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mardi 5 octobre 2010

Chatroom de Hideo Nakata (2010) by Dylan






Chatroom est le genre de film avec lequel j’ai un mal fou à rester objective. Peut-être parce que j’ai la sensation que cela me touche d’une façon telle que peu de monde pourrait comprendre. Vous me direz, c’est la beauté du cinéma : cette capacité à parler à tout le monde, et parfois à personne…








Chatroom, sans surprise d’après son titre, parle d’Internet. Plus précisément, des chats Internet, et de leur impact sur les adolescents. Pour se faire, il y a 5 personnage qui pourraient en fin de compte représenter 5 adolescents type. Le film est une expérience, menée à la fois par le réalisateur, mais également à travers son personnage principal : William (Aaron Johnson). Malgré sa belle gueule, William n’a rien du héros basique : c’est lui le « méchant » de l’histoire. Jeune homme perturbé, il trouve refuge sur Internet pour échapper à sa famille (qui, a priori, n’a pourtant rien d’horrible). Quelque peu perturbé et suicidaire, le jeune homme n’arrive à s’exprimer que par Internet et par des petits films d’animations qu’il fait dans sa chambre. Il découvre avec plaisir le monde des Chatroom et crée la sienne, qui sera le décor de base du film : Chelsea Teens (les adolescents de la ville de Chelsea). Rapidement, il «rencontre »  d’autres adolescents : une jeune fille belle, mannequin et populaire : Eva  (Imogen Poots), une jeune fille un peu loufoque et naïve : Emily (Hannah Murray),  un jeune homme normal et intelligent : Mo (Daniel Kaluuya), et un jeune homme suicidaire, perturbé et mal dans sa peau : Jim (Matthew Beard). William s’épanouit rapidement auprès d’eux, mais dans le mauvais sens : ses pulsions reprennent le dessus, et un jeu de manipulation commence rapidement. Au début, ce n’est qu’un jeu malsain : William est fasciné par le suicide et regarde des vidéos de gosses qui se tuent sur le net. Il se promène dans des salons « hardcore » où les personnes sensibles se font littéralement détruire psychologiquement par les gens du salon etc. Bref, le monde d’Internet n’est pas rose du tout.






Ça, c’est l’histoire de base, mais c’est évidemment un peu plus complexe que ça. La grosse originalité du film, c’est qu’on ne passe pas tout le film à voir des jeunes devant leur ordinateur. Non, Internet est représenté comme un immense couloir où chaque porte est l’entrée d’un Chat. Chacun peut créer son propre Chat et le décorer à sa guise. Ainsi, on y expose sa personnalité, ou une facette de sa personnalité. Mais c’est dans « Chelsea Teens » que se passe l’essentiel de l’intrigue, dans ce Chat privé réservé à nos héros, dont eux seuls ont l’accès. William et Eva, les deux « belles gueules » du film, se lient rapidement d’amitié, et développent d’ailleurs un peu plus que ça : Eva s’entiche un peu de William, et va en fin de compte elle aussi se laisser "charmer" comme tous les autres. Eva pourtant, joue au même jeu que William vers le début du film, c'est aussi pour cela qu'ils s'apprécient: ils aiment tous les deux jouer un peu avec les plus faibles.

J’ai énormément apprécié que le film, malgré une histoire basée sur la manipulation, arrive tout de même à traiter tous les sujets de base du Net. Les couloirs sont remplis de ses « clichés » du  Net qui au fond sont la triste réalité : des pervers partout, des prostituées, des gens étranges qui se mélangent avec des jeunes enfants, des adolescents normaux, des personnes âgées etc. Tout ça dans un décors vraiment très esthétique et original. C’est un film sombre, mais étrangement haut en couleur. Le kitch se mélange au glauque avec une aisance impressionnante.

