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lundi 25 octobre 2010

Spielberg et les juifs (création) by Micab

Que ceux qui à la simple lecture de ce titre lève un sourcil étonné n’aient pas peur. Je ne vais pas vous emmener dans des réflexions aussi soporifiques que celles du Cahier du cinéma, je n’en ai pas la prétention, le talent et encore moins l’envie.

Il s’agit avant tout de remettre le cinéaste face à ses origines et la manière dont il agit avec elles. Pourquoi ? Parce qu’elles agissent beaucoup plus profondément qu’il n’y paraît et ce dans plusieurs de ses films.
Spielberg un simple réalisateur juif et pro-israélien ? Pas si simple…

Geek par excellence, Spielberg est né avec une caméra dans la main. Pas la peine de revenir sur la légende où à l’instar de son personnage dans Attrape moi si tu peux, il se baladait à 17 ans dans les studios Universal avec un attaché case à la main sans accréditation pour finir par devenir leur homme providentiel.
Spielberg vit à contretemps de ses pairs, et en adéquation complète avec les spectateurs du monde entier. Au moment où il commence à être reconnu pour son travail dans les années 70, Hollywood vit son époque la plus réaliste et surtout la plus politique. Il faut dire que la présidence de Nixon aura apporté des films comme les 3 jours du condor ou les hommes du président. Très fortement influencé par la nouvelle vague, les réalisateurs vedettes sont des "jeunes loups" à qui tout est promis, et ils ont pour nom : William Friedkin, Brian DePalma, George Lucas, Francis Ford Coppola, Martin Scorcese… Ils ont réalisé des films comme le parrain et sa suite, vol au-dessus d’un nid de coucou, French Connection, Taxi Driver etc etc.

Le moins que l’on puisse dire c’est que Spielberg est à l’opposé. Face à ce cinéma réaliste, il invente les codes du blockbuster avec les dents de la mer, et il continuera dans cette veine, avec les Indiana Jones et consort.
Sa particularité, raconter une histoire dans le milieu banal de la classe moyenne américaine. C’est-à-dire la banlieue, des marques reconnaissables (McDo entre autres), des maisons aussi semblables les unes aux autres, un noyau familial plutôt fragile et aussi l’ennuie profond. Les personnages de Spielberg s’emmerdent à 100 sous de l’heure avant l’arrivée d’un événement qui va les contraindre à changer leur vie. Exemple dans ses réalisations : E.T. évidemment, rencontre du 3e type, les dents de la mer, la quatrième dimension, plus tard la guerre des mondes ou A.I. et dans une de ses production le premier Poltergeist.



Ce n’est pas un hasard. Spielberg met dans ses films beaucoup de son enfance qu’il décrit comme celle d’un solitaire rejeté par ses camarades parce qu’il ne faisait pas parti de la wasp, parce qu’il était juif et parce que ses parents étaient divorcés. Ses efforts d’intégration seront finalement récompensés par le cinéma. Il réalise son premier court métrage très jeune et il sera même projeter dans son lycée avec beaucoup de succès. Son envie de faire partie de la majorité, et quelque part d’être un américain moyen se sentira beaucoup dans ses premiers films, il n’hésite pas à montrer ce que ces pairs appellent le vulgaire (en gros les grandes marques américaines type Coca-Cola) tout simplement parce que ça fait plus réel. Il y est attaché comme à une famille.
Toute marque de judaïté est complètement absente de ses premières réalisations. Volontairement. A part peut-être dans les aventuriers de l’arche perdue, où le trésor cherché par Indiana Jones sont les tables des 10 commandements, lois fondatrices du peuple juif en Israël, et encore… Il filme l’Amérique et le monde telle qu’il les voit, telle qu’ils semblent être, telle qu’il a envie qu’ils soient. C’est pour cette raison qu’on a toujours reproché à Spielberg d’être un cinéaste un peu naïf.

Dans les années 80, le réalisateur est donc un homme reconnu mais jamais récompensé malgré plusieurs nominations comme meilleur réalisateur. Sa première incursion dans le classicisme académique des films à Oscar sera la couleur pourpre qui révèlera Whoopi Goldberg et Oprah Winfrey. Très attaché à la "cause noire" durant sa jeunesse au moment du civil right movement, justement à cause du rejet dont il est victime, ce projet était prévu pour lui donner la reconnaissance qu’il espérait. Ce film détient un triste record, 11 nominations et aucune statuette… personne n’a fait "mieux" depuis !
Spielberg souffre de ce "rejet". Et quoi de plus naturel que de se retourner vers ce qu’on connaît le mieux : soi-même, sa famille, son histoire, justement quand tout ne va pas aussi bien qu’on l’espérait ?



Ce qui donne en résumé très rapide une des raisons de l’implication du réalisateur dans la liste de Schindler, une sorte de retour aux sources.
Et l’histoire n’est pas facile à mettre en place. Il choisit de parler d’un industriel nazi sauvant des juifs des camps d’extermination et finalement de la mort, un personnage qui est donc très ambigu. Pourtant c’est une réussite sans égal, tant au niveau critique, qu’au niveau populaire. C’est le film qui a fait prendre conscience à Steven Spielberg une judaïté qu’il avait jusqu’à présent rejetée. John Williams faisant appel pour la bande originale du film au violoniste juif Itzakh Perlman apportera sa touche personnelle au dessein du réalisateur qu’il aura suivi tout au long de sa carrière.

Enfin récompensé à sa juste valeur, et reconnu dans le monde entier comme le cinéaste le plus emblématique d’Hollywood, Spielberg va aller encore une fois aller à l’encontre de ce qui se fait, le cinéma grand spectacle qu’il a contribué à créer, pour aller vers des films plus intimistes et surtout plus politiques suite aux attaques terroristes du 11 septembre 2001.
Un des projets les plus emblématiques de cette période est Munich qui raconte la revanche officielle de l’Etat d’Israël face au massacre de l’équipe nationale olympique lors des JO de Munich en 1972.
Spielberg passe alors du statut de héros, créateur et soutien financier de la fondation pour la shoah, à celui d’antisémite. On parle de lui en des termes peu élogieux, lui reprochant sa conversion tardive ou son implicite reconnaissance de la Palestine dans le film, on lui demande de s’occuper de films plus légers…



Munich marque donc un tournant. Ce qui a toujours été une source d’inspiration, que ce soit pour gommer sa judaïté ou au contraire en faire un étendard, devient en un film sinon un problème, au moins un motif de rupture avec une partie de son public.
Depuis le réalisateur n’a réalisé que le très mauvais Indiana Jones 4. Que nous réserve l’avenir à partir de ce constat ? Lui seul le sait…

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