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lundi 25 octobre 2010

Adam's Apples de Anders Thomas Jensen (2004) by Dylan



Adam’s Apples aka Adams Aebler est un film danois, réalisé en 2004 par Anders Thomas Jensen, réalisateur respecté qui avait déjà frappé fort dans le passé avec son film Election Night (Oscar du meilleur film en 1998). Ce réalisateur, également scénariste, est responsable de toutes les plus gros succès du cinéma Danois de ces dernières années. Pour ma part, je n’ai rien vu d’autre de lui, mais ce film m’a sincèrement donné envie de m’intéresser de plus près à sa filmographie. Adams Aebler dépeints exactement le style d’univers dans lequel je me reconnais cinématographiquement : sombre dans l’histoire, second degré dans l’humour, très imagé et bourré de symboles. Tout ça allié à un mysticisme certain, tantôt religieux, tantôt simplement ésotérique.


L’histoire est celle de Adam (Ulrich Thomsen), un néo-nazi d’une trentaine d’année (voire plus) qui, après un séjour en prison, est obligé d’aller dans une « communauté » religieuse, dans un lieu isolé. Une belle et grande église, un pommier, un jardin, et uniquement 3 autres locataires. Khalid (Ali Kazim), un braqueur fou, Gunnar (Nicolas Bro), un violeur alcoolique gros et dégueulasse, et Poul Nordkap, un vieux Monsieur Mystérieux. Tous sont ici parce qu’ils ont fait quelque chose de mal, et c’est une chance pour eux de se racheter en « trouvant Dieu ». Mais ne vous attendez pas à un film englué dans une morale ridicule. Pas de « vrai » prêtre ni de nonnes dans ce film. Car le but d’Adam’s Apple n’est absolument pas de faire un film sur le milieu religieux, et encore moins sur sa façon de venir en aide aux délinquants. Non, rien à voir. Ce film, c’est essentiellement un huis-clos intense avec des personnages peu nombreux mais tous aussi forts les uns que les autres. L’essentiel repose pourtant sur Adam, anti-héros atypique : nazi, âgé, loin d’être « beau gosse ». Il a juste une gueule qui colle à son rôle : méchant, néonazi. Son personnage est d’emblée présenté comme malfaisant, et pourtant, on ne peut s’empêcher de l’apprécier : on sait que c’est son histoire, et que ce sera lui, notre héros, quoiqu’il arrive. J’ai d’ailleurs énormément apprécié qu’il n’y ait aucune tentative de nous faire aimer le personnage : pas d’histoire triste, pas de passé douloureux ou de choses du genre. Juste un homme, fort, avec ses idées, sa façon d’être. Et ce n’est pas non plus un cliché du « nazi de base ». Il ne fait pas de propagande, pas de longs discours, il est simplement ce qu’il est. Lui et tous les autres colocataires sont sous la responsabilité d’un seul homme : Sven (Mads Mikkelsen), qui sert à la fois de prêtre (complètement taré), de conseiller, et de guide spirituel. Sven tente à sa façon d’aider ses hommes, et dans un sens il y arrive, mais pas dans le sens auquel on s’attend. Par exemple, il dit que Gunnar a arrêté de boire et qu’il est sobre depuis longtemps, alors qu’on le voit ouvertement picoler à longueur de journée sans avoir à se cacher. Khalid lui, a plein de billets cachés, ce qui laisse sous entendre qu’il continue clairement à braquer les stations essences. Bref, Adam comprend rapidement qu’il est tombé chez une bande de tarés, et que Sven s’avère être le pire de tous. Il apprend petit à petit les histoires de tout le monde, et se mets en tête de « briser » Sven, pour lui prouver qu’il a tort, que Dieu ne l’aime pas comme il se l’imagine.

Sven de son côté, propose à Adam qu’il se trouve un but lors de son séjour. Adam, saoulé, dit pour se foutre de Sven qu’il n’a qu’a faire un gâteau aux pommes avec celles du jardin. Contre toute attente, Sven dit qu’il est d’accord et que Adam fera donc un gâteau. Vous imaginez le ridicule de la situation, de voir un gros skin se voir assigner de faire un gâteau… Bref, il faudra déjà attendre que les pommes soient mûres, ce qui forcera donc Adam à rester un certain temps. Et paf, piégé. Puis, au fur et a mesure que le film avance, des tonnes de problèmes vont empêcher Adam de faire son gâteau, l’obligeant donc à rester. Sven tente de convaincre Adam que c’est le diable qui veut lui dire quelque chose en l’empêchant de faire son gâteau. Adam lui, ne croit pas en Dieu et prend juste Sven pour un dégénéré. Mais il va arriver tellement de malheurs et de « coïncidences » qu’il va doucement commencer à y croire. Mais, pour s’empêcher de trop céder à la tentation de croire en tout ça, il va s’en prendre à Sven, psychologiquement, pour essayer de le faire douter de sa propre doctrine de vie et de religion.



