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lundi 25 octobre 2010

Invictus de Clint Eastwood (2009) By Soul




Souvenez-vous. Il y a quelques semaines, un faux troll nous annonçait qu'il était impossible de ne pas aimer Clint Eastwood.
Il est vrai que le Clint a le don pour choisir ses sujets et que dernièrement surtout, il a pratiquement toujours fait l'unanimité.

Clint s'attaque donc de nouveau à l'Histoire avec un grand H, et c'est cette fois l'élection de Nelson Mandela à la tête de l'Afrique du Sud qui retient son attention.

Le sujet:
Libéré en 1990 après 27 années de détention, Nelson Mandela accède au pouvoir démocratiquement et devient le premier président noir d'Afrique du Sud en 1994.
Le pays est au bord de la crise. Car si l'apartheid est théoriquement morte et enterrée depuis 1991, les tensions entre les noirs et les blancs sont toujours au plus haut.



Mandela souhaite avant tout à réconcilier son peuple. Et pour lui, cela passera par le rugby. L'emblème même de la domination blanche devra en effet devenir un vecteur d'unification pour un pays déchiré. Et avec l'organisation de la coupe du monde de rugby qui se déroulera sur ses terres l'année suivante, l'occasion est trop belle de montrer à la communauté internationale que l'Afrique du Sud a changé.



L'histoire est ensuite connue: Donnés perdants par tous les observateurs, les Springboks réussiront l'exploit de battre les intouchables All Blacks Neo-Zélandais.


Clint Eastwood n'y va pas par 4 chemins. Dès la première scène du film, le ton est donné. Un convoi de voitures conduit Mandela qui vient d'être libéré.
D'un côté de la route des adolescents blancs jouant au rugby sur un véritable green de golf, de l'autre des noirs jouant au football sur un terrain vague entouré de grillages.
L'entraineur blanc constate: "Retenez bien ce jour, c'est celui où notre pays a commencé à sombrer".

Son message, Eastwood l'adresse au peuple...américain.
En effet, difficile tout au long du film de ne pas faire la relation Mandela-Obama. Et impossible non plus de se dire que le choix de cette histoire n'est que coïncidence.
Eastwood est un malin. Républicain du plus profond de son âme, il est avant tout patriote et si ses films sont des œuvres qui semblent engagées, elles ne le sont jamais vraiment. L'important semble se situer au niveau non pas de l'identité, mais de l'appartenance.
Et c'est le cas ici. Mandela souhaite réunir autour de lui SON peuple, noir ou blanc, aux identités bien distinctes mais à l'appartenance unique, celle d'Afrique du Sud.

C'est en montrant l'exemple qu'il souhaite faire changer les mentalités. D'abord en s'entourant de personnes de l'ancien gouvernement, tant dans son équipe politique que pour ses gardes du corps. Ceux-là même qui opprimaient les noirs quelques temps auparavant.
La réconciliation passe par là et le discours est clair: Le pardon est essentiel et il est hors de question de reproduire ce que les blancs ont fait subir aux noirs.
Comme lorsque le ministère du sport vote à l'unanimité la suppression du symbole des Springboks ainsi que les couleurs vert et or du maillot national mais que Mandela lui même intervient pour argumenter en faveur du maintien de ses symboles.

"Ils m'ont élu comme dirigeant, qu'ils me laissent les diriger à présent" assènera-t-il à sa conseillère qui semble perplexe sur les priorités du nouveau président.


L'élément clé du film est la rencontre entre Nelson Mandela et le capitaine des Springboks, François Pienaar.
La poignée de mains entre les deux hommes résonne comme la réconciliation vers laquelle Eastwood souhaite nous emmener.
Sera-t-elle possible? Oui, si l'Afrique du Sud gagne sa coupe du monde. Oui si les noirs cessent de supporter tout pays jouant contre les Springboks. Oui si Pienaar parvient à changer la mentalité de ses équipiers. Oui si les Springboks parviennent à conquérir le public.


On le sait, toute cette tâche sera couronnée de succès.


Pourtant, pendant le film, je me pose une question: "Pourquoi est-ce aussi facile?"

En effet, à aucun moment Mandela ne rencontre réellement le moindre obstacle. Ou alors, ils sont vite mis sous l'éteignoir et lui permettent de poursuivre son œuvre jusqu'à la consécration de son pays et la réconciliation tant attendue.
Il manque à l'histoire de Clint Eastwood un opposant, celui qui peut faire vaciller Mandela.
Certes, il est sous-entendu à plusieurs reprises mais disparait très vite pour se rallier à la cause de Madiba, surnom affectueux donné à Mandela par ses proches.
Les gardes du corps blancs deviennent souriants, le père de François Pienaar oublie qu'il est raciste, sa mère semble copiner avec la nounou noire le jour de la finale et même ce qu'on pense être une tentative d'attentat se transforme en message de soutien total pour les Springboks.
Évidemment, Eastwood ne peut pas prendre de libertés sur l'Histoire et j'en arrive donc à la conclusion qu'il nous laisse la responsabilité de la prise de position face à cela. Nous sommes assez grands pour savoir ce qui est bien et ce qui est mal.
J'en reviens à ce que je disais plus haut et je constate que ce film est bien un film destiné au public américain, un film qui prend une seule et unique direction sans réelle prise de risque.

Et finalement, il ne pourrait en être autrement. Eastwood réussit son pari une fois de plus, avec certaines imperfections qui feront sourire certes, mais il faudra s'y faire.
Et après avoir mis en scène sa propre mort dans Gran Torino (celle du républicain borné?), il annonce une renaissance en couleur, peut-être bien décidé à tenter de réunir les gens.
En espérant toutefois qu'il ne s'agisse pas d'un message désespéré d'un homme au crépuscule de sa vie, mais bien d'une réelle entreprise pour les années à venir.

la bande annonce

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