya très vite et arrêta tout travail pour vivre aux crochets de ses parents qui, comme à leur habitude, ne lui refusèrent rien. Il mena la belle vie et ses parents lui payaient toute dépense que ce soit en vêtements couteux ou voitures. Ils payèrent même, quoique à contrecœur, des soirées où Glenn pouvait se travestir afin de ressembler à son actrice préférée, Elizabeth Taylor. Ces soirées d’excès eurent raison de son régime et Glenn repris peu à peu du poids et ne perdit plus jamais ces kilos en trop au contraire.
♦ LA NAISSANCE DE DIVINE (1966-1968) ♦
Au milieu des années 60 et grâce à ses soirées, Glenn élargit son cercle d’amis dont David Lochary (avec qui il partagera souvent l’affiche) et Carol Wernig. C’est grâce à ce dernier que Glenn fait la connaissance et se lie d’amitié avec un certain John Waters. Cette amitié et cette fidélité sera toujours présente jusqu’à la mort de Glenn.
Le trio composé de Glenn, Lochery et Waters sortent souvent ensemble et trainent dans des bars de Hippies afin de fumer de la marijuana. En voyant Glenn travesti, Waters a commencé le premier à lui donner le doux surnom de Divine en déclarant à son sujet qu’il était « la plus belle femme du monde ou presque ».
Waters avait le doux rêve de faire des films mais surtout de faire les films les plus trash de l’histoire du cinéma. Il a convaincu ses proches amis de jouer dans ses films et tout ce petit monde s’est regroupé en un collectif appelé les Dreamlanders. Ce groupe était donc composé, entre autres, de Glenn, David Lochary, Mary Vivian Pearce et Mink Stole. Cette joyeuse bande d’amis tournait leurs films les dimanche après-midi. Et, en 1964, en est sorti un premier court-métrage intitulé Hag in a black leather jacket qui est totalement passé inaperçu.
Pas de chance non plus en 1966 pour le film Roman Candles qui lui aussi connu un succès plus qu’illusoire. Dans ce film, Waters commence à mettre sa patte du sordide et du trash en y faisait l’apologie du vol, et de toute pratique pouvant contrarier une Amérique puritaine. Ainsi, il décide d’y faire apparaître Divine déguisée en nonne qui de surcroit fume comme un pompier.
Le troisième court de Waters s’intitule Eat your makeup et on y voit Divine grimé en Jackie Kennedy tout récemment veuve de son président de mari qui enlève des top-modèles pour leur faire manger leur maquillage.
Lors de ces débuts d’acteur dans des films underground, Divine a bien entendu caché à ses parents conservateurs ses activités. Il pensait que ses parents ne pourraient pas comprendre à la fois son mode de vie et son choix quand à jouer dans des films très controversés et de mauvais gout. En parallèle, les parents de Divine lui ont offert un salon de coiffure en espérant que leur fils se range un peu et devienne un peu plus responsable au niveau financier et d’arrêter toutes ses dépenses extravagantes. Même si Divine accepte le deal et travaille donc dans le salon de coiffure offert, il en refuse la responsabilité et la gestion laissant cela à sa mère.
En 1968, il décide de quitter le foyer familial et s’installe en location dans un petit meublé de Baltimore.
♦ L’ASCENSION DE DIVINE (1968-1970) ♦
De 1969 à 1970, Waters enchaine trois films dont la vedette est toujours Divine. Ces trois films représentent une escalade dans le mauvais gout.
Dans The Diane Linkletter story (1969), Divine y incarne Diane Linkletter une jeune fille qui se rebelle contre ses parents conservateurs qui tentent de la faire rompre d’avec son petit ami hippie et toxico. La jeune fille se drogue à son tour et se suicide après s’être complètement camée au LSD. Ce film relate des faits réels et ne sera jamais diffusé en salles pour des raisons juridiques.
Dans Mondo Trasho (1969), Divine campe une « bombe blonde corpulente » qui conduit comme une folle autour de la ville et écrase un auto-stoppeur. C’est dans ce film que Divine se fait enfin remarqué et des critiques du Los Angeles Free Press déclarent que « Divine, le sex-symbol de 300 livres est sans aucun doute une sorte de découverte ».
Pour Multiple Maniacs (1970), Divine devient Lady Divine, une femme qui tient une exposition appelée « la cavalcade de la perversion » qui devient le théâtre du meurtre des visiteurs de la dite exposition. Le film contient de nombreuses scènes controversés comme celle où Lady Divine se masturbe avec un chapelet alors qu’elle est assise sur un banc d’église, ou celle où Lady Divine tue son petit ami et lui mange le cœur ensuite (qui est en fait un cœur de bœuf mais qui avait un peu pourri en étant resté sur le plateau de tournage toute la journée). A la fin du film (Attention SPOILER !!), Lady Divine est violée par un homard géant nommé Lobstora ce qui la conduit direct à la case folle à lier et surtout à un mass-murderer avant d’être elle-même abattue par la garde nationale. Multiple Maniacs a été le premier film de Waters à retenir l’attention générale et Divine y confirme son statut de nouveau talent puisque dans une émission, la radio du Nouveau-Mexique KSFX déclare que « Divine est incroyable ! Elle pourrait amorcer une nouvelle tendance dans les films ».
♦ DIVINE EN PLEINE GLOIRE (1971-1988) ♦
En 1972, John Waters réalise Pink Flamingo qu’il qualifie lui-même comme un « exercice de mauvais gout ». Il donne à Divine le rôle de Babs Johnson qui vit dans une caravane rose avec sa mère, son fils et une amie. Babs a acquis une réputation qu’elle défend par tous les moyens, celle d’être l’être le plus répugnant des Etats-Unis. Aussi lorsque les gens veulent lui disputer cette « palme », elle se rebiffe et ce sera à qui fera le pire pour justifier cette place.
Grâce à ce film, et notamment UNE scène du film, celle où Babs mange les excréments d’un chien, Divine a définitivement laissé son empreinte dans le monde du cinéma. Et cette scène est devenue l’un des moments les plus marquants de la carrière cinématographique de Divine. Mais attention âme sensible s’abstenir car la scène n’est vraiment pas très ragoutante.
Du coté vie privée, Divine a quitté son salon de coiffure, et a ouvert une friperie de vêtements vintage à Provincetown, Massachussets mais dont il s’est lassé très vite et a vendu le fond après avoir bradé tous ses articles pour avoir de l’argent. Divine recommence alors à vivre aux crochets de ses parents à qui il a encore gardé le secret sur son activité cinématographique. Mais, en 1972, la poule aux œufs d’or s’enfuit et ses parents refusent de continuer à financer son train de vie exorbitant et lui coupent les vivres. Cela engendrera un gros conflit entre Divine et ses parents et les ponts seront coupés pendant près de dix ans.
En 1974, Divine joue le rôle de Dawn Davenport dans Female Trouble (toujours de Waters). Dawn Davenport est une jeune fille qui se rebelle en devenant une délinquante et pour qui le crime serait un art. Et, pour sublimer cet art, elle devient de plus en plus violente. Dans ce film, Divine joue aussi le rôle masculin de Earl Peterson. Divine fut très satisfait du film car, pour la première fois, il pouvait jouer un rôle masculin ce qui lui permettait d’enlever l’étiquette de simple acteur travesti.
En parallèle, il commence à jouer dans de nombreuses pièces de théâtre avec son amie Mink Stole. Tout d’abord, ce fut des pièces à petit budgets dans des salles plutôt insignifiantes puis le dramaturge Tom Eyen lui propose le rôle d’une infirmière de prison Pauline dans sa pièce Women Behind Bars (c’est d’ailleurs à cause de son implication dans cette pièce que Divine n’a pas pu participer au film de Waters Desperate Living en 1977). Ce rôle de l’infirmière Pauline a permis de montrer le talent de Divine sur scène puisque la pièce, après New-York, fut jouée à Londres. Face au jeu de scène de Divine, Tom Eyen lui propose un nouveau rôle dans sa pièce La Femme au Néon. Divine y campe Flash Storm, une femme propriétaire d’un club de strip-tease à Baltimore.
En 1981, c’est un nouveau tournant pour Divine. Il fréquente le Studio 54 et y fait de belles rencontres notamment des personnes qui évoluent dans la sphère musicale. Divine se laisse conduire par ses nouveaux amis qui voit en lui une nouvelle icône des clubs. C’est à ce moment que sort le premier single intitulé Born To Be Cheap.
Cette même année, Waters dirige à nouveau Divine dans son film Polyester. Divine joue Francine Fishpaw, mère au foyer de son état et un peu alcoolique dont le mari gère un cinéma porno, la fille est nymphomane et le fils est en quelque sorte un fétichiste des pieds. Bref une famille peu reluisante mais la rencontre de Francine avec un play-boy sur le retour qui lui fait miroiter maints rêves va bousculer l’équilibre précaire de cette charmante famille. Ce film est une innovation car il est en odorama, une carte à gratter avec des odeurs dessus est distribué avec le film et le spectateur peut s’immerger un peu plus dans le film. Mais attention, toutes les odeurs ne sont pas agréables, c’est quand même du Waters, le roi du mauvais gout !!