Le film est bien plus complexe que ça à bien des niveaux, mais je trouve que c’est mieux de vous laisser découvrir le reste, parce que ça en vaut vraiment la peine. En plus d’une belle esthétique, Adam’s Apples a une histoire franchement originale. Ses acteurs, tous brillants, la servent d’ailleurs plus que bien. On pourrait dire que les personnages sont clichés, mais en fin de compte, on s’en fiche pas mal vu que ça fonctionne à merveille. On retrouve cette force qu’on trouve généralement dans les pièces de théâtre : on se sent pris à partie, testés, forcés de regarder là ou on n’a aucune envie de voir. On ne sait pas qui aimer, qui détester, et on est trimballés dans ce monde complètement barré qui, en apparence, n’a pourtant rien d’extraordinaire. On est tantôt mis à la place d’Adam, puis de Sven, et on ne sait pas qui est fou, qui est méchant… On attend avec impatience de savoir si Dieu est réellement une présence dans le film, ou si ce n’est qu’un nom rabâché sans cesse. Parce que oui, ce film laisse perplexe, et on s’attend à ce qu’il y ait un tournant fantastique quelque part, à chaque gros moment du film. Est-ce que Satan est vraiment à l’œuvre ? Même nous, pauvre spectateur, on n’en sait vraiment rien. Mais attention, ce n’est pas un film à message religieux du tout. On n’est pas dans Da Vinci Code, encore moins dans Anges et Démons. En fin de compte, du début à la fin, on ne sait pas définir ce film. Et c’est aussi une des raisons pour lesquelles je trouve qu’il sort de l’ordinaire. Il sort des sentiers habituels.

Chaque acteur à son propre personnage encré dans son propre monde et pourtant, tous arrivent à se côtoyer et a vivre ensemble sans trop de peine. Il y a également tout un passage en rapport avec les nazis que je ne raconterai pas, mais j’ai trouvé que c’était une petite histoire parallèle fascinante qui aurait pu faire un film à elle seule : celle de Adam, nazi convaincu, qui se retrouve confronté à quelqu’un qui a réellement été dans les camps, mais en tant que nazi. Un « vrai » donc, qui va changer la vision d’Adam, sans pour autant que l’on nous le dise. Ses amis néonazi également apportent un point de vue intéressant, lorsqu’on est confronté aux « nazis » moderne qui en fin de compte jouent les gros durs alors qu’ils n’ont aucune idée de ce que ça peut faire que d’avoir vraiment vécu dans ces principes là…


...Adam Manger pomme?

Ce film c’est ça : beaucoup de psychologie, et pourtant, tout passe dans les regards, les attitudes des acteurs, et les visages. Pas de « bla bla » pour nous expliquer l’histoire, ni de réelle scène qui pourrait nous montrer l’évolution du personnage. Cette évolution, c’est nous qui la comprenons seuls, tant les scènes sont bien jouées et bien mises en scènes. Les « non dits » sont également une part importance de l’histoire et de la psychologie du héro, Adam, et son « mentor », Sven.

Plus le film avance plus on tombe dans la folie pure. Mais là encore, tout en délicatesse : pas de hurlements, pas de scènes réellement difficiles à regarder, malgré une certaine violence à deux reprises. Adam’s Aebler a une atmosphère particulière qui ne nous quitte pas du début à la fin. On est scotchés, vraiment. Le gouffre apparent entre les personnages se réduit tout le long du film pour finalement faire un tout clair et satisfaisant. Le film est aussi dôté d’un humour certain, très fin, agréable, et qui arrive toujours par surprise, dans les situations les plus improbables. Le personnage de Sven (Mads Mikkelsen) est le premier à faire rire tant il est détaché de tout et tant rien ne semble grave dans ce qu’il lui arrive. Il pourrait se faire rouler dessus en voiture qu’il se relèverait en souriant…

Pour résumer, c’est une très belle découverte que j’ai faite là et je regrette de ne pas avoir pris le temps de regarder ce film avant. Il est fort, bluffant au niveau des prestations des acteurs, et il y a des scènes vraiment très drôles (cf : celles avec Khalid et son revolver qui tire sur tout ce qui bouge comme si c’était normal). « C'est une épaule tueuse » dit-il en tirant dans l’épaule d’un mec pour se justifier. Et moi, j’adore.

_Trailer

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