Le réalisateur, Hideo Nakata, nous avait pourtant habitué à des films qui n’avaient rien à voir. Des films d’horreur : Ring, Ring 2, Dark Water etc. Ici, il change du tout au tout : l’univers reste glauque et étrange, mais il se retrouve avec une équipe de film entièrement britannique, et un film en anglais. Pour ma part, ce film a été une claque : non seulement car c’est le premier « vrai » film que je vois sur Internet, mais surtout parce que j’ai réellement grandit dans ce genre d’Univers. J’ai grandit avec les Chats, j’ai été membre d’un Chat Privé ou je retrouvais les mêmes personnes, qui sont après devenus des amis. Là aussi, il y avait ce style de personnalités diverses : les gens populaires uniquement sur le net, les gens populaires tout court, les suicidaires, les « ratés », et puis tous les autres. Bref, ce film est violemment réel et a mis le doigt sur toutes les choses que j’ai connues et retenues de mes années passées sur le Net et sur les Chats. Il y a effectivement ce côté magique, ce partage, cette sensation de pouvoir se confier. Mais à côté, il y a également toutes les manipulations, toutes les perversions, tous les mensonges, les illusions, les agressions écrites. Et tous ces gens qui ne réalisent par le pouvoir des mots et la sensibilité de certaines personnes. Le film ouvre un débat sans avoir à en parler: quelle est la frontière entre le jeu derrière son écran et le mal qu'on peut faire dans la réalité? Est-ce que parce qu'on est sur le Net, cela veut dire qu'on ne peut pas atteindre les autres? Comment autant de mondes et personnalités différentes arrivent à co-exister sur la "Toile"?

Dans une des scènes du film, un petit garçon est assis sur une chaise dans une grande pièce (qui représente le Chat), et il se fait hurler dessus par 10, 20 mecs plus âgés que lui. Perdu, il ne sait plus où il en est. Cette scène est violente, remplie de haine, et j’ai trouvé qu’elle représentait vraiment ce que le net pouvait faire aux gens. C’est tous ces petits détails pertinents qui font que j’ai adoré ce film du début à la fin.



L’acteur principal, Aaron Johnson (aka Kickass et le jeune John Lennon dans Nowhere Boy) est bluffant. Outre le fait qu’il a une putain de belle gueule, il a cette noirceur et cette profondeur qui scotche complètement à l’écran et qui va à merveille à son personnage. Il porte le film sans aucun problèmes et laisse en même temps plein de place aux autres acteurs pour évoluer et s'imposer à leur tour. Son personnage, William, va peu à peu tenter de pousser au suicide Jim, l’autre «tourmenté » du Chat, en lui faisant croire que c'est la seule solution, qu'il faut se lancer, être courageux, (et dans un sens: faire ce que lui, William, n'a pas réussi à faire). C’est un film violent au niveau psychologique, mais tellement agréable à regarder. Pour ma part, c’est un film que je compte acheter et regarder bien d’autres fois. C’est le style de film que j’ai envie de revoir dès ma sortie de la salle de cinéma.

Les acteurs principaux du film sont tous les talents montants du cinéma britannique : Daniel Kaluuya et Hannah Murray de la sérieSkins, et Imogen Poots qu’on avait notamment vu dans 28 Semaines plus Tard*. Très bon casting donc, pour un très, très bon film. Enfin quelque chose d’un peu original !  Une montée du suspense bien construite, des personnages avec une réelle profondeur et une réelle personnalité. Le sujet est bien traité, bien filmé, bien développé. En fin de compte, ce sont les personnages les plus populaires qui sont les plus tarés ou les plus creux, et j’ai adoré les contrastes que le film présentait. Quelques touches d’humour bien placées qui font sourire, de superbes décors, et tout ça fait dans une simplicité apparente qui donne de la réelle profondeur sans avoir jamais à crier « j’ai du budget ! ».

Chatroom a une belle histoire, une belle logique dans sa construction, et porte un regard acéré sur le monde d’Internet. Le réalisateur connaît étrangement bien son sujet, et moi, j’ai eu l’impression de revivre certaines parties de ma vie, ce qui est plutôt étrange vu l’histoire de fond…. Bref, j’ai adoré. Peut-être parce que ça me touche personnellement, ou peut-être parce que c’est simplement un putain de bon film.

TRAILER!

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