Du point de vue de sa carrière musicale disco, Divine à fait 4 albums, My first album (1982), Jungle Jezebel (1982), The story so far (1984) et Maid in England (1988). Parmi les singles issus de ces albums très clubs et disco, nous avons des titres comme Shoot your shot (1983), Shake it up (1983), You think you’re a man (1984), I’m so beautiful (1984) qui revisite l’histoire de Blanche-Neige ou encore Walk like a man (1985).
En 1985, Divine fait une petite infidélité à Waters en jouant dans deux films qui ne sont pas réalisés par lui. Le premier est Lust in the dust, une comédie qui se situe dans le far-west et où il joue le rôle de Rosie Velez, une femme de petite vertu chanteuse dans un saloon en concurrence avec une autre pour les gentillesses d’un homme. Le second est Trouble in mind où Divine n’y a qu’un petit rôle de gangster gay mais l’acteur voulait ce rôle car il lui permettait de jouer un homme et ainsi de sortir de son image de travesti.
En 1988, Divine joue à nouveau avec John Waters dans Hairspray. Divine y incarne Edna Turnblad, une mère de famille dont la fille Tracy (Ricky Lake), jeune fille dodue et à la coiffure choucroute, veut être à la mode et dans le coup. Et, pour y arriver, il faut danser dans l’émission le Corny Collins Show. Tracy époustoufle tout le monde par sa façon de danser le madison et est sélectionnée pour être la danseuse vedette du show à la grande joie de ses parents mais rivalités et jalousies ne vont pas tarder à surgir. Dans Hairspray, Divine y a également le rôle masculin d’Arvin Hodgepile, le directeur antipathique et raciste de la chaîne de télévision. Grâce à ce film, Divine acquiert ses dernières marques de noblesse.
Le 7 mars 1998, soit trois semaines après la sortie de Hairspray, Divine loge dans un hôtel de Los Angeles car le lendemain, il doit tourner dans la série Mariés…deux enfants. Après une journée de répétition, il rejoint son hôtel où il dine avec des amis puis va dans sa chambre se coucher. Dans la nuit du 7 au 8 mars, Divine décède à l’âge de 42 ans des suites d’une apnée du sommeil couplée d’une hypertrophie cardiaque certainement causée par son obésité.
♦ L’APRES DIVINE ♦
Divine, bien qu’entouré d’amis fidèles, était une personne seule. Seul il l’était du point de vue familial en coupant les ponts avec ses parents. Et seul il l’était aussi du point de vue sentimental. Divine se considérait comme un homme, il était gay mais pas transgenre ou transsexuel. Dans les années 80, il a entretenu une longue relation avec un homme marié prénommé Lee qui le suivait partout. Après une séparation, il a eu une courte relation avec un acteur porno gay, Leo Ford, qui a été plus que relatée dans les médias ce qui a mis fin à son idylle. Il y eut de brèves aventures d’un soir avec des jeunes hommes ramassés lors de ses tournées musicales. Si Divine était gay, il n’a jamais voulu prendre part aux manifestations de revendication des droits aux homosexuels ce qui, selon son agent, aurait néfaste à son image.
John Waters crée en 1989 Cry Baby avec à nouveau Ricky Lake et Johnny Depp. Le rôle de Delit-de-faciès était à l’origine pour Divine. Mais le décès de l’acteur a tout remis en cause et le rôle fut alors attribué à Kim McGuire
Divine, tout au long de sa singulière carrière, est devenu une icône connue et reconnue. De nombreux documentaires retraçant sa vie ont été produits suite à son décès. S’il faut n’en retenir que deux, ce serait Divine Trash sorti en 1988 ou I am Divine qui est sorti en mars 2013.
Et juste une dernière petite chose avant de finir cet article, Divine a tellement marqué les esprits que même les Studios Disney lui ont rendu hommage dans un animé de 1989. Vous ne voyer vraiment pas de quoi je parle ? Alors cliquez sur ce lien et vous comprendrez tout de suite.
Et voilà tout ce que je pouvais dire sur la divine Divine. J'espère vous avoir fait découvrir ou redécouvrir ce personnage hors-norme haut en couleur.
Dans le thème de cette SàT qui a trait aux acteurs ayant un physique hors norme, je vais vous narrer l’histoire de Divine (né Harris Glenn Milstead), célèbre drag-queen des années 70 et 80 qui a touché tout d’abord au cinéma en devenant l’égérie de John Waters, puis à la musique en interprétant de nombreux titres dance et disco dans les 80’s.
♦ LA JEUNESSE DE HARRIS GLENN MILSTEAD (1945-1965) ♦
Harris Glenn Milstead est né le 09 octobre 1945 à Baltimore, Maryland de l’union de Harris Bernard et Diana Frances Milstead. Le foyer Milstead était une famille américaine de classe moyenne supérieure. La famille est relativement riche et essentiellement conservatrice. Les Milstead ont su profiter du système et travailler là où il fallait pendant la seconde guerre mondiale, ce qui a permis à la famille à la sortie de la guerre d’être dans une position économique plutôt confortable. Le Père de Glenn n’a pas pu participer à la guerre du fait d’une maladie neuro-musculaire.
Etant enfant unique et tellement désiré (Il y eu deux fausses couches avant la naissance de Glenn), l’éducation de Glenn fut plutôt permissive voire même gatée. Les parents de Glenn cédaient à tout ce que voulait leur fils y compris la nourriture ce qui entraina chez l’enfant un problème de surpoids.
Lorsque Glenn eut 12 ans, la famille déménagea à Lutherville, une banlieue de Baltimore. Glenn a alors fréquenté le lycée de Towson d’où il en sortit diplômé en 1963. En raison de son surpoids, Glenn n’était pas destiné à faire des travaux trop laborieux et il développa une passion pour la peinture, l’art et les fleurs. Ainsi, à 15 ans il commença un travail à temps partiel chez un fleuriste local. Pendant ce temps il suivit aussi un régime qui lui fit perdre de nombreux kilos et lui redonna confiance en lui.
A partir de ses 17 ans, Glenn se réveilla sexuellement parlant et se rendit compte qu’il était autant attiré par les hommes que par les femmes. Devant cette orientation sexuelle, qui était encore à cette époque un sujet plus que tabou dans la société américaine conservatrice et conventionnelle, ses parents l’envoyèrent chez un psychiatre.
En 1963, un fois son diplôme en poche, Glenn s’inscrit dans une école de coiffure et, une fois ses études terminées, trouva un travail chez un coiffeur local. Mais Glenn s’ennuya très vite et arrêta tout travail pour vivre aux crochets de ses parents qui, comme à leur habitude, ne lui refusèrent rien. Il mena la belle vie et ses parents lui payaient toute dépense que ce soit en vêtements couteux ou voitures. Ils payèrent même, quoique à contrecœur, des soirées où Glenn pouvait se travestir afin de ressembler à son actrice préférée, Elizabeth Taylor. Ces soirées d’excès eurent raison de son régime et Glenn repris peu à peu du poids et ne perdit plus jamais ces kilos en trop au contraire.
♦ LA NAISSANCE DE DIVINE (1966-1968) ♦
Au milieu des années 60 et grâce à ses soirées, Glenn élargit son cercle d’amis dont David Lochary (avec qui il partagera souvent l’affiche) et Carol Wernig. C’est grâce à ce dernier que Glenn fait la connaissance et se lie d’amitié avec un certain John Waters. Cette amitié et cette fidélité sera toujours présente jusqu’à la mort de Glenn.
Le trio composé de Glenn, Lochery et Waters sortent souvent ensemble et trainent dans des bars de Hippies afin de fumer de la marijuana. En voyant Glenn travesti, Waters a commencé le premier à lui donner le doux surnom de Divine en déclarant à son sujet qu’il était « la plus belle femme du monde ou presque ».
Waters avait le doux rêve de faire des films mais surtout de faire les films les plus trash de l’histoire du cinéma. Il a convaincu ses proches amis de jouer dans ses films et tout ce petit monde s’est regroupé en un collectif appelé les Dreamlanders. Ce groupe était donc composé, entre autres, de Glenn, David Lochary, Mary Vivian Pearce et Mink Stole. Cette joyeuse bande d’amis tournait leurs films les dimanche après-midi. Et, en 1964, en est sorti un premier court-métrage intitulé Hag in a black leather jacket qui est totalement passé inaperçu.
Pas de chance non plus en 1966 pour le film Roman Candles qui lui aussi connu un succès plus qu’illusoire. Dans ce film, Waters commence à mettre sa patte du sordide et du trash en y faisait l’apologie du vol, et de toute pratique pouvant contrarier une Amérique puritaine. Ainsi, il décide d’y faire apparaître Divine déguisée en nonne qui de surcroit fume comme un pompier.
Le troisième court de Waters s’intitule Eat your makeup et on y voit Divine grimé en Jackie Kennedy tout récemment veuve de son président de mari qui enlève des top-modèles pour leur faire manger leur maquillage.
Lors de ces débuts d’acteur dans des films underground, Divine a bien entendu caché à ses parents conservateurs ses activités. Il pensait que ses parents ne pourraient pas comprendre à la fois son mode de vie et son choix quand à jouer dans des films très controversés et de mauvais gout. En parallèle, les parents de Divine lui ont offert un salon de coiffure en espérant que leur fils se range un peu et devienne un peu plus responsable au niveau financier et d’arrêter toutes ses dépenses extravagantes. Même si Divine accepte le deal et travaille donc dans le salon de coiffure offert, il en refuse la responsabilité et la gestion laissant cela à sa mère.
