Répondant présente à l’invective de DDYDLS concernant 2001, a Space Odyssey, voici ci-après, quelques arguments prouvant que ce film est un chef-d’œuvre cinématographique qui ne pourrait souffrir les paroles pleines de fiel de la mascotte.
Rappel pour les gens qui se seraient endormis avant le début du film, ou même qui s’endorment dès qu’ils entendent le titre :
2001, a Space Odyssey est un film de science-fiction de Stanley Kubrick, sorti en 1968. Il se découpe en quatre parties distinctes :
* Partie 1 : Nous sommes à l’aube de l’humanité avec une petite communauté de l’espèce Homo quelquechosus qui galère au milieu des tapirs pour trouver à manger. Puis un jour, un monolithe étrange apparaît sur leur territoire.
* Partie 2 : l’action se déroule désormais en 1999, dans l’espace avec le voyage du Docteur Floyd qui part sur la Lune pour une conférence autour d’une découverte étrange : un monolithe enterré.
* Partie 3 : nous sommes à présent en 2001, à bord de la navette Discovery dont l'équipage est en partance pour Jupiter. Outre deux astronautes qui courent ou jouent aux échecs et trois scientifiques en hibernation, il y a une intelligence artificielle répondant au petit nom de HAL9000.
* Partie 4 (aussi nommée « passage préféré de DDYDLS ») : cette partie jugée incompréhensible par la mascotte nous entraine avec un des astronautes à la découverte d’un monolithe étrange se trouvant aux abords de Jupiter.
Maintenant, laissez-moi vous expliquer en quatre points, pourquoi ce film est une tuerie qu’il faut absolument voir, revoir et encenser, surtout dans les soirées mondaines auxquelles vous ne participez jamais :
1/ Le rythme
Contrairement à la plupart des films de science-fiction antérieurs ou postérieurs à 2001, a Space Odyssey, le susnommé possède un rythme tout en apesanteur. D’habitude, tout va à la vitesse de la lumière, on subit des accélérations terribles, cela tremble de partout, ça s’agite, Chewbacca grogne et on se dit « non, mais l’espace, c’est trop fatigant, c’est bon, j’y vais mais après mes vacances à la Grande-Motte ! » Par ailleurs, après avoir visionné un film de science-fiction quelconque, on ressort très fatigué de la séance de cinéma (regardez bien comme je suppose bien, alors que je n’ai jamais dû voir un seul film de SF au cinoche).
Hormis la première partie à peine plus rapide — ça reste relatif, ne vous emballez pas —, 2001, a Space Odyssey est un film très lent, qui nous tient en haleine par sa lenteur d’exécution. Les plans sont longs, on suit calmement l’hôtesse de l’air qui apporte le plat du jour au Docteur Floyd et à chacun de ses pas, on reste concentré, un peu anxieux : « et si jamais un des scratchs de ses chaussures se défaisait et qu’elle tâchait sa belle tenue avec la purée de carotte ? », la tension est à son comble en permanence. On sent que tout peut basculer à tout moment (surtout avec la gravité artificielle) et l’on reste scotché à l’écran à attendre l’action. Les minutes défilent, on accompagne chaque pas de l’hôtesse de l’air, chaque geste de l’astronaute dans son petit astronef super sympa et on se dit qu’on a l’impression d’y être et que finalement, c’est sûrement plus réaliste que les milliards de commandes à effectuer en dix secondes pour combattre les forces extraterrestres et sortir du champ d’astéroïdes dans les vulgaires films de science-fiction qui se ressemblent tous au final, non ?
2/ Les dialogues
Une autre particularité de 2001, a Space Odyssey, c’est la richesse des dialogues. Alors que souvent dans les films de science-fiction à la con, les personnages parlent et nous expliquent avec des expressions alambiquées tout un tas de commandes et de plans rocambolesques qui n’ont souvent aucun sens, pour un peu qu’on s’y connaisse en aérospatial (comme moi, par exemple), Kubrick a décidé dans son film d’éviter ces pièges sans pour autant alourdir les dialogues par d’assommantes explications techniques. Sa solution a donc été d’offrir peu de dialogues. En effet, les plus beaux échanges de paroles se font souvent dans la première partie entre ces Hominidés qui se hurlent les uns sur les autres ou qui gueulent sur les tapirs qu’ils prennent un peu pour leur bouc-émissaire, ce qui est moche, si vous voulez mon avis (ha non, j’ai décidé de le donner plus tard). Pour les autres dialogues, ce sont des échanges de la vie quotidienne, absolument sans intérêt, le truc que Beaumarchais évitait plus que tout pour rendre ses comédies plus dynamiques. Mais comme Kubrick n’est pas Beaumarchais, comme il ne fait pas de théâtre et qu’en plus, il faut que ses dialogues soient en accord avec le rythme, il décide donc de nous offrir de rares échanges très inintéressants et nous en apprenant peu sur la situation. Les plus soutenus restent ceux entre le Dr Floyd et sa fille ou entre HAL9000 et un des astronautes. Il y a aussi le remarquable discours langue de bois du Dr Floyd lors de sa réunion, qui doit approcher de tout bon speech de la World Company©.
Outre le réalisme que cela donne au film (et sa concordance avec le rythme très lent), cela permet également d’éviter de trop en dire au spectateur invité à comprendre à sa façon le film. Peu parasité par la logorrhée des personnages ou par un rythme soutenu, il peut pleinement utiliser son cerveau et se demander ce qui se cache derrière ces monolithes étranges.
