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lundi 25 octobre 2010

L'évolution non-stylisée des grandes dents (création) by Jim

Que ce soit à la télévision ou au cinéma, aujourd'hui, après l'ère des pétasses blondes qui se masturbent devant des séries pour adolescents en parlant de la crise du pétrole, nous sommes dans une période où les vampires tiennent une place plus que primordiale.
Mais d'où vient ce changement d'atmosphère, privilégiant les dents longues, les refrains sanguinolents? Surtout que dans la façon dont est traité le thème du vampire, il y a une dualité percutante : soit il s'agit d'un monstre assoiffé de sang avide de jeunes adolescentes en chaleur qui hurlent au lieu de courir ou de se parfumer avec de l'ail, soit il s'agit d'une ombre humaine, devenue immortelle et dont le souhait le plus cher est la rédemption. Une sorte de personnage écorché, tiraillé entre son passé – qui mérite bien sûr le qualificatif d'- abominable. Le premier type de vampire est évidemment celui des films d'horreur/épouvante (bien que la seule chose qui fasse frissonner soit, de manière générale, les scénarios hyper évidents et stéréotypés), le second celui de Twilight (on ne va pas vous faire un dessin, c'est un peu une métaphore du bad boy trop méchant qui a décidé de devenir un poète maudit version nanar romantique), de True Blood, et sans doute d'autres choses connues ou inconnues, ça dépend de la variable x dans un contexte y donné.
(Marquons quand même une parenthèse pour déclarer que dans True Blood, les vampires ne sont pas tous kikoo-mignons, ils sont dark ténébreux avec des envies de sucer votre sang, surtout si vous êtes bonne, 24 ans, blondinette, gros seins, fille facile).



La deuxième image du vampire – celle du pauvre type qui se sent coupable d'avoir enlevé tant d'innocentes vies – est bien entendue celle qui est surexploitée pour le moment. Il y a quelques années, les autres Bela Lugosi, Christopher Lee étaient des figures mêlant érotisme et horreur. Citons très vite les burlesques Le Bal des Vampires, Dracula mort et heureux de l'être, Buffy the Vampire Slayer, des oeuvres où le vampire est toujours une saloperie suceuse de sang, qu'il faut détruire avant qu'elle nous avale tout crus.
Malgré cette imagerie très négative, avec des films comme Entretien avec un vampire (Brad Pitt y joue Louis, un type devenu vampire sans vraiment l'avoir voulu, tourmenté par Lestat, dandy aux tendances bizarres) où le personnage principal ne se nourrit pas de sang humain, le vampire devient celui qui demande pardon, qui, malgré sa condition de "démon" en vient à vouloir devenir un homme et à éprouver, notamment, des regrets.
Twilight, fable pré-pubère sur le fait que les méchants peuvent être gentils en vrai, s'ils sont apprivoisés, a remporté un succès pharamineux, contre toute attente des sceptiques. Il est vrai que le scénario ne vaut pas un clou, mais cependant, ça marche : les salles sont combles, les livres, films et produits dérivés se vendent comme des petits pains au chocolat, elle m'a dit d'aller siffler là-haut sur la colline, de l'attendre avec un petit bouquet d'églantines.
Une fine analyste pourrait dire (en parlant de Twilight) que l'image de l'homme (le sexe masculin hein), telle qu'elle est présentée, coïncide avec celle du prince charmant (pas si charmant quand il allonge les crocs) : il ne larguera pas sa dulcinée pour une sombre histoire de canal déférent avec une plus jeune, plus intelligente ou à plus grosse poitrine, ce qui l'intéresse, finalement, c'est la personne telle qu'elle est, il a l'éternité pour vous supporter, peu importe que vous soyez inintéressante et emmerdeuse, vaut mieux être mal accompagné que seul à bouffer du sang de rat d'égout.

Si cette image moderne montre un côté plus gentil, adieu le côté "bête de sexe, envoûtements à gogo, viens ici, que je te mette ma grosse frite là où je pense".
Ici, rapide comparaison entre True Blood où chaque épisode semble avoir été étudié pour contenir un certain quota de nichons, de fesses, de soupirs enragés de plaisir, et Twilight, où l'amour courtois façon "attendons le bon moment, j'ai jamais trempé ma biscotte, je veux pas que notre histoire se base là-dessus, tu risques d'être déçue poupée".
D'une façon plus subtile (quoique), la sensualité était abordée dans, par exemple, Dracula de Francis Ford Coppola, où, avec le regard d'un amoureux transi, Gary Oldman semblait dire à Wineforever Ryder "si nous copulions sur le lit, comme deux écureuils normands en pleine séance de méditation ? "




Est-ce tout simplement la transposition des vampires, créatures anciennes et pas vénérées, dans un monde désenchanté comme celui d'aujourd'hui, qui a tendance à nuire à l'image de "vilain être qui fout le bordel et suce tout ce qui bouge à la façon Clara Morgane "? A l'époque où on sait que c'est à cause de dérèglements chimiques dans le cerveau que les gens deviennent dépressifs, que l'économie domine toute forme de vie, les émanations érotico-surnaturelles morbides que représentent les vampires n'ont plus de sens. C'est pourquoi leur insertion dans notre société passe pour une belle connerie, qu'on épice en les rendant gothiques (si, si, le bar de True Blood), et dans presque tous les cas ; bourrés de fric, à croire que les billets sortent de leurs pores.
Non pas que je dise tout ceci dans le simple but de dire "c'était mieux avant, quand des bons acteurs incarnaient des gueules de fromage blanc meurtriers, et que les histoires faisaient froid dans le dos", je ne fais que constater une évolution assez... il n'y a pas de mots pour décrire le monde et ses influences, dans cinquante ans, un sage sociologue nommera cette décennie "la pseudo-sentimentalisation des choses". Ok.
Bon, sur ce, je vais aller dehors, là où il n'y a personne pour me causer de vampires.

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