En 1968, il décide de quitter le foyer familial et s’installe en location dans un petit meublé de Baltimore.
♦ L’ASCENSION DE DIVINE (1968-1970) ♦
De 1969 à 1970, Waters enchaine trois films dont la vedette est toujours Divine. Ces trois films représentent une escalade dans le mauvais gout.
Dans The Diane Linkletter story (1969), Divine y incarne Diane Linkletter une jeune fille qui se rebelle contre ses parents conservateurs qui tentent de la faire rompre d’avec son petit ami hippie et toxico. La jeune fille se drogue à son tour et se suicide après s’être complètement camée au LSD. Ce film relate des faits réels et ne sera jamais diffusé en salles pour des raisons juridiques.
Dans Mondo Trasho (1969), Divine campe une « bombe blonde corpulente » qui conduit comme une folle autour de la ville et écrase un auto-stoppeur. C’est dans ce film que Divine se fait enfin remarqué et des critiques du Los Angeles Free Press déclarent que « Divine, le sex-symbol de 300 livres est sans aucun doute une sorte de découverte ».
Pour Multiple Maniacs (1970), Divine devient Lady Divine, une femme qui tient une exposition appelée « la cavalcade de la perversion » qui devient le théâtre du meurtre des visiteurs de la dite exposition. Le film contient de nombreuses scènes controversés comme celle où Lady Divine se masturbe avec un chapelet alors qu’elle est assise sur un banc d’église, ou celle où Lady Divine tue son petit ami et lui mange le cœur ensuite (qui est en fait un cœur de bœuf mais qui avait un peu pourri en étant resté sur le plateau de tournage toute la journée). A la fin du film (Attention SPOILER !!), Lady Divine est violée par un homard géant nommé Lobstora ce qui la conduit direct à la case folle à lier et surtout à un mass-murderer avant d’être elle-même abattue par la garde nationale. Multiple Maniacs a été le premier film de Waters à retenir l’attention générale et Divine y confirme son statut de nouveau talent puisque dans une émission, la radio du Nouveau-Mexique KSFX déclare que « Divine est incroyable ! Elle pourrait amorcer une nouvelle tendance dans les films ».
♦ DIVINE EN PLEINE GLOIRE (1971-1988) ♦
En 1972, John Waters réalise Pink Flamingo qu’il qualifie lui-même comme un « exercice de mauvais gout ». Il donne à Divine le rôle de Babs Johnson qui vit dans une caravane rose avec sa mère, son fils et une amie. Babs a acquis une réputation qu’elle défend par tous les moyens, celle d’être l’être le plus répugnant des Etats-Unis. Aussi lorsque les gens veulent lui disputer cette « palme », elle se rebiffe et ce sera à qui fera le pire pour justifier cette place.
Grâce à ce film, et notamment UNE scène du film, celle où Babs mange les excréments d’un chien, Divine a définitivement laissé son empreinte dans le monde du cinéma. Et cette scène est devenue l’un des moments les plus marquants de la carrière cinématographique de Divine. Mais attention âme sensible s’abstenir car la scène n’est vraiment pas très ragoutante.
Du coté vie privée, Divine a quitté son salon de coiffure, et a ouvert une friperie de vêtements vintage à Provincetown, Massachussets mais dont il s’est lassé très vite et a vendu le fond après avoir bradé tous ses articles pour avoir de l’argent. Divine recommence alors à vivre aux crochets de ses parents à qui il a encore gardé le secret sur son activité cinématographique. Mais, en 1972, la poule aux œufs d’or s’enfuit et ses parents refusent de continuer à financer son train de vie exorbitant et lui coupent les vivres. Cela engendrera un gros conflit entre Divine et ses parents et les ponts seront coupés pendant près de dix ans.
En 1974, Divine joue le rôle de Dawn Davenport dans Female Trouble (toujours de Waters). Dawn Davenport est une jeune fille qui se rebelle en devenant une délinquante et pour qui le crime serait un art. Et, pour sublimer cet art, elle devient de plus en plus violente. Dans ce film, Divine joue aussi le rôle masculin de Earl Peterson. Divine fut très satisfait du film car, pour la première fois, il pouvait jouer un rôle masculin ce qui lui permettait d’enlever l’étiquette de simple acteur travesti.
En parallèle, il commence à jouer dans de nombreuses pièces de théâtre avec son amie Mink Stole. Tout d’abord, ce fut des pièces à petit budgets dans des salles plutôt insignifiantes puis le dramaturge Tom Eyen lui propose le rôle d’une infirmière de prison Pauline dans sa pièce Women Behind Bars (c’est d’ailleurs à cause de son implication dans cette pièce que Divine n’a pas pu participer au film de Waters Desperate Living en 1977). Ce rôle de l’infirmière Pauline a permis de montrer le talent de Divine sur scène puisque la pièce, après New-York, fut jouée à Londres. Face au jeu de scène de Divine, Tom Eyen lui propose un nouveau rôle dans sa pièce La Femme au Néon. Divine y campe Flash Storm, une femme propriétaire d’un club de strip-tease à Baltimore.
En 1981, c’est un nouveau tournant pour Divine. Il fréquente le Studio 54 et y fait de belles rencontres notamment des personnes qui évoluent dans la sphère musicale. Divine se laisse conduire par ses nouveaux amis qui voit en lui une nouvelle icône des clubs. C’est à ce moment que sort le premier single intitulé Born To Be Cheap.
Cette même année, Waters dirige à nouveau Divine dans son film Polyester. Divine joue Francine Fishpaw, mère au foyer de son état et un peu alcoolique dont le mari gère un cinéma porno, la fille est nymphomane et le fils est en quelque sorte un fétichiste des pieds. Bref une famille peu reluisante mais la rencontre de Francine avec un play-boy sur le retour qui lui fait miroiter maints rêves va bousculer l’équilibre précaire de cette charmante famille. Ce film est une innovation car il est en odorama, une carte à gratter avec des odeurs dessus est distribué avec le film et le spectateur peut s’immerger un peu plus dans le film. Mais attention, toutes les odeurs ne sont pas agréables, c’est quand même du Waters, le roi du mauvais gout !!
Du point de vue de sa carrière musicale disco, Divine à fait 4 albums, My first album (1982), Jungle Jezebel (1982), The story so far (1984) et Maid in England (1988). Parmi les singles issus de ces albums très clubs et disco, nous avons des titres comme Shoot your shot (1983), Shake it up (1983), You think you’re a man (1984), I’m so beautiful (1984) qui revisite l’histoire de Blanche-Neige ou encore Walk like a man (1985).
En 1985, Divine fait une petite infidélité à Waters en jouant dans deux films qui ne sont pas réalisés par lui. Le premier est Lust in the dust, une comédie qui se situe dans le far-west et où il joue le rôle de Rosie Velez, une femme de petite vertu chanteuse dans un saloon en concurrence avec une autre pour les gentillesses d’un homme. Le second est Trouble in mind où Divine n’y a qu’un petit rôle de gangster gay mais l’acteur voulait ce rôle car il lui permettait de jouer un homme et ainsi de sortir de son image de travesti.
En 1988, Divine joue à nouveau avec John Waters dans Hairspray. Divine y incarne Edna Turnblad, une mère de famille dont la fille Tracy (Ricky Lake), jeune fille dodue et à la coiffure choucroute, veut être à la mode et dans le coup. Et, pour y arriver, il faut danser dans l’émission le Corny Collins Show. Tracy époustoufle tout le monde par sa façon de danser le madison et est sélectionnée pour être la danseuse vedette du show à la grande joie de ses parents mais rivalités et jalousies ne vont pas tarder à surgir. Dans Hairspray, Divine y a également le rôle masculin d’Arvin Hodgepile, le directeur antipathique et raciste de la chaîne de télévision. Grâce à ce film, Divine acquiert ses dernières marques de noblesse.
Le 7 mars 1998, soit trois semaines après la sortie de Hairspray, Divine loge dans un hôtel de Los Angeles car le lendemain, il doit tourner dans la série Mariés…deux enfants. Après une journée de répétition, il rejoint son hôtel où il dine avec des amis puis va dans sa chambre se coucher. Dans la nuit du 7 au 8 mars, Divine décède à l’âge de 42 ans des suites d’une apnée du sommeil couplée d’une hypertrophie cardiaque certainement causée par son obésité.
♦ L’APRES DIVINE ♦
Divine, bien qu’entouré d’amis fidèles, était une personne seule. Seul il l’était du point de vue familial en coupant les ponts avec ses parents. Et seul il l’était aussi du point de vue sentimental. Divine se considérait comme un homme, il était gay mais pas transgenre ou transsexuel. Dans les années 80, il a entretenu une longue relation avec un homme marié prénommé Lee qui le suivait partout. Après une séparation, il a eu une courte relation avec un acteur porno gay, Leo Ford, qui a été plus que relatée dans les médias ce qui a mis fin à son idylle. Il y eut de brèves aventures d’un soir avec des jeunes hommes ramassés lors de ses tournées musicales. Si Divine était gay, il n’a jamais voulu prendre part aux manifestations de revendication des droits aux homosexuels ce qui, selon son agent, aurait néfaste à son image.
