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lundi 25 octobre 2010

Jonathan Demme & l'homophobie (création) by Sadako

Bonjour, me revoilà parmi vous avec un article un peu particulier, pour vous parler de deux films sur lesquels je travaille actuellement: Le Silence des Agneaux (ah bon?!) et Philadelphia.



De prime abord, ces deux films n'ont pas grand chose en commun me direz vous, Le Silence des agneaux est un film qui relève du genre de l'horreur, du serial-killer, du thriller psychologique, tandis que Philadelphia tend vers le drame social.

Dans ce cas, qu'est ce qui rapproche ces deux œuvres? Tout d'abord leur réalisateur commun, Jonathan Demme, et le fait qu'ils aient tous deux suscité de fortes réactions de la part de la communauté homosexuelle.

Commençons par Le Silence des agneaux, sorti en 1991, je vous ai déjà cassé les pieds il y a quelques mois avec ce film, mais je vais tout de même vous faire une ébauche du synopsis, pour ceux qui auraient raté le cours!
Une jeune recrue du FBI, Clarice Starling (Jodie Foster) se voit confier une part de responsabilité importante dans l'enquête sur le tueur en série Buffalo Bill. La jeune Clarice est chargée d'inciter Hannibal Lecter (Anthony Hopkins) à apporter son aide à l'enquête.Lecter est un terrible serial killer cannibale mis sous les verrous par l'agent Will Graham dans l'opus précédent: Dragon Rouge. Hannibal, psychiatre réputé, va aider Clarice à identifier et appréhender Jame Gumb, aka Buffalo Bill, ainsi qu'à régler certains de ses problèmes personnels, mais ceci est une autre histoire.

Les deux personnages qui ont provoqué des remous dans la communauté homosexuelle sont Jame Gumb, qui capture et tue des jeunes femmes pour se confectionner un manteau de femme avec leur peau, et l'agent Clarice Starling.

Jame Gumb (Ted Levine) est un personnage véritablement noir, bien plus monstrueux encore qu'Hannibal Lecter. Buffalo Bill est mentionné comme homosexuel au début du film, au vu de sa relation avec Benjamin Raspail, puis Lecter le dépeint comme transsexuel, en expliquant qu'il y a de très grandes chances que Buffalo Bill ait déposé des demandes auprès des hôpitaux locaux pour subir une opération de changement de sexe.
Jame Gumb présente de nombreuses caractéristiques généralement attribuées aux homosexuels, il parle de manière efféminée, il possède un petit bichon blanc du nom de Précieuse, on sait de lui que c'est un couturier très habile, il se décolore les cheveux... Il a également le téton percé et porte un tatouage étrange au niveau des côtes.
Buffalo Bill est également un travesti, on le voit presque nu dans une scène, portant uniquement une sorte de peignoir féminin, maquillé, son sexe caché entre les jambes pour ressembler à une femme.



Jusque là rien de bien dramatique vous me direz, chacun fait ce qu'il veut de son corps, mais faire un sérial killer d'un homosexuel a été très très mal perçu. Au début des années 90 la communauté gay était très mal acceptée notamment à cause de la recrudescence du sida, qui leur était généralement assimilée, l'amalgame étant fortement ancré dans les esprits. Jonathan Demme ainsi que le roman de Thomas Harris ont été violemment attaqués par les activistes gay pour avoir donné une telle image du personnage de Buffalo Bill.

L'association de la communauté homosexuelle et d'un personnage aussi meurtrier et violent a particulièrement été critiquée, puisque d'après des études psychiatriques ce sont des individus généralement pacifiques et non violents.Le film de Jonathan Demme a donc été premièrement perçu comme homophobe.

Le personnage de Clarice Starling au contraire a été perçu de manière très positive, que ce soit par la communauté féministe ou lesbienne. En effet la jeune agent du FBI est un exemple nouveau de ce que peut être la femme dans le film d'horreur ou de détective de manière plus générale. Clarice est très intelligente, forte, indépendante, elle mène l'enquête pratiquement seule de bout en bout et parvient à sauver la jeune Catherine des griffes de Buffalo Bill (a qui elle colle un bon pruneau au passage). L'héroïque Clarice balaye a grands coups de pieds les stéréotypes habituels et donne à la femme une place active loin du rôle de victime potiche et faible dans les films d'horreur conventionnels.
Certains courants de pensée un peu trop extrêmes à mon sens ont absolument tenu à voir l'homosexualité en Clarice, ainsi qu'en Jodie Foster, qui est très protectrice et secrète quant à sa vie privée.

Clarice a ouvert la porte a de nombreux rôles de femme détective efficace, et a toujours de l'influence aujourd'hui, prenez simplement Kate Beckett dans la série Castle, ou encore Temperance Brennan dans Bones...



Nous sommes en 1993, et Jonathan Demme réalise un nouveau film, Philadelphia. Le film aborde des thèmes très délicats comme l'homosexualité, l'homophobie et le sida.Il s'agit de l'histoire d'un brillant avocat homosexuel, Andrew Beckett (Tom Hanks), atteint du virus du sida. Il se retrouve démis de ses fonctions suite à une soi-disant histoire de papiers égarés dans une affaire importante. Le fait est que les lésions provoquées par sa maladie ont été remarquées, et qu'il ne s'agit que d'une conspiration pour se débarrasser de lui à cause de son état et de son orientation sexuelle. Beckett en est intimement convaincu et demande conseil à plusieurs hommes de loi, dont un avocat ouvertement homophobe Joe Miller (Denzel Washington).

Celui ci refusera d'abord de prendre le cas, et ira même jusqu'à demander à un médecin si il a pu contracter le sida en serrant la main de Beckett. Miller ouvrira les yeux petit à petit et finira par se ranger aux côtés de Beckett pour l'aider à préparer son argumentation au tribunal contre la firme qui l'accuse d'incompétence et d'avoir menti pour cacher sa maladie. La peur et l'ignorance sont principalement en cause. S'ensuit un procès véritablement bien mené qui tranchera en faveur de Beckett, qui malheureusement succombera à sa maladie quelque temps après, laissant son compagnon Miguel(Antonio Banderas) seul après leur lutte acharnée.



Le film attaque de manière très habile l'homophobie, la firme et le directeur du cabinet de Beckett sont véritablement diabolisés et tournés en ridicule. Le personnage de Joe Miller est un excellent exemple, il apparait tout d'abord comme un homophobe ignorant, puis au contact de Beckett il apprend à connaitre et à respecter les homosexuels. Le film est également très instructif quand au mode de transmission du sida, remplissant ainsi une fonction informative auprès du public. Jonathan Demme réalise un film qui à la fois dénonce les abus homophobes dans le milieu du travail, brosse un portrait positif et élogieux de la communauté homosexuelle, et invite à leur porter un nouveau regard, ainsi qu'aux malades touchés par le sida.

Le réalisateur combat donc les préjugés, à l'aide d'un scénario bien ficelé, d'un casting prestigieux et efficace.
Philadelphia a été un premier pas au cinéma pour briser les tabous de l'homosexualité et du sida, et faire évoluer les mentalités à travers le monde de manière efficace. Demme s'est vu salué par la communauté gay, et le film fait toujours autorité en la matière.

Les deux films ont été largement récompensés et salué par le public bien qu'ils soient totalement différents, mais il parait impensable de qualifier Jonathan Demme de réalisateur homophobe.

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