Certains d’entre vous, jeunes ou plus âgés, ont des idoles.
C’est bête cette propension propre à l’être humain à quasiment déifier un acteur ou un réalisateur pour diverses raisons. D’un autre coté, c’est moins ridicule que d’idolâtrer un chanteur pop gris ou une blonde vulgaire qui devient complètement gaga. Mais je m’égare.
Dans le cadre du cinéma, c’est typique. On ne compte plus les aficionados de Bruce Campbell, les fous de James Cameron (étrange, j’en conviens) ou les geeks qui se déguisent en Sith à la moindre occasion. Dans la plupart des cas, ces gens sont heureux (quoique pour le fan de Cameron, je reste perplexe) car leurs idoles sont souvent jeunes, riches, botoxées et ils pourront dès lors en profiter longtemps. Ma jeune voisine tombera encore souvent en syncope devant Robert Pattinson, pour les autres il faudra prendre son mal en patience (ou espérer une éventuelle addiction de Robert au crack).
Mais pour votre humble serviteur, qui a possédé un walkman auto reverse, connu les VHS sans bonus et a vu Retour vers le futur II au cinéma, la réalité est moins drôle. Mes idoles sont vieilles. La date de péremption approche à grand pas, et dans peu de temps je le crains, ces gens qui ont bercé toutes mes plus belles années de cinéma ne seront plus. Cette seule idée me terrifie.
J’ai eu un avant-goût du désespoir quand monsieur Kubrick nous a quittés. J’aimais bien Stanley, toujours à faire ce qu’il voulait, sans rien demander à personne, et à vous prendre par surprise. C’est lui qui m’a fait découvrir le beau cinéma graphique et intelligent. Avant ce n’était que Willow, Starship Troopers et autres Robocop. Il m’a ouvert les yeux. Sa mort coïncide bizarrement à la fin de mon adolescence et à mon départ du nid familial. On va dire que grâce à lui j’ai un peu muri. Je reste persuadé que le fait d’avoir tourné avec Tom Cruise a accéléré son départ.
Que sera ma vie sans Clint Eastwood ?
Enfant, lorsque je jouais au cowboy, mon modèle c’était lui. Dans la cour de récré, je réglais les bagarres comme l’inspecteur Harry. Intraitable, droit et juste. Un modèle. En plus ce salaud est un réalisateur exemplaire et un musicien de talent. C’est vrai quoi, ce mec est beau même super vieux, c’est troublant. Un type me cherche des noises et je ne sais pas quoi faire ? Un petit Impitoyable sous la couette et me voici debout prêt à en découdre avec cette brute épaisse. La vie c’est pas cool et l’enfer c’est les autres ? Million Dollar Baby et on oublie. J’espère que le clonage sera un jour permis dans le cas de Clint Eastwood.
Mais le pire reste à venir. Le simple fait de taper cette éventualité sur mon clavier me donne la chair de poule. D’ailleurs, je vais prendre mon temps. Il faut dire que cette personne, c’est mon meilleur ami. Oui je ne mâche pas mes mots. Avec lui, j’ai vécu des moments inoubliables, j’ai rêvé, j’ai eu peur, j’ai été scotché devant l’écran avec la bouche ouverte et les yeux qui piquent. Mes parents ont d’ores et déjà prévu un week-end d’hospitalisation sous sédatifs à mon nom le jour où j’apprendrai sa mort... Le jour où John Williams ne sera plus.
C’est fait, je l’ai écrit. J’ai mal au ventre.
Le jour de sa mort sonnera le glas de ma vie passée et j’errerai perdu dans les limbes de cette existence insipide, murmurant son nom et luttant pour que sa gloire ne tombe pas dans l’oubli. Je passerai tout mon temps libre à écouter sa musique en me disant « Pourquoi ?! Pourquoi lui ?! » et pesterai contre ces jeunes arrivistes incapables de composer la moindre bonne B.O.
Je m’y prépare… Je sais que ce jour arrivera. Le jour où pour moi, la terre s’arrêtera.
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