John Waters crée en 1989 Cry Baby avec à nouveau Ricky Lake et Johnny Depp. Le rôle de Delit-de-faciès était à l’origine pour Divine. Mais le décès de l’acteur a tout remis en cause et le rôle fut alors attribué à Kim McGuire
Divine, tout au long de sa singulière carrière, est devenu une icône connue et reconnue. De nombreux documentaires retraçant sa vie ont été produits suite à son décès. S’il faut n’en retenir que deux, ce serait Divine Trash sorti en 1988 ou I am Divine qui est sorti en mars 2013.
Et juste une dernière petite chose avant de finir cet article, Divine a tellement marqué les esprits que même les Studios Disney lui ont rendu hommage dans un animé de 1989. Vous ne voyer vraiment pas de quoi je parle ? Alors cliquez sur ce lien et vous comprendrez tout de suite.
Et voilà tout ce que je pouvais dire sur la divine Divine. J'espère vous avoir fait découvrir ou redécouvrir ce personnage hors-norme haut en couleur.
Castaways on the moon by Albé
Au pays de l’oncle Sam-Sung, le cinéma respire l’originalité, la poésie
et la qualité par-dessus tout. Le réalisateur Lee Hey-jun ne déroge pas
à la règle. En 2009, il signe son prometteur et premier long métrage
intitulé Castaways on the moon (les naufragés sur la lune).
L’excentricité totale des personnages est au rendez-vous. D’un côté, il y a Monsieur Kim, l’homme déchu, incapable de briller en société. Sur le plan affectif, personne n'est là pour l’épauler. Sur le plan professionnel, sa piètre carrière ne lui permet pas de rembourser les intérêts de son emprunt. C’est un homme délaissé et brisé, prêt à en finir avec ce supplice qu’est la vie. De l’autre côté, nous découvrons une mystérieuse jeune femme. Elle n'a pas de nom. Personne ne sait qui elle est ni même si elle existe vraiment. Elle-même ne le sait pas. Et pour cause, elle évite tout contact avec le réel et les autres. Voilà déjà trois longues années que la jeune femme reste cloitrée dans sa chambre à contempler la lune. C’est une Hikikomori.
Dans ce film, les prises de vue sont d'un esthétisme remarquable. Les instants de vie sont capturés comme de véritables tableaux.
L’histoire est celle de deux êtres submergés par le malaise et le mal être social. Dépassés et accablés par la société, ils ne se sentent plus à leur place au sein de la fourmilière humaine. Leur utilité, leur identité sociale est mise en cause. Pire encore, cette identité sociale a disparue peu à peu pour laisser place aux sentiments de solitude et d’exclusion. Nos deux protagonistes sont devenus des étrangers, des extraterrestres.
Quant au scénario, il se révèle tout aussi improbable et énigmatique que les personnages. Du haut d’un pont, Monsieur Kim tente de tuer sa honte en se jetant dans la rivière. Cependant, la rivière ne veut pas de lui et le rejette comme un vulgaire déchet humain sur l'île de Bam, petit territoire inaccessible en plein cœur de Séoul. Par un concours malheureux de circonstances, voilà Monsieur Kim contraint de se la jouer Robinson Crusoé. D’où il se trouve, le naufragé sait pourtant apercevoir les autres mais il est dans l’impossibilité de les contacter, de leur demander de l’aide. Et c’est ici que réside tout le talent et l’ingéniosité du scénariste. Désormais, l’éloignement avec les autres n’est pas seulement mental. Il est aussi physique, ce qui accentue encore d’un cran la distance qui sépare Monsieur Kim du reste du monde. Bingo ! La métaphore est sublime.
Le point de départ est donné pour une série d’aventures tout aussi rocambolesques les unes que les autres. Les dialogues se limitent pratiquement aux voix-off. Les deux acteurs monopolisent l’écran, quitte à se trouver dans l’obligation de surjouer. Le drame s’allège et devient presque drôle. On a même droit à quelques débordements scatophiles. Nul ne sait où cela va-t-il bien pouvoir mener. Le héros n’a finalement plus trop l'air de se déplaire sur cette île, devenue entre-temps sa nouvelle maison.
Cependant, quelque chose de basique manque terriblement à Monsieur Kim. Et l’envie d’y subvenir le torture de manière irrépressible. Là où cette envie pourrait être comblée de façon tout à fait ordinaire dans un monde civilisé, la chose se complique fortement au beau milieu de nulle part. Cela vire à l’obsession et bientôt Monsieur Kim se lance dans un défi aussi irréalisable que celui de "faire revivre les dinosaures à partir de l’ADN extrait chez les moustiques fossilisés". Mais après tout, vouloir l’irréalisable n’est peut-être pas si risible. L’enjeu pourrait être bien plus crucial qu’il n’y parait. Peut-être est-il question de se prouver à soi-même de quoi on est capable au moment même où l'on se sent bon à rien.
Comme dans Seul au monde, Monsieur Kim éprouve la nécessité du partage social. L'objet prend alors vie par substitution.
D'après moi, ce film frôle la perfection. Le scénario est orchestré d'une main de maître. De plus, La profonde fragilité des personnages est extrêmement touchante. Malgré la bizarrerie de la situation et la caricature des personnages, le réalisateur parvient à nous attacher pieds et poings liés à ces deux grands inadaptés de la vie. Comme quoi, la folie n’est rien d’autre qu’un état normal exacerbé. La fissure révèle ce qui sommeille en nous.
Je crois pouvoir affirmer sans trop m'avancer qu'il s'agit de ma plus belle découverte cinématographique 2013 ! Du Grand Art !
L’excentricité totale des personnages est au rendez-vous. D’un côté, il y a Monsieur Kim, l’homme déchu, incapable de briller en société. Sur le plan affectif, personne n'est là pour l’épauler. Sur le plan professionnel, sa piètre carrière ne lui permet pas de rembourser les intérêts de son emprunt. C’est un homme délaissé et brisé, prêt à en finir avec ce supplice qu’est la vie. De l’autre côté, nous découvrons une mystérieuse jeune femme. Elle n'a pas de nom. Personne ne sait qui elle est ni même si elle existe vraiment. Elle-même ne le sait pas. Et pour cause, elle évite tout contact avec le réel et les autres. Voilà déjà trois longues années que la jeune femme reste cloitrée dans sa chambre à contempler la lune. C’est une Hikikomori.
Dans ce film, les prises de vue sont d'un esthétisme remarquable. Les instants de vie sont capturés comme de véritables tableaux.
L’histoire est celle de deux êtres submergés par le malaise et le mal être social. Dépassés et accablés par la société, ils ne se sentent plus à leur place au sein de la fourmilière humaine. Leur utilité, leur identité sociale est mise en cause. Pire encore, cette identité sociale a disparue peu à peu pour laisser place aux sentiments de solitude et d’exclusion. Nos deux protagonistes sont devenus des étrangers, des extraterrestres.
Quant au scénario, il se révèle tout aussi improbable et énigmatique que les personnages. Du haut d’un pont, Monsieur Kim tente de tuer sa honte en se jetant dans la rivière. Cependant, la rivière ne veut pas de lui et le rejette comme un vulgaire déchet humain sur l'île de Bam, petit territoire inaccessible en plein cœur de Séoul. Par un concours malheureux de circonstances, voilà Monsieur Kim contraint de se la jouer Robinson Crusoé. D’où il se trouve, le naufragé sait pourtant apercevoir les autres mais il est dans l’impossibilité de les contacter, de leur demander de l’aide. Et c’est ici que réside tout le talent et l’ingéniosité du scénariste. Désormais, l’éloignement avec les autres n’est pas seulement mental. Il est aussi physique, ce qui accentue encore d’un cran la distance qui sépare Monsieur Kim du reste du monde. Bingo ! La métaphore est sublime.
Le point de départ est donné pour une série d’aventures tout aussi rocambolesques les unes que les autres. Les dialogues se limitent pratiquement aux voix-off. Les deux acteurs monopolisent l’écran, quitte à se trouver dans l’obligation de surjouer. Le drame s’allège et devient presque drôle. On a même droit à quelques débordements scatophiles. Nul ne sait où cela va-t-il bien pouvoir mener. Le héros n’a finalement plus trop l'air de se déplaire sur cette île, devenue entre-temps sa nouvelle maison.
Cependant, quelque chose de basique manque terriblement à Monsieur Kim. Et l’envie d’y subvenir le torture de manière irrépressible. Là où cette envie pourrait être comblée de façon tout à fait ordinaire dans un monde civilisé, la chose se complique fortement au beau milieu de nulle part. Cela vire à l’obsession et bientôt Monsieur Kim se lance dans un défi aussi irréalisable que celui de "faire revivre les dinosaures à partir de l’ADN extrait chez les moustiques fossilisés". Mais après tout, vouloir l’irréalisable n’est peut-être pas si risible. L’enjeu pourrait être bien plus crucial qu’il n’y parait. Peut-être est-il question de se prouver à soi-même de quoi on est capable au moment même où l'on se sent bon à rien.
Comme dans Seul au monde, Monsieur Kim éprouve la nécessité du partage social. L'objet prend alors vie par substitution.
D'après moi, ce film frôle la perfection. Le scénario est orchestré d'une main de maître. De plus, La profonde fragilité des personnages est extrêmement touchante. Malgré la bizarrerie de la situation et la caricature des personnages, le réalisateur parvient à nous attacher pieds et poings liés à ces deux grands inadaptés de la vie. Comme quoi, la folie n’est rien d’autre qu’un état normal exacerbé. La fissure révèle ce qui sommeille en nous.