3/ L’esthétisme
Moi qui aime ce qui est beau, ce qui est raffiné, je ne peux que m’extasier devant la splendeur des décors et la musique choisie par Kubrick. Les formes sont sobres et élégantes, un peu comme dans un MacDo suédois. Kubrick joue sur les sphères et les rectangles, sans rajouter de fioritures inutiles. J’apprécie ces formes pleines et symboliques. En effet, tout ce qui touche à l’homme est sphérique (l’astronef, le vaisseau qui conduit Floyd sur la Lune, la station orbitale en forme de roue, symbole de la technologie humaine. Bémol sur la première navette qui ressemble plutôt à un avion en papier et qui, du coup, est vachement trop pointue pour être considérée ronde) et ce qui semble en relation avec une intelligence qui dépasse l’Homme est rectangulaire (les monolithes étranges, HAL9000 qui au-delà de sa sphère centrale qui rappelle sa conception par l’Homme, semble quand même avoir des bugs qui dépassent l’entendement humain).
Cette harmonie des formes est accompagnée par l’harmonie des musiques qui enrichissent le film. Airs de musique classique, nous apprécions de faire croisière dans l’espace au rythme lancinant du Beau Danube Bleu. J’aurais bien parlé des autres airs, mais en fait, je suis super nulle en musique classique, et du coup, je ne sais pas le nom de l’air super connu qui fait « taaaa taaaaaa tatam tatatataaaaa tatatam » quand ils découvrent des trucs qui vont amener le progrès (je me demande si c'est pas "ainsi parlait Zarathoustra" mais je ne suis pas sûre).
Mais l’idée reste la même : la musique est parfaite, les vaisseaux sont beaux. Et je vous interdis de dire que ça a mal vieilli. C’est sobre comme un MacDo suédois, je vous l’ai déjà dit.
Tiens, avant de passer au quatrième point, je me permets de lier à cette sobriété le silence du film. Alliance de la lenteur du rythme et des dialogues épars, il reste un silence esthétique (seulement entrecoupé par la musique classique). Alors que dans tous les autres films, les bruits des moteurs, des accélérations, des chocs des vaisseaux sont pléthoriques, ici, le silence est roi, et apporte esthétisme et réalisme. Dans le vide, le son ne peut se propager. On n’entend rien, on est en apesanteur, on savoure le silence. Du coup, on est réconcilié avec le concept de l’univers qui est moins fatigant que des vacances à la Grande-Motte finalement.
4/ Les références dans les films et séries que vous regardez (surtout toi la mascotte)
Même si je ne vous ai pas convaincus avec mes arguments implacables, il reste une bonne raison de regarder et d’apprécier 2001, a Space Odyssey. Les personnes qui font les films et les séries que vous aimez sont des gens de bon goût (admettez-le). Or, il est très fréquent de rencontrer de multiples références à 2001, a Space Odyssey, dans tout bon film ou série qui se respecte (notamment Futurama qui est archi-bourré de références, d’ailleurs, en revoyant le film, j’ai noté une nouvelle référence que j’avais omise, la chanson chantée quand Bender sort avec le vaisseau, c’est celle chantée par HAL9000 à un moment du film que je ne citerai pas parce que le spoil, c’est le mal). HAL9000 reste LA référence en terme d’intelligence artificielle.
Et je n’ai pas besoin d’en dire plus, parce que déjà normalement, rien qu’au titre de ce point, vous aviez noté que c’était un argument irréfutable.
Après cette explication en quatre points qui permet de dénoter l’esthétisme, le réalisme et surtout, l’intention de Kubrick de ne pas entrainer le spectateur vers une explication formatée, mais de lui laisser la possibilité de se faire sa propre idée (le film dénonce un peu le formatage il faut dire), voici, pour finir, mon interprétation personnelle qui convaincra définitivement la mascotte que ce film restera à tout jamais le meilleur film qu’il lui ait été donné de voir et cette phrase était compliquée. Il est évident qu’avec l’arrivée du monolithe, l’Hominidé devient très violent avec les tapirs. Malheureusement pour lui, le monolithe, c'est le dieu des tapirs et il venait voir comment l'Hominidé malmenait ses ouailles en le mettant à l'épreuve. L'Hominidé échoue et le monolithe décide d’attendre un temps futur pour se venger. Des millénaires plus tard, il fait genre et se montre, l’air de rien, aux méchants hommes progressistes qui ont réussi à aller sur la Lune. Et de les attirer vers Jupiter pour leur tendre un piège, avec l’aide de HAL9000 qui est l’interprète des tapirs dans le langage des hommes (ce qui explique qu’on ne le comprend pas très bien parfois, surtout dans ses raisonnements). Après avoir vengé les tapirs, il finit par enfermer un des astronautes dans un circuit incompréhensible sans lui expliquer pourquoi, tout comme le tapir violenté au départ n’a jamais su pourquoi on s’en prenait si méchamment à lui alors qu’il était qu’un super tapir tranquille et zen.
J’espère ne pas avoir spoilé le film avec mon explication qui tient la route. Je voulais dire une dernière chose, mais je l’ai complètement oubliée. Alors, si jamais elle me revient plus tard, promis, je la mettrai en réplique.
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