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lundi 25 octobre 2010

A Serious Man de Joel et Ethan Coen (2009) by Cowboy

Je l'ai bien compris ici, tout le monde n'est pas fan des frères Coen et, à plus forte raison, de leurs comédies et de leur sens de l'humour si...particulier (et pourtant bien présent même dans leurs films les plus sombres).

Leur prochain film, A Serious Man, va débarquer le 20 Janvier dans les salles françaises. Et contrairement à ce que son titre semble laisser entendre, Joel et Ethan nous livre une nouvelle comédie, directement après Burn After Reading. Le sujet du film lui aussi ne semble pas, de prime abord, porter à rire. C'est la première fois que les Coen traitent de leur religion, le Judaïsme. Le film raconte l'histoire d'un père de famille ordinaire dans les années 70, professeur à l'université, et dont la vie semble se désagréger sans qu'il ne parvienne à comprendre pourquoi. Il va tenter de lutter contre le destin et de trouver des réponses, se tournant tout naturellement vers la religion.



J'ai eu l'opportunité de voir le film en Angleterre un mois avant sa sortie française. Et en toute honnêteté, j'éprouvais un peu d'appréhension, pour 3 raisons, dont deux vous concerne peut-être, tandis que la dernière est plus anecdotique et personnelle.
D'abord, le sujet du film. Pour un goï ignorant des traditions judaïques comme moi, j'avais une crainte sérieuse de tomber sur un film suffisamment ésotérique pour ne pas me laisser rentrer dans un univers qui, à priori, n'est pas le mien, et dont j'ignore tout si ce n'est quelques rares clichés.
Ensuite, si ce n'est pas la première fois qu'ils sortent deux comédies de suite (The Big Lebowski puis O'brother, Intolérable Cruauté puis Ladykillers), alors qu'ils pourraient choisir d'alterner entre films noirs et films plus légers, une légère appréhension s'installait à l'idée qu'une déception m'attendrait peut-être, suite à la demie-déception d'un Burn After Reading poussif et mineur, brisant la continuité quasi-parfaite de leur filmographie, qui n'a connue que quelques baisses de régime rapidement corrigées.
Enfin, et là il ne s'agit que de moi, j'allais voir pour la première fois une comédie slapstick aux dialogues vifs et acerbes dans la langue de Shakespeare, sans l'aide de sous-titres, et je doutais de mes capacités de compréhension.

Mais je peux vous rassurer. Je suis ressorti du cinéma plus rassuré que jamais. A l'exception d'une scène d'ouverture réellement obscure (ce qui est sans doute délibéré), le film est clair et limpide (tout du moins, comme un film des Coen peut l'être, mais pas moins qu’un autre, j’entends…), les références religieuses sont, si ce n'est expliquées, capables d'être devinées. Mais surtout, ce film est entièrement Coenesque. On retrouve tous les thèmes chers aux deux frères: l'argent, le hasard, l'absurde, le anti-héros, l'incompréhension, les rêves. J'aurais même tendance à dire que ce film est l'un des plus universels et des plus accessibles qu'ils aient produit. Contrairement au financiers du Grand Saut, aux avocats d'Intolérable Cruauté, aux extraordinaires bras cassés de Ladykillers, les personnages sont ici très réalistes, et, à l'instar du Big Lebowski, les Coen semblent peindre à nouveau les gens comme vous et moi, comme c'était aussi le cas dans Fargo, Arizona Junior (quoique j'émets plus de réserves sur la crédibilité de celui-là) ou Blood Simple. C'est aussi, je pense, leur comédie la plus sombre, on y rit du malheur d'un autre, de la mort, d'une institution aussi majestueuse que la religion. Et, comme le préfigurait déjà Burn After Reading, ne comptez pas sur un happy end traditionnel.

Au delà d'un scénario qui, je vous l'ai dit, est parfaitement compréhensible, mais qui est aussi bourré de bonnes surprises et d'originalités, le film est aussi doté d'une interprétation sans faille. Véritable antithèse du film précédent sur ce plan là, ce ne sont que des acteurs très peu connus qui peuplent le film. Tout juste peut-on reconnaître Richard Kind (de Spin City) et Simon Helberg (de The Big Bang Theory). Mais c'est bien la preuve qu'un relatif anonymat n'est pas forcément signe d'amateurisme. Michael Stuhlbarg, à ce titre, issu du théâtre, et qui joue son premier rôle principal au cinéma, est tout simplement remarquable en père de famille désemparé.



Graphiquement, c'est du grand Coen. Le côté 70's y est magnifié, la photographie, signée à nouveau Roger Deakins, est superbe. Il est aussi à noter, si je ne m'abuse, que A Serious Man contient le premier plan de nudité frontale (féminine) dans un film des Coen. Je ne parviens pas à me souvenir de grandes scènes d'érotisme dans leur film, simplement d’une scène assez crue mais filmée dans un impressionnant clair-obscur dans Blood Simple, et d'une autre scène de sexe hors champs dans Burn After Reading. Une grande première donc, mais je vous laisse la surprise de la découvrir sans rien dévoiler de plus. La B.O. m'a également frappée, les Coen ont aussi pioché dans les tubes hard-rock des 70's, et quelle ne fut pas ma surprise d'entendre du Jimi Hendrix ou du Jefferson Airplane. Musique qui aura même une certaine incidence sur le scénario.

En bref, je ne peux que vous conseiller d'aller voir cette nouvelle production estampillée Coen. Drôle, touchant, beau et loin d'être inaccessible, vous pouvez y aller en toute sérénité. Ce film est tout simplement en train de prendre la deuxième place des meilleures comédies des Coen, et dieu sait que j'apprécie O'Brother et Arizona Junior énormément. En tout cas, moi, je ne manquerais pas d'aller le revoir, notamment pour comprendre les quelques répliques qui m'ont échappé à la première vision.

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