Je crois pouvoir affirmer sans trop m'avancer qu'il s'agit de ma plus belle découverte cinématographique 2013 ! Du Grand Art !
Ink by Carban
Je prends aujourd'hui la plume (le clavier serait sans doute plus
correct, mais admettons) pour vous parler d'un petit film indépendant
sorti en 2009.
Prenant pour toile de fond l'éternelle opposition entre rêves et cauchemars, le réalisateur/scénariste/compositeur/producteur Jamin Winans, nous livre avec Ink un conte moderne intelligemment mis en scène. Son long-métrage qui se contente d'un petit budget de 250 mille dollars parvient à atteindre son objectif, puisque malgré une sortie en salle inexistante, il bénéficiera assez rapidement d'un succès important sur la toile, notamment via le téléchargement illégal. Selon le réalisateur, cette exposition inattendue fera quadrupler les ventes et les donations sur le site web du film. Devenu un véritable phénomène internet Ink parvient à faire le buzz et à s'imposer finalement à l’insu de son plein gré.
Nous pouvons saluer l'excellente qualité visuelle du film en matière d'effet spéciaux et de photographie, et ce malgré un faible budget pour un métrage de ce genre. Car Ink lorgne clairement du côté du cinéma fantastique, entrainant avec lui le spectateur dans une bataille silencieuses qui oppose chaque nuit les Conteurs et les Incubes. Si les premiers tentent d'apaiser le sommeil de chacun et de leur rendre ce moment le plus agréable possible, les seconds eux, exploitent nos peurs les plus enfouies afin de les faire ressurgir dans nos cauchemars.
Mais tout ceci est sans compter l'apparition de Ink, une créature hideuse qui poursuit un desseins tout autre et qui va se retrouver déchirer entre les uns et les autres.
Afin de donner un peu de matière à son film et de personnaliser tout ceci, le cinéaste prend le parti d'apporter quelques scènes d'actions efficaces opposants les deux factions. Loin des fusillades d'Hollywood (je rappelle que nous sommes dans un conte, tout de même), nous avons le droit à quelques scènes de combats lorgnant du côté du film d'art martiaux sans faire de l'excessif ou du spectaculaire. Le sujet du film n'est en effet pas là, et le réalisateur ne l'a pas oublié.
Bien que le sujet ne soit pas d'une originalité à toute épreuve, et qu'avec un bon sens minimal on pourra aisément comprendre le film avant sa fin, il est très facile de se laisser emporter par son histoire et par ses personnages. A l'instar d'un conte, il suffit de se laisser transporter, de se laisser conter cette histoire, de laisser la musique nous transporter avec les images. Selon moi Ink fait parti de ces films qui sont un peu comme une douce mélodie. On ne réfléchit pas dessus, et on se contente de se laisser transporter par les notes qui s'enchainent.
Alors bien sûr, il serra sans doute facile de trouver quelques défauts par ici ou par là (le rendu visuel par exemple peut surprendre, l'utilisation de filtres couleurs etc. étant omniprésents, il ne sera peut-être pas au gout de tous), mais ce qui est important, c'est le travail de qualité qu'a pu fournir un réalisateur indépendant, avec des acteurs inconnus, et un budget plus que restreint. C'est le genre de film qui peut donner une leçon à certaines grosses productions qui oublient que l'essentiel quand on veut créer une histoire, c'est d'y mettre une âme.
Et quand on pense qu'au départ aucun studio ne s'est montré intéressé par le scénario, on est en droit de se demander, au vu du succès rencontré par le film, qu'est-ce qu'il leur faut ?!
L'indifférence des studios et des distributeurs obligeront Winans et sa femme (productrice du film) à multiplier les casquettes durant le tournage ainsi qu'en post-production. Néanmoins, ce dur labeur porte ses fruits puisque malgré l'absence de distributeurs, le film arrive à se faire une place dans les festivals locaux, et ainsi, grâce à de bonnes critiques, à gagner une renommer sur le web, flirtant au niveaux des téléchargements avec les plus grands films SF de l'année 2009.
Et pour cause, l'histoire, le visuel, le côté dramatique du film ne manquent pas de toucher. A la fois sombre mais plein d'espoir, l'histoire est pleine de sensibilité, et rend de ce fait les personnages attachants.
Au-delà de ça, on pourra certainement voir des petites références aux certains monuments du cinéma de science-fiction. Le combat entre Conteurs et Incubes, qui agissent dans notre réalité sans y appartenir pourtant pourra rappeler Matrix, où le fait que tout ceci se passe durant la nuit, pendant que les gens dorment ne manquera pas de faire penser au chef d’œuvre de Proyas Dark City
Pourtant le film ne se contente pas de s’inspirer de ces prédécesseurs. Il développe son propre univers qui alterne entre différentes réalités, le passé, le présent et parvient même à y mêler le futur, permettant au conte de s'encrer irrémédiablement dans la réalité, sans oublier la magie propre à ce genre de récits.
Certaines scènes sont tous simplement bluffantes et l'une d'elle nous offre une réaction en chaine à la fois surprenante mais parfaitement maîtrisée.
Encore une fois la musique colle parfaitement à l'histoire, légère, douce, elle donne un aspect assez aérien au long-métrage.
En conclusion, Ink fait parti de ces films qui montrent que le 7ème Art, ce n'est pas qu'une question d'argent, de budget ou de têtes d'affiche. Un film intelligent, parfaitement réalisé, une histoire qui transporte et qui touche, et au final, un bon moment. Tout simplement.
Trailer
Scène de la réaction en chaine /!\ petit spoil!
Prenant pour toile de fond l'éternelle opposition entre rêves et cauchemars, le réalisateur/scénariste/compositeur/producteur Jamin Winans, nous livre avec Ink un conte moderne intelligemment mis en scène. Son long-métrage qui se contente d'un petit budget de 250 mille dollars parvient à atteindre son objectif, puisque malgré une sortie en salle inexistante, il bénéficiera assez rapidement d'un succès important sur la toile, notamment via le téléchargement illégal. Selon le réalisateur, cette exposition inattendue fera quadrupler les ventes et les donations sur le site web du film. Devenu un véritable phénomène internet Ink parvient à faire le buzz et à s'imposer finalement à l’insu de son plein gré.
Nous pouvons saluer l'excellente qualité visuelle du film en matière d'effet spéciaux et de photographie, et ce malgré un faible budget pour un métrage de ce genre. Car Ink lorgne clairement du côté du cinéma fantastique, entrainant avec lui le spectateur dans une bataille silencieuses qui oppose chaque nuit les Conteurs et les Incubes. Si les premiers tentent d'apaiser le sommeil de chacun et de leur rendre ce moment le plus agréable possible, les seconds eux, exploitent nos peurs les plus enfouies afin de les faire ressurgir dans nos cauchemars.
Mais tout ceci est sans compter l'apparition de Ink, une créature hideuse qui poursuit un desseins tout autre et qui va se retrouver déchirer entre les uns et les autres.
Afin de donner un peu de matière à son film et de personnaliser tout ceci, le cinéaste prend le parti d'apporter quelques scènes d'actions efficaces opposants les deux factions. Loin des fusillades d'Hollywood (je rappelle que nous sommes dans un conte, tout de même), nous avons le droit à quelques scènes de combats lorgnant du côté du film d'art martiaux sans faire de l'excessif ou du spectaculaire. Le sujet du film n'est en effet pas là, et le réalisateur ne l'a pas oublié.
Bien que le sujet ne soit pas d'une originalité à toute épreuve, et qu'avec un bon sens minimal on pourra aisément comprendre le film avant sa fin, il est très facile de se laisser emporter par son histoire et par ses personnages. A l'instar d'un conte, il suffit de se laisser transporter, de se laisser conter cette histoire, de laisser la musique nous transporter avec les images. Selon moi Ink fait parti de ces films qui sont un peu comme une douce mélodie. On ne réfléchit pas dessus, et on se contente de se laisser transporter par les notes qui s'enchainent.
Alors bien sûr, il serra sans doute facile de trouver quelques défauts par ici ou par là (le rendu visuel par exemple peut surprendre, l'utilisation de filtres couleurs etc. étant omniprésents, il ne sera peut-être pas au gout de tous), mais ce qui est important, c'est le travail de qualité qu'a pu fournir un réalisateur indépendant, avec des acteurs inconnus, et un budget plus que restreint. C'est le genre de film qui peut donner une leçon à certaines grosses productions qui oublient que l'essentiel quand on veut créer une histoire, c'est d'y mettre une âme.
Et quand on pense qu'au départ aucun studio ne s'est montré intéressé par le scénario, on est en droit de se demander, au vu du succès rencontré par le film, qu'est-ce qu'il leur faut ?!
L'indifférence des studios et des distributeurs obligeront Winans et sa femme (productrice du film) à multiplier les casquettes durant le tournage ainsi qu'en post-production. Néanmoins, ce dur labeur porte ses fruits puisque malgré l'absence de distributeurs, le film arrive à se faire une place dans les festivals locaux, et ainsi, grâce à de bonnes critiques, à gagner une renommer sur le web, flirtant au niveaux des téléchargements avec les plus grands films SF de l'année 2009.
Et pour cause, l'histoire, le visuel, le côté dramatique du film ne manquent pas de toucher. A la fois sombre mais plein d'espoir, l'histoire est pleine de sensibilité, et rend de ce fait les personnages attachants.
Au-delà de ça, on pourra certainement voir des petites références aux certains monuments du cinéma de science-fiction. Le combat entre Conteurs et Incubes, qui agissent dans notre réalité sans y appartenir pourtant pourra rappeler Matrix, où le fait que tout ceci se passe durant la nuit, pendant que les gens dorment ne manquera pas de faire penser au chef d’œuvre de Proyas Dark City
Pourtant le film ne se contente pas de s’inspirer de ces prédécesseurs. Il développe son propre univers qui alterne entre différentes réalités, le passé, le présent et parvient même à y mêler le futur, permettant au conte de s'encrer irrémédiablement dans la réalité, sans oublier la magie propre à ce genre de récits.
Certaines scènes sont tous simplement bluffantes et l'une d'elle nous offre une réaction en chaine à la fois surprenante mais parfaitement maîtrisée.
Encore une fois la musique colle parfaitement à l'histoire, légère, douce, elle donne un aspect assez aérien au long-métrage.
En conclusion, Ink fait parti de ces films qui montrent que le 7ème Art, ce n'est pas qu'une question d'argent, de budget ou de têtes d'affiche. Un film intelligent, parfaitement réalisé, une histoire qui transporte et qui touche, et au final, un bon moment. Tout simplement.
Trailer
Scène de la réaction en chaine /!\ petit spoil!
Hasta La Vista by Albé
J'en avais déjà parlé il y a quelques mois sur un autre secteur mais je
crois qu'il serait bon de vous en reparler plus longuement ici, histoire
que vous ne passiez pas à côté d'une telle merveille.
Hasta la vista est sans aucun doute ma plus belle découverte cinématographique de 2012. Et je ne suis pas le seul à en dire que du bien. Primé par de nombreux festivals et extrêmement bien accueilli par la presse et par le public, le film est distribué par un Claude Lelouch bluffé :
En attendant de faire une master class, je rentre dans une salle de cinéma au hasard. Une projection débute, je ne sais absolument pas ce que je vais voir. Jusque là, rien d'extraordinaire. Car quand je prends place dans mon fauteuil, je suis très loin d'imaginer qu'il va se mettre à rouler et que je vais être projeté dans le monde de ceux que je regarde rarement au fond des yeux. Et c'est le contraire qui se produit, c'est un homme aveugle que je vois me fixer à travers l'écran de mes préjugés. Prendre un tel pied en découvrant un film auquel je ne m'attendais pas, mais alors pas du tout, m'était rarement arrivé.
Ce film flamand à petit budget souffre de la comparaison faite avec Intouchables, sorti pratiquement en même temps. Pour ma part, je vous dirai d'oublier tous vos a priori. Ce n'est absolument pas comparable. Intouchables ne fait pas le poids face à ce chef-d’œuvre, et je pèse mes mots. Cette fois-ci, pas question de plaire au tout public. Le seul objectif de ce film est d'être vrai et sans superflu, quitte à être cru.
Notez que les flamands ne tolèrent aucune traduction, aussi bien dans un sens que dans l'autre. Ce sont des partisans absolus de la version originale sous-titrée. Mais le film n'est pas entièrement en flamand car il y a une francophone dans l'histoire. Cela sera d'ailleurs sujet à des plaisanteries sur l'éternel conflit entre wallons et flamands. Mais inutile d'être belge pour comprendre que même des minorités comme les handicapés peuvent être xénophobes.
Le sujet abordé est lourd et peut de prime abord rebuter par son côté tabou : le handicap et la frustration sexuelle générée par le handicap. À l'heure où l'on songe seulement à parler d'une telle problématique / pendant qu'au Pays-Bas par exemple, on subventionne déjà des programmes d'assistance sexuelle pour les personnes handicapées / ce film a de quoi être choquant. Mais ne vous y trompez pas, le sujet est traité avec une simplicité remarquable. Aucun hermétisme, aucun voyeurisme, les sentiments éprouvés par les personnages sont tout de suite accessibles. De plus, l'histoire a beau être dramatique, elle est allégée par un humour décapant, contrairement à Philadelphia où là on s’apitoie sur le sort d'un sidéen du début à la fin. Ici, c'est avant tout une comédie absolument déjantée présentée sous la forme d'un roadtrip avec la profondeur en bonus. Il y a en donc pour tous les goûts. Ainsi, comme le souligne très justement le réalisateur Geoffrey Enthoven, il s'agit d'un roller coaster d'émotion, d'une véritable montagne russe où l'on passe des rires aux pleurs. Impossible d'en sortir indemne. Les acteurs n'en sortent pas indemnes non plus. La difficulté à se déplacer sur une chaise roulante, l'incompréhension et le regard de pitié des autres sont des réalités quotidiennes du handicap qu'ils ont pu ressentir durant le tournage (voir interview sur youtube).
Comme sous-entendu ci-dessus, les acteurs ne sont pas réellement handicapés, ce qui ne se devine absolument durant le visionnage du film et démontre par la même occasion leur talent.
L'histoire est celle de trois jeunes garçons puceaux âgés d'une vingtaine d'années, tous les trois handicapés moteurs : un malvoyant, un paraplégique et un cancéreux avec une mobilité réduite. Rien ne le distingue des autres hormis leur handicap. Ce sont des gens normaux avec des besoins normaux coincés dans un corps qui leur fait défaut. Mais personne de leur entourage n'est prêt à l'admettre. À l'insu de leurs parents, les trois jeunes hommes vont donc entreprendre une virée à destination de l'Espagne et d'El Cielo, un bordel spécialisé. "Je veux du sexe. Je veux baiser" apparait alors comme le slogan de notre trio de choc. Bien entendu, tout ne va pas se passer comme prévu. Dès l'élaboration du plan, les problèmes de taille s'accumulent et cela génère des situations parfois drôles et parfois bouleversantes. Mais peu importe les problèmes, l'obstination d'en finir avec la virginité est plus forte que tout. A l'évidence, il est question ici de bien plus qu'une simple partie de jambes en l'air. Il s'agit avant tout de se sentir reconnu en tant qu'être humain avec des besoins charnels de tendresse et de bestialité ou plus généralement, des besoins d'Amour.
Quant à la bande sonore, elle est irréprochable et prenante, à l'image de tout le film en définitive. Difficile de vous trouver les morceaux qui la compose mais il n'y a que du bon. En guise d'introduction, nous avons droit à un fabuleux son pop rock sur fond de roploplos qui rebondissent. Ensuite, le ringard Joe Dassin est remis au goût du jour et puis il y a aussi ce morceau de Papermouth qui pourrait faire vaguement penser à quelques chansons soft de Marilyn Manson.
Ne passez pas à côté d'une telle réalisation et de ce véritable concentré de richesse humaine ! Vous ne le regretterez pas, je m'y engage !
Enfin et quitte à m'éloigner légèrement du sujet principal, j'aimerai également vous faire part de ce sketch sur les handicapés de Jérémy Ferrari et Guillaume Bats. C'est un humour noir et corrosif, à l'image du film. Ça ne peut qu'avoir sa place ici.
Hasta la vista est sans aucun doute ma plus belle découverte cinématographique de 2012. Et je ne suis pas le seul à en dire que du bien. Primé par de nombreux festivals et extrêmement bien accueilli par la presse et par le public, le film est distribué par un Claude Lelouch bluffé :
En attendant de faire une master class, je rentre dans une salle de cinéma au hasard. Une projection débute, je ne sais absolument pas ce que je vais voir. Jusque là, rien d'extraordinaire. Car quand je prends place dans mon fauteuil, je suis très loin d'imaginer qu'il va se mettre à rouler et que je vais être projeté dans le monde de ceux que je regarde rarement au fond des yeux. Et c'est le contraire qui se produit, c'est un homme aveugle que je vois me fixer à travers l'écran de mes préjugés. Prendre un tel pied en découvrant un film auquel je ne m'attendais pas, mais alors pas du tout, m'était rarement arrivé.
Ce film flamand à petit budget souffre de la comparaison faite avec Intouchables, sorti pratiquement en même temps. Pour ma part, je vous dirai d'oublier tous vos a priori. Ce n'est absolument pas comparable. Intouchables ne fait pas le poids face à ce chef-d’œuvre, et je pèse mes mots. Cette fois-ci, pas question de plaire au tout public. Le seul objectif de ce film est d'être vrai et sans superflu, quitte à être cru.
Notez que les flamands ne tolèrent aucune traduction, aussi bien dans un sens que dans l'autre. Ce sont des partisans absolus de la version originale sous-titrée. Mais le film n'est pas entièrement en flamand car il y a une francophone dans l'histoire. Cela sera d'ailleurs sujet à des plaisanteries sur l'éternel conflit entre wallons et flamands. Mais inutile d'être belge pour comprendre que même des minorités comme les handicapés peuvent être xénophobes.
Le sujet abordé est lourd et peut de prime abord rebuter par son côté tabou : le handicap et la frustration sexuelle générée par le handicap. À l'heure où l'on songe seulement à parler d'une telle problématique / pendant qu'au Pays-Bas par exemple, on subventionne déjà des programmes d'assistance sexuelle pour les personnes handicapées / ce film a de quoi être choquant. Mais ne vous y trompez pas, le sujet est traité avec une simplicité remarquable. Aucun hermétisme, aucun voyeurisme, les sentiments éprouvés par les personnages sont tout de suite accessibles. De plus, l'histoire a beau être dramatique, elle est allégée par un humour décapant, contrairement à Philadelphia où là on s’apitoie sur le sort d'un sidéen du début à la fin. Ici, c'est avant tout une comédie absolument déjantée présentée sous la forme d'un roadtrip avec la profondeur en bonus. Il y a en donc pour tous les goûts. Ainsi, comme le souligne très justement le réalisateur Geoffrey Enthoven, il s'agit d'un roller coaster d'émotion, d'une véritable montagne russe où l'on passe des rires aux pleurs. Impossible d'en sortir indemne. Les acteurs n'en sortent pas indemnes non plus. La difficulté à se déplacer sur une chaise roulante, l'incompréhension et le regard de pitié des autres sont des réalités quotidiennes du handicap qu'ils ont pu ressentir durant le tournage (voir interview sur youtube).
Comme sous-entendu ci-dessus, les acteurs ne sont pas réellement handicapés, ce qui ne se devine absolument durant le visionnage du film et démontre par la même occasion leur talent.
L'histoire est celle de trois jeunes garçons puceaux âgés d'une vingtaine d'années, tous les trois handicapés moteurs : un malvoyant, un paraplégique et un cancéreux avec une mobilité réduite. Rien ne le distingue des autres hormis leur handicap. Ce sont des gens normaux avec des besoins normaux coincés dans un corps qui leur fait défaut. Mais personne de leur entourage n'est prêt à l'admettre. À l'insu de leurs parents, les trois jeunes hommes vont donc entreprendre une virée à destination de l'Espagne et d'El Cielo, un bordel spécialisé. "Je veux du sexe. Je veux baiser" apparait alors comme le slogan de notre trio de choc. Bien entendu, tout ne va pas se passer comme prévu. Dès l'élaboration du plan, les problèmes de taille s'accumulent et cela génère des situations parfois drôles et parfois bouleversantes. Mais peu importe les problèmes, l'obstination d'en finir avec la virginité est plus forte que tout. A l'évidence, il est question ici de bien plus qu'une simple partie de jambes en l'air. Il s'agit avant tout de se sentir reconnu en tant qu'être humain avec des besoins charnels de tendresse et de bestialité ou plus généralement, des besoins d'Amour.
Quant à la bande sonore, elle est irréprochable et prenante, à l'image de tout le film en définitive. Difficile de vous trouver les morceaux qui la compose mais il n'y a que du bon. En guise d'introduction, nous avons droit à un fabuleux son pop rock sur fond de roploplos qui rebondissent. Ensuite, le ringard Joe Dassin est remis au goût du jour et puis il y a aussi ce morceau de Papermouth qui pourrait faire vaguement penser à quelques chansons soft de Marilyn Manson.
Ne passez pas à côté d'une telle réalisation et de ce véritable concentré de richesse humaine ! Vous ne le regretterez pas, je m'y engage !
Enfin et quitte à m'éloigner légèrement du sujet principal, j'aimerai également vous faire part de ce sketch sur les handicapés de Jérémy Ferrari et Guillaume Bats. C'est un humour noir et corrosif, à l'image du film. Ça ne peut qu'avoir sa place ici.
A single man by Jim
For the first time in my life I can't see my future. Everyday goes by in a haze, but today I have decided will be different
A Single Man s’ouvre avec un générique sombre qui met en scène le corps d’un homme nu, en train de se noyer, au plus profond des abysses. La fin de ce générique est entrecoupée par des plans fixes d’une voiture – victime d’un accident, dans une étendue quasiment infinie de neige. Ensuite, changement définitif de plan maintenant centré sur l’homme du générique, habillé, se dirigeant vers le corps sans vie de l’homme victime de l’accident de la route, ensanglanté, étendu dans la neige avec son chien. Le sang de l’homme accidenté souille la neige immaculée, et dans une vision entre l’onirisme et le fétichisme – par le biais de gros plans, l’homme du générique embrasse le mort. George s’éveille de son rêve, ému, choqué, déboussolé.
Just get through the goddamn day
A Single Man est un film sur le deuil, comment celui-ci affecte la vie, et surtout, comment nous décidons de nous en acquitter et de recommencer à vivre: George, professeur d’université d’une cinquantaine d’années, ne peut plus vivre depuis le décès accidentel de son compagnon, Jim, il y a un an, début des années soixante. Fatigué de vivre, emprisonné dans la répétition journalière d’actes devenant absurdes et insupportables, George décide un beau jour de se redonner une chance, un futur. L’action du film se déroule dès lors sur une journée, cette journée de changement dans la vie de George, tout en étant entrecoupée de flashbacks relatifs à la vie commune avec Jim et à l’annonce de son décès accidentel.
(Jim (Matthew Goode) et George (Colin Firth)
Outre son message universel sur le deuil, A Single Man délivre un message sur les valeurs intrinsèques de l’existence : l’amitié, l’amour, les êtres, la beauté. La plupart du temps, et particulièrement lorsqu’il est dans sa maison hantée par le souvenir lointain de Jim, George voit la vie de façon très sombre : tout a perdu son importance, plus rien n’a d’éclat, d’intérêt, tout n’est qu’une manifestation floue et absurde. Or, Tom Ford, le réalisateur du film, fait des choix très intéressants de mise en scène qui permettent à George de revoir de l’intérêt dans sa vie, par des jeux de saturation de couleurs : en effet, la plupart du temps, les couleurs sont désaturées, mais lorsque quelque chose d’inhabituel sort George de son gouffre – parfois une simple manifestation de beauté comme des belles personnes – survient, les couleurs se saturent, la lumière revient, le monde se fait alors éclatant, beau, solaire, chaleureux. Un monde dans lequel nous pouvons vivre, respirer, effleurer le bonheur. Mais ces passages de clarté et d’éclat sont minimes face à la morosité et à la tristesse. Comment retrouver le goût de vivre ? Comment redonner une chance à la vie ?
Malgré ce sujet très noir, jamais nous ne tombons dans le pathos pur, dans la surdramatisation. Tom Ford crée des séquences certes remplies d’émotions, mais toujours avec une grande élégance et un certain flegme britannique – George est anglais. Là où certains rajouteraient une couche, Tom Ford embellit, fabrique une narration poétique, et évite les effusions. L’émotion pure est retrouvée, au lieu d’une émotion façonnée par des mécanismes cinématographiques trop apparents. Même la musique composée par Abel Korzeniowski et Shigeru Umebayashi ne pousse jamais dans les retranchements affectifs : l’utilisation du violon représente la solitude, la perte de l’élan vital, mais en même temps, ce même violon symbolise la détermination, la volonté, l’instant présent si dur à vivre pour George qui ne conçoit qu’au passé le monde. Même une scène qui aurait pu être vecteur de larmes faciles se passe avec une délicatesse des plus flagrantes : ayant appris le décès de Jim par téléphone, George se précipite chez son amie Charley, en quête de réconfort. Il arrive chez elle, son visage noyé sous les larmes, et dans des mouvements de désespoir, il finit par étreindre Charley. Toute cette scène est muette en termes de dialogues : pas un son n’émane de la bouche hurlante de George, les voix sont occultées, le seul son audible est celui de la pluie, exaltée, assourdissante pour l’occasion : il pleure dans son cœur comme il pleut sur la ville.
La mise en scène de Tom Ford est très bien pensée : George est souvent seul dans des plans désaturés qui témoignent parfaitement de sa lassitude et de son incapacité à revoir la vie avec ses bons côtés ; lorsqu’il partage un plan avec un autre personnage, c’est souvent lorsque les couleurs sont saturées, lorsqu’il reprend goût à la vie, que les choses ne sont plus moroses - à l’exception d’un plan dans la salle des coffres de la banque où l’employée ferme la porte – avec des barreaux, sur George. Plan qui symbolise parfaitement l’enfermement psychique de George dans sa solitude et dans des souvenirs qui n’appartiennent plus qu’au passé. Pour les plans solitaires, le meilleur exemple est celui de George face à son auditoire lors de son cours : seul un plan général le présente avec les étudiants, ce même plan étant symbolique : George est dans le fond de l’image, loin, et seul, en bas des marches. Seul dans son malheur, au plus profond de la douleur. Le reste des plans de cette scène le présente seul, à son bureau, écoutant à peine les remarques de ses étudiants, prisonnier de sa lassitude. Et puis, lorsqu’il parle, il reste seul dans le cadre, en gros plan ou en plan rapproché taille, toujours isolé par rapport au groupe. Cette scène va dans le sens du titre du film : a single man, un homme célibataire, un homme seul. Définitivement seul malgré tout ce qui l’entoure.
Cette mise en scène oscille donc entre la solitude –grisâtre, morose, et le partage avec autrui dans un monde chaleureux. La seule chose qui peut encore sauver George, c’est justement ses liens avec les autres, le fait d’aller de l’avant, dans le partage. Ce monde chaleureux est souvent représenté aussi par des gros plans – fétichistes : la fumée qu’exhale la bouche d’un beau garçon après la première bouffée d’une cigarette, les yeux verts, des corps musclés en sueur d’étudiants jouant au tennis, la bouche sensuelle d’une étudiante, les yeux vifs d’un autre étudiant. Le caractère fixe de certains plans d’objets ou d’espaces participe aussi à la création du monde résolument solitaire : le plan sur le bureau parfaitement rangé, organisé, le plan sur le tiroir de l’armoire avec les chemises parfaitement pliées, George toujours habillé dans le raffinement le plus complet et avec un sens du détail certain, ces éléments sont tous les apparences d’une vie à la dérive ; dans l’ordre physique le plus complet règne le plus grand chaos psychique.
(Charley (Julianne Moore) et George)
A Single Man est porté par l’interprétation époustouflante de Colin Firth dans le rôle principal : avec simplicité, élégance, le britannique fait passer énormément d’émotions, et il est impossible de ne pas ressentir une once de sympathie pour ce personnage esseulé, privé de son grand amour. Julianne Moore est Charley, l’amie de longue date de George, une femme en proie à ses névroses qui vit dans des chimères passées. Dans le rôle du grand absent éternellement dans les pensées, Matthew Goode excelle : rieur, charmeur, au sourire dévastateur. Une bouffée d’air frais dans les souvenirs de George. Enfin, dans un rôle important, Nicholas Hoult, en toute sensibilité, en sauveur d’âmes.
Un des meilleurs films de 2009, au casting impeccablement emmené par Colin Firth au sommet de la transcendance, A Single Man est entré dans le cercle très fermé des films indispensables. Avec distinction, les émotions et humeurs de George se confondent, formant une ode poétique à la vie, à l’important, cet ensemble de petites choses qui redonnent du goût au morose, qui nous font avancer, jour après jour, dans la beauté du monde, cette beauté si difficile à capter pour ceux qui se noient dans leur mélancolie.
I'm just trying to get over an old love I guess
Trailer
A Single Man s’ouvre avec un générique sombre qui met en scène le corps d’un homme nu, en train de se noyer, au plus profond des abysses. La fin de ce générique est entrecoupée par des plans fixes d’une voiture – victime d’un accident, dans une étendue quasiment infinie de neige. Ensuite, changement définitif de plan maintenant centré sur l’homme du générique, habillé, se dirigeant vers le corps sans vie de l’homme victime de l’accident de la route, ensanglanté, étendu dans la neige avec son chien. Le sang de l’homme accidenté souille la neige immaculée, et dans une vision entre l’onirisme et le fétichisme – par le biais de gros plans, l’homme du générique embrasse le mort. George s’éveille de son rêve, ému, choqué, déboussolé.
Just get through the goddamn day
A Single Man est un film sur le deuil, comment celui-ci affecte la vie, et surtout, comment nous décidons de nous en acquitter et de recommencer à vivre: George, professeur d’université d’une cinquantaine d’années, ne peut plus vivre depuis le décès accidentel de son compagnon, Jim, il y a un an, début des années soixante. Fatigué de vivre, emprisonné dans la répétition journalière d’actes devenant absurdes et insupportables, George décide un beau jour de se redonner une chance, un futur. L’action du film se déroule dès lors sur une journée, cette journée de changement dans la vie de George, tout en étant entrecoupée de flashbacks relatifs à la vie commune avec Jim et à l’annonce de son décès accidentel.
(Jim (Matthew Goode) et George (Colin Firth)
Outre son message universel sur le deuil, A Single Man délivre un message sur les valeurs intrinsèques de l’existence : l’amitié, l’amour, les êtres, la beauté. La plupart du temps, et particulièrement lorsqu’il est dans sa maison hantée par le souvenir lointain de Jim, George voit la vie de façon très sombre : tout a perdu son importance, plus rien n’a d’éclat, d’intérêt, tout n’est qu’une manifestation floue et absurde. Or, Tom Ford, le réalisateur du film, fait des choix très intéressants de mise en scène qui permettent à George de revoir de l’intérêt dans sa vie, par des jeux de saturation de couleurs : en effet, la plupart du temps, les couleurs sont désaturées, mais lorsque quelque chose d’inhabituel sort George de son gouffre – parfois une simple manifestation de beauté comme des belles personnes – survient, les couleurs se saturent, la lumière revient, le monde se fait alors éclatant, beau, solaire, chaleureux. Un monde dans lequel nous pouvons vivre, respirer, effleurer le bonheur. Mais ces passages de clarté et d’éclat sont minimes face à la morosité et à la tristesse. Comment retrouver le goût de vivre ? Comment redonner une chance à la vie ?
Malgré ce sujet très noir, jamais nous ne tombons dans le pathos pur, dans la surdramatisation. Tom Ford crée des séquences certes remplies d’émotions, mais toujours avec une grande élégance et un certain flegme britannique – George est anglais. Là où certains rajouteraient une couche, Tom Ford embellit, fabrique une narration poétique, et évite les effusions. L’émotion pure est retrouvée, au lieu d’une émotion façonnée par des mécanismes cinématographiques trop apparents. Même la musique composée par Abel Korzeniowski et Shigeru Umebayashi ne pousse jamais dans les retranchements affectifs : l’utilisation du violon représente la solitude, la perte de l’élan vital, mais en même temps, ce même violon symbolise la détermination, la volonté, l’instant présent si dur à vivre pour George qui ne conçoit qu’au passé le monde. Même une scène qui aurait pu être vecteur de larmes faciles se passe avec une délicatesse des plus flagrantes : ayant appris le décès de Jim par téléphone, George se précipite chez son amie Charley, en quête de réconfort. Il arrive chez elle, son visage noyé sous les larmes, et dans des mouvements de désespoir, il finit par étreindre Charley. Toute cette scène est muette en termes de dialogues : pas un son n’émane de la bouche hurlante de George, les voix sont occultées, le seul son audible est celui de la pluie, exaltée, assourdissante pour l’occasion : il pleure dans son cœur comme il pleut sur la ville.
La mise en scène de Tom Ford est très bien pensée : George est souvent seul dans des plans désaturés qui témoignent parfaitement de sa lassitude et de son incapacité à revoir la vie avec ses bons côtés ; lorsqu’il partage un plan avec un autre personnage, c’est souvent lorsque les couleurs sont saturées, lorsqu’il reprend goût à la vie, que les choses ne sont plus moroses - à l’exception d’un plan dans la salle des coffres de la banque où l’employée ferme la porte – avec des barreaux, sur George. Plan qui symbolise parfaitement l’enfermement psychique de George dans sa solitude et dans des souvenirs qui n’appartiennent plus qu’au passé. Pour les plans solitaires, le meilleur exemple est celui de George face à son auditoire lors de son cours : seul un plan général le présente avec les étudiants, ce même plan étant symbolique : George est dans le fond de l’image, loin, et seul, en bas des marches. Seul dans son malheur, au plus profond de la douleur. Le reste des plans de cette scène le présente seul, à son bureau, écoutant à peine les remarques de ses étudiants, prisonnier de sa lassitude. Et puis, lorsqu’il parle, il reste seul dans le cadre, en gros plan ou en plan rapproché taille, toujours isolé par rapport au groupe. Cette scène va dans le sens du titre du film : a single man, un homme célibataire, un homme seul. Définitivement seul malgré tout ce qui l’entoure.
Cette mise en scène oscille donc entre la solitude –grisâtre, morose, et le partage avec autrui dans un monde chaleureux. La seule chose qui peut encore sauver George, c’est justement ses liens avec les autres, le fait d’aller de l’avant, dans le partage. Ce monde chaleureux est souvent représenté aussi par des gros plans – fétichistes : la fumée qu’exhale la bouche d’un beau garçon après la première bouffée d’une cigarette, les yeux verts, des corps musclés en sueur d’étudiants jouant au tennis, la bouche sensuelle d’une étudiante, les yeux vifs d’un autre étudiant. Le caractère fixe de certains plans d’objets ou d’espaces participe aussi à la création du monde résolument solitaire : le plan sur le bureau parfaitement rangé, organisé, le plan sur le tiroir de l’armoire avec les chemises parfaitement pliées, George toujours habillé dans le raffinement le plus complet et avec un sens du détail certain, ces éléments sont tous les apparences d’une vie à la dérive ; dans l’ordre physique le plus complet règne le plus grand chaos psychique.
(Charley (Julianne Moore) et George)
A Single Man est porté par l’interprétation époustouflante de Colin Firth dans le rôle principal : avec simplicité, élégance, le britannique fait passer énormément d’émotions, et il est impossible de ne pas ressentir une once de sympathie pour ce personnage esseulé, privé de son grand amour. Julianne Moore est Charley, l’amie de longue date de George, une femme en proie à ses névroses qui vit dans des chimères passées. Dans le rôle du grand absent éternellement dans les pensées, Matthew Goode excelle : rieur, charmeur, au sourire dévastateur. Une bouffée d’air frais dans les souvenirs de George. Enfin, dans un rôle important, Nicholas Hoult, en toute sensibilité, en sauveur d’âmes.
Un des meilleurs films de 2009, au casting impeccablement emmené par Colin Firth au sommet de la transcendance, A Single Man est entré dans le cercle très fermé des films indispensables. Avec distinction, les émotions et humeurs de George se confondent, formant une ode poétique à la vie, à l’important, cet ensemble de petites choses qui redonnent du goût au morose, qui nous font avancer, jour après jour, dans la beauté du monde, cette beauté si difficile à capter pour ceux qui se noient dans leur mélancolie.
I'm just trying to get over an old love